Ivan Illich,
l'école et moi
1 Pourquoi écrire sur Ivan Illich
que je ne connais pas plus qu'un autre individu
dans le registre de mes pauvres et rachitiques
connaissances en ce domaine des
hommes comme en tous autres domaines.
Ceux qui ont déjà lu ma
littérature ailleurs le savent
parfaitement, pas
la peine donc d'insister là-dessus. Comme
toujours chez moi, je ne sais à
quelle occasion ce nom m'est venu à
l'esprit, je voulais probablement savoir
qui était cet homme : était-ce
celui dont j'avais travaillé le livre :
"La
mort d'Ivan Illich" de Léon Tolstoï
ou s'agissait-il d'un autre dont je ne
savais rien. ? Alors j'ai pianoté son nom
sur Wikipédia pour avoir le cœur net
et quelques mots à me mettre dans la
tête. Alors très vite je me rendis
compte
qu'il était une sorte de
révolutionnaire remettant en cause toutes
les
institutions, à commencer par
l'éducation qui est mon cheval de
bataille aussi depuis
plus de vingt années. Contre
l'école donc, mais aussi l'hôpital,
la vitesse des
moyens de transport, de l'écologie
politique (je ne sais ce que cela veut dire
pour l'instant) et pleins d'autres choses dont
nous aurons tout le loisir d'en
explorer ici les moindres détails.
Puis-je m'identifier à lui aujourd'hui
plus
d'un demi-siècle après ? 2 Seulement comme la perfection n'est
pas de ce monde ce monsieur beau
parleur et bon prédicateur revient de
loin, revient de l'église où il
fut au
sommet de je ne sais quelle confrérie
malgré une maman née d'une famille
juive allemande,
mais convertie nous dit le dictionnaire
imparable actuel. Petit détail tout de
même au sujet de cette mère, elle
dû quitter l'Autriche car
l'antisémitisme
montait en grade dans le pays où leur
magnifique maison fut
récupérée par les
nazis. En 1942, Ivan Illich poursuit son
éducation à Florence puis
après la
guerre fait des études de
théologie à Rome, ville de toutes
les catastrophes
comme chacun sait puisqu'il y a là tant
d'or qu'on ne saurait qu'en faire
ailleurs, je fais allusion au Vatican et aux
papes successifs qui se sont
succédés en ce lieu de pouvoir
extrême, rien a voir avec nos pauvres
petites
institutions à nous la gauche la droite
et tout le cinéma qui est fait
là-dessus depuis des siècles de
quoi en avoir la nausée que même le
pauvre
Sartre n'a pu nous en délivrer avec sa
pseudo philosophie nourrie de par
l'amour de Simone et de toutes ces femmes qu'il
aimait malgré sa laideur, le
pauvre, pardonnez cet écart
incompréhensible dans ce début
d'exposé concernant
Ivan Illich. 3 Au Vatican, on le voit évoluer
dans la diplomatie ; mais lui dit
"non" déjà, il
préfère se diriger vers la
prêtrise. À lire ces
informations je ne peux vous cacher le
parallèle que je fais avec Monseigneur
Jean-Marie
Lustiger qui lui aussi avait non seulement une
mère, mais une famille tout
entière juive pour parents et souffrit
même d'antisémitisme à
l'école Montaigne
où il avait fait ses études.
À quoi correspond la conversion de ces
deux hommes
à cette époque-là ? Cette
conversion, cette tendance à remettre en
cause,
va-t-elle se reproduire tout au long de la vie
d'Illich, à chaque fois que nous
la rencontrerons nous vous la ferons remarquer,
comptez sur nous, nous étant
moi évidemment. On apprend que sa famille
avait des liens anciens avec l'Église
catholique romaine, il était donc bien
placé pour être pistonné
comme il se
doit pour approcher ce pouvoir fermé
à tous ceux extérieurs à
cette grande
famille-là. Quelques
années plus tard,
en 1951, il part pour les Etats-Unis faire ses
églises et en 1956 il part pour
Porto Rico afin de voir et comprendre pourquoi
ces pauvres gens sont de si
magnifiques croyants catholiques. Il profite de
son aura pour créer un centre
de formation
à l'intention des prêtres
vivant
là comme s'ils n'étaient pas assez
grands pour se former eux-mêmes… 4 Aussi innocent qu'un
bébé venant de naître, il
découvre une similitude
entre l'église et l'école.
J'adore, ce parallèle me fait jubiler, il
me dit que
avoir affaire à un gars bien sympa, qu'il
va falloir étudier bien
sérieusement,
à ma façon primitive
évidemment et non pas conventionnelle
comme il se doit, ce
qui me vaudra d'ailleurs encore une fois
d'être mis au banc des textes
refusés
par les maisons d'édition
préférant toujours avoir à
faire à des universitaires
et non à ces gens qui utilisent la
littérature pour se faire plaisir et dire
des trucs qu'on entend dans le métro
entre l'Étoile et Châtelet, aux
comptoirs
de nos bistrots, ou sur notre canapé
Habitat lorsque nous partageons encore des
moments heureux entre personnes réunies
en famille pour ne pas végéter
seules,
juste avant l'implacable divorce reflet de nos
sociétés civilisées ne
supportant
pas trop longtemps la vie avec telle ou telle
personne, à la longue sont
lassantes ces trop nombreuses
répétitions affectées
à chacun de nous sans même
que nous en soyons conscient, c'est affreux
madame Germaine… Bref, il est
suffoqué de voir le contraste qu'il y a
entre les buts avoués de
l'éducation et
ses résultats. 5 Pardon de reprendre parfois mot pour
mot ceux de Wikipédia, mais
lorsqu'ils sont satisfaisants je ne vois pas
pourquoi je m'en priverais, n'en
déplaise à certains qui voudraient
que l'on écrive toujours que des choses
neuves, jamais écrites ailleurs. Illich s'aperçoit que ces
institutions, l'église et l'école,
contrairement à ce qu'ils revendiquent,
ne font que renforcer les castes, je
veux dire les classes sociales : le pauvre sera
maintenu dans sa pauvreté et le
riche dans sa richesse d'origine. À
partir de là, dégouté, il
écrit un livre, ça
défoule, ce doit être pour cela que
nous écrivons, faudra étudier un
jour cette
question qui n'est pas fondamentale, mais peut
intéresser mon cousin Germain,
il se pose actuellement des questions sur la
nature humaine vivant sur terre. En
1971, à la suite de cette
expérience, Ivan écrit : Une
société sans école.
Porto Rico c'est en 1956, mais en 1960 il
décide de quitter cette ville car il
a un conflit avec ses pères
supérieurs (conflit avec le père
symbolique… Freud
vient à notre secours !) pour une
question de préservatifs à
autoriser ou non à
la population pour la protéger de je ne
sais quoi puisque le sida n'était pas
encore en vigueur... Peut-être contre les
enfants ? 6 Il va jusqu'à
préférer les préservatifs
à la bombe atomique… Déjà
là tu
vois le gars pas net dans sa tête à
émettre des comparaisons à faire
frémir le pape
et ses pauvres seins à la Salvador Dali.
Pendant dix ans il fonde un centre de
formation au Mexique. Faisons une remarque, il
passe d'un pays à un autre comme
il passe d'une religion à une autre,
est-ce une forme d'instabilité ? Mais
n'allons pas trop vite en besogne, n'analysons
pas à la va-que-je-te-pousse,
prenons notre temps. Cela se passe entre 1966 et
1976, date à laquelle
l'établissement est fermé pour on
ne sait quelles raisons, ensuite il ira
enseigner en Allemagne jusqu'en 2002 où
il meurt tristement d'une tumeur
cancéreuse qu'il n'a pas voulu
opérer, la gardant en lui pendant vingt
années,
et voulant rester fidèle à son
concept concernant les hôpitaux que nous
étudierons dans quelques jours. La
biographie d'Illich arrive à son terme
dans
Wikipédia et déjà me
voilà avec une entrée en
matière donnant une idée de ce
qu'à été ce bonhomme que
j'ai décidé de prendre en otage
pour aiguiser mes
griffes d'intellectuels sans diplômes, ni
quelconque pouvoir, mais ayant des
convictions à confronter, au risque de me
répéter infiniment. 7 Me voilà donc devant ce
pavé de 792 pages formant le premier tome
de
son œuvre, le deuxième je ne
l'achèterai que si celui-ci est lu et
travaillé,
auquel il faut ajouter un autre livre « La
perte des sens » pour posséder chez
soi la totalité de ce qu'il a pondu en ce
bas monde. Regardons à la fin du
bouquin de quoi il sera question tout au long de
ce travail, oeuvre que
j'espère analyser en laissant parler mon
cœur ou plutôt les associations qui me
viendront le plus librement, non pour vous faire
un cours sur Ivan Illich, mais
plutôt pour me mettre à
l'épreuve face aux mots, aux idées
d'un homme ayant
remis en question beaucoup de nos institutions
ce qui est mon tempérament
depuis que je suis pensant et non seulement
actif dans une société où
la règle
est marche ou crève. Je suis conscient
des difficultés que je vais rencontrer
au cours de mes lectures, il est possible que ce
soit écrit d'une manière
universitaire, c'est à dire
incompréhensible, mais faisons un effort
ne serait-ce
que pour faire plaisir à un ami qui veut
que seul l'effort compte, ce qui n'est
pas du tout ma philosophie, mais enfin ne
gâchons pas le peu de relations
humaines qu'il me reste, mon agenda étant
si léger aujourd'hui … 8 Table des matières : 1)
Libérer l'avenir – appel à une
révolution des
institutions
2) Une société sans
école
3) Énergie et équité
(c'est quoi l'équité ?)
4) La convivialité
5) Némésis médicale
– l'expropriation de la santé. Voilà le programme, ne partez
pas, ne fuyez pas, profitons d'être
ensemble pour passer un bon moment, comptez sur
moi. Avant d'aborder les
questions du livre, une préface nous est
proposée, je me demande s'il faut la
lire ou pas. Il y a, comme dans tout, Des
partisans pour chacune des deux
options, mais sachez que ma lecture est lente et
parfois je rêve d'avaler des
centaines de pages en un temps record. Je sais,
cela est un phantasme en moi
inscrit depuis toujours, les méthodes
d'écriture rapide, etc. seulement rien en
la matière n'est possible, j'ai
expliqué ailleurs que ma mémoire
était défectueuse
et donc je ne fonctionne pas comme tous ceux qui
écrivent intelligemment, je
fonctionne autrement et ne m'en plains pas. 9 En parcourant les premières
lignes de cette préface j'ai l'impression
de déflorer en trois secondes ce que
contient l'ensemble de l'œuvre, je
préfère
découvrir l'essence à partir de
l'original alors laissons tomber pour l'instant
du moins cette préface. Une introduction
d'Erich Fromm nous est proposée et
là
je vais la lire car Fromm a joué un
rôle important dans ma formation de PNDPLG
– Psy Non Diplômé Par Le
Gouvernement - mais là-dessus,
déception, rien à dire
sinon qu'il caresse dans le sens du poil son
ami, ce qui est normal lorsqu'on a
un ami. Commençons par le commencement :
Libérer l'avenir - chapitre
1 : Il faut abattre les
systèmes sociaux et économiques
qui érigent une barrière entre
ceux qui ont
trop de privilèges et ceux qui n'en ont
pas assez. Il signale que nous
souffrons tous, nous les
privilégiés surement, d'un
sentiment de culpabilité et
qu'il nous entraine curieusement à
contribuer à la souffrance du monde. Comment
est-il possible de voir ce sentiment
nourrir notre disposition naturelle à
faire le mal ? Comment expliquer cette
mécanique humaine le plus simplement
à des quidams comme vous qui n'ont pas
encore vécu l'expérience à
minima nécessaire à la
connaissance ? 10 Si vous vous sentez coupable de
quelque chose, et s'il vous est
possible d'appuyer sur un bouton pour faire
disparaitre ce sentiment, vous le
feriez surement, pour ensuite vous sentir libre
comme l'air et vaquer à vos
affaires. Seulement ce sentiment de
culpabilité agit comme une rage de dents,
lancinante d'abord, puis après, se
transformant en forte douleur chronique. Si
vous n'allez pas chez le dentiste, alors votre
mal peut vous entrainer à quelques
colères pouvant se mal finir. Ce
sentiment de culpabilité a pour moi une
raison
d'être : recevoir en réponse ce
module : "non, tu n'es coupable en
rien". Une fois cela acquit, me sentant
maintenant libre, je vais pouvoir
continuer à faire le mal, objet de ce
fameux sentiment, mais maintenant mis à
l'œuvre plus radicalement. Conclusion :
méfions-nous de ce sentiment-là,
il
cache toujours quelque chose de pervers. Le
Docteur Illich, du haut de sa
chaire, nous voit infirmes en tout point, ce que
je peux volontiers approuver
par certains côtés… Il nous propose
un monde nouveau. J'avoue, si cet homme
était normal, c'est à dire
athée, je tendrais l'oreille avec
passion, seulement
comme c'est un homme d'Église, je me dis
attention où je mets les pieds… 11 Bienveillamment, il nous demande de ne
plus faire le mal ; faites le
bien à la place dit-il, c'est cool !
Comme lui, je reconnais qu'après avoir
assouvi ses besoins vitaux l'homme aspire aux
choses culturelles ou autre pour
se réaliser dans cette
société où il a mis les
pieds en naissant
involontairement. Mais rien n'est simple en ce
bas monde, pour nous réaliser
nous aurons des obstacles à franchir, des
obstacles de plus en plus complexes,
et là, Illich, dit tout le mal qu'il
pense du progrès, que je veux bien
entendre pour ne pas me le mettre à dos,
seulement le monde moderne n'est pas
que tout noir, il peut émerger de cette
société folle quelques bribes de
lumière aux couleurs de l'arc-en-ciel
fort intéressant pour l'âme et
l'intelligence de chacun selon ses
possibilités, aussi réduites
soient-elles.
Donc, tout n'est pas que destruction, monsieur
Illich ! Nous devons assumer la
responsabilité de l'avenir, avance-t-il,
certes, nous sommes responsables de
l'avenir de nos enfants et petits enfants, du
monde et de tout le reste, et
c'est peut-être la première pierre
à jeter à la face de ceux qui ont
tendance à
baisser les bras et à dire qu'il n’y a
rien à faire… Me voilà, tout
à coup,
porte drapeau de la révolution. Hum, hum
! 12 Mettre un terme au pouvoir qui
contraint, à l'autoritarisme de
certains, et à la fin des
privilèges provenant
du bon plaisir de quelques-uns. Selon
Ivan, travailler à l'invention de
l'avenir implique de diriger ses pas vers la
maturité et abandonner ses gros chagrins
personnels ou collectifs, ce que Julia
Kristeva nomme : faire le deuil du malheur,
concept que je trouve séduisant
qu'à certaines heures de ma
journée pleine d'embuches.
Célébration des
véritables besoins de l'homme, et surtout
repousser les systèmes existants nous
les obstruant. Les Américains du nord,
dit-il, semblable à des
extra-terrestres, sont poussés à
faire le bien. Seulement pour faire le bien,
il faut avoir, car sinon comment imaginer
quiconque donner ce qu'il n'a pas ?
La générosité, le don, ne
s'adresse donc qu'à ceux qui ont, du
moins ont plus
que d'autres, ce qui caractérise cette
image d'Épinal toujours en vigueur dans
certaines religions, sinon toutes, de voir
à l'entrée des lieux de culte, pas
uniquement puisque devant les distributeurs de
billets des banques vous avez
des SDF, des pauvres tendant la main à
ceux qui entrent là pour se purger, se
faire pardonner tout le mal qu'ils font à
leurs semblables. 13 Cette
main propre sortant de sa
poche quelques pièces jaunes peu
efficaces dans leurs commerces avec d'autres
comme eux, n'ayant pas de valeur
consubstantielle à leur stature, et
surtout ne
les appauvrissant nullement en rapport à
la masse d'argent qu'ils possèdent
à
celle de celui qu'ils ont en face d'eux.
Maintenant si tu refuses ma monnaie
comment vais-je le prendre ? Je dis je, mais
là, il s'agit des Américains. En
fait, si tu refuses cette main tendue si
généreusement, tu prends le risque
de
me voir très en colère et à
l'extrême, de recevoir des bombes sur la
gueule.
Paradoxalement, je ne crois pas cette
façon de voir juste, mais elle m'est
venue à l'esprit de l'influence
néfaste de ce qui est dit en exergue au chapitre
2 : "La violence : un tendu aux
Américains" et où "Il"
se pose la question de ce que représente
l'évangile américain face à
la grande
réussite matérielle ? Mais de
quelle réussite parle-t-on ? De celle qui
rassure
la bête humaine, cette masse de chair et
de sang toujours en quête d'une force
mille fois supérieure à la sienne
pour s'y saouler et laisser de côté
le réel
de sa vie d'une tristesse à mourir, c'est
pourquoi le cinéma américain
inonde
le monde avec les seins de Maryline et la bite
à Brando, beurre à l'appui de ma
démonstration admirablement douteuse. 14 Très
jolie expérience des étudiants
de Cuernavaca, ville située au Mexique,
où il est question de faire la
comparaison entre l'expérience de la
pauvreté vécue par les
sociétés riches et
de celles dépourvues de capital.
Là, je transcris ces quelques lignes qui
me
plaisent beaucoup, vraiment beaucoup : Combien de fois
n'avons-nous pas vu un homme
désorienté quand la foi qui le
soutenait lui échappait soudain : cette
foi qui
pourrait s'énoncer ainsi : "La solution
américaine est valable pour
tous." Tout homme de bonne volonté, qu'il
soit travailleur social ici ou
missionnaire là-bas, ne saurait manquer
de ressentir une douleur paralysante
quand il comprend que la grande majorité
des êtres humains le considère
comme
l'étranger exploiteur qui, pour
défendre ses privilèges, propage
une croyance
trompeuse dans les idéaux de la
démocratie, de l'égalité de
chances et de la
libre entreprise, parmi des hommes qui n'ont pas
la moindre chance d'en
profiter. 15 Quels que soient les combats que nous
menons, toujours la violence doit
être exclue, elle ne provoque que
désolation, haine de l'autre et de soi en
écho pour le simple fait d'être
capable du pire, sinon de l'inacceptable. Plus
nos objectifs seront bienveillants envers les
autres, plus nous devons nous
méfier de nous-mêmes et des bonnes
raisons qui nous poussent à agir ainsi.
Toujours
nous méfier de notre désir de
puissance qui nous habite tous. Les
Américains
ont voulu donner au monde son mode d'emploi pour
vivre heureux, et sans nous en
rendre compte, nous mordons tous à ce
magnifique hameçon, gâteau
dégoulinant de
crème à vous en rendre malade les
tripes noyées de mille richesses aux
multiples poisons. Pouvons-nous affirmer que
toute intrusion d'un pays dans un
autre est obligatoirement guerrière,
même pour apporter
généreusement ces
millions de sacs de riz devant les
caméras de la terre entière ?
Toute
bienveillance serait-elle donc douteuse, alors
que faire ? Laisser faire,
laisser crever ? Voilà une question
auquel je ne voudrais surtout pas être
confronté ; à l'idée
d'avoir à choisir, je tremble, je tremble
et fais dans ma culotte.
Mais que nous dit Illich ? 16 Lorsqu'on donne de l'argent, il ne
profite qu'à un petit nombre, le
reste de la population végète dans
sa misère au point qu'il n'a pas d'autres
choix que de se révolter, devenir
violent, c'est là qu'en parallèle
au don
d'argent, il est donné aux états
des armes et des éducateurs pour
enseigner
comment accepter, comment se la fermer face
à ceux qui ont la connaissance, le
fameux socle basic, sans quoi tu es de la merde,
pardonnez-moi d'être aussi
scatologique, mais enfin il y a des limites
à ne pas franchir avec ces
conneries de socle… De la connaissance et donc
du pouvoir, l'enseignant devient
alors le parfait bourreau castrateur des masses
incultes. Et tout cela au nom
du bien, personne ne pourra jamais en douter ;
les églises, les écoles, ne
sont-elles pas des lieux saints lavés de
tous soupçons ? Que le malheur tombe
sur celui qui doute sur ce point diablement si
fragile. Alors que peut faire le
miséreux lorsqu'il voit celui qui
enseigne être plus riche que lui d'une
façon
outrancière ? Que peut-il, sinon
l'abattre. La vérité est que cet
homme nous
enseigne à baisser l'échine devant
nos maîtres, il est là pour
relèver nos
ignorances infectes à faire vomir. 17 Tout ce qui est dit ici est un mixe
des lignes d'Illich et de mes mots
à moi. Seulement attention, cet homme
à la plume acerbe et digne, portant la
croix d'un Jésus presque nu, n'a-t-il pas
été en tant que prédicateur
en
première ligne pour divulguer, porte
à porte, la bonne parole, n'y a-t-il pas
par ses discours, un comportement que je connais
si bien et haï plus que tout :
se fouetter soi-même avant de l'être
par autrui ? Cela s'appelle de la
perversion… Voyez chers et bons lecteurs comme
le parano que je suis fonctionne
si bien lorsque l'occasion lui est donnée
d'épancher sa lave bleue …
Maintenant, avertis, vous pouvez continuer votre
lecture, mais conscient, moins
aveugle, sachant à quoi vous attendre de
la part de votre très humble et
respectable serviteur. Il écrit : "Le mot
"violence" recouvre
toute une gamme d'expériences qui va
d'une vitalité frustrée à
la destruction
hystérique des idoles aliénantes."
Il rajoute que l'Amérique latine refuse
les valeurs américaines. Permettez-moi
cette association : quel autre message
nous donnent les islamistes de tout bord avec
leur terrorisme sinon qu'ils
refusent les tours américaines et les
valeurs occidentales ? 18 La violence de l'autre doit être
entendue et apaisée, elle doit nous
aider à nous remettre en question. Face
à tant de richesses inaccessibles, quelle
porte de sortie a le pauvre? Essayons d'y voir
plus clair. Si la société veut
l'aliéner, c'est-à-dire profiter
de sa faiblesse pour en tirer une richesse par
l'exploitation de son travail, par les
crédits bancaires auquel il aura recours
pour obtenir ce qu'il considère comme
indispensable à son bonheur, et bien
d'autres choses encore, en deux mots être
dans le système capitaliste, vous
pourrez toujours voter à droite ou
à gauche, rien ne changera : tant qu'il y
aura des "bénéfices secondaires",
l'homme ne se révoltera pas, car ne
dit-on pas "On sait ce que l'on perd, on ne sait
pas ce que l'on
gagne." D'ailleurs, est-il souhaitable qu'il
fasse appel à la
"violence" pour se faire entendre, lorsque l'on
voit comment elle est
récupérée à chaque
fois par ceux qui du sommet de leur pouvoir ou
du bas de
l'échelle sociale de ma concierge,
arrivent à étouffer vite fait bien
fait avec
l'aide substantielle de nos médiats,
vulgaires putes payées pour ce travail
précis. Si la violence n'est pas la
solution du pauvre, quel autre moyen y a-t-il
alors ? 19 À cette question, mes
frères, j'espère que nous
trouverons d'ici
quelques centaines de pages une réponse
nous faisant bander fort sans viagra.
Comment ne pas penser au "Printemps arabe"
lorsqu'on lit : "La
violence spontanée éclate toujours
contre la volonté de soumettre l'homme
à des
idoles. La violence organisée s'installe
ensuite par la nécessité de
réduire un
homme ou un peuple au service de l'idole qu'ils
menacent de rejeter."
Alors que de ce ramdam
généralisé "la sacro-sainte
démocratie" était
attendue par tous "les démocrates" du
monde, quelle ne fut grande la
surprise de tous de voir les islamistes
l'emporter aux élections de chacun de
ces pays. Comment expliquer ce
phénomène relevant d'un
archaïsme fâcheux inscrit
dans les cellules mêmes de nos entrailles
: obtenir le contraire au finish de
ce pour quoi on s'est battu ? J'ai une
interprétation toute personnelle à
ce
particularisme humain, mais pour l'heure,
taisons ce feu qui nous anime, et
essayons plutôt d'avancer dans notre
lecture. Heureusement, un sage vient à
notre secours et gueule à nos oreilles :
"Ne mettez jamais des armes dans
les mains du peuple, car elles seront toujours
utilisées contre lui..."
Béni soit-il ! 20 Et que s'est-il donc passé
d'autre en 1968, sans armes, grand Dieu merci,
sinon que les syndicats, valeureux
représentants des ouvriers, ont
été
récupérés par le pouvoir
pour venir à bout de cette chienlit… Chapitre
3
– "De nationalité américaine et
pourtant étrangers…" Qu'on le veuille
ou non, lorsque des individus passent de leur
pays d'origine à un autre, ils
entrent dans la danse des "étrangers
à perpétuité". Toute
intégration, aussi bonne et
réussie soit-elle, reste malheureusement,
dans ses
profondeurs, à la surface de l'être
déplacé. Dans son intimité
subsistera
toujours : "qu'il n'est pas comme tout le
monde", comme ceux qui le
reçoivent. Et me voilà un peu
gêné d'avoir à traiter du
sujet de la religion
car je suis, oh grâce à Dieu,
hâté jusqu'aux dents, mais puisque
c'est le corps
même de ce chapitre, allons-y la
tête basse et les yeux ailleurs.
Après la
guerre les Portoricains vont vivre dans des
taudis à New-York mais sont
rapidement installés dans la banlieue,
comme chez nous, y a pas de raison, et
Illich nous informe que même s'ils ne sont
pas religieux officiellement, dans
leurs comportements, tous y font
référence. 21 Il ne faut pas avoir peur d'avancer
que tout homme a besoin de repères
pour vivre, de béquilles pour ne pas
tomber, personne n'échappe à cette
vérité,
si pour l'un ce sera Dieu, pour un autre ce sera
n'importe quel substitut
équivalent, personne n'est exempt d'aimer
un objet qu'il vénère ou tout du
moins qu'il respecte. Ceci étant dit, la
question est de savoir, lorsqu'on est
étranger, quel chemin prendre : celui de
l'assimilation qui implique de jouer
un rôle, en dehors de chez soi, conforme
à ce qui est attendu de vous, ou bien,
celui de son contraire qui est d'assumer ce que
l'on est pleinement, au risque
de provoquer le rejet de certains du fait de
comportements différents,
étranges, étrangers aux us
et coutumes
du "pays d'adoption". Chapitre 4 – "
L'éloquence du
silence". Nous voilà pris dans la
tourmente d'infinies explications sur les
bienfaits de l'écoute du silence,
et pour bien faire rentrer ce qui est dit dans
nos petites têtes d'ignobles
défroqués,
on nous sort la carte de la Vierge qui
après avoir conçu le verbe, elle
conçut
le silence… Bref, je n’aime pas trop qu'on me
mène en bateau dans ces endroits
que je ne veux pas fréquenter. Alors
pourquoi avoir choisi un homme d'Église
pour écrire ? 22 J'espère trouver dans quelque
temps quelques réponses acceptables
à
vous soumettre, mais pour l'heure, je dois
digérer ce paragraphe plein de bons
sentiments. Ces bondieuseries me fatiguent, mais
je dois m'accrocher, certains
thèmes m'intéressent trop pour
abandonner ce travail à peine
commencé. Chapitre
5 – La charité trahie. En 1960, le pape
Jean XXIII veut envoyer ses sbires
catholiciser l'Amérique latine qui en a
bien besoin puisque les protestants ont
mis le grappin dessus depuis longtemps et dont
Illich est l'un des fervents
missionnaires. Lui, nous explique que les
catholiques sont certes très
généreux, trop à ses yeux,
au point de noyer le pays
bénéficiaire de ces fonds,
il voit toute la perversion qui va avec,
en soumettant ces peuples aux
règles d'usage du capitalisme
nord-américain. Cette
générosité devient à
nouveau "une plante coloniale
entretenue par l'étranger".
L'Amérique latine va-t-elle devenir le
clone
de sa voisine du nord grâce, ou
plutôt à cause de cette manne ? Ce qui
est visé par cet apport massif de
fonds, c'est d’abord l'étouffement de
toute révolte de la part des pauvres dont
ces pays regorgent, et ensuite l'apaisement de
la culpabilité des Occidentaux à
leurs égards. 23 Au bout d'un moment le peuple se sent
grugé, se rend compte que
l'Église est devenue une affaire venue de
l'extérieur pour le soumettre…
Lorsqu'un homme ou une société
fait du bien, méfions-nous-en, il se
cache peut-être surement probablement
quelques loups aux dents longues
derrière. "Nous sommes coupables d'avoir
gaspillé la vie d'hommes et de femmes qui
se consacrent à la tâche de
l'évangélisation de
l'Amérique latine". Des gens de bonnes
volontés
arrivent dans des pays pauvres pour apporter
secours. De fait, ce sont des
étrangers étiquetés comme
tel et quelques soient leurs bonnes actions, il
est
raisonnable de se dire que derrière cette
façade se niche le diable en
personne, et il est légitime pour celui
qui reçoit de se dire à quelle
sauce allons-nous
être mangé, que va-t-on nous piller
encore ? Est-ce à dire qu'il ne faut
jamais
rien faire pour aider celui qui crève de
faim ? " La démocratie devenue
l'idéal chrétien" tient, tient,
est-ce à dire que la démocratie
est
chrétienne ? Ne l'oublions pas, ces bons
mots, ces bonnes intentions
proviennent d'un homme qui "a consacré
six années à la formation de
centaines de missionnaires destinés
à l'Amérique latine" … 24 Le coupable se flagelle
lui-même, toutefois, nous devons lui
reconnaître cette clairvoyance, il dit :
"l'église cache le cancer qui
ronge l'homme qui a besoin d'un chirurgien", oui
toutes religions est là
pour camoufler ce qui est à voir, car
cela impliquerait de prendre des
décisions difficiles, impliquant de
lourdes conséquences. "Le vendeur de
quincaillerie menace de déverser son
assortiment d'imitation bon marché d'un
modèle démodé dans son
propre pays (USA). Avant de donner à
autrui, il convient
de peser les conséquences de ces dons.
"Le riche peut décider de ne pas
donner, tandis que le pauvre peut difficilement
refuser le don"… Et donc
"l'aumône fait le mendiant", j'aime bien
cette formule, nous devrons
l'explorer un jour. "Le cœur du problème
est de savoir pourquoi nous
envoyons des hommes et de l'argent dans ces
pays-là, la finalité et
l'authenticité de ce geste". Voilà
de bonnes questions, affaires à suivre…
Chapitre 6 – Disparition de
l'ecclésiastique. Aussi opposé
sommes-nous, lui le
croyant et moi l'athée, il se trouve
que
nous avons un point commun qui est de vouloir
toujours remettre en cause toutes
nos certitudes… 25 Nous cherchons obsessionnellement
comment procéder, comment réparer
tout chose et ne pas rester sur nos acquits,
elles endorment et engluent tout
le monde. Par contre,
l'énumération des problèmes
liés à cette société
particulière constituée d'hommes
dévoués à l'Église
ne m'intéresse nullement,
je vais donc parcourir ce paragraphe vite fait
pour passer à autre chose de
plus intéressant, enfin… du moins je
l'espère ! Mais avant d'en finir avec
"ça", je voudrais relever ici un
détail qui révèle
peut-être
"une tendance de ce monsieur" que nous
retrouverons probablement tout
au long de son discours et ses propositions pour
changer le monde. Il dit :
"des familles pourraient se retrouver autour
d'une table, chez eux, plutôt
que devant un autel pour prier". Il y a
là une volonté inconsciente de
vouloir changer l'affectation des choses bien
établies depuis des siècles, ce
qui est fait pour me plaire, à priori, je
dis bien à priori. Chapitre
7 – L'Église désarmée.
Ça commence
bien : "Seule l'église possède le
pouvoir de "révéler" la
signification du développement…" Vite,
allons visiter la table des
matières pour voir combien de temps
encore nous aurons à nous farcir de la
sainteté … 26 Rappelons ce qui m'a fait venir
à cet homme : sa remise en cause de
l'école, l'énergie, le
médical et le reste… Ouf, j'apprends que
l'enseignement
est le prochain chapitre, alors patience !
Aïe ! Ouille ! "La fonction de
l'église est d'annoncer
l'évangile"… Si ma pauvre mère
juive savait mes
lectures actuelles, elle me
déshériterait sur le champ de sa
richesse de pauvre
femme absolue. Il rajoute, le bougre, pour
m'achever : "c'est la
célébration chrétienne de
l'expérience du changement". Ne fermons
pas le
livre, une surprise nous y attend : " À
Cuernavaca, nous avons ouvert un
centre de formation, où des hommes
découvrent leurs réactions
profondes face à
un changement…" Ensuite, il se pose des
questions sur ce que ressentent les
hommes, individuellement ou collectivement, face
à telle catastrophe ou un
déracinement remettant tout ce qu'ils ont
connu avant. Nous ne sommes pas loin
de la psychanalyse, notons ce détail,
nous risquons d'en avoir besoin par la
suite. L'église nous apprend beaucoup,
écrit-il. D'abord la transcendance de
l'expérience de la vie… ça veut
dire quoi ? Que nous sommes responsables de nos
péchés et diable, si nous sommes
dans cette satanée situation… 27 … C'est la faute à tout ce qui
nous aliène : les fameuses
"choses" de Perec, les systèmes dans
lesquelles nous vivons et les
héros qui nous égorgent l'esprit.
Alors là mon sang ne fait qu'un tour, je
frémis de haut en bas, j'appelle
Jeannette réveille-toi, il est cinq
heures à
l'horloge de l'église. À la
vérité, ce qui fait du bien
à l'homme c'est d'avoir
l'attention portée sur un objet
quelconque qui lui permet d'échapper au
réel.
Les religions et tant d'autres choses n'ont pour
objectif que d'attirer les hommes à eux,
pour leur bien
évidemment, mais par ricochet il y a cet effet
pervers derrière ces bonnes intentions,
qui est de
manipuler plus facilement les foules avec ce
genre de conneries. Que Dieu me
pardonne de prendre tant de liberté, mais
le servir quand on ne croit pas en
lui n'est pas une tâche facile,
reconnaissez-le, s'il vous plait ! Si les
religions ont cet effet pervers, ils ne sont pas
les seules à servir de
diversion à ce fameux réel qui
nous sort des yeux, à se demander si
c'est une
bonne chose de le fuir ainsi. Mais je dis
là une bêtise, ou presque, car la
diversion est obligatoire si l'on veut continuer
à vivre le réel, les deux sont
associés, liés l'un à
l'autre, nous sommes pris au piège, faits
comme des rats. 28 Donc, église ou pas, de toute
façon nous sommes esclaves de cette manne
de survie, nous avons besoin de nous raccrocher
à n'importe quoi. Prenant
conscience de cet état de fait, que
pouvons-nous faire, que pouvons-nous
décider ? Quelles valeurs donner à
telle ou telle catégorie culturelle ou
cultuelle ayant cette fonction, ce rôle
vital ? La religion d'abord, la culture
ensuite, l'amour d'une personne ou de toutes
autres choses, le sexe évidemment,
sa collection d'œuvres d'art, de timbres, de
pièces d'or, les biens matériels,
l'argent, mais aussi le culte de la
pauvreté, ça existe, de
l'installation dans
la misère vécue comme un
sacrifice, un dogme, un lien avec les Dieux
célestes
de nos églises bien bâties de
pierres et de diamants. Cette prise de
conscience
nous mène où ? Au moins à
prendre de la distance envers toute chose. Quant
à
réguler les péchés des
humains, comment faire lorsqu'on s'adresse
à des masses
et non à l'homme dans ce qu'il a de plus
individuel, de plus particulier ? Le
péché que l'on se fait pardonner,
pour pouvoir le reproduire aussitôt sorti
de
l'église, est la pire des méthodes
de réparation. La seule que je connaisse
est
la compréhension, l'analyse, mais bon,
ça c'est mes histoires… 29 L'homme pèche, car c'est dans
sa nature, personne n'y échappe ; ce
péché est à tout moment
dans nos fantasmes, nos rêves, dans les
images que l'on
produit nous-mêmes, que l'on regarde
partout au cinéma, à la
télé, dans la rue,
dans les musées… C'est un thème
majeur auquel j'attache depuis plus de vingt
années la plus grande attention, nous y
reviendrons. Et pour ce qui est
"des choses", des objets qui nous entourent au
quotidien, que nous
désirons posséder, qui nous
aliènent, ces trucs de la
société de consommation
tant décriée, je serais moins
critique, car je supporte difficilement qu'une
personne, qu'un peuple souffre de manque…
Généralement, lorsqu'on prend un
live
pour le lire, plus encore pour travailler
dessus, le minimum M'sieur-dames, est
d'en aimer l'auteur. Il y a peu, Illich
m'était totalement inconnu. Ce qui a
éveillé ma curiosité, c'est la
publicité dont il a fait l'objet depuis
des décennies, et comme je ne veux pas
mourir idiot et désire me confronter avec
ces thèmes dont j'ai parlé plus
haut,
je me trouves contre ma volonté, dans une
église, à l'intérieur,
dedans, non
pour y faire du tourisme promenadique, mais dans
la réalité de ce
"pouvoir". 30 Les phrases que je lis ici me placent
face à un homme que je ne veux
connaître en aucune façon.
Seulement, il me faut prendre mon courage
à deux
mains, avoir de la persévérance,
aller du côté de là
où je ne veux mettre les
pieds, voir ce qu'il peut en sortir sur le plan
littéraire et intellectuel,
justement à ce moment où la
pensée est mise à mal par la
contradiction. Illich
se pose la question suivante : quelle
différence y a-t-il entre un
évangéliste
et un humaniste ? Le chrétien est
toujours dans "l'étonnante
surprise", ça veut dire quoi cet
étonnement devant ce qui arrive du fait
de sa croyance en Dieu, au Christ ou au diable ?
Il casse du sucre sur le
pauvre humaniste qui lui, est bien loin de ces
hautes sphères spirituelles.
Seulement mon p'tit bonhomme, faut savoir que
tous les hommes sans exception
ont un inconscient fonctionnant à peu
près de la même façon, et
nous allons
tout au long de ce livre te l'expliquer dans les
moindres détails. Chapitre 8 :
"L'enseignement : une vaine entreprise". Le
peuple misérable qui n'a
jamais été à l'école
croit en elle pour élever ses enfants et
les placer du
côté de l'usine ou du marché
du travail. 31 Les années passant, Illich se
rend compte que cette institution
améliore plutôt le sort de la
bourgeoisie, que la réussite scolaire est
la clef
de toutes les réussites, seulement pour
les autres, l'impasse est toujours
assurée. L'institution d'une école
valable partout, adressée à tous
et dans
tous les pays du monde est une pure aberration,
et celles que nous connaissons
aujourd'hui n'ont aucune raison de continuer
à exister. Une fois cette
vérité
formulée, cette prise de conscience que
l'enseignement ne sert que certains,
toujours les mêmes, que pouvons-nous
proposer d'autres dans l'escarcelle de notre
volonté à changer le monde pour
qu'il aille un peu mieux. L'école est une
dictature indétrônable,
indécrottable, car affectée du
sceau de l'obligation de
tous à passer dans ce rouleau
compresseur, destructeur, castrant toute
velléité
à se réaliser autrement,
différemment de la masse, de cette
cohorte de gosses
portant des Nike et des Hollister, donc aux
schémas institutionnalisés,
adoubé
par la fameuse société de
consommation. Cette institution coute la peau
des
fesses aux sociétés de tous les
continents, pour au bout du compte rendre
responsables/coupables ceux qui n'ont pas
réussi. 32 Et ceux qui connaissent
l'échec, on les enfonce un peu plus en
les
mettant sur le bas-côté de la route
de la communauté des hommes au point de
les
dégouter de se battre puisque depuis
toujours ils ont été
considérés comme des
nuls. L'école, l'enseignement,
n'apparaît, selon Illich, qu'au moment de
la
croissance de la société
industrielle. Elle met en "détention" les
gosses indésirables, ainsi la
société les met à
l'écart de la rue et surtout du
monde du travail. Les enseignants ont le pouvoir
de complexifier leur
enseignement pour tirer les meilleurs, quant aux
autres, ils
sont voués à l'esclavage de cette
société
dont le seul but est d'exploiter autrui. Par
ailleurs, en mettant ces enfants à
l'école, on se prive d'une main d'œuvre
en pleine force de l'âge, et prête
à
être productive et indépendante.
"L'école sélectionne ceux qui sont
destinés à réussir et leur
accorde un insigne qui témoigne de leur
aptitude…"
et vite on ne tient plus compte des
connaissances acquises en dehors de cette
institution. L'Amérique latine
dépense les deux cinquièmes de son
budget à
l'école. Qui envisagerait de remettre en
question cette institution se verrait
mis au banc des accusés, on le traiterait
de fou. 33 On ne remet pas en question ces
grosses machines, car elles soutiennent
l'édifice d'un système encore plus
terrifiant, mais difficile à cerner dans
ce
qu'il a de destructeur pour l'humain. Lorsqu'une
nation est pauvre, elle ne
devrait pas consacrer tant d'argent à la
scolarisation, dix à douze ans
d'études, pour quoi ? Hier, j'ai
été porter ma voiture chez un
garagiste. Le
jeune garçon qui s'est occupé du
véhicule est stagiaire et a le BAC+ 2
années
de formation pour son métier actuel.
BAC+2 pour devenir garagiste… Dans un
premier temps, je
fus offusqué, me
souvenant que "dans mon temps" n'étaient
mécanos que les échecs
scolaires, on les mettait au CAP, et le tour
était joué. Dans un second temps,
je me suis dit qu'il était bon que tout
homme, quel que soit son métier, ne
soit pas exclu de tout ce qui touche
à
l'intellect et donc j'étais content
d'apprendre ça. Sur un point au moins je
suis en plein accord avec Illich : "
L'école se charge de convaincre les
déclassés qu'il leur faut se
soumettre, l'enseignement classe et par
là il
déclasse ". Ceci n'est pas nouveau pour
moi, puisque j'ai écrit "
l'école trie les gosses comme du
bétail, les bons d'un côté,
les autres à
l'usine ". 34 J'aime sa façon de pointer du
doigt là où ça fait mal.
Par exemple,
lorsqu'il est donné
généreusement à ceux qui
n'arrivent pas à suivre le cours
normal des cours ordinaires, des cours du soir
ou de perfectionnement qui ne
servent à rien puisque le terrain est
miné, mais a l'avantage de
prétendre que
c'est la faute à ces sales gosses
fainéants. J'adore cette formule : "
L'enseignement sait consoler les frustrations
qu'il provoque
". Hier comme aujourd'hui, vouloir
remettre en question l'école, c'est
obligatoirement remettre en question la
société dans son ensemble.
Là, je ne peux être que d'accord et
c'est d'ailleurs
ce qui me pousse à faire ce travail
d'écriture : essayer de voir comment
procéder pour changer cette dite
société … lol … Je reste un grand
utopiste,
certes, mais je crois qu'un homme, une
pensée, peuvent à elles seules
modifier
une part du monde, aussi mince soit-elle. Petit
détail qu'il donne et vaut la
peine d'être relevé ici : " un
diplômé contribue à
augmenter le revenu
national d'une nation, il rapporte plus qu'un
individu en échec ". Donc,
l'école contribue à cristalliser
une société où une
minorité est si productive
qu'elle doit former la majorité à
une consommation effrénée. 35 Nous sommes face à deux groupes
: ceux qui produisent et engrangent
beaucoup d'argent, et les autres
dépensant tout ce qu'ils gagnent et
même plus
en s'endettant. Ce qu'il écrit
révèle de problèmes anciens
de plus d'un
demi-siècle, mais garde toute son
acuité, son actualité aujourd'hui.
Sur
l'école technique, il a ces mots
terrifiants : " ils fournissent une
éducation recréant les conditions
du travail à l'usine…" Que
préconise-t-il ? Et
bien ce qu'il
préconise ici me plait beaucoup, cette
simple phrase va m'inspirer plus qu'un
commentaire, du moins je l'espère : " Au
lieu de l'école technique, nous
devrions penser à une transformation des
exploitations industrielles ".
Alors comment entendre cette possibilité
maintenant où l'industrie se
déplace
pour avoir de la main-d'œuvre à moindre
coût, où les usines se ferment les
unes
après les autres sous les sunlights des
caméras de TV, qui nous rappellent tous
les jours que nous sommes dans un pays
démocratique puisque nous avons la CGT
qui gueule, le droit de la presse toujours
préservée, totalement
libre, la preuve, elle nous montre
tous les cinq minutes "ces fous de
révoltés", seulement
M'sieurs-Dames, la démocratie a ses
effets pervers… 36 … Et pour le cas qui nous concerne,
quoi de plus merveilleux, envoutant
pour ceux qui ont le pouvoir de penser au fond
d'eux : " Oh, peuple libre,
regardez autant que vous voulez ces pneus
brûler, ces grandes gueules ouvertes
crachant les mots qu'on leur a
assénés dans leurs cellules
respectives… Rien
n'y fait, nous sommes les plus forts, nous
gagnons toujours et faisons ce que
nous voulons et d'eux et de vous, pauvres
imbéciles, on vous crache au visage,
que pouvez-vous faire ? Au pire, manifester de
la République à la Bastille, la
belle affaire, cette publicité nous ravis
car elle dit toujours notre puissance
à avoir le dernier mot, parfois avec le
consentement des gouvernants, quand ce
n'est avec leur aide. Un Président de la
République a préconisé ces
temps-ci
" des contrats de génération ",
où un ancien viendrait aider un jeune
à trouver une place dans ce bordel
où tout lui est fermé, parce
qu'ils sont
jeunes et donc potentiellement dangereux pour
l'emploi de celui qui est là dans
l'entreprise et ne veut pas se trouver comme
beaucoup au chômage, à la rue.
Peut-on imaginer des gamins de 13 à 16
ans entrer dans l'entreprise où papa et
maman travaillent ? Et pourquoi pas ? 37 Pourquoi ne pas considérer que
donner un emploi à un jeune, par les
temps qui courent, vaut aussi bien que de le
voir végéter sur les bancs d'une
école pas faite pour lui, traîner
dans la rue à faires des conneries,
consommer
de l'alcool, du tabac, de la drogue, faire du
mal à autrui, où en cherchant
à
se suicider, ce qui est le pire des
échecs d'une société se
targuant d'être aux
yeux du monde exemplaire. Oui, tout lieu de
travail peut être potentiellement
ouvert aux jeunes, peu importe l'âge,
surtout si cette usine, ce bureau, ce
commerce sont déjà occupés
par un parent proche ou éloigné,
c'est là que je me
rapproche de cette idée de " contrat de
génération ", mais pour moi
il n'y a pas de contrat sinon d'harmonie, de
bonne entente et de respects
mutuels. Mieux encore, nous pourrions
accompagner "cette nouvelle
main-d'œuvre à moindre coût"
à s'éduquer selon leurs
possibilités et leurs
goûts pour les choses que l'on dit
culturelles. Il faut savoir que tout homme
veut apprendre, mais ne veux pas être pris
pour un con… à bon entendeur, salut
! Et voilà, dans cette lecture que je
fais, les lieux de travail devenant des
maisons pour des stages pour tout enfant le
demandant… 38 … Et pendant les heures de fermeture
de l'entreprise, dit-il, les
enfants sans limitation d'âge, et pas
seulement ceux qui sont appelés à
devenir
un jour les employés de ce patron-ci,
offrant ses murs à un tel projet
éducatif. Il propose d'inverser ce qui
nous paraît à tous une
évidence, il voit
le gosse travailler d'abord et apprendre
ensuite, ou mieux, en même temps. Deux
mois par an d'une bonne école
suffiraient, mais durant les trente
premières
années d'une vie. Réaliste, il se
pose la question des conséquences
politiques
nationales, et plus élargies dune telle
révolution éducative. En effet,
que
penseraient les chinois, les hindous et bien
d'autres si tout à coup nous
mettions, pour leur bien, nos enfants au travail
à produire ce dont nous avons
besoin pour vivre sans demander rien à
personne. Je m'égare, mais pas tant que
cela, car se demander aujourd'hui si vivre en
autarcie ne serait pas la
meilleure solution, au moins pour un certain
temps, celui de résorber ce putain
de déficit qui nous ronge les os, comme
un cancer. L'école endoctrine l'enfant
pour qu'il accepte le système politique
que les enseignants représentent, bien
que l'on proclame l'enseignement apolitique. 39 Souvent on se pose la question
d'où vient la violence chez l'homme,
nous avons ici une probable réponse :
"finalement, le culte de l'école
conduira à la violence…car il y a
espérance déçue du mythe de
l'école …"
Et là il
tape fort sur cette
scolarisation de notes et de diplômes
triant les hommes comme du bétail : les
bons
d'un côté, les autres à la
poubelle. Lorsque vous ne faites pas partie de
la
bonne catégorie, quel choix avez-vous ?
Soit baisser la tête et tout accepter,
soit vous révolter et cette
révolte peut prendre mille formes dont le
motif
d'origine, l'échec scolaire, est
difficilement discernable au fil du temps, des
années qui passent. Et nous pourrons
observer plusieurs décennies après
l'école, éclater de la haine
destructrice envers le monde de la part d'un
individu ayant accumulé pendant dix,
vingt, trente ans, cette douleur sans rien
dire. Mais un jour ça sort, il est
impossible qu'il en soit autrement. – Faut
que ça change, faut que ça change,
disait la chanson, mais qui aujourd'hui
verra ce changement ? Je vous pose la question,
à vous d'y répondre ! Pour
conclure son exposé sur l'enseignement,
il ose ce mot terrible : CHAOS. 40 9 – " L'école ou la vache
sacrée. " – Qui aujourd'hui
chercherait à comprendre le
système scolaire dans ce qu'il porte dans
ses
tripes de meilleurs et de pire surtout ? Et nous
voilà transporté à
l'Université de Porto Rico il y a plus
d'un demi-siècle, à
écouter, assis sur
un banc bien sagement, le discours de cet homme
d'église se posant des
questions sur le mode de fonctionnement de cette
société athée… Oui, quoi,
que
veut dire cette remarque pleine de fiel envers
ceux qui croient en Dieu et au
Christ accroché tout nu à sa croix
? La première phrase qu'il profère
est :
" Les instituts scolaires en sont arrivés
à une période de crise qui
pourrait annoncer la fin de "l'ère
scolaire" dans le monde occidental
". Pourrions-nous entendre ça dans nos
universités aujourd'hui ? Je ne le
crois pas, chacun s'accroche à son bout
de gras de peur de voir s'écrouler cet
édifice qu'il sait si fragile. Mais,
lui, là ici, va on ne peut plus loin : "
Votre génération se doit de
détruire ce mythe " (l'école
indispensable au bien être des humains).
Il
brise la glace qu'il produit en mettant les
étudiants présents dans la salle
devant cette réalité crue : leurs
études ont couté beaucoup d'argent
à la
société portoricaine… 41 Il est temps de révolutionner
tout ça si l'on veut du bien à
tous vos
enfants. Et il enfonce le clou en relevant
qu'ils représentent 10 % de la
jeunesse du pays, les autres n'ont que leurs
yeux pour pleurer dans ce monde si
injuste à l'égard des
défavorisés. Sa violence à
l'endroit de ces étudiants ayant
réussi leurs études foudroie : "
Le diplôme que vous recevez
aujourd'hui atteste et accrédite
votre compétence, cette compétence
que l'on ne reconnaît pas à celui
qui
l'aurait acquise en dehors de
l'Université, par son propre travail".
Sous forme
de reproche à peine voilé, il leur
fait l'inventaire de leur situation
privilégiée présente dans
le monde. "Seize années d'études
vous ont soumis
au rite scolastique, et maintenant personne ne
peut douter que vous soyez les
plus fidèles des conservateurs : vous ne
vous livrerez jamais à la subversion
contre l'ordre établi…" Nous apprenons
que ce discours est retransmis à la
télé portoricaine, que ce peuple a
investi beaucoup d'énergie et d'espoir
dans
l'éducation, au point de la mettre au
même niveau que la religion, ce n’est pas
peu dire ! "Au reçu du diplôme, le
"produit" acquiert une cote
sur le marché". Être traités
de produits est une révolution ou une
insulte
? 42 Peut-être trouverons-nous dans
quelques pages de quoi critiquer ces
grandes vérités. Mais pour
l'heure, ne gâchons pas notre plaisir et
regardons
ces constats qu'il fait et donne le tournis,
encore aujourd'hui. " La
scolarité garantit l'appartenance
à la société de
consommation disciplinée de
la technocratie, comme naguère les
fidèles de l'Église appartenaient
à la
communauté des saints… L'école
vous donne vos lettres de créance,
dit-il, au
point que les pauvres attribuent leur
misère parce qu'ils n'ont pas justement
de diplômes". Pourquoi l'école
a-t-elle pris une telle importance dans ce
pays ? Illich donne cette réponse : un
sentiment d'infériorité à
l'égard des
Etats-Unis. Et il demande à ces pauvres
nouveaux diplômés de
développer à Porto
Rico un processus éducatif
différent, car veulent-ils
réellement orienter leurs
propres enfants à cet objectif unique :
aller en Amérique du Nord ? Nous ne
pouvons pas lui reprocher d'avoir de bons
sentiments, seulement ils sont
rarement bénéfiques à
l'homme. La réalité est là
: ces jeunes diplômés
trouveront plus facilement un
débouché du côté de
New York. De quel droit se
permet-il de les mettre sur le banc des
accusés ? 43 Faut-il vendre son âme pour
survivre ailleurs, ou bien faut-il, comme
il le dit ici, remettre en cause les fondements
du système qui les ont mis au
sommet de cette reconnaissance où ils
sont maintenant dans cette salle, tous
rassemblés à l'écouter
comme un Dieu. Faut-il donc quitter son lieu de
naissance et s'expatrier dans un pays riche pour
trouver de quoi vivre mieux,
ou alors rester parmi les siens, et essayer
d'apporter sa pierre à l'édifice
d'un pays trop pauvre ? Tous les
émigrés du monde se sont
trouvés devant cette
interrogation. Tous savent parfaitement que si
ailleurs ils risquent de trouver
de quoi se nourrir et aider leur famille
restée au pays, ils savent aussi
qu'ils seront déracinés, quels que
soient l'endroit et leurs conditions
d'existence : tout émigré quittant
son pays prend ce ticket terrifiant :
"ÉTRANGER À VIE". Par moment je me
demande s'il n'est pas jaloux du
succès de l'école qu'il
préfèrerait orienter vers quelque
chose d'autre,
peut-être l'Église, peut-être
pas ? Je ne me suis pas trompé de
beaucoup en
vous disant cela, quelques lignes plus loin,
nous pouvons lire : "l'église
est concurrencée par l'école…" Le
monsieur est maintenant dévoilé
nu, attention
où nous mettons les pieds ! 44 "Le pouvoir que possède
l'école de secourir l'habitant du taudis
est semblable à celui de l'église
de secourir de l'enfer… Seulement voilà,
il y
a une différence entre ces deux
institutions : l'école coute plus cher,
dit-il,
revenant souvent sur ce facteur essentiel : elle
a pour fonction aussi de
culpabiliser les gosses des bas quartiers, les
soumettre pour en faire de bons
ouvriers dociles et avalant les couleuvres des
lois pas faites pour eux.
Heureusement ou pas, les
générations passent et ne se
ressemblent guère,
certains refusent ce jeu venu d'en haut et
deviennent des contrevenants à la
loi et à cette société qui
a maltraité leurs parents et
grands-parents
lorsqu'ils travaillaient comme des Romains pour
le bien de tous, et tout ça
pour un salaire de merde et aucune
reconnaissance. Toutes les violences
viennent de là, aucun homme politique de
droite comme de gauche n'en tient
compte, on fait la sourde oreille, tout va
très bien madame la marquise.
Parfois, j'entends dans son discours celui d'un
prêtre donnant son sermon du
haut de sa chaire : " N'ayez pas peur, ne
craignez pas d'être
considérés
comme des hérétiques ou des
subversifs, soyez-le " 45 Et comme nous disait Sartre en son
temps : quoi que vous fassiez vous
serez récupérés. Pourquoi
cette association, je n'en sais rien ! Oui
Messieurs
les bons penseurs, vos bons mots sont des ordres
auquel il ne faut jamais
porter une trop grande importance. Bon
apôtre, il prédit la fin de cette
institution, du moins il la souhaite de tous ses
vœux. Il condamne, les
enseignants représentent, qu'ils le
veuillent ou non, un intérêt
économique. À
chaque fois qu'il conteste l'école, il
trouve son parallèle dans l'église
comme
un antidote, un fouet pour se battre
lui-même. Pourquoi agit-il ainsi, se
protège-t-il des reproches qu'on pourrait
lui faire ? Peut-être nous verrons
cela un peu plus tard, mais dès à
présent il n'y a aucun doute qu'il
identifie
les maux de l'école à ceux dont il
a souffert probablement lui-même dans ses
églises ? " Il faudrait revenir en
arrière pour dresser le constat de
l'erreur des générations
précédentes…" Est-ce envisageable
aujourd'hui ?
Je ne le crois pas, j'opterai plutôt pour
la proposition de Bernard Defrance,
professeur de philo : arrêter pendant deux
ans tous les programmes scolaires
afin de remettre ce système scolaire qui
n'est plus conforme à notre
société
actuelle. 46 Quant à l'égalité
de chances, fer de lance de ces hommes
fièrement
installés dans les hautes sphères
du pouvoir, permettez-moi d'en rire un peu,
beaucoup, à la folie. Ça veut dire
tout le monde a ses chances au départ,
mais
pas à l'arrivée, car c'est
toujours la faute à ce gosse, ce sale
gosse qui ne
veut pas faire comme on lui demande… Non,
" l'égalité de chances
" est un mensonge coupable, je veux des
têtes, des noms pour rester
encore un homme sociable à peine
fréquentable. Il propose de
dépenser plus
d'argent pour un gosse qui ne réussit
pas, et non l'inverse. Je ne crois pas
cette proposition répondre aux
réels problèmes que rencontrent
les jeunes en
difficulté, ce n'est pas une question de
monnaie, mais de volonté et de talent
de la part des enseignants et de tous ceux qui
devraient les assister, je pense
principalement aux artistes de tous bords
pouvant parfaitement ouvrir les
portes avec des angles de vues sur le monde et
des propositions beaucoup plus
ouverts que ceux de l'état militaire dont
nos pauvres enfants sont les cobayes
martyrs aujourd'hui. Profitons de cette remarque
pour évoquer les subventions
impressionnantes affectées aux domaines
de l'art. 47 Nous devrions maintenir ces aides
uniquement lorsque ces artistes et
ces institutions (musées,
théâtres, cinémas) donnent
de leur temps et leurs
savoirs aux jeunes de toutes catégories
sociales. Permettez-moi de douter de la
volonté de l'enseignant à
enseigner de telle manière que tous les
élèves
comprennent. N'y a-t-il pas, inconsciemment,
involontairement, une part d'eux-mêmes
voulant reproduire ce qu'ils ont connu, et donc
sélectionner les meilleurs ?
Les artistes venant apporter leur contribution
n'auraient pas, à priori, cette
difficulté, je dis bien à priori,
car qui n'est pas tenté de mettre en
avant
celui qui nous plait au détriment d'un
autre, nous paraissant plus indifférent
? Illich voit l'école disparaître
et imagine le cadre familial, professionnel,
communautaire, les bibliothèques d'un
modèle nouveau, venant supplanter
l'institution fauteuse dont il est question ici.
" L'éducation véritable
doit nous surprendre, un peu comme à
l'église… " Tiens, ça revient !
" On devrait créer une situation
où la société proposerait
à chaque
individu de faire l'inventaire de soi-même
en profondeur, "en profondeur"
c'est moi qui le rajoute, car je sais tout
l'intérêt qu'il y a à faire
l'inventaire de son moi, de son chez soi. 48 10 – Puissance politique et
procréation. Dans un premier temps, je
voulais passer ce thème de la
procréation, trop douloureux, avais-je
écrit.
Seulement, j'y reviens, cette question est
à prendre en compte, on ne peut
l'éviter. L'état a-t-il son mot
à dire sur le nombre d'enfants que chaque
famille décide d'avoir au cours de son
existence ? Cette formule, je la trouve
insidieuse et pourtant j'en suis l'auteur. Le
contrôle de naissance est-il vécu
de la même façon par tous, ou
est-il repoussé par certains pour des
raisons
religieuses ou je ne sais quoi d'autre ?
Incontestablement il faut des moyens
pour élever un enfant, financier,
disponibilité et biens d'autres encore,
il
est donc à priori
préférable d'en avoir peu bien
dans leur peau que beaucoup
voués à l'échec… Ces bons
discours ne servent à rien, les raisons
profondes
poussant certaines familles a en avoir plus que
de raison sont
complexes. J'ai imaginé qu'un homme
ayant dans la société une position
sociale qu'il considère "inférieure"
par rapport à la moyenne,
prenne sa revanche en inondant le monde d'autant
d'"inférieurs" qu'il
peut en donner, c'est la seule "puissance" qu'il
puisse s'accorder … Ces
hommes sont-ils le produit de l'échec
scolaire ? 49 … Et d'ailleurs l'échec
scolaire a été inventé
à l'intention des
pauvres afin de les mettre dans des postes de
travail ingrat, et c'est là tout
le mal que l'école peut produire sur
l'humanité : provoquer de la haine
s'exprimant par des comportements comme
celui-ci, mais ce n'est pas le seul, il
n'est qu'un grain de sable d'une plage
vouée à perdurer… 11 – La pauvreté
planifiée. Au chapitre
précédent j'avais zappé ce
texte, pourtant intéressant, sur la
contraception, Illich constate : " à
court terme, les sommes qu'une naissance en
moins permettra d'économiser,
seront plus importantes que celles de
l'accroissement productif qu'apporterait
un enfant scolarisé " et dans celui-ci de
chapitre, il donne cette information
effrayante : " les quatre cinquièmes les
plus misérables de l'humanité se
multiplient de façon anarchique, tandis
que leurs ressources ne cessent de
diminuer ". Avec ces informations, je ne sais
comment je vais passer mon
dimanche, dehors il fait froid car c'est
l'hiver, et dedans, je pourrai aller
bien mieux s'il n'y avait ces questions
universelles nous gâchant la vie à
tous. Évidemment nous ne pourrons pas
changer la marche du monde, mais quand
même … 50 Pour la unième fois la question
du bien-fondé de ce travail sur Illich
se pose à moi. Me permet-il de dire ce
que j'ai dans le cœur en suivant
scrupuleusement les chapitres du livre (Œuvres
complètes – volume 1) ? Oui et
non, vous dirais-je volontiers, car ainsi va le
chemin de croix de celui qui
veut dire la vérité, ou du moins
le prétend. Vanité de
vanité…
Heureusement mon objectif n'est pas de ce
côté-ci, Dieu m'en préserve,
il est de vouloir apporter un autre regard sur
les
choses de la vie. Alors, qu'aurai-je à
dire d'essentiel sur l'école ? J'aimerai
faire prendre conscience qu'après
l'enseignement obligatoire, il y a la vie
normale et aujourd'hui elle peut durer
longtemps, puisque nous pouvons vivre
jusqu'à 100 ans sans trop de
difficulté… Quoi que … Mais bon, laissons
cette
question pour plus tard. Cette période,
allant de la fin des études à la
fin de
la vie, sera à l'image de ce qui a
été vécu à
l'école. La psychanalyse nous a
convaincus de l'importance de l'enfance sur la
vie de l'homme adulte, alors
pourquoi la vie scolaire n'aurait-elle pas le
même effet sur le comportement
humain ? Tout doit être mis en œuvre
justement pour préparer l'enfant,
l'adolescent à avoir le meilleur de
l'existence. 51 Mais le meilleur de l'existence c'est
quoi ? Et d'abord, et surtout, de
ne pas être dégouté de ce
que l'école a voulu inculquer à
l'enfant, je veux
dire la lecture, l'écriture, la culture,
ce qu'il y a dans les livres, les
revues, les journaux, les musées, les
cinémas, les théâtres, et
mille autres
choses dont je ne vais pas faire l'inventaire
ici pour l'instant. L'école ne
doit pas faire de dégâts, et en
disant cela, je pense aux restaurateurs de
tableaux, jadis ils remettaient des couches et
des couches sur l'ancien pour
faire du neuf, aujourd'hui ils essayent de ne
pas abimer ce qui était à
l'origine sur la toile, ils y vont avec
légèreté et respect…
Voilà l'éducation
de demain : légèreté et
respect. Ces bonnes intentions nous font
rêver à un
monde meilleur, seulement nous devons être
efficaces avant tout. Comment ?
Illich fait la critique de l'école de
façon virulente, mais que propose-t-il ?
Pour l'instant je ne vois pas où il veut
en venir sinon remettre en cause les
institutions porteuses de pouvoir, ce que je
comprends, n'ai-je pas écrit : dès
qu'il y a pouvoir, il y abus. L'école
est-elle une garderie ? Oui, elle l'est,
mais pas seulement pour mettre ces gosses
à l'abri des dangers du monde, mais
aussi les éloigner du travail de leurs
pères… 52 Et quoi, que dites-vous, de quoi les
pères sont-ils encore coupables ?
Ne vous mettez pas en colère, c'est dans
la nature des choses, dans l'histoire
de l'homme dans ce qu'elle peut avoir de plus
archaïque : les pères veulent
éloigner leurs progénitures afin
de rester seuls près de leurs
dulcinées… Freud
a inventé le complexe d'Œdipe,
le gosse voulant
tuer le père pour prendre sa place dans
le lit conjugal, là, il s'agit de
l'inverse, le père veut mettre son fils
hors d'état de nuire dans sa maison,
son travail, et pour se faire il le met à
l'école le plus longtemps possible…
L'école fut inventée pour
ça : protéger le père d'un
fils désirant se
substituer à lui partout, et parfois,
soyons diaboliques jusqu'au bout, les
pères peuvent mener leurs fils à
la guerre … Si ma vision de la filiation vous
paraît peu engageante, je ne vous oblige
en rien, restez célibataire ! Mais si
vous avez déjà donné au mal
de la paternité, acceptez cette
vérité, elle peut
vous être utile pour contrer vos propres
pulsions négatives à
l'égard de vos
enfants. La cellule familiale peut-elle remplir
seule cette fonction éducative
? Bien sûr que non, revenir en
arrière serait une catastrophe, ne
caressons pas
dans cette direction notre tendance à
tout vouloir changer. 53 Qui se permettrait aujourd'hui de
remettre en cause " le progrès
" se verrait taxé d'anarchiste
invétéré. Seulement gardons
raison gardée,
et posons sur la table les
éléments d'un puzzle pour voir
plus clair le caca
qui nous attend parce qu'on n'a pas su prendre
les mesures nécessaires à temps.
On nous parle en permanence d'investir dans la
"recherche" comme si
de là pouvait sortir la réponse
à tous nos problèmes. Le
progrès est un mieux
réel par rapport à ce qui existait
hier, si l'on ne prend pas en compte les
aspects négatifs de cette machine qui
broie l'humain en permanence sans se
soucier du mal qu'elle fait, qui nous gouverne
tous, je parle de cette machine
économique entre autres choses. En lisant
cela vous imaginez avoir à faire à
un
homme rêvant revenir en arrière,
tapotant sur sa Remington pour nous dire ce
qu'il pense de tout et de rien, et sa
télé en noir et blanc pour revoir
les
"36 chandelles" et Gilbert Bécaud. Non,
non et non, je ne veux pas
que vous pensiez une telle chose de moi, je suis
fou du chocolat Lanvin et de
tout ce qui est moderne : TV extra plat,
ordinateur iMac et iPad, (pas la
voiture pour des raisons que je
développerai probablement plus tard) etc. 54 Toutes ces choses "modernes" sont
d'excellents outils
permettant à chacun de se réaliser
selon ses intérêts propres. Tout
irait donc
dans le meilleur des mondes s'il n'y avait en
contrepartie la misère, qui ronge
le monde comme un cancer, et que l'on ne veut
pas regarder en face pour ne pas
mourir de honte. Alors que faire ? À
l'évidence, continuer comme cela est un
suicide collectif, mené par les chefs de
nos tribus et dont les peuples ne
mesurent pas l'imminence. Bien entendu, il est
fait là allusion entre autre aux
déficits de nos pays ayant mangé
plus que de raison tout ce que nous avons
accumulé depuis des siècles, nous
sommes à sec et cela n'augure rien de
bon…
Sauf, sauf si Zorro arrive flambant neuf sur son
cheval multicolore pour sauver
le monde et ses sbires… Seulement, des Zorro
nous en avons connu en des temps
pas si éloignés, j'ai le tournis
rien que d'y penser. L'une des solutions ne
serait-elle pas de considérer qu'il faut
impérativement prendre en compte, en
premier lieu, dans le cadre d'un projet
politique, la misère à abolir, pas
en
cinq ou dix ans, mais en un ou deux mois, comme
l'a si bien avancé l'économiste
Philippe Dessertine. 55 Ce n'est pas une affaire facile
à résoudre, certes, mais à
quoi peuvent
servir ces hommes si intelligents que nous avons
dans notre pays s'ils
n'arrivent pas à résoudre ce
problème-ci ? Revenons à ce
concept de la
"recherche". Lorsqu'on en parle c'est toujours
pour nous dire qu'il
faut plus d'argent, plus investir… Je propose de
développer la
"recherche" dans l'objectif de trouver comment
faire mieux tout en
coutant moins cher. C'est là la bonne
direction à suivre d'un politique
responsable voulant sauver notre pays, nos pays
: nous devons avoir de bonnes
idées et être économes,
accepter des décisions impensables, par
exemple, ne
plus payer les intérêts de la dette
et rembourser le capital en vingt ans.
Quelle magnifique énergie donnerait
à chacun de nous cet objectif de ne plus
avoir
personne à mourir sur le trottoir, que
ces hommes et ces femmes soient nos
proches ou nos lointains, il faut réparer
la machine à partir de
l'élément
humain. Ce sont, me direz-vous, de bons
sentiments, mais ils n'arrangent jamais
rien, et là vous auriez raison, il est
impératif d'être pragmatique,
d'avoir
les pieds sur terre et décider ce qui
peut l'être pour sauver le monde tant
qu'il en est encore temps. 56 Soyons critique un peu avec notre ami
Illich lorsqu'il déclare à son
public : " Chaque
voiture lancée sur
les routes du Brésil prive cinquante
personnes à la possibilité de
disposer
d'un autocar. Chaque
réfrigérateur contribue à
restreindre les chances que soit
construite une chambre froide pour la
communauté. " Le pauvre
garçon,
s'il voyait ce qu'il en est aujourd'hui, plus
d'un demi-siècle après cette
déclaration, il vomirait toutes ses
tripes dehors, heureusement de là
où il est
maintenant, nous ne risquons pas ce genre de
spectacle peu ragoutant. Mais
faisons une pose, si vous le permettez.
Illich remet en cause les institutions
sociales et, pour l'instant, je
n'ai point trouvé de portes alternatives,
j'ai lu seulement une critique, celle
d’un bon sociologue. A l'école, on se
souvient de cette leçon donnée
à tout le
monde : pour la construction de sa
rédaction, nous devons exposer une
thèse,
puis développer une antithèse et
pour finir faire la synthèse de tout
ça.
Aujourd'hui, bien que je sois loin de cet
âge adolescent, cette idée me
paraît
fondamentale, non seulement pour remplir un
devoir, un travail d'écolier,
d'étudiant, littéraire, mais pour
toute chose, car si l'on veut penser une
chose… 57 … Il faut aussi l'avoir
contestée avec des arguments forts pour
avoir
ces matériaux nécessaires à
se faire une idée juste et la plus proche
de sa
pensée, la plus personnelle que possible.
On se souvient tous de ce bouquin qui
a fait scandale : " Le livre noir de la
psychanalyse ", sortie en
2005 et remettant en cause l'ensemble des
travaux de notre très cher ami
Sigmund Freud. Sept ans plus tard, Michel
Onfray, célèbre professeur de
"l'Université pour tous" et
particulièrement des habitants de sa
ville de Caen. En fait, de là, de Caen
donc, il vide son sac de tout ce qu'il a
pu consommer en milliers de livres, en millions
de pages, lues je ne sais ni
comment, ni à quelle vitesse, mais lui
ayant permis de ne pas crever de faim
puisqu'il édite en pavés tous les
mots sortant de sa bouche, je rajoute :
"d'intellectuel de gauche bien pensant", crever
de faim, disais-je,
comme une grande partie de la population
française. Je ne sais pourquoi tout
à
coup ce machin n'ayant aucun rapport avec le
sujet traité vient s'asseoir au
bout de ma plume pour me dire combien elle se
sent libre d'écrire ce qu'elle
veut, même et surtout contre ma
volonté parfois. 58 Donc, dans " Crépuscule d'une
idole ", Onfray met le maître à
sac pour ne pas dire à genoux, à
ses pieds. Peu importe, Freud est mort et il
s'en fout de tout cela, ayant été
jadis, en son temps, trahi par son ami Romain
Rolland, qui écrit dans ce " Journal de
Vézelay, 1938 – 1944 " qui
vient de sortir dans nos librairies et où
je relève cette lettre de 1939 :
" Je ne
peux dire ma répulsion
contre l'utilisation morbide, maniaque, que
font aujourd'hui les psychologues, les
historiens, les hommes de science, des
explications freudiennes. (Et j'en vois
beaucoup parmi mes amis.) À Edouard
Monod qui m'a envoyé une étude
sur
l'écriture de Napoléon, qu'il
juge uniquement en fonction du complexe
d'Œdipe,
j'écris (6 mars 1939) : "Excusez-moi de
ne pas croire au fameux complexe
et aux symboles freudiens ! Je n'ai jamais pu
y voir que des explications
pathologiques, qui ne valent que pour des cas
restreints de disharmonie ; et
rien ne me paraît autoriser à les
étendre à toute
l'humanité. En ce qui me
concerne, je n'ai jamais eu aucune peine
à harmoniser en moi le père et
la
mère. Et ce sont de tout autres combats
que l'art et l'action publique m'ont
obligé à livrer. 59 . – Il est vrai que les
freudiens ramènent à père
et la mère la terre, le ciel, les
éléments, tout ce
qui est, le monde entier, qui n'est plus pour
eux qu'un réservoir à imagos.
Mais il est
facile alors d'avoir raison
: pour démontrer, on se contente
d'affirmer… - Je crois la vie plus riche et
plus complexe. L'hypothèse de Freud me
paraît la fausser, en la simplifiant
à
l'extrême – et, j'ajoute, non pas dans
le sens le plus naturel et le plus sain
: - car, père et mère, ce sont
des morts, et le mouvement vrai du vrai
vivant,
l'élan de vie, - c'est de s'y arracher.
La vie oublie… C'est la condition pour
échapper à la fosse – l'espace
d'un instant, qui est un monde. " Contester est bon pour la
santé mentale, ça libère
des
endomorphines et permet de dire n'importe quoi
sur une tête lourde dans le
registre des têtes bien remplies pour
inonder le monde de ses moules à
bigorneaux tangibles. Qu'importe tout cela, mais
je soumettrais bien aux
philosophes de tous poils que nous sommes
à débattre de tout et de rien, de
soumettre ce terrible constat : à
supposer que Freud se soit planté (ce qui
est
le cas, mais je ne vais pas vous donner mon
travail ici, vous le trouverez sur
internet sans trop de difficulté)… 60 … Comment expliquer que ces "fausses
réponses" aient fait
tant d'émules professionnels ou de
clients potentiels à se vider de leur
argent
pour aller mieux. La psychanalyse a
séduit beaucoup de monde, moi-même
il y a
un demi-siècle je fus
réveillé de ma léthargie de
mort-vivant en parallèle au
théâtre, la psychanalyse
aujourd'hui encore me passionne et la mettre en
cause ne
fait que réactiver tout
l'intérêt qu'elle peut avoir pour
l'humain, comme moyen
idéal pour pénétrer son
corps caverneux en profondeur raisonnable.
Pendant plus
d'un siècle les hommes ont
travaillé sur des théories
Freudiennes, si elles
étaient fausses, nous pourrions avancer
que toutes les théories
découvertes par
les hommes sont fausses également, et
leurs utilisations par l'élite ne sont
que poudres aux yeux dont le seul objectif est …
Est Quoi ? Pour conclure, une
chose est certaine : Freud créa un
métier permettant à des milliers
de
psychanalystes de gagner beaucoup d'argent sans
trop se fatiguer. Ceci étant
dit, je ne cesse de conseiller à tout un
chacun d'aller voir un psy, non pour
guérir d'une maladie ou d'une souffrance
pathologique, mais pour devenir plus
intelligent… 61 On entend de toute part et
particulièrement de la bouche des
politiques
que la seule solution à la "voyouterie"
est l'éducation. Messieurs
dames, vous avez tout faux, car
l'éducation que vous servez n'est pas
faîte
pour tous, au contraire, elle crée,
secrète elle-même le poison qu'elle
dit
vouloir combattre. En effet, qui voulez-vous
convaincre en enseignant la
"bonne culture", celle des lumières,
celle de l'ombre qui cache la
forêt ? Non, le gosse qui chez lui vit
l'inimaginable, la violence de ses
parents, la misère, le chômage, et
tant d'autres choses donnant envie de vomir
rien que d'y penser, ce gosse dis-je, ne peut
entrer dans votre danse, il en
est incapable, d'autorité exclus, et
ça, vous le savez parfaitement, pourtant,
pourtant vous continuez à servir la soupe
: normal, vous êtes payé pour
ça, il
ne vous viendrait pas à l'esprit de vous
révolter, de manifester de la Bastille
à la République pour cette
cause-ci enfin, car votre enseignement enfonce
certains au point qu'ils n'ont d'autres choix
que de vous cracher à la figure,
et pour cause : ils ne sont pas respectés
quant à leurs possibilités
d'intégrer
cette école-là. Lorsqu'on a des
origines venant d'ailleurs, les cultures ne
sont pas les mêmes, elles sont
différentes. 62 Les renier pour intégrer
Napoléon et Molière, c'est, qu'on
le veuille
ou non, inconsciemment, se renier
soi-même, pire c'est renier ses parents,
et
donc ses origines. La violence vient de
là, pas d'ailleurs, ce conflit interne
propre à chacun de ces humains n'est pas
entendu, alors ils font beaucoup de
bruit pour l'être enfin. Cette
vérité fait mal, elle me
désespère car j'ai peu
d'espoir que les hommes de pouvoir puissent
changer quoi que ce soit en ce
domaine : ils ne veulent en aucune façon
s'arrêter pour réfléchir en
profondeur
et surtout prendre les mesures qui s'imposent.
"La seule solution possible
au sous-développement est la satisfaction
des besoins fondamentaux…", dit
Illich page 183 du tome 1 de ses œuvres
complètes. Comment, quoi, vous osez
comparer
notre pays riche aux
sous-développés ? En certains
endroits la comparaison
n'est pas de trop. Tous les jours les journaux,
la télé, nous inondent, nous
informent de cette réalité, et
pourtant rien ne change, c'est la faute
à pas de chance, c'est aussi le
meilleur moyen pour soumettre, aliéner le
peuple dans son ensemble, et lui dire
: fait attention à bien tenir la barre
matelot, sinon regarde ce qui t'attend… 63 Nous sommes dimanche, il est 9h30,
dehors il fait froid, et en moi
monte une petite parano qu'il me faut calmer en
allant me faire un bon thé bien
chaud… Si nous essayons ici de voir clair dans
ce ramdam de l'école, pendant ce
temps-là, notre ministre de
l'éducation se bat pour une question
d'heures d'entrer
et de sortie des classes et du temps à
passer en vacances. Les médias y mettent
du leur pour faire monter la sauce, pendant que
les problèmes s'amoncellent
dans l'escarcelle d'une éducation qui
tous les jours détruit des êtres
humains,
pas seulement des enfants. Ce matin au
réveil, je voulais vous parler de ce que
les écoliers, les étudiants,
après le temps passé dans ces
bâtiments de
l'Éducation Nationale, en sortent, avec
ou sans diplômes, et vont avoir à
vivre
60 à 80 années avec sur le
paletot, d'une façon permanente, les
stigmates de ce
qu'ils ont vécu pendant ces années
qu'on dit scolaires. Inutile de vous
préciser que je pense principalement
à tous ceux qui ont vécu
l'échec scolaire,
avec ces milliers de mauvaises notes à
avaler tous les jours comme un poison …
Et quand je dis poison, je pense poison qui tue,
détruit le vivant de l'être
humain intéressé par la vie, la
vraie, pas celle des conneries. 64 Lorsqu'on parle école, on parle
toujours d'enfants, d'adolescents. On
oublie que les adultes sont issus de cette
chose-là, pour ne pas dire de cet
enfer. Pensons-y avant d'élaborer la
philosophie d'une nouvelle école.
L'objectif
serait de faire un minimum de
dégâts dans l'avenir de ces futurs
adultes. Nous
devons tout mettre en oeuvre pour donner envie
de lire et d'écrire tout au long
de sa vie, être dans l'excitation de ce
qui nous entoure, aimer la culture que
l'on aura pris le temps de choisir, et qui
correspond à notre histoire, aimer
notre métier, aimer l'existence jusqu'au
dernier jour, et non étudier
uniquement dans l'objectif de réussir ses
examens, comme si cela avait une
quelconque importance, sinon pour être au
chômage avec BAC+5 (sic)… Ne
désespérons pas, mes
frères, battons-nous, battons-nous, sans
relâche ! Avoir
des idées et les exposer c'est justement
le propos de notre ami Illich à la
page 184 où il nous fait part d'une liste
de choses pouvant apporter un plus, à
un peuple en déroute (un peu comme le
nôtre aujourd'hui). Qui oserait
maintenant avancer une telle proposition : "
Approvisionner en eau potable
plutôt que de mettre en place des services
chirurgicaux trop onéreux "… 65 … La tentation est grande d'abonder
dans son sens si dans mon cas
personnel, ces fameux services chirurgicaux ne
m'avaient sauvé la vie et me
faire renaître une seconde fois à
cinquante ans précisément. Par
contre,
aujourd'hui où la sécu est au bord
de la faillite, il faut entendre ceci :
" Favoriser les aides médicaux
plutôt que les médecins et les
infirmières
spécialisées "puis il
délire franchement en voulant : " des
chambres
froides communautaires plutôt que des
réfrigérateurs individuels…" nous
voilà revenus au temps du communisme,
pourtant déclaré mort depuis
quelques
décades déjà. " Et pourquoi
ne pas considérer la marche à pied
comme une
solution au problème des embouteillages ?
…" De la porte d'Orléans à celle
de Clignancourt, la journée passerait
rien qu'à marcher, le facteur temps
risque de mettre à mal cette idée
géniale. Par contre j'aime bien : "
Pourquoi ne pas obliger chaque citoyen à
apprendre à construire un habitat
décent ? " Pour les Parisiens, cette
proposition ne tiendrait pas la
route, car construire votre pavillon sur les
Champs-Elysées serait fatale à
votre liberté. Comme quoi rien n'est
parfait en ce bas monde, même les
idées
les meilleures. 66 Mais revenons à
l'éducation puisqu'il nous y invite. Ce
qu'il propose
est d'étaler dans le temps l'ensemble de
cet enseignement. Au lieu de consacrer
tout l'argent à des gosses trop jeunes
pour apprendre, mettons-les au travail
dès que possible et donnons à
chacun jusqu'à l'âge de 30 ans un
à deux mois
d'éducation obligatoire. Il affirme " On
peut enseigner à lire et à
écrire
dix fois plus vite à un adulte et pour
dix fois moins cher ", déclaration
à vérifier, peu convaincante, je
ne vois pas où se caseraient ces
économies
dont il parle… Plus loin " L'adulte
éduqué pourra contribuer à
l'éducation
de ses enfants et à celle des autres
adultes", cela est séduisant, c'est
du communisme pur jus, j'aime bien, ça me
fait rêver… Il nous parle après de
l'argent consacré à la recherche.
En fait, cette recherche a presque toujours
pour but "d'améliorer et de vendre des
produits, des avions plus rapides,
des spécialités pharmaceutiques
plus redoutables (sic, c'est grandement
d'actualité !) et former des
médecins capables de prévenir
leurs effets souvent
mortels" (je ne comprends pas ce qu'il veut dire
ici) " pour mettre
au point la gestion d'entreprises gigantesques".
Alors que faire devant le
pouvoir, quel qu'il soit ? 67 À la recherche, Illich oppose
une contre-recherche : " Trouver des
solutions de rechange face à
l'automobile, l'hôpital, l'école et
tout ce qui
nous paraît indispensable à la vie
moderne ". Je n'imagine aucun de nos
politiques ou penseurs actuels, proférer
de telles idées. Sont-elles pour
autant sans intérêts aujourd'hui ?
Je veux les accepter : elles me permettront
peut-être dans quelques jours, quelques
années, de voir plus clair sur ce qui
est à proposer aux hommes de bonne
volonté pour changer le monde ... Je
m'aperçois en lisant attentivement
chacune de ces lignes combien ses idées
sont
proches des miennes, déjà
exposées ailleurs sans connaître ce
bonhomme puisque
ce n'est que maintenant que je prends
connaissance de ses écrits. En effet,
comme lui, je pense qu'il faut s'arrêter
un temps pour penser ces institutions,
ce qui ne veut pas dire, pour moi du moins, les
mettre tous dans la moulinette
du père Ubu, non, mais prendre le temps
nécessaire d'imaginer d'autres voies,
toutes aussi révolutionnaires qu'elles
puissent paraître. N'ai-je pas
évoqué à
plusieurs reprises mon idée de mettre
à la porte les députés et
sénateurs de
tous poils encombrants nos assemblées et
coutant la peau des fesses… 68 Il faut donc remplacer ces
politique-là, et peut-être bien
d'autres,
par des hommes et femmes intelligents, je pense
aux étudiants, aux chômeurs,
aux retraités, etc., de tous niveaux
sociaux, et débattant justement de ces
questions de société. Ils feront
échos, dans ces hémicycles, de
leurs
expériences de la vie réelle et
non comme ces hommes et femmes bien payés
ne
pensant qu'à garder leurs avantages en
jouant au jeu de polémiqueurs
professionnels
et dont la parole n'entraine aucune
conséquence. Cela est démagogue,
j'en suis
conscient, mais j'avoue ne pas porter en mon
cœur ces gens de gauche et de
droite s'envoyant la balle comme au
théâtre les acteurs les
répliques. Sur la
pauvreté : le manque de capitaux dans le
tiers-monde lui semble être la
priorité. Lorsqu'un peuple réussit
une politique donnée, cela ne veut pas
dire
qu'elle est celle qu'il faut suivre partout,
dans tous les pays. Chacun doit
étudier la meilleure façon de
gouverner dans sa propre demeure, non en rapport
à ce qu'il se fait ailleurs, histoire de
mimer comme un singe devant, mais
plutôt par rapport aux données
structurelles de son pays… 69 Gouverner donc en fonction des us et
coutumes, de la culture, des
moyens économiques et sociaux mis
à sa disposition … et de la nature de son
peuple bien évidemment. C'est pourquoi la
mondialisation est une catastrophe,
tout le monde veut une voiture, là se
joue la perte du monde, et donc des
hommes. Comment continuer à vivre pauvre
lorsque partout, à chaque pas fait
dans la rue, dans chacune des images vues de la
TV, les journaux, la richesse
s'expose outrageusement avec ses produits
tentants, qu'il faut avoir, qu'il
faut porter. Qu'ils vous feraient voleur pour
les obtenir. Voilà les vraies
questions que je veux voir poser par nos
assemblées et nos bancs
d'écoliers.
Cette contre-recherche est la source d'un
réel changement, pas celui dont se
glosent les prétendants à la
Présidence de la République. 12 –
Une constitution
pour la révolution culturelle.
Développement, sous-développement,
pauvres,
riches, partout traîne sur la terre,
l'impossibilité à trouver le
bonheur
collectif, menant chaque homme à aimer
l'autre comme lui-même, d'autant que
s'aimer comme ça n'est pas donné
à tout le monde, t'as qu'à voir
quand les gens
se regardent dans la glace, la tronche qu'ils
font. 70 Ce qu'il faudrait, dit-il : " Au cours
des dix années à venir, il
faudra apprendre un langage qui ne parle pas de
développement et de
sous-développement, mais des idées
vraies et fausses sur la nature humaine, ses
besoins et ses possibilités ". Profitons
de cette invitation à
réfléchir
autre chose, pour évoquer notre
actualité à nous. On nous rebat
les oreilles en
permanence avec cette idée indiscutable
et indiscutée qu'il faut de la
croissance pour continuer à exister, au
risque de mourir, et pour qu'elle soit
cette satanée croissance, il faut
construire des voitures, faut en vendre des
millions et si les ventes baissent par rapport
à l'année
précédente, vite fait,
on profite de l'occasion pour mettre des
gens à la porte, de
préférence des ouvriers, pas les
patrons, on en a trop
besoin, alors ces rejetés brûlent
des pneus tout neufs devant les caméras
des
TV du monde entier pour dire leur ras-le-bol,
dire "on existe" et les
autres répondent : " Brûler autant
que vous voudrez, devant qui vous
voulez, ça ne change rien à nos
décisions, on vous fout à la
porte, et basta,
c'est nous qu'avons le pouvoir ! ". La
télé, les journaux sont faits pour
cela, dire au peuple " le pouvoir est de ce
côté-là quoi que vous
fassiez
". 71 Alors si vous voulez avoir la paix,
faut acheter des voitures.
Seulement acheter une voiture implique de
prendre du crédit, et comme le
marché
de la voiture est en panne, les emplois
deviennent de plus en plus rares et
précaires, si par chance vous en avez un.
Tout cela vous le savez parfaitement
et il serait inutile de vous le rappeler ici,
si… si… je n'étais convaincu que
cette règle de toujours plus de
croissance ne peut continuer
indéfiniment. Ce
système, s'il a connu une certaine
logique raisonnable après la guerre,
aujourd'hui rien ne le justifie puisqu'il nous a
mis la tête dans le mur, avec
principalement un déficit de près
de deux mille milliards d'euros impossible
à
rembourser et dont les intérêts
nous ruinent tous les jours un peu plus. Et
nous voyons ces économistes, ces prof.
d'économie,
proférant partout leurs litanies, et plus
gravement à l'intention de nos
politiques, impuissants à trouver
eux-mêmes la
route à suivre, préférant
se fier à cette philosophie implacable
puisqu'elle
est suivie partout, sans jamais être
remise en cause, réévaluer son
efficacité.
Il faut donc la remplacer, mais par quoi ?
Illich nous parle de la nature
humaine, de ses besoins et ses
possibilités. 72 Un grand projet politique ne doit plus
se soucier de ces théories d'un
autre âge, d'aucune valeur aujourd'hui, je
dis bien aucune valeur aujourd'hui.
Le premier souci serait d'abord et avant tout de
faire en sorte que tout homme
soit considéré en humain et lui
redonner de la dignité en lui attribuant,
lorsqu'il n'a pas de travail, un revenu à
minima pour ne pas entrer dans la
misère (600 € par mois) et un logement de
15 m2. Depuis plus de quinze années,
je me bats pour cette idée et ici je ne
peux faire autrement que de rappeler
cette vérité : la
misère est insupportable. Faut-il
continuer à produire
des voitures pour justifier je ne sais quoi,
continuer comme avant ? Ma réponse
est sans appel : Non, nous devons reprendre les
rênes de notre grand et beau
bateau (il n'y a pas de rênes dans un
bateau ? peu importe), l'état doit
définir les grandes lignes de ce qui
serait bon pour son peuple, pas pour
l'économie avec un grand É, mais
pour les hommes, les femmes, les petits
enfants, les jeunes de tous poils, les personnes
agées… sans se soucier ni du
marché, ni des règles de la
Communauté européenne ou mondiale,
car avant tout,
nous devons sauver notre pays, et par
voie de conséquence le monde. 73 Quelles propositions pouvons-nous
faire si la production des voitures
n'est plus le fil d'Ariane de notre politique ?
Reprenons l'idée d'un
revenu+logement à minima attribué
à tous chômeurs, tous exclus. Dans
cette
situation, l'individu concerné sera
considéré non pas comme
chômeur ou exclus,
mais comme fonctionnaire attaché à
l'état et pouvant
bénévolement participer au
bon fonctionnement de la société
en ayant une action sur elle en donnant un peu
(ou plus) de temps aux taches qu'il pourra
assurer. Par ce moyen-là, nous
pourrons considérer qu'il n'y a plus
de chômeurs, plus d'exclus dans notre
pays (nous tiendrons compte que certaines
personnes ne peuvent envisager de
travailler, nous devons l'accepter) puisque tout
individu bénéficiant de cette
situation sera considéré comme
affecté au service de l'état.
Deuxième point,
les services de nos administrations employant
beaucoup de monde actuellement
pourront, petit à petit, ne pas remplacer
ceux qui partent à la retraite et
mettre à leur place cette population
moins couteuse. Alors j'entends
déjà des
cris d'orfraie me reprochant par ce
système réduire les emploies
"normaux",
je leur réponds : nous n'avons pas
d'autres choix… 74 Nous devons réduire les
dépenses d'une façon draconienne.
Que ces
hommes et femmes soient considérés
fonctionnaires dans notre "système"
n'empêche pas de faire du
bénévolat ailleurs dans le secteur
privé. À
noter qu'il y
a actuellement en France près de douze
millions de bénévoles s'activant
dans
des associations, cela est la preuve que
travailler pour rien n'est pas une
idée folle, au contraire, faire quelque
chose qui plait donne du sens à sa vie.
Donc de la main-d'œuvre à bas cout (sic),
même si ces individus ne travaillent
qu'à mi-temps ou à quart de temps.
Mais comment payez-vous tout ce monde ? En
faisant des économies sur les
dépenses inutiles d'aujourd'hui
attachées à ces
millions d’hommes et de femmes vivant l'horreur
de la misère, des économies sur
tout, et nous allons prendre notre temps pour
les débusquer, faites-moi
confiance ! Ceci est un grand changement,
radical probablement, mais que
pouvons-nous faire d'autre ? Alors,
avançons maintenant. La question de
vendre
à tout prix toujours plus de voitures est
à reconsidérer puisque la voiture
pollue, et la pollution un truc qu'il faut
enrayer si j'ai bien suivi les
débats sur l'environnement. Comment
réduire le besoin de voiture ? 75 Tout faire pour réduire les
déplacements professionnels. Faisons en
sorte pour rapprocher le travail au logement, ou
le logement au travail. Je
sais la chose pas facile, mais dans beaucoup de
cas nous pouvons l'envisager.
Vous avez tous remarqué que certaines
villes utilisent la bicyclette pour
réduire les voitures, alors pourquoi nous
fait-on c… avec cette question des
ventes qui baissent chez Renault, Peugeot et
Citroën ? Toute l'économie est
basée sur la consommation : plus les gens
consomment, plus il y a du travail,
plus c'est super, seulement posons-nous la
question de là où nous a
mené cette
philosophie ? À pas mal de choses
positives, mais aujourd'hui, faut que ça
change, puisque nous sommes au bord du gouffre,
pour ne pas dire en faillite.
Vendre moins de voitures c'est mettre des hommes
au chômage. OK, ça on le sait,
on regarde la TV tous les jours, merci, ce qu'on
ne sait pas c'est qu'ils
peuvent être employés aux
réels besoins de la population, par
exemple, et cela
est de la plus grande urgence : construire et
rénover des bâtiments appartenant
à l'état, pour aménager des
espaces de 15, 30, 45 m2 etc. selon l'importance
des familles à loger. Ça, c'est la
première des choses à faire. Loger
tout le
monde. 76 Par ailleurs ces populations ayant
souffert pendant des années de trop
de pauvreté, ont obligatoirement des
séquelles qu'il faut essayer de soigner
le
mieux possible. Il faudra donc des services
hospitaliers forts pour assurer
cette réparation d'un système
n'ayant pas toujours fonctionné comme il
aurait
fallu. Loger et nourrir tout le monde,
même sans-travail, est une idée
révolutionnaire, j'en suis conscient, ce
ne sera pas facile à faire avaler
à
beaucoup, seulement je rappelle que cette
solution permettra à tous de ne plus
avoir peur de se trouver sans travail, sans
revenus, et parfois à la rue. Cette
peur est ressentie par 50 % de la population,
c'est effrayant ! C'est la preuve
que l'insécurité est ancrée
en chacun de nous, nous qui vivons dans un pays
dit
riche. Avec ces mesures, il n'y aurait plus
cette peur, nous vivrons "en
famille", et pas dans le "tout pour moi, rien
pour les autres".
Les bonnes intentions que vous lisez ici ne sont
pas garantes de leurs
efficacités dans le réel, j'en
suis conscient. Un penseur n'a pas les manettes
de la bombe atomique ! Un penseur doit aller au
bout de son idée, de ses idées,
son travail est un matériau pouvant aider
les hommes de pouvoir à s'en
inspirer… ou pas ! 77 La solidarité sera effective et
ce label : "Liberté,
égalité,
fraternité" retrouvera du sens et de la
dignité humaine. Sortez les
trompettes du Quatorze Juillet et les fleurs
tricolores pour accompagner mes
rêves d'un monde meilleur… Mais revenons
à nos moutons, à nos autos
chéries. Si
les usines ont moins de voitures à
construire, pourquoi ne pourraient-elles pas
réparer les anciennes pour leur donner
une nouvelle vie ? Pourquoi ne
pourraient-elles pas construire autre chose dont
nous avons réellement besoin
et que nous faisons venir d'ailleurs, par
exemple, les nouvelles technologies, les
matériaux préfabriqués du
bâtiment, etc. Il y a en France des
milliers de
personnes dont les idées magnifiques nous
sauveraient des pires catastrophes. Qui
leur donnera la parole ? Personne, pourtant il
nous faut des solutions pour
répondre aux besoins (primaires ou
secondaires) de chacun. À la longue,
cette
politique aura pour conséquence de
créer deux grands groupes sociaux, ceux
vivant
dans le système avec des moyens
"normaux", et les autres, à la marge,
autrement, avec moins de ressources, mais ne
crevant pas de faim, ni mourir à
la rue, ce qui est l'objectif premier de ce
dispositif. 78 Vous devinez tous qu'il s'agit
là d'une révolution, mais pour moi
la
révolution n'est jamais liée
à la violence, elle doit entrer dans le
mental de
ceux qui vous écoutent, et petit à
petit, les choses prennent leur place,
obligatoirement. Je ne fais là que lancer
un pavé dans la marre, n'étant pas
autre chose qu'un artiste. Et que peut un
artiste, un penseur ? Pas défiler
dans les manifestations, pas
prendre la
parole dans les médias à tout bout
de champ, non, son temps est trop
précieux à
chercher, à faire avancer sa
pensée qui est si lente à
accoucher de nouvelles
idées, surtout lorsque son corps malade
réclame de l'attention pour ne pas
crever, pour continuer à vivre comme un
Dieu. Chez moi, ces combats ne sont pas
nouveaux, ils sont ce que je suis, ils sont
là pour dire ce que ne peuvent
formuler ceux qui vivent en bas de
l'échelle sociale, car ne maitrisant ni
la langue
ni les concepts, eux n'ont pour seul bagage que
leur colère, la fameuse violence
dont il va être question ici. Lorsque vous
êtes dans la misère, quelles
réactions pouvez-vous avoir dans ce monde
de consommation ? Monde que
je préfère, et de loin, au manque
de tout ce qui
fait qu'on est un être humain vivant dans
cette société-ci. 79 Jadis, nos parents et grands-parents,
face aux difficultés du monde du
travail, vivaient dans la résignation,
ils étaient les esclaves travaillant
pour l'élite et pour un salaire de
misère, et tout cela paraissait à
tous
normal, entrant dans la norme du temps, de tous
les temps. Mon père, par
exemple, n'était rien d'autre : un
travailleur manuel au service de grands
couturiers parisiens dont les noms giclent
partout sur les podiums des génies
de la mode. Ceux-là mêmes qui
aujourd'hui font don de leurs richesses à
moult
associations caritatives, hier payaient mon
père au tire lancette, une honte
quand j'y pense. À ces patrons-là,
je leur crache au visage. Les
multimilliardaires, de quoi se sont-ils enrichis
et s'enrichissent encore,
sinon de l'exploitation de ceux qui travaillent
pour eux ? Et aujourd'hui, de
toute part on les
craint, ils ont le
pouvoir de foutre tout le monde au
chômage, ils nous provoquent et demandent
toujours plus, quelques soient les politiques en
place, ils sont les maîtres…
Faut qu'ça change, Faut qu'ça
change ! chantait Boris Vian. Tous les syndicats
servent le patronat qui préfère
avoir affaire à des contrôleurs de
tensions,
plutôt qu'à la tension directe de
ces hommes en colère. 80 Les syndicats sont là pour
canaliser cette colère, la refouler,
faire
beaucoup de bruit, mais ne nous voilons pas la
face, ce bruit est celui des
militaires, des bottes de cuir sur le
pavé : ceux des dominants. Je ne suis pas
un militant et pourtant ici je prends la parole
comme à la tribune d'une foule
cherchant son chemin. Pas innocent pour un sou,
encore moins naïf devant
l'humain en général, mais faut pas
pousser mémé dans les orties, la
misère
ras-le-bol, faut la résoudre, et c'est
possible en trois mois. Et ne me parlez
pas des moyens que cela couterait, nous
dépensons trois fois plus pour un
résultat quasi nul. Quel rapport y a-t-il
entre le thème d'Illich sur
l'enseignement et celui-ci de la
résolution de la misère, en dehors
qu'ils sont
deux combats auquel je suis attaché
depuis presque toujours ? à la
vérité, les
deux se tiennent la main comme deux
frères. Lorsqu'on est passé
à côté de la
"bonne éducation", de la culture à
l'école, la réussite sociale
paraît difficile à se construire,
bien que certains profitent de leurs
échecs
pour se trouver ailleurs, heureusement, et
réussissent dans divers secteurs
d'activités dans le privé, mais
jamais dans le secteur intellectuel, puisque
ceux-ci sont réservés aux
diplômés. 81 Vous sentez, je l'espère, toute
l'animosité, le fiel s'écoulant en
moi,
lorsque je parle de ces questions, elles me
tiennent trop à cœur, car trop
injustes, trop insupportables, et concernent des
millions d'individus méritant
mieux qu'une mauvaise note, mille fois
répétée entre cinq et seize
ans.
Volontairement, je veux faire ressentir aux
enseignants, aux profs de tous
bords se prenant pour des saints qu'ils ne sont
pas, combien leurs évaluations
sont dévastatrices, non seulement pour
les gosses dont ils ont la charge
pendant un temps, mais des conséquences
désastreuses sur ces adultes, de leurs
agissements irresponsables. Noter un autre que
soi est la pire des choses :
personne ne devrait user de ce droit… Mon
père donc, a subi l'autorité
négative
de ses patrons, mais obligé qu'il
était de travailler pour nourrir sa
famille,
il avala des couleuvres comme tout le monde,
mais pas longtemps, cherchant
toujours des parades à toutes
les
difficultés de la vie. Je vais vous
raconter un peu le bonhomme. Rapidement, il
fit le choix de travailler à domicile, ne
supportant plus la promiscuité du
monde du travail collectif, dans son
métier de couturier dans le cuir, cela
était possible ; je vous laisse imaginer
la situation. 82 Nous vivions dans trente mètres
carrés à six personnes, plus la
machine
à coudre et la table de travail de mon
papa. Jamais nous n'avons souffert de
solitude, il y avait toujours du monde chez
nous, même des gens étrangers
à
notre famille, c'était la maison du Bon
Dieu, la porte toujours ouverte.
Seulement, cet homme n'ayant pu
s'intégrer à la
société de la réussite,
entretint toute sa vie une haine profonde
à l'égard de son prochain, haine
refoulée, haine compensée par le
jeu : il était champion de bridge. Je me
souviens de sa violence lorsqu'il
voulait trouver une bonne raison pour sortir le
soir sans l'assentiment de son
épouse, ma maman. Pourquoi je vous
raconte ça ? Quel intérêt
ont ces
confidences pour vous dire la violence des
hommes ? Essayons tout de même
d'aller plus loin. À ces clubs où
il allait, il rencontrait ses propres patrons
et des hommes, des femmes riches, alors qu'il
était, lui, pauvre comme Job.
Parfois, il revenait à la maison
après avoir perdu le salaire d'une
semaine de
travail, parfois il avait gagné de
l'argent ou des lots de verres en cristal de
Baccara, c'est marrant de boire de l'eau du
robinet dans une verre comme ça
lorsqu'on est pauvre, une guitare
électrique pour son fils ainé,
moi. 83 Était-il plus violent qu'un
autre homme ? Je ne le crois pas, et ne
comprends toujours pas pourquoi je fais
malgré cela cette association entre la
violence lié aux ouvriers
mécontents de leur sort, et mon
père ayant écrit à sa
manière l'essentiel de son existence, qui
fut un pur échec, mais qu'est-ce
qu'un échec ou une réussite, sinon
la même chose ? Et puisque nous
réveillons
ici sa mémoire, alors permettez-moi
d'aller chercher les quelques lignes que je
lui ai consacrées il y a quelques
années. " En 1954, il avait
trouvé son premier emploi dans une
cordonnerie orthopédique située
dans cette
rue. Je me souviens qu’il se plaignait d’avoir
été exploité au maximum par
ses
patrons et du peu d’argent dont il disposait
pour se nourrir. Il avait pris
l'habitude d'apporter, pour manger le midi, du
pain et du chocolat, alors que
ses collègues ouvraient de grandes
gamelles qu’ils réchauffaient dans un
coin
de l’atelier. Il éprouvait de la haine
lorsqu’on se moquait de lui et de sa
maigre pitance. Soit dit en passant, je le
soupçonne bien aujourd'hui d’avoir
pris son pied de cette situation où il
faisait jouer aux autres le rôle de
“riches” et
à lui celui de “pauvre”… 84 Comme
nous habitions près des Halles de
Baltard, nous récupérions à
la fin des
marchés certaines marchandises
jetées sur le pavé en attente du
service de
nettoyage. Des tomates, des pommes de terre, des
poires, des bananes, par
cagettes entières étaient
abandonnées comme mis à notre
disposition, exprès, et
nous, mon père et moi, nous les
rapportions à la maison. Il n’y avait
rien de
pathétique là-dedans, nous le
faisions, car d’autres le faisaient autour de
nous, nous
n’avions pas honte, il
fallait nourrir la famille et il était
seul à travailler avec un salaire de
misère. En 1958, à la sortie du
métro Saint Paul, mon père tentait
sa chance à
la grande roue, (aujourd'hui encore
ce genre de
tombola existe toujours en plus des lotos et
grattages en tout genre) on y
gagnait
des kilos de sucre et il arrivait parfois
qu’il vînt à la maison avec cinq
paquets que ma mère mettait
derrière la gazinière où
nous avions une réserve
pour y déposer l’huile, la farine, les
boîtes de haricots verts et de petits
pois. Après, le sucre fut
remplacé par des bons donnants droit
à du chocolat, des
paquets de bonbons et d'autres gâteries,
puis à de vilains nounours, de quoi
vous dégoûter de jouer à
la loterie le reste de votre vie. 85 Mais
enfin, soyons indulgents envers nos semblables
et surtout à l'égard d'un homme
ayant bossé toute la journée et
voulant un instant se détendre le soir
avant de
rentrer chez lui. Avec le temps, il était
arrivé à se faire des copains et
ils
s’amusaient tous à un jeu que je peux
dévoiler sans remords, puisqu'il y a
prescription... Lorsqu’une jeune femme entrait
dans la boutique, que le patron
y était absent, et voulait s’acheter une
paire de chaussures sur mesure, il fallait
qu’elle donnât ses empreintes pour
préparer le modèle qui allait
ensuite servir
à la fabrication du soulier. La jolie
personne de sexe féminin, l'idiote,
devait se mettre debout sur un socle, une glace
sans tain, appareil semblable à
un pèse-personne en plus grand. Pendant
ce temps-là, qui durait, durait,
durait, les loustics descendaient à tour
de rôle au sous-sol et regardaient les
dessous de la jeune femme à travers cette
glace piège. Conclusion : les hommes
sont tous les mêmes !
Nonobstant cet avantage, il
préféra travailler à
domicile, car il supportait difficilement les
autres. Je me souviens, un jour,
j’avais acheté un magnifique coupon de
tissu anglais pour qu’il me fît une
veste à la mode. 86 Mon
père s’arrangea auprès d’un de ses
employeurs, Pierre Balmain, pour obtenir un
modèle papier à ma taille, il
coupa la pièce, l’assembla et me la fit
essayé.
Malheur à moi, j’avais trouvé
à redire sur son travail. Alors, de rage
il prit
la veste et la mit en mille morceaux avec une
paire de ciseaux toute neuve.
Mais comme ce n’était pas un mauvais
bougre, quelques mois plus tard, pour se
faire pardonner, il me fit une superbe veste en
cuir que j’ai longtemps portée.
Merci Papa. À l’origine, il était
cordonnier puis il s’est converti dans la
fabrication des
vêtements de peaux, il a travaillé
pour Pierre Balmain et Jean Claude J3. Mon
père, le travail, il le faisait, mais
juste ce qu'il fallait pour vivre et
jouer au bridge, ce n’était pas le genre
à mettre de l'argent de côté
où à se
constituer un patrimoine immobilier. Maman et
moi, nous allions livrer les
pièces que monsieur fabriquait rue Saint
Fiacre, je ne me souviens pas si nous
prenions un taxi ou si nous y allions en bus ou
en métro. Ses amis et lui
passaient au moins trois soirées par
semaine à jouer dans ces clubs de bridge.
Ce qui m'a toujours étonné, c'est
que mon père, étant pauvre, avait
des amis
très riches. Il a toujours aimé
ça… Être pauvre était
sa jouissance. 87 A
quoi tout cela correspondait dans sa tête
de champion de cartes? Et bien ce
soir, avec votre permission, j'en resterai
là, mais tout de même il faudra
qu'un jour, j'essaye de comprendre. Il
tenait une boutique de vêtements de
peaux rue du Docteur Goujon dans le 12e.
Tout
au long de sa vie, il improvisa son
existence comme il a pu, un jour,
comme tous les hommes, à l'occasion
de sa deuxième puberté, trompa
ma mère avec son ouvrière
travaillant avec lui
durant huit heures d’affilée par jour
et souvent six jours par semaine, jamais
il n'aima autant le travail, puis
il décida de partir avec elle en
Italie, probablement à Venise, car
Venise est
faite pour ça et il nous laissa,
nous, toute la famille, avec la
boutique sur les bras. Maman prit les
rênes et moi la machine à
coudre pour
confectionner, c'est con d'avoir des
souvenirs aussi dégradants, mais
enfin
c'est la réalité toute crue de
la vie, alors n'ayons aucune gêne, écrivons
comme ça vient, pour la
première
fois de ma vie, je cousais avec
sa machine, Lacan tait-toi, laisse-moi
continuer sinon je vais craquer. Je
cousais des morceaux de cuir en patchworks
pour faire des housses de coussins que l'on
mettait en devanture pour les vendre
quatre sous. 88 Heureusement,
Venise n'a duré qu'un temps et il
revint, comme c'est souvent le cas avec les hommes en
général, et reprit ses affaires,
son travail, mais
pas pour très longtemps. Il
décida de jeter sa femme de la maison
et la
remplaça par la nouvelle, histoire
d'occuper son temps et attendre tranquillement
le jugement dernier qui n’arriva pas tout de
suite, mais arriva quand même.
C'était à l'Hôpital de la
Salpêtrière, j'avais bien voulu y
aller, mais j'étais resté dans
le couloir à jacter
avec mon frère, car les morts à
vrai
dire ce n'est pas mon fort, mais
pas mon fort du tout ". Sur ça et
pleins d'autres choses, il y a beaucoup à dire encore,
mais laissons cela à plus tard et
reprenons notre lecture de l'œuvre d'Ivan
Illich. Il oppose les mots
"développement"
et "sous-développement" à des
idées fausses concernant la nature
humaine, considérant les
premiers responsables
de la violence, la
répression et la rébellion. Ce qui
me
surprend dans son discours, c'est qu'il
dégage de toute responsabilité les
systèmes capitalistes et communistes.
Toutefois
il voit des effets secondaires à
ces organisations : elles détruisent ce
qu'il y a d'humain dans l'homme… Alors, il
propose un programme de rechange. 89 Enfin voilà du neuf, je tends
l'oreille, ouvre grands les yeux, j'ai
trop soif de propositions concrètes me
donnant envie de croquer la vie à
pleines dents comme un adolescent que je suis
mentalement, mais mentalement
seulement, puisque hier c'était mon
soixante-sixième anniversaire. À
la vérité,
je suis tenté de mettre de
côté cette lecture pour vous faire
part de ma grande
déception concernant deux livres sortis
récemment sur la
"Décroissance". N'ayant
pas de
mémoire, j'oublie très facilement
mes lectures passées, celles
de tout à l'heure ou d'il y a dix ans, pathologie qui a
quelques avantages, mais là, je me suis
souvenu, au bout d'un moment de lecture,
avoir déjà connu une
déception sur ce mot-choc, et le
revoilà remis au gout du
jour puisque la "croissance" se délite
gravement actuellement.
Gourmand, je me suis jeté sur ces deux
produits de la maison d'édition
"Utopia", et tristement je n'ai trouvé
aucune proposition concrète
pouvant satisfaire mon appétit. Par
contre, les critiques de notre
société
n'ont pas manqués, c'est d'ailleurs le
corps central de ces livres nous prenant
pour des imbéciles. Aujourd'hui,
j'attends quoi d'une pensée nouvelle sur
le
sujet ? 90 La "décroissance" est un mot
pris en otage par certains,
maitrisant parfaitement l'art de dire fort ce
qu'ils croient être entendu, par
ces auditoires avalant tout ce qui est dit ici,
puisque provenant d'hommes
criant leur aversion pour cette
société. J'attends des hommes
ayant une
expérience de la vie, et une grande
honnêteté, un esprit philosophe,
peut-être même
poétique, avec les pieds sur terre et la
tête à sa place. Philippe
Dessertine a
trouvé ma préférence. J'ai
alors acquis rapidement plusieurs de ses livres,
et
au lieu de m'y plonger pendant des heures, j'en
ai fait un
tas posé dans un coin de ma
bibliothèque.
Cette façon d'agir n'est pas nouvelle
chez moi, je consacre mon temps à
parcourir,
puis ranger les livres, les revues, les journaux
peu intéressants, avant de me
consacrer aux choses essentielles, ainsi je
perds mon temps à éliminer…
Bizarre, bizarre, pourquoi est-ce ainsi ? Il est
possible que, si je me
plongeais dans les livres de Dessertine afin
d'obtenir de bonnes pistes pour
alimenter ma curiosité, mon intelligence,
cela m'angoisserait, me fasse peur…
Étrange comportement que le mien ! Mais
bon, pour l'heure il m'est difficile d'analyser
ça plus précisément. 91 Il dit "Le révolutionnaire de
la culture mise sur le futur".
Peut-on penser un futur meilleur pour nous ou
nos enfants ? Meilleur, je ne
sais pas, car meilleur veut dire demain sera
mieux qu'aujourd'hui, alors que
l'on se trouve dans une situation des plus
précaire pour l'avenir. Lorsqu'on
sait l'état de ce monde, le chaos n'est
pas loin. Illich soulève aussi la
question des possibilités des
minorités à réussir dans le
milieu scolaire, tout
le monde sait ce qu'il en est, mais tout le
monde se tait. Paradoxe de
paradoxe, notre gouvernement vient de repousser
les premiers stages à 15 ans
alors qu'ils étaient à 14 ans
depuis quelques années. Je pense qu'il
faut
cesser de se voiler la face, certains
enfants,
beaucoup peut-être, ne sont pas faits pour
cette école-là, il faut
trouver d'autres moyens, d'autres lieux plus
appropriés à leurs situations
psycho-économiques-sociales et familiaux,
lieux leurs permettant de se réaliser
vraiment plutôt que de les laisser
végéter, histoire d'avoir bonne
conscience
et les laisser loin du marché du travail,
trop encombré déjà sans
eux. Ces
jeunes sont confrontés à des
échecs scolaires à
répétition et cela depuis le
premier jour de leur présence au sein de
ces établissements… 92 … C'est là la principale raison
de mon désir de remettre en cause
"L'école de la République" dans
son ensemble… comme lui l'a fait, en
son temps, pas si lointain. Ivan Illich nous
parle des sommes de plus en plus
importantes consacrées par les pays
pauvres à l'éducation, mais cette
question
doit-elle être posée dans nos
sociétés riches, pas si riches, si
l'on considère
le déficit exorbitant qui ruine gravement
les fondements mêmes de nos pays dits
développés. Pour détendre
l'atmosphère, je vous propose cette image
qu'il donne
de l'école : "L'école est comme un
habile escroc qui aurait vendu un
billet pour un strapontin d'autobus, mais qui
n'irait nulle part…", autre
image : "Tel pays fait songer à une
personne qui serait au bord du suicide
parce qu'elle aurait abusé de
tranquillisants", c'est d'une actualité
donnant le frisson... Dans son film "Les
enfants", Marguerite Duras
fait dire à son écolier qui ne
veut plus mettre les pieds à
l'école : "Je ne veux
plus y aller car là-bas on veut
m'apprendre des choses que je ne connais pas".
Lors d'une interview,
elle insiste beaucoup sur cette phrase et dit
qu'il faut la penser
sérieusement. Que veut-elle exprimer par
là ? Je ne sais pas vraiment, mais
pour moi … 93 … Ces mots disent que les gosses
aimeraient qu'on leur apprenne des
choses les concernant et non ce charabia qui n'a
aucun rapport avec leurs vies
réelles. Elle propose implicitement une
école pragmatique, plus proche des
problèmes que ces enfants rencontrent
à chaque instant, tous les jours,
où ils
ne trouvent nulle part de solution, de porte de
sortie pour comprendre
l'incompréhensible comportement des
hommes qui les environnent. Visionnant le
documentaire sur son film "Détruire,
dit-elle", tout à coup je prends
conscience de l'intérêt qu'il y a
à se servir des vidéos pour
écrire, découvrir
comme un gosse ses jouets, les multiples
possibilités qu'offre cette technique,
et entre autre, nous approprier une œuvre, en
créer une autre à partir d'elle,
cela est valable pour n'importe quoi, un
documentaire, un film, une pièce de
théâtre… l'essentiel étant
de sortir de soi ce qui est à
l'intérieur, évacuer
notre intelligence, et notre bêtise aussi.
Duras dit : "Je suis pour que
l'on ferme toutes les facultés, toutes
les universités, toutes les
écoles…
profondément, on recommence tout…". En
proférant ces mots son visage
s'illumine, son sourire devient d'une
générosité quasi
maternelle... 94 Marguerite dit ça pour le bien
des humains, sans aucun doute ces mots
sont les siens muris depuis longtemps.
"Détruire, dit-elle" c'est ça,
c'est mon livre, le départ à
zéro, je suis pour qu'on oublie
l'histoire,
l'histoire de France, l'histoire du monde,
complètement, qu'il n'y ait plus
aucune mémoire de ce qui a
été vécu, c'est à
dire de l'intolérable, sur tous
les fronts, sur tous les points, tout casser.
Dans "Détruire"
j'essaye de situer le changement de l'homme, le
stade révolutionnaire au niveau
de la vie intérieure. Je crois que si
l'on ne fait pas ce pas intérieur, si
l'homme ne change pas dans sa solitude, rien
n'est possible, toutes les
révolutions seront truquées,
ça, je le crois profondément…" Je
suis ravi
de trouver, maintenant, au bon moment, le
témoignage de cette femme que j'aime
beaucoup, remise en cause
permanente, comme ce
travail sur l'école vu par Ivan Illich, vu par moi aussi
modestement que possible. J'éprouve du
plaisir à entendre sa voix dire cela,
j'ai l'impression qu'elle a lu cet Illich dont
je ne savais rien il y a encore
trois mois, et dont je ne sais si à la
longue je l'accepterai pour modèle, ou
bien le rejetterai-je pour des défauts
que je ne supporterai d'aucune façon. 95 Passer de Marguerite Duras à
Fidel Castro, via Illich, n'est pas un
hasard fortuit. Castro " propose : "Une
politique de déscolarisation
pour devenir un laboratoire de recherches de
meilleures solutions
éducatives". Pour les Cubains le travail
au service de la communauté peut
être une voie pour ces enfants.
Également, je relève cette phrase
que nous
devrions nous poser aujourd'hui, parce que trop
de choses paraissent aller de soi
ou presque : "Une illusion consiste à
croire que le savoir est le résultat
unique de l'enseignement." Si nous pensons cela,
nous sommes d'horribles
dictateurs et complètement à
côté de la plaque. "La plupart des
êtres
apprennent leurs conceptions personnelles, leur
savoir, leur compétence à
l'extérieur de l'école."
Arrêtons-nous ici : que peuvent les
institutions
devant cette vérité ? Nous savons
tous comment fonctionne la psychanalyse. Elle
est basée sur l'écoute de la
parole de l'autre, afin de lui permettre d'aller
plus loin, d'avancer dans un cheminement
personnel. Pourquoi l'école ne
pourrait-elle pas agir sur ces mêmes
bases, plutôt que de rester,
inconsciemment, sur un schéma plus proche
de l'exercice militaire que d'une
séance psy. 96 Et qui dit écoute, dit laisser
dire, même ce qu'il ne faut pas, sans
jamais porter de jugement, encore moins une
évaluation ou pire, une note. Vous
avez tous lu mes textes " Pour l'abolition des
notes à l'école ", il
n'est donc pas nécessaire d'en rajouter
ici, puisque je me suis promis d'éviter
les mots d'hier pour en trouver d'autres dans le
cadre de ce travail. La
scolarisation est-elle un mythe ? Pour
être clair, Illich est contre
l'école
obligatoire, il veut laisser chacun choisir
selon son cœur, et il met à la
poubelle, sans le savoir, notre fameux "socle
commun de connaissances et
de compétences", ouvrant grand la porte
de la caverne d'Ali Baba, à défaut
celle de l'ANPE, car avec ça aujourd'hui
tu as quoi ? Faite en sorte que les
diplômes ne l'emportent pas toujours sur
la compétence. Pourquoi ne pas
envisager un plan des métiers dont nous
allons avoir besoin dans dix, vingt,
trente ans ? Et préparer les jeunes
à leur avenir dès que possible
sans faire
de grimaces dès qu'il s'agit du
"travail", mot trop négatif dans la
mémoire collective insouciante. Les
enfants doivent obligatoirement acquérir
le
"socle" sinon le château de cartes
s'écroule et nous serons alors
dans de beaux draps. 97 Il est drôle de lire cette
proposition : " Consentir des avantages
aux entreprises qui formeraient ces jeunes…"
lorsqu'on sait à ce jour les
pièges des stages, des CDD plus ou moins
non rémunérés, et
permettant une
exploitation à peine voilée. LA
SOCIETE SANS ÉCOLE. En 1970, Internet n'existait pas
encore, mais lui, Illich, imagine
:" De véritables "réseaux de
communication" à dessein éducatifs
par lesquels seront accrues les chances de
chacun de faire de chaque moment de
son existence une occasion de s'instruire, de
partager, de s'entraider… "
Les idées prémonitoires existent,
la preuve ! Pour l'avenir, ce qui importe
à
l'école, si elle doit continuer à
survivre, n'est pas d'apporter des
connaissances, du savoir, mais d'apprendre
à gérer les masses d'information
à
notre disposition partout où la culture a
sa noble place (Internet, théâtre,
cinéma,
livres…) 1 – Pourquoi il faut en finir avec
l'institution scolaire. Soyons sérieux un instant.
Peut-on imaginer ne pas envoyer nos
enfants à l'école, à
l'hôpital s'ils sont gravement malades ? 98 Dans le cas où ces gosses sans
écoles ne trouveraient pas leur place
dans la société, nous nous
sentirions insupportablement coupables, et plus
encore, si leur santé s'aggravait
à cause de ces concepts
révolutionnaires
acquis dans ce livre d'Ivan Illich. C'est
là où l'on prend conscience de la
différence qu'il y a entre la
théorie et la pratique… Mais que cela ne
nous
empêche pas d'avancer, encore et encore,
car il ne s'agit pas ici de savoir,
d'acquérir des connaissances, mais
d'entrer dans le vif du sujet, au cœur de la
culture comme mode de vie, ancrée en nous
et non de rester à la surface de
notre potentialité à nous mentir
à nous-mêmes. Hier n'est jamais
mieux
qu'aujourd'hui, mettez-vous bien cela dans la
tête, sinon nous risquons de
pédaler dans le yaourt vous et moi
longtemps. Lui, rappelle les temps heureux
où les pauvres n'avaient de la naissance
à leur mort qu'une seule maison et au
moment fatal qu'un seul recours :
l'Église. Alors que maintenant ces
mêmes gens
passent de leur maison natale aux HLM
déshumanisés (c'est moi qui
rajoute…) et
se font enterrer à l'hôpital
après mille soins sans succès. De
tout temps on a
parlé de pauvreté comme si elle
était liée à l'existence
même du vivant… 99 Il est préférable
d'être pauvre ici plutôt
qu'ailleurs... Curieusement,
partout les pauvres se taisent et ne sont jamais
représentés ni par des
syndicats, ni par des manifestations monstres
à l'image de l'horreur qu'elle
représente. Dans nos
sociétés "riches", le pourcentage
de cette
catégorie sociale est relativement
faible, et il ne serait pas compliqué de
résoudre cette injustice si seulement les
gouvernements le voulaient. Mais pour
résoudre cette équation, les
décisions à prendre font peur :
elles risqueraient
d'encourager un désir "d'assistanat" de
la part de ceux qui
aujourd'hui sont, tant bien que mal, dans le
système. Alors que devons-nous
repenser ? Est-ce au niveau de nos valeurs qu'il
faudrait aller voir ? Illich
relève qu'aux Etats-Unis, dans les
villes, la pauvreté coute cher et suscite
la
colère, il propose une révolution
des institutions. Hi, hi, hi, et moi qui
propose de mettre à la porte tous les
députés et sénateurs
coutant des sommes
faramineuses afin de les remplacer par des
bénévoles, de tous âges…
Mais
peut-être en ai-je déjà
parlé ici et vous vous dites, il radote
ce bonhomme ! Un
bon pédagogue doit se
répéter inlassablement pour se
faire entendre, dit-on. 100 Nonobstant, il constate que
l'assistance de toute nature que les
institutions américaines assurent aux
exclus ne fait que conforter les pauvres
dans leur statut d'assistés, ils n'en
sortent pas de peur de ne plus recevoir
"ces bénéfices secondaires" de
leur sale situation. Bruno Bettelheim
a parlé de ça au sujet de ses
malades trouvant des "avantages" à ne
pas être comme tout le monde. C'est en
acceptant cette réaction toute naturelle
que l'on peut, petit à petit, aider
l'autre à retrouver son chemin dans ce
monde, et non dans un univers "imaginaire" trop
destructeur. Autant
ce fameux imaginaire, cet esprit de
création est bien venu, car il fait
partie
de l'inconscient et nous n'avons pas d'autres
choix que de l'accepter
positivement, autant dans certains cas,
certaines situations, il détruit,
ravage tout sur son passage. C'est là
dedans que les pauvres, les malades, les
exclus baignent tristement. Parfois je suis
surpris par les idées étranges
proférées par Illich : "… c'est
seulement en cessant d'allouer des
crédits
aux institutions de santé,
d'éducation et d'aide sociale que l'on
peut mettre
un terme à l'appauvrissant
résultat de leurs effets secondaires
destructeurs"…
101 À quoi pense-t-il en
avançant une telle proposition, que
voit-il dans
cette nouvelle situation où les pauvres
n'auraient rien de la part de la
société qui les a tout de
même mis dans cet enfer ? Les voit-il
rebondir pour
survivre ? Rebondir, oui, mais non pour
survivre, mais pour mourir ! Pourquoi
ne pas changer de position l'objectif de nos
caméras malades, incapables de
penser autrement ? Pourquoi ne pas imaginer que
de "ces pauvres" nous
avons tout à gagner ? Il dit : " Les
écoles assurent la garde des enfants,
leur "endoctrinement", elles
sélectionnent les rôles que leurs
élèves
tiendront dans la société…" J'aime
bien cet "endoctrinement", ce
mot j'aimerai le lire de la plume d'un de nos
intellectuels actuels, ne
cherchez pas, vous ne trouverez personne. C'est
là qu'on s'aperçoit de la
liberté d'écriture de cet homme
ayant pourtant mal commencé dans la vie,
puisqu'il a fréquenté au plus haut
niveau la sphère de l'Église...
Que celui
qui n'a jamais fauté me lance la
première pierre. Serait-il douteux de se
poser
la question : - l'école pour tous,
est-elle encore d'actualité ? Je la pose
sans toutefois en chercher de réponse, de
peur de ramasser la foudre de la
majorité de mes lecteurs... 102 Malgré tout, il ne me sera pas
interdit d'avancer que cette école, ces
écoles, ne sont pas bonnes pour tout le
monde, et qu'il est urgent de mettre
chacun au bon endroit, car partout la
colère gronde et ne demande qu'à
exploser. Quoi, quoi, quoi, l'école
serait le pourvoyeur de la violence de ce
monde ? Comme vous y allez, le monde est ainsi
fait, imparfait depuis toujours
et rien ne le changera, rien, pas même nos
bonnes intentions. Nous l'avons tous
constaté ici, vous et moi, je me fais
l'avocat des pauvres, des malchanceux,
des nuls de "l'école faite pour
l'élite", laissant de côté
une
majorité de nos enfants, fonctionnant pas
trop mal dans cet enseignement-là, et
dont certains, suivez mon regard, veulent voir
disparaître…(sic). C'est qu'en
fait l'institution est toute à leur
disposition, malgré le
"gauchisme" des enseignants, ce qui est
étrangement paradoxal quand
on y pense… Jadis, l'école apportait des
connaissances aux gosses, elle était
faite pour ça. Aujourd'hui, ces savoirs
nous les avons à portée de nos
mains,
de nos claviers, de nos écrans, et les
besoins ne sont plus les mêmes. Mais qui
pense à changer le "fond de commerce" de
ses certitudes ? 103 L'argent consacré à
l'éducation pourrait l'être pour
les parents et
leurs enfants, car les désastres que
connaissent les petits du fait de
l'incapacité de certains adultes à
vivre, tout bêtement, dans le milieu
social
qui est le leur. Mille fois je me suis
demandé comment font ces enfants
partagés, entre ce qu'ils vivent chez
eux, no man's land infernal, et ce qu'ils
doivent composer avec le milieu scolaire, leurs
camarades, dehors. Toutefois,
je n'irai pas, comme certains, dire que
l'école depuis qu'elle existe n'a pas
servi les pauvres. En proférant ces mots,
je pense à mon parcours personnel,
puisque mes parents étaient pauvres, et
donc implacablement manuels
professionnellement. Ce ne fut pas mon cas, mais
le dois-je à l'école ou à
la
chance d'avoir croisé dans mon parcours
et l'art et des gens m'ayant sauvé, tout
simplement. Une question : - Et si le cout de
l'éducation et des soins médicaux
étaient trop élevés par
rapport aux moyens de nos sociétés
actuels ? Dans ce
cas, quels choix serions-nous amenés
à faire, quelles économies
envisager ?
Seulement il est trop tard, nous ne sommes plus,
depuis longtemps, dans la
posture à étudier cette
direction-là. 104 Nous devons urgemment trouver les
nouvelles bases d'une organisation
sociale plus proche de la radicalité que
du sparadrap pour survivre. Peut-être,
inconsciemment, je ne fais que cela en
écrivant, mais les artistes ne sont pas
des politiques, ils disent souvent l'essentiel
avant tout le monde, ils
plantent des oignons espérant voir un
jour des fleurs jaillir dans la terre des
hommes. Revenons, si vous le voulez bien, au
cout de cette éducation, coupable
ici de tous les mots. N'empêche-t-il pas
de mieux s'occuper à sortir le peuple de la
misère, origine des échecs de
toute nature ? À
ces mots, mettant en avant, leur
légitimité, tous les
fonctionnaires, toutes catégories
confondues, se lèvent en cœur, comme un
seul
homme, pour me jeter dans la trappe à
merdre du père Ubu. Maintenant,
reconnaissons à l'école le grand
avantage de ne pas nous faire tomber dès
le
plus jeune âge dans les filets du travail
du pater tout puissant… En effet,
cette institution protège de
l'exploitation, sous toutes ses formes,
d'êtres
sans défense. Je trouve, dans ces
écrits datés de plus d'un
demi-siècle, cette
faille des universités : les grandes
écoles sont fermées aux
non-diplômés… 105 En fermant la porte à tous les
nuls, ces lieux d'enseignement supérieur
se protègent de ceux qui pourraient avoir
une vengeance à prendre envers ces
profs les ayant mis sur le banc des
irrécupérables. Ils leur retirent
la
possibilité de trouver une planche de
salut, de dignité, d'intelligence et
pourquoi
pas un emploi meilleur. Aujourd'hui cela est
moins d'actualité quant au fond,
certes les portes de la Sorbonne sont
fermées, pour raison de
sécurité dit-on,
mais nous avons mille autres moyens de nous
élever grâce aux livres, journaux,
revues, musées, bibliothèques,
théâtres, cinémas et
surtout, surtout l'Internet
de tous les possibles, grosse Mama
généreuse, pleine d'avenir, et
presque
entièrement gratuite. Aujourd'hui,
l'école devrait être, doit
être un lieu
d'apprentissage où il serait possible de
tout essayer, de faire des erreurs
(n'est-ce dans l'erreur que les grandes
découvertes se sont
révélées ?), sans
jugement aucun, sans notes, sans
évaluations, mais qui vous écoute,
qui prend
conscience de cette implacable
vérité ? Bien entendu nous ne
proposons pas le
chaos, nous savons parfaitement que pour assurer
tel ou tel métier de la vie
courante, il faut en avoir la capacité… 106 … D'où l'obligation
d'établir des règles
précises afin de jauger la
compétence des postulants, mais l'un
n'empêche pas l'autre, je vous donne cette
devise que je fais mienne ce matin : "Seul
compte l'amour de son
prochain", mots dits par un autre que moi dont
j'ai oublié le nom... Tout
le monde connaît l'existence de castes en
Inde, curieusement, ils ne sont pas
l'exception, ils sont le reflet de ce que l'on
peut voir partout. De tout temps
les sociétés se sont
organisées pour former des groupes
d'hommes et de femmes
bien définis, repérables, des
catégories, des stéréotypes
même, dont la raison
d'être, la fonction est de voir au premier
coup d'œil à qui on a à faire. Je
me
souviens, dans les années soixante, de la
révolution qu'à consisté la
création
du "Club Méditerranée". La
nouveauté de cette vaste affaire qui
allait devenir mondiale était le fait
d'avoir mélangé les gens, les
catégories
sociales, professionnelles, mis dans le
même sac ces vacanciers près
à tout, et
même au bonheur, parole de Gentil Membre,
et lorsque vous étiez dactylo ou
ouvrier chez Renault, vous aviez la
possibilité de vous frotter aux
millionnaires de l'époque. 107 Au Club'Med, vous buviez tous dans le
même verre et mangiez dans la
même gamelle, à la même
table, dans une communion enfin
retrouvée, originelle, parfaite,
où l'amour devenait possible, entre
personnes à poil, mais attention,
uniquement
dans ce cadre-là, ce temps des vacances,
ce temps des cerises sous les
cocotiers de Bamako. "Beaucoup continuent
à croire, à tord, que
l'école
mérite la confiance publique, qu'elle
remplit ce rôle, alors même qu'elle
n'est
plus que la détentrice d'un monopole et
que, loin d'égaliser les chances, elle
en assure la répartition." Illich, va
très loin dans sa réflexion
puisqu'il demande l'interdiction pure et simple
des signalements du passé
scolaire de chacun, de l'appartenance politique,
religieuse, des origines
familiales et des habitudes sexuelles. Tous
programmes d'enseignement part d'un
principe abject, ridicule, qu'un gosse,
lorsqu'il arrive à l'école, ne
sait
rien et a donc tout à apprendre, tout
absolument tout. Comment cette croyance,
d'une naïveté, d'un manque de
respect pour l'histoire personnelle de chaque
être humain, du manque de connaissance de
la psychologie de l'enfant, peut-elle
encore trôner sur l'estrade de nos classes
du vingt et unième siècle ? 108 Comment des adultes ayant fait de
longues études n'ont-ils pas cette
liberté à minima de dire
"non-je-ne-marche-pas-dans-cette-combine".
Comment ne comprennent-ils pas qu'ils ont devant
eux des êtres aussi différents
les uns des autres que le tracé des
empreintes d'une main ? C'est qu'en fait,
il ne leur est pas permis de mettre en cause
quoi que ce soit de ce qui leur a
été enseigné, au risque de
perdre le fil conducteur de leur maigre illusion
de
pouvoir, et plus encore, de perdre leur emploi,
et ce risque, qui veut le
prendre lorsqu'on a consacré toutes ses
études et sa jeunesse à ça
? Comme toute
chose à ses effets pervers, dans ces
établissements, on prépare des
hommes à la
vie, mais d'une façon abstraite, souvent
obscure, et tout cela afin de
compliquer ce qui pourrait être simple,
compliquer toujours compliquer, mettre
des barrières partout, voilà le
but de l'école : sélectionner le
bétail, mettre
des notes, trier, trier, trier. Ah ! que la
liberté a du mal a trouver sa
place, ici comme ailleurs… Grrrr comme tout cela
est compliqué. Pour écrire la
pensée d'Illich et la mienne par la
même occasion, je suis installé,
aujourd'hui dimanche, dans un endroit fort
plaisant… 109 C'est un peu plus qu'un bistrot, un
peu moins qu'un restaurant, une
brasserie, c'est EXKI. Cette chaîne de restauration
rapide offre de très bons produits, leurs
plats et leurs boissons sont variés,
bons, bio pour la plupart, tartes aux
gouts savoureux, comme me l'a confié un
habitué se faisant bécoter par sa
copine devant moi, ce qui ne gâche rien,
et les prix forts modiques dans
l'ensemble.
Là, je peux m'y rendre sans
craindre de me rendre malade, ma santé
étant de plus en plus fragile surtout au
niveau de la digestion. Cet endroit est
situé à deux pas des
cinémas MK2 qui
maintenant a retourné sa veste en nous
proposant 80 % de films américains, de
la BNF, où je ne vais plus, trop fatigant
pour quelqu'un qui a du mal à
marcher. Sur le banc de cette cantine, sont
installés des gens comme moi, à
écrire avec un Bic, une plume, ou bien
à frapper sur leurs iPad, iPhone, ordis,
utilisant ce WiFi ayant
révolutionnée nos vies, plus
encore que cette putain
d'école qui ne sert plus à rien ni
à personne. La police, par la porte
grande
ouverte, se dirige vers moi, me regarde les yeux
dans les yeux, je comprends,
c'est la Stasi à l'action voulant tout
bonnement remettre de l'ordre dans cette
liberté de parole que j'utilise
impunément. 110 Et le mot
"Motivé" fut lancé. Si l'on est motivé
l'apprentissage se fait sans effort.
Poussé par la
curiosité, nous entrons dans le meilleur
des mondes, celui du nirvana. Alors,
pourquoi l'enseignement ne serait-il pas
basé sur cette réalité ?
Pourquoi ne
faudrait-il pas en permanence chercher ce qui va
motiver, intéresser, aider
chacun dans ce travail ? Alors, cette
démarche deviendrait à la longue
une philosophie,
un mode d'emploi pour vivre, même si cela
est plus difficile qu'il n'y paraît.
Trouver le bon livre ouvrant la porte à
la lecture liée au plaisir, et non
à
des obligations bêtement scolaires… "Il
faut douze années d'école pour
être employé au service
d'hygiène de la ville" dit-il. Je
voudrais ici
réagir à cette déclaration.
Nous pouvons très bien concevoir une
société où
nous aurions des connaissances, des
compétences, et avec cela, occuper un
poste, un travail basique, pour gagner sa vie.
Pourquoi ne pas croiser, et
c'est heureusement parfois le cas, une
caissière de super marché avec qui
on a
envie de partager autre chose que de la monnaie,
un boulanger
intellectuellement intéressant, un
marchand de fruits et légumes vous
parlant
des pays d'origine des produits qu'il vend… 111 … Croiser un garçon de
café passionné de philosophie, un
enseignant
aimant les livres. Tout le monde il est beau,
tout le monde il est gentil, il
ne reste plus qu'à remettre tout au bon
endroit. Lorsqu'on a connu l'échec
scolaire, les bonnes résolutions
préconisées par Monsieur Illich
étaient peut-être
valables en son temps, là-bas en
Amérique latine, mais ici, aujourd'hui,
la
seule règle faisant loi est : la
"démerde", sinon quel autre choix
ont ces rejetés quand tout se ferme
autour d'eux, sans occupation ni argent,
sans reconnaissance ni amour, quel autre choix
que la malveillance sous toutes
ses formes, et on peut les voir contrevenir aux
règles sociales du "vivre
ensemble" pour avoir été mis sur
le bas-côté de la route, là
où ils
auraient pu jouer un rôle honorable, s'il
n'y avait à l'origine et l'école
et
la famille dévastant le terreau de ces
personnalités n'entrant pas toujours dans
la norme. Je sais, je sais, parler,
écrire est aisée, au quotidien le
réel est
tout autre, je vous l'accorde, mais penser le
monde du haut de sa tour
d'ivoire, loin de tous, est un moyen comme un
autre d'accéder aux zones
obscures de nos imperfections intestines, et mes
objectifs, entre autres, sont
aussi de vous distraire un peu. 112 À quoi sert l'école,
quelle est sa fonction dans le cadre des
règles de
telle ou telle société ? Il nous
est difficile d'imaginer un monde sans, nous y
sommes attachés qu'on le veuille ou non,
car sans école, ce serait la fin
de nos institutions, pensons-nous.
Pourtant, ne faudrait-il pas mettre cette
question au centre de nos réflexions,
pour inventer, retrouver d'autres moyens d'aide
à voir grandir nos enfants dans
les meilleures conditions, et se
réveiller de l'apathie
générale, sortir de
notre schizophrénie, ne pas mourir dans
le désert des Tartares. Deux
conceptions totalement opposées
pourraient être discutées. La
première serait
de dire que la responsabilité des gosses
est à la charge de leurs parents et
puis basta, qu'il leur revient de les
éduquer et les former selon leurs moyens,
leurs cultures et leurs professions. Nous
retrouvons là le schéma des castes
dont nous avons déjà parlé.
La seconde conception serait de mettre les
enfants
dès le plus jeune âge dans des
cages à lapin, oh ! pardon, ma langue a
fourchée, dans des institutions que vous
nommerez comme vous voudrez et où ils
évolueraient quasiment sans voir leurs
parents, où si peu, et tout ça
afin de
ne pas être perturbé par ces
adultes. 113 Ainsi enfermés, ces enfants ne
seront nullement perturbés dans le bon
déroulement du processus éducatif
défini par les instances
supérieures de
l'état tout puissant. Voyez comme les
idées peuvent paraître ridicules
lorsqu'on cherche le meilleur pour
l'élévation des hommes… Mais ne
baissons pas
la garde, ces graines seront un jour le fruit de
notre futur, que j’espère pas
trop catastrophique, quand on voit la tournure
que prennent certaines choses
que je préfère lire dans mon
journal, plutôt que d'en parler avec vous,
ne
voulant pas détruire en nous ce lien
d'amitié qui nous lie. Faut-il envisager
l'école comme un centre vous
préparant à l'avenir, avec en
toile de fond un
engagement dans un métier bien
précis ? Ou bien, est-ce tout sauf
ça ?
Personnellement, si vous me demandez mon avis,
tout serait basé sur "ce
qui donne du plaisir". Hédoniste je
suis, hédoniste je reste. Alors,
je connais la chanson, on me rétorquera :
- Et si leur plaisir est de ne rien
faire du tout ou les imbéciles, que
fait-on, monsieur art-psy ? S'ils sont dans
cet état d'esprit là, c'est qu'ils
s'ennuient dans votre classe. Ma réponse
vous va-t-elle ? Je vous taquine, j'aime vous
taquiner, mais je n'ai aucun
doute sur un point
… 114 Ce qui se passe entre les quatre murs
d'une classe peut être
passionnant, car les moyens mis à la
disposition de tous aujourd'hui est d'une
telle richesse que chacun est en mesure de
trouver matière à se passionner
pour
une chose. Seulement, l'enseignement est par
trop d'endroits une dictature
impitoyable. À mes contradicteurs, je
leur demanderais de m'expliquez la
violence au sein des établissements
scolaires,
sinon qu'elle est la seule
réaction possible qu'il est donné
à ces
jeunes face aux rejets, aux évaluations
désastreuses, aux mauvaises notes,
qu'ils portent sur le dos depuis toujours comme
les stigmates d'un crime qu'ils
n'ont pas commis ? Plus grave encore, cette
violence peut se poursuivre longtemps
après le temps de l'école… car
lorsqu'on y a goutté précocement,
il est
difficile de s'en passer, cela devient une
drogue, et plus le prix à payer
d'une mauvaise action sera chère, plus
elle sera excitante… L'interdit, mes
frères, n'est-il pas notre pain quotidien
? Et l'on voit des milliers de
prisonniers se demander comment ils en sont
arrivés à ce point de
déchéance
humaine. Que disent les statistiques ? Je n'en
sais rien, mais … 115 Sans en être conscient, pour la
majorité des prévenus, coupables
ou
non, l'échec scolaire de leur jeunesse
remonte à la surface de leur vie, se
transforme, comme un virus qui va se
développer à la suite d'un choc,
d'un état
de faiblesse, en bulldozer que rien ne peut plus
arrêter, l'homme se venge de
lui-même. La violence vient de là,
ne cherchez pas ailleurs, je vous l'affirme
les yeux dans les yeux. Illich dit :
"L'enseignement pour l'enseignement
est une doctrine, et donc l'enfant est en
résidence surveillée…" Il
évoque
en permanence que l'apprentissage d'un
métier doit être associé
à une activité
créatrice. En effet, tous deux forment un
couple idéal, complémentaire. Le
premier implique la simulation des conditions du
travail qu'on aura choisi
d'exercer, le second sera le contre poids des
contingences matérielles
contraignantes de tout boulot. Que
conseille-t-il face à la rigidité
des
"programmes scolaires", tant ce rituel est
destructeur sur la
créativité ? Il préconise
l'équivalent des forums et réseaux
sociaux actuels
largement divulgués sur Internet, qui
n'existait pourtant pas encore à
l'époque
: se retrouver en groupe pour parler de ce qui
nous intéresse, nous concerne au
présent et à l'avenir. 116 Pour avoir des idées
révolutionnaires, il en regorge, j'en
relève
quelques-unes : créer des groupes de
rencontre sur un thème donné,
organisés
dans des restaurants, des grands
magasins, les trains de banlieue… Il appelle
cela des rencontres éducatives…
Quel bonheur d'avoir dans un livre un homme
osant l'excitation de la pensée à
ce point. Prenons-en de la graine et
avançons dans notre lecture. Vous
êtes
installé à la terrasse d'un
café et à côté de
vous se trouve une autre
personne, avec ou sans livre sur sa table, il ne
vous est pas interdit de le
considérer en lui adressant la parole, et
ainsi, commence un dialogue le temps
de l'absorption de votre café et du sien,
rien de plus, rien de moins. Cela est
tout simple, pourtant nous ne le faisons que
très exceptionnellement, au motif
que cela passerait pour une invite à je
ne sais quoi de pas convenable, sur un
plan moral, quoique je ne vois pas ce que vient
faire la morale ici lorsqu'il
s'agit de sexualité. Quand cela m'est
arrivé, je garde encore en mémoire
ces
rencontres, ces souvenirs fugaces, ces histoires
évoquées, comme des images
d'une vie condensée, en quelques minutes,
en quelques mots, agréables à
vivre,
du moins pour moi, aujourd'hui. 117 Ainsi va la vie des hommes, chacun en
son coin, son univers semblable à
la nuit, au doux enfer de ses solitudes, et le
temps passe comme les
gesticulations du monde, impossible à
éviter puisqu'elles sont le fondement
même de ce qui constitue l'homo sapiens.
Toutes les actions humaines ont pour
objectif de réparer les maux d'hier, de
trouver un mieux
au demain, à l'après
demain, d'améliorer la
marche du monde. Le temps passe et nous
cherchons, les uns, les autres, à
toucher le point d'achoppement de nos
difficultés. Mais revenons à nos
moutons,
et lisons notre ami Illich. À partir du
moment où il y a des gens avec
diplômes, il y a obligatoirement les
autres, les sans diplômes. Voilà la
grande
injustice d'un système nullement
prêt à mettre la clef sous le
paillasson. Et
pour conclure ce paragraphe, je vous donne cette
phrase fatale : "la
lumière s'est éteinte depuis
longtemps dans les écoles". 2 – Phénoménologie de
l'école. "Voilà quelques fonctions
de
l'école : elle est gardienne des enfants,
elle a la charge de la sélection, de
l'endoctrinement, de l'instruction." Ne le
voit-on pas ici aborder cette
question de ce qui existait avant l'école
? 118 … De ce qui existait du temps de ma
grand-mère, je veux dire depuis
Adam et Eve. Vois un peu comme il faut
procéder si tu veux un jour pondre
quelque chose d'intéressant pour
l'humanité. Alors voilà Illich
parti à
déblatérer sur l'école,
plus encore que je ne le ferais moi-même,
il fait
valoir que la notion "d'enfant" n'existait pas
jadis, et encore
maintenant dans certaines contrées du
monde loin de tout. Que pensent de cela
les chercheurs travaillant sur le cerveau
aujourd'hui ? Cette question tombe à
pic, j'ai reçu ce matin le dernier
numéro de "Sciences Humaines" traitant
de cette chose. Mais de là où je
suis, je ne peux vous en faire le compte rendu
que vous attendez tous… Je le ferais une fois
rentré chez moi. Tout d'abord on
nous explique que le cerveau dès le plus
jeune âge entre dans un processus
statisticien, c’est-à-dire qu'il va
observer ce qui se passe dans mille
circonstances pour mieux anticiper ensuite ses
actions au pif, au feeling.
"Penser, c'est prédire" et ça,
bien avant l'école maternelle.
D'autres étudient l'esprit humain
forgeant des catégories mentales, les
classent, les imaginent, inventent et
interprètent les situations nouvelles par
analogies. Penser, c'est comparer, dit
l'article. 119 Naturellement, nous apprenons loin de
l'apprentissage scolaire, car
nous sommes tous nourris à la même
soupe de la vie au quotidien, depuis la nuit
des temps
et de toute part dans le
monde, partout. Mais ces chercheurs sont-ils
vraiment fiables, ou bien plutôt
friables ? Cela reste une question en suspens,
je n'oserai pas trancher dans le
vif l'intelligence de ces hommes bienveillants
peuplant la planète. "Où
avons-nous appris la plus grande part de ce que
nous savons ? En dehors de
l'école… C'est sorti de là, que
tout le monde apprend à vivre, apprend
à
parler, à penser, à aimer,
à sentir, à jouer, à jurer,
à se débrouiller, à
travailler." Je ne sais pas pour vous, mais pour
moi cela est clair, à
dix-sept ans et demi, j'ai laissé mon
cartable d'écolier au fond d'un placard
et dehors, je me suis mis à chercher ma
voie, avec un certificat d'études
primaires en poche, puisque le CAP m'a
été refusé pour une
demi-faute
d'orthographe de trop, pour devenir enfin le
magnifique intellectuel que je
suis aujourd'hui à soixante-six ans.
Nonobstant tout ce que je dis, plus je lis
son rejet de l'école, plus j'ai du mal
à le rejoindre pleinement. En moi
persiste
l'idée… 120 … Que l'école est
bénéfique malgré tout,
même si je suis tout aussi
critique que lui. J'ai toujours trouvé
insupportable que des hommes et des femmes,
respectables qui plus est, puissent se permettre
de juger le travail d'autrui
en le notant. L'évaluation relève
d'un acte de violence insoutenable. Pour
cette seule raison, je suis prêt à
balancer cette institution à la gorge des
loups pour la remplacer par des lieux
bienveillants d'activités, où le
culturel, dans toute sa diversité,
trouverait sa place dans le bonheur de ses
enfants et non l'obtention de diplômes. Ne
connaissant rien à l'histoire
personnelle d'Ivan Illich, sauf qu'il a
été longtemps dans les hautes
sphères
de l'Église, je me demande où en
était-il au moment de ces écrits
critiques sur
nos institutions ? Je n'en sais rien et ne m'en
porte pas plus mal, mais il est
rassurant de l'entendre écrire : "Les
enseignants comme les prêtres sont
les seuls hommes de métier qui se sentent
investis du droit de pénétrer les
secrets de la vie privée de leurs
ouailles…" L'homme a-t-il retrouvé sa
liberté originelle ? Toujours est-il
qu'il insiste sur l'impressionnant pouvoir
de l'enseignant, remplaçant tous
les
pouvoirs, se substituant aux confesseurs… 121 … Aux Psys toutes catégories,
et enfin, aux parents. Seulement cette
critique bon teint, où nous
mène-t-elle ? Quelles seraient les
limites, les
réelles fonctions de la fonction ? Ne
va-t-il pas trop loin en proférant :
"Du fait que les élèves sont
mineurs, les voilà écartés
des garanties consenties
aux adultes dans ces lieux d'asile modernes que
sont les établissements
psychiatriques, les monastères ou les
pénitenciers." Il évoque le
sentiment de culpabilité ressenti par les
élèves… Comment ne pas être
dans
cette situation dégradante en permanence
puisque la perfection n'est pas de ce
monde, dans un lieu la voulant à cor et
à cri, à n'importe quel prix, au
lieu
d'être au contraire l'endroit idéal
pour l'essai, le droit à l'erreur,
à
l'émerveillement permanent. Certains
chercheurs ont démontré
l'inexistence du
sentiment de peur chez les enfants, et cela
jusqu'à un âge avancé,
jusqu'à la
puberté je crois, ils fonctionnent sans
penser aux conséquences, et on les voit
targuer leurs parents avec des actes contraires
au sens commun, cela est dû,
d'après
les scientifiques, qu'un endroit du cerveau de
l'enfant ne répond pas de la
même manière à certains
stimulus que chez l'adulte, il lui manque un
truc … 122 Je sors d'une séance de
cinéma et m'apprête à
continuer à écrire sur
l'école. Seulement peut-être
faudrait-il parler un peu ici du film que je
viens
de voir : " Hannah Arendt ". Tout le monde
connaît cette philosophe,
soit pour l'avoir sérieusement lu, soit
pour en avoir entendu parlé. Je fais
partie
de la deuxième catégorie, ce qui
ne m'a pas empêché de me rendre le
premier
jour de la sortie de ce film. Arendt fut
l'élève et la maîtresse de
Heidegger
dans sa jeunesse, mais après la guerre,
est allé s'installer avec son mari, un
philosophe allemand, Günther Stern,
à New York City. En Israël, à
Jérusalem, on
envisage le procès d'Adolf Eichmann. Elle
décide d'y aller et d'en donner son
point de vue. Pourquoi je vous parle de
ça ici, notre thème n'est-il pas
l'école ? Accrochez-vous et attendez-vous
au pire. Je vous passe la description
de ce film franco-allemand… car vous allez y
aller et donc ne perdons pas notre
temps, voyons seulement le fond. L'idée
d'Arendt fut de dire que ces horreurs
commises par ce nazi, n'étaient pas ceux
d'un tueur terrifiant, mais ceux d'un
homme médiocre, comme n'importe qui
d'entres nous, ayant tout simplement suivi
les ordres de son supérieur
hiérarchique : Adolf Hitler. 123 À Eichmann fut posée la
question suivante : si son maître lui
avait
donné l'ordre de tuer son propre
père, l'aurait-il fait ? Si Hitler
m'avait
donné des preuves que mon père
était un traître, oui, je l'aurai
fait. Hannah
Arendt met le doigt sur les activités
désastreuses commises par son propre
peuple et qui ressortent effectivement lors du
procès : des juifs ont aidé le
travail des Allemands, et, dit-elle
provocatrice, si cela n'avait pas
été, il
n'y aurait pas eu six millions de juifs
exterminés. Elle quitte Jérusalem
et
revient à New York pour rédiger
son livre qui sera diffusé en cinq
épisodes
dans un des journaux les plus importants du
pays. Dès la première parution,
ses
positions révoltent le monde. Pourquoi ?
Il va m'être difficile d'explorer plus
avant cette question, mais je sais que c'est
justement là où résident
les
raisons de mon rejet à l'égard de
cette femme, de sa philosophie. Peut-on tout
dire, tout exprimer, tout exposer ? Certains
écrivains déclarent : souvent, on
écrit pour ne pas dire l'essentiel…
Peut-être, mais cette affirmation
peut-elle
s'appliquer aux philosophes, aux
créateurs, aux artistes cherchant une
certaine
vérité, aux analystes voulant
explorer les zones d'ombres de la nature humaine
? 124 Enfin, Arendt ne se pose pas la
question, elle tranche d'une plume
acerbe ce qu'elle ressent à l'audition
d'Eichmann. L'argument du nazi était
celui revendiqué par tous les criminels
nazis : ILS ONT SUIVI LES ORDRES. Alors
sa motivation est de nous faire prendre
conscience qu'il y a des moments où
écouter les ordres est criminel. J'ai
déjà entendu un discours similaire
de la
bouche d'un vieux philosophe israélien,
Yeshayahou Leibowitz, qui allait encore
plus loin en dénonçant les actes
des juifs, ses frères, envers les
Palestiniens, les qualifiant d'actes fascistes,
puisque personne ne met en
cause les décisions, et donc les ordres
de ces politiques fous. Il fut surnommé
"le Prophète de la colère". Bon,
bon, bon, voyez-vous où je veux en
venir ? Rapidement, en deux mots : vous
êtes enseignants et vous suivez à
la
lettre les ordres de vos supérieurs sans
vous poser la question si ce que vous
faites est bien ou mal… Voilà, c'est dit,
je me tais. Je me tais, facile à
dire, à peine je pose mes yeux à
la page 249 du bouquin sur lequel je travaille
depuis quatre mois, que cette phrase
m'apparaît, titillant mes entrailles
à
découvert … 125 "L'école ne saurait
créer une telle enclave, où les
règles de la
vie ordinaire n'ont plus cours, si elle n'avait
pas le pouvoir d'incarcérer les
jeunes plusieurs années de suite sur son
territoire sacré…" Incarcérer...
Tout de même ! 3 – Le rite du progrès. Au risque de me
répéter, il n'est pas sûr de
voir aujourd'hui un penseur avancer, avec autant
de force, de perspicacité une critique
d'un système conférant à
l'école un tel état
de droit envers sa société et ses
concitoyens. Certes, la critique est
aisée,
c'est construire qu'il nous faut, et à le
lire dénonçant les coûts
exorbitants
des études tant aux Etats-Unis que dans
le reste du monde, et l'entendre
comparer ce coût aux salaires des ouvriers
fait froid dans le dos, la démesure
des chiffres paraît énorme, et tout
cela dans l'acceptation aveugle,
générale
de tous, sous prétexte qu'on agit pour la
bonne cause, la sacro-sainte
éducation, l'avenir de nos chers enfants,
de notre pays. Je n'entrerai pas
aujourd'hui dans cette polémique de
savoir si je suis d'accord avec cette
position, par contre, je ne m'interdirai pas de
rappeler que nos gouvernants
ont la gestion des fonds versés par le
peuple pour le bien de tous… 126 …Et donc il leur revient d'être
comptables des décisions prises en
toute équité, du moins
l'espérons-nous. Dans une
précédente vie, j'avais cette
formule radicale : "Qui a le pouvoir, en abuse
obligatoirement",
l'abus de pouvoir étant toujours la
règle. Nonobstant cette
vérité, que cela ne
nous empêche pas d'aller voir de plus
près comment cela se passe. Lorsqu'une
nouvelle équipe politique investit les
murs sacrés décisionnels,
après avoir
été élus en remplacement
à la précédente formation,
tout nouveau, tout beau,
elle va vouloir procéder à des
changements, parce qu'elle les a promis lors des
passages successifs à la
télé, principalement sur la deux,
en ce qui nous
concerne, nous la France. Notre Président
de la République, François
Hollande,
faisait cette remarque à des journalistes
lui rappelant ses convictions d'homme
de gauche, que lorsqu'on arrive au poste que
j'occupe aujourd'hui, on a à faire
au monde, qui lui, n'est pas toujours, tant s’en
faut, de notre bord, et c'est
pourtant avec ce monde-là qu'il va
falloir travailler au mieux pour nos
intérêts à tous.
Résumons : je suis un homme de gauche,
mais au pouvoir, cette
notion est remplacée par l'obligation de
compromis. 127 Les piles de dossiers s'amoncellent
sur ses bureaux et partout
ailleurs, des milliers de problèmes
attendent une réponse adéquate,
l'énormité
de ce qui est à faire est telle, qu'elle
vous paralyse, et vous oblige à ne
rien changer… On sait ce qu'on a, on ne sait pas
ce qu'on aura. Alors, agir autrement
qu'avant ne paraît plus évident, si
vous voulez mettre plus d'argent ici, il
faudra en mettre moins ailleurs, mais où,
sans risquer de voir défiler ces
mécontents, de la République
à la Bastille, bannières à
la main, tout comme
ceux que vous avez brandis jadis lorsque vous
étiez de l'autre côté de la
barrière. Que serait l'idéal, le
meilleur choix dans le domaine de
l'éducation,
sinon de voir l'ensemble des hommes et femmes,
s'intéresser par un élément
de
la culture et cela tout au long de sa vie. Mais
que dis-je, n'est-ce pas déjà
le cas ? souffle mon âme du fond de son
cauchemar. Vois ta propre maman,
n'est-elle pas passionnée par tous ces
feuilletons américains que tu
débectes,
et dont elle connaît dans les moindres
détails chacun des épisodes, au
point de
me dire parfois, que cela équivaut bien
à tous les Racine, les Molière,
les
Shakespeare de nos amours, que l'on
considère tellement plus
intéressant.. 128 La tête haute, maman peut
disserter aussi honorablement que n'importe
lequel de ces Universitaires, qu'elle n'est pas,
je vous rassure. Voilà la
vraie révolution, aider la pensée
à s'articuler autrement, librement. Nous
aurons tout le loisir de parler plus tard de
notre société de consommation,
mais je lis au paragraphe des
Universités, les nombreuses critiques
négatives
d'Illich, les accusant de former,
d'éduquer ses futurs cadres à
devenir
principalement les clients de premier plan du
capitalisme. Je ne souffre pas de
cette chose-là mais de son contraire :
que des gens ne puissent pas consommer,
à minima du moins, c'est ça le
problème. Et puisque nous sommes sur ce
thème,
voyez le choix de vie d’Albert Cossery, dont je
commence la lecture d'un livre
lui étant consacré : "Monsieur
Albert Cossery, une vie" récit de
Frédéric Andrau. Lui, a fait le
choix de la pauvreté en allant
s'installer dans
une petite chambre d'hôtel à
Saint-Germain-des-Prés pour y vivre
pendant 56
années. Puisqu'elle relève de
notre sujet, l'école, je relève
cette charmante
phrase à la page 26 : "Vous n'y aviez pas
été un élève
très assidu. Vous
ne cherchiez pas à l'être
d'ailleurs. Vous y alliez "à votre
guise…" 129 Vous pensiez qu'une fois qu'on savait
lire et écrire, l'école ne
servait plus à rien." Voilà de
saines lectures… Aujourd'hui, pas envie de
me poses ces questions : si les
Universités n'existaient pas, les hommes
seraient-ils moins intelligents ? À quoi
et à qui servent les diplômes ?
Est-ce
pour entretenir le système dans lequel
nous sommes, ou bien est-ce pour
alimenter notre pensée, sans même
nous en rendre compte ? Je crains que ces
Universités ne soient que des bulles de
savon enfermées dans leurs chaos
respectifs de spécialistes. À
l'évidence, l'intelligence du commun des
mortels
n'est pas à chercher de ce
côté-là. Critique de mes
propres critiques, je
mettrais un bémol là-dessus,
n'ayant pas fréquenté ces lieux
saints, mes
affirmations sont donc à prendre avec des
pincettes. Revenons à Illich, il dit
: "Nous ne pouvons entreprendre une
réforme de l'éducation, à
moins
d'avoir compris que le rite de la
scolarité ne sert, ni l'acquisition
individuelle des connaissances, ni
l'égalité sociale". Qui est
prêt à
signer ce manifeste ? Il faudra utiliser mille
stratagèmes, ce n'est pas gagné
d'avance, pour entrer dans la danse du monde
intellectuel si par malheur vous
n'avez pas suivi le cursus règlementaire. 130 Nous ne cesserons jamais notre
engagement à encourager chacun à
trouver
la bonne porte des jouissances infinies que
procure la culture, tous médias
confondus sans en oublier aucun. L'école
enseigne que sans diplômes vous
n'êtes
rien, et en effet, sans les méthodes
enseignées par cette institution, la
répétition des exercices à
l'infini au point de vous rendre idiot, vous ne
pourrez assurer la pérennité d'un
emploi de fonctionnaire. Sans ces
difficultés, ces épreuves à
vous démembrer, physique et mental,
où irions-nous,
ce serait la bérézina ! Les choses
se bousculent dans ma tête, mes mots sont
contradictoires comme dans la vase à
canards du bois de Vincennes où le zoo
est
encore fermé pour restauration
obligatoire vu la vétusté des
lieux accumulés le
long des ans. Qu'est-ce qu'apprendre ?
Apprendre, voilà un concept
erroné, fait
pour engluer l'ensemble de cette population,
avide de soumission, au complexe
d'infériorité si naturel à
la condition humaine. Complexe
d'infériorité vécue
dès le plus jeune âge, car jamais,
vous m'entendez, jamais vous n'en saurez
autant que vos aînés, vos putains
de professeurs assermentés. 131 Apprendre n'est pas "engranger des
connaissances" car nous ne
sommes pas des canards que l'on gave pour en
avoir le foie, le foie bien gras,
bien malade, représentant symboliquement
l'élite de nos sociétés
structurés
comme un langage, voir Lacan, Jacques pour les
intimes. Pourquoi je fais cette
association, je ne sais pas, peu importe. Je
replonge mon nez sur mon bouquin
et lis "manipulation de l'élève",
il me l'a arraché de la bouche, je
l'en remercie. Apprendre c'est chercher,
inlassablement tout au long de son
existence, des réponses à des
questions que l'on se pose, qui ne peuvent en
aucune façon être les mêmes
pour tous, puisque chacun a une
expérience de la
vie tellement différente, regardez au
sein d'une même famille, les divergences
qu'il peut y avoir entre ses membres. C'est
là justement le terreau d'une
richesse infinie, dans la conjugaison de ces
variations formant in fine un
ensemble diablement cohérent. Trouver
l'unité dans le chaos, voilà de
quoi vous
assurer quelques heures de réflexion
intéressante. "Il suffit qu'un homme
ou une femme reconnaisse la
nécessité de l'école pour
devenir la proie des
autres institutions…", dit-il. 132 Et je suis assis à la table de
travail de la bibliothèque municipale
située
près de chez moi, où des
étudiants fort sérieux,
concentrés sur leurs papiers,
leurs ordinateurs, leurs mathématiques,
c'est fou ce qu'ils sont mathématiques
dans le secteur, il doit y avoir une
école de droit pas loin, une école
de
futurs ingénieurs, de futurs
chômeurs… Pardon, franchement, je ne
l'espère pas.
Mais eux, que pensent-ils des idées
révolutionnaires d'Illich ? Ce qui
importe,
c'est que dans le fond je sois avec eux, de leur
côté, je sais la
société trop
dure, trop insupportable parfois, toujours avec
les plus forts, ceux qui
sortent du rang. "Ils ont désappris
à faire, à être
eux-mêmes…"
ressasse-t-il. Me voilà encore dans mes
contradictions, mais ne comptez pas sur
moi pour les éviter, tricher ne m'aidera
en rien. Il nous donne ici une idée
pour expliquer l'échec scolaire : "Un
élève sain d'esprit a souvent
tendance à offrir une résistance
plus grande à l'enseignement quand il
prend
conscience de cette manipulation à
laquelle il est constamment soumis."
Prenez-en de la graine, Messieurs 'dames du
pouvoir, sauvons ce qui peut l'être
encore, à moins qu'il ne soit trop tard ?
133 Où le bât blesse-t-il ?
Où sont les causes de nos malheurs ?
"À la
conception fondamentale, commune à toutes
les écoles, selon laquelle le
jugement d'un seul homme doit déterminer
ce que d'autres doivent apprendre et à
quel moment." Et je regarde autour de moi, les
livres par milliers jonchent
les étagères de cette
bibliothèque ouverte à tous.
Curieusement, si vous faîtes
le tour de l'ensemble des salles de ce lieu,
vous seriez surpris d'y voir des
"marginaux", des "SDF" installés ici ou
là, un journal à la
main, un journal pas un livre… Que nous enseigne
leur présence dans cette
maison si peu faite pour eux à priori,
n'avons-nous pas pour habitude de les
croiser dans la rue sans les regarder par honte,
ou à les voir à la
télé de nos
bonnes consciences. Il serait instructif
d'analyser ce qu'ils peuvent trouver
ici qu'ils n'ont pas ailleurs, en dehors d'une
protection du monde extérieur,
du chaud, du froid. Chaque jour, j'aimerai
écrire ces mots simples : la culture
est l'ultime solution, personne ne doit en
être exclu. Je me suis demandé,
plus
haut, quelles étaient les motivations
d'Illich à remettre en cause les
institutions. Je lis : " … L'école se
veut négation de la mort et fait
écho à l'humeur contemporaine… 134 …Ses prétentions humanistes,
son esprit critique superficiel la font
passer pour pluraliste, voire antireligieuse".
Voilà où je voulais en
venir : avoir la preuve qu'il travaillait pour
sa chapelle de base, l'Église.
Mais cela ne nous empêchera pas d'avancer,
même si nos objectifs ne sont pas
semblables. Alors me demanderez-vous, et vous
aurez raison, quelles sont les miennes
? Comme je l'ai dit tout à l'heure, la
culture appartient réellement à
tous, et
pour y accéder, en avoir tout le suc, la lecture et l'écriture, entre
autres choses, peuvent aider plus
facilement à nous sortir de nos maux
quotidiens, petits et gros, qui à la
longue nous minent profondément, alors
qu'en les mettant de côté, nous
élargissons notre vision du monde par
l'expérience des
autres, par la lecture, le cinéma, le
théâtre, les musées... nous
pourrons plus
facilement affronter nos problèmes, nos
difficultés, et heureusement nos
plaisirs aussi… Voir des
gens repousser ces objets de
culture, le fait de lire, celui d'écrire,
m'attriste plus que tout, rien n'est
plus dommage, et n'allez pas croire que je
sacralise quoi que ce soit, mais
enfin, la vie est longue et belle, donnons-nous
les moyens de la digérer
agréablement, à défaut, pas
trop mal. 135 Et puisqu'il a été
question d'Hannah Arendt il y a quelques jours,
je
ne veux pas me priver d'un "folio-essais" sur
"la crise de la
culture", dans lequel j'ai trouvé : "La
crise de l'éducation".
Allons voir de quoi il est question dans ce
travail d'une trentaine de pages.
Première phrase faisant tilt dans ma
pauvre tête d'autodidacte s'essayant
à cor
et à cri de comprendre quelque chose
à cet univers me dépassant trop
souvent :
"L'éducation ne peut jouer aucun
rôle en politique, car en politique c'est
toujours à ceux qui sont
déjà éduqués que
l'on a affaire." Je pose mon
stylo et essaye de voir à quoi cela peut
me faire penser, à quoi je pourrai
m'accrocher
pour vous tartiner quelques bons mots excitant
votre intelligence. Ainsi va le
monde, nous nous passons le bâton, relais
pour avancer, mais cela est trop
souvent superficiel, nos différences de
personnalités sont telles que le
contraire serait inquiétant. Pour arriver
à un résultat à peu
près satisfaisant
en ce domaine de l'éducation, ce qu'il
faudrait se serait de jeter les vieux,
les bannir de l'état nouveau que nous
voulons construire. Me suis-je
déjà
appesanti ici sur cette question des vieux
gouvernant tous les pouvoirs ? 136 Me suis-je appesanti sur tous "ces
vieux" préparant les
jeunes aux examens, aux diplômes ? Si je
n’en ai pas encore parlé,
réparation
est faite, la messe dite, merci de votre
écoute bienveillante. Le renouveau ne
peut advenir que de la part des "jeunes", mais
ce sont toujours les
anciens qui tiennent les bâtons de la loi,
doigts pointés autoritairement sur le
chemin à suivre, que l'on connaît,
pas celui du nouveau,
celui du hasard.
Écrivant ces mots, je ne peux cacher mes
cheveux gris et mes jambes flageolantes, plus
que la moyenne des hommes en
général à cet
âge-là, je n'ai plus la force du
corps, mais curieusement,
persiste en moi une tranquille jeunesse
nourrissant chacun de mes instants de
vie. "Éduquons les enfants et
profitons-en pour éduquer leurs parents",
voilà quel était l'objectif de
l'Amérique plurielle, ouverte à
tous, puisqu'un
Nouveau Monde s'édifiait. "Bien entendu,
la situation réelle n'est pas du
tout celle-là…" dit-elle, ouf, j'ai eu
peur! De si bonnes intentions de la
part des hommes m'intriquent,
m'inquiètent. "Ce qui distingue chaque
être
humain des autres est qu'il n'est pas un
étranger dans le monde, mais
"quelque chose" qui n'a jamais existé
auparavant". 137 Peut-on imaginer l'enfant, ce nouvel
arrivant parmi les vivants, comme
quelque chose qui n'a jamais existé ?
Cette formule est bien sympathique, mais
n'est-elle pas issue de la culture
Judéo-Chrétienne, de l'idée
positive que
l'on se fait de l'autre, c’est-à-dire de
Dieu ? J'ai trop peur qu'en orientant
l'objectif de notre attention de ce
côté-ci, nous ne perdions notre
temps et
surtout évacuions l'essentiel qui est que
l'enfant a besoin d'être
écouté,
entendu et respecté. Installé
à la terrasse du Rostand, café
situé face au
jardin du Luxembourg, j'essaie de lire, de
saisir les idées d'Hannah Arendt.
À
gauche et à droite de moi, les gens
parlent, draguent, ce qui est tout à fait
légal en pareil endroit, alors je fais un
effort pour soutenir mon attention,
j'y arrive, mais ne comprends pas grand-chose
aux mots défilant devant mes yeux
grands ouverts. Cela n'est pas important, si une
phrase me convoque, je saurais
y répondre, sinon, demain je reprendrais
paisiblement mon ami fidèle Ivan
Illich sur lequel je travaille maintenant depuis
plus de quatre mois. "Le monde
est fait par des mortels, il s'use et parce que
ses habitants changent
continuellement, il court le risque de devenir
mortel comme eux"… 138 Je ne suis certainement pas fait pour
comprendre les Américains, et
cette Américaine en particulier, j'en
veux pour preuve cette simple phrase :
"… pour préserver ce qui est neuf et
révolutionnaire dans chaque enfant,
l'éducation doit être
conservatrice, elle doit protéger cette
nouveauté et
l'introduire comme un ferment nouveau dans un
monde déjà vieux…". Que
voulez-vous,
je n'y peux rien, pour moi ce genre de
littérature c'est de l'hébreu. Je
ne
sais pas si cela est spécifique aux
philosophes, mais il m'est apparu parfois,
au cours de mes lectures, de croiser des phrases
comprenant une idée et de son
contraire. C'est probablement une technique de
penseurs avertis ; pour ma
pomme, c'est du foutage de gueule, et ça
madame, ça m'emmerde pas mal, car je
perds mon temps toujours à essayer de
trouver une cohérence à
l'idée exprimée…
Si j'avais suivi le "cursus normal" des
études normales, je n'en
serais pas là aujourd'hui. Mais,
où en serais-je ? Fin d'Hannah Arendt.
Hier
j'ai visionné à la
télé : "Waste Land" ou "de la
poubelle au
musée", travail de création
contemporaine dans la
plus grande décharge du monde, au
Brésil, par
l'artiste
Vik Muniz et les poubelliers... Bravo Vik
! Quand l'art
sert à sortir de la merde ! 139 Revenons à "Une
société sans école".
À regarder ces mots mis
entre parenthèses, mes poils se
hérissent : comment peut-on envisager un
tel
retour en arrière lorsqu'on voit ces
sociétés où les gosses sont
livrés à
eux-mêmes et se trouvent dès le
plus jeune âge à devoir travailler,
souvent
pour nourrir leurs familles. De toute urgence,
ce qu'il faudrait pour
l'ensemble de notre vaste monde, c'est abolir la
misère… Vaste programme !
Illich insiste beaucoup sur le fait que
l'école nous prépare à
devenir de bons
consommateurs, alors qu'elle est sensée
former le jugement critique. Il
préconise, face à cette force
provenant de la vie familiale, de
l'armée, des services
de santé, des médias… d'en sortir
par soi-même. Curieusement, pour ma part,
je
n'abonderai pas dans ce sens, car cette
société de consommation ne me
révolte
que parce que beaucoup trop d'hommes et de
femmes en sont exclus, mais ça, je
vous l'ai déjà dit. Mais lui ne
décroche pas d'un iota : "Il faut
comprendre que si l'on veut s'affranchir de la
consommation envahissante, on
doit d'abord se libérer de l'école
obligatoire. Nous sommes tous prisonniers du
système scolaire et notre effort pour
nous libérer de l'école fera
apparaître
des résistances … 140 … Des résistances à
renoncer à la consommation". Notons ce
parallèle qu'il fait obsessionnellement :
école/consommation. J'ai du mal à
comprendre là où il veut en venir
en jetant en bloc cette institution, mais
plus j'avance dans cette lecture, plus je
m'oblige à penser ce qu'il me
propose, même si je ne suis pas toujours
d'accord avec lui. L'école, n'est-ce
pas ce lieu effrayant où tant
d'échecs scolaires ont entrainés,
depuis des
décennies, tant de catastrophes,
accouchant un monde d'hommes frustrés de
n'avoir pas été reconnus
lorsqu'ils étaient encore enfants,
encouragés à aimer
la vie, aidés à comprendre le
monde en marche, à faire la part de ce
qu'ils
vivaient à l'intérieur comme
à l'extérieur de
l'établissement. Inlassablement
nous devons penser, chercher, chercher, et
peut-être trouver ? Pour ma part,
j'ai longtemps proposé de ne jamais noter
un devoir, ne jamais juger un autre
que soi, ne jamais évaluer quiconque, et
de toujours s'intéresser à la
production d'un enfant, et à l'aider
à voir le bon côté des
choses, à avancer
un peu. N'est-ce pas cela la fonction
première de toutes œuvres, livresques ou
de tous autres médiums : nous rendre plus
intelligent, et pourquoi pas plus heureux ? 141 Quelle légitimité ai-je
de vous parler d'école ? Sinon d'avoir
été
concerné par elle, comme la plupart
d'entre nous, à un moment où je
n'avais
aucune ressource pour me débattre dans
les problèmes qu'elle soulève
depuis
toujours. Est-ce une vengeance que je prends
là ? Je ne crois pas, j'ai
d'autres motivations : je ne veux pas que
l'école abime les adultes en devenir,
qu'elle cause des dégâts
irréparables. Les enfants sont sous le
joug de leurs
parents, de leurs institutions, ils
réagissent chacun à leur
manière, selon leur caractère et
les résultats
de leur travail ; pas que de cela bien
sûr, mais de cela aussi. Selon que les
notes évaluent l'élève dans
un sens ou dans un autre, il connaîtra le
vivre
heureux parmi les siens, sinon il y a risque de
le voir dans un flue incessant
de violence contre les autres ou contre
lui-même. Quelle légitimité
ai-je donc,
n'ayant aucune expérience en la
matière ? Ni enseignant, ni parent
d'élèves, ni
diplômé de je ne sais qu'elle
université, rien, je ne suis rien, comme
beaucoup
d'entre vous d'ailleurs... Ce matin en me
levant, une pensée m'a traversé
l'esprit : "Je suis un rescapé de
l'échec scolaire". En effet, après
l'avoir quitté, j'ai aimé tant de
choses … 142 Heureusement, à cette
école-désastre, il y a des
survivants mais
combien Messieurs les statisticiens de
l'Éducation nationale ? Cette
école
obligatoire m'a permis, comme je l'ai
écrit un jour, d'avoir été
gardé entre
ces murs-là plutôt qu'à la
rue, tout bêtement d'avoir grandi. Une
fois sorti de
cet endroit sans intérêt pour moi,
j'allais dire de cet enfer, j'ai connu
d'autres univers, tournant autour des choses de
la culture : le théâtre, le
cinéma, le livre (difficilement), la
peinture, les musées… tous, plus
excitants
les uns que les autres, me donnant encore
aujourd'hui à soixante-six ans, une
force m'ayant souvent sauvé d'un
découragement fatal, dû à
des problèmes de
santé physique. Je veux dire par
là qu'il est capital d'éviter que
l'école soit
responsable, ce qui est le cas maintenant, des
pires catastrophes survenant
après son passage obligé. Mille
fois j'ai été confronté
à des personnes de
cette catégorie sociale : "échec
scolaire", refusant catégoriquement
de prendre un livre, de regarder un tableau,
d'aller au théâtre, au
musée, sous
prétexte que ce n'était pas fait
pour eux. Et pourquoi ? Parce qu'ils en ont
été rejetés dès le
plus jeune âge par ces mauvaises notes
à répétition, par
cette institution représentant "la
culture"… 143 Du sceau fatal des autorités
supérieures, cette école les a
estampillées, jugées "nuls"
à tout jamais. Alors, quels recours
ont-ils pour ne pas sombrer dans la
dépression et survivre malgré tout
? Leur
vengeance prendra mille formes, je vous laisse
le soin d'en deviner certains.
La majorité d'entre eux va rejeter, au
long de son existence, ce qui fait
penser à l'école : les cahiers,
les livres, la lecture, l'écriture. Ces
recalés
de nos sociétés vous les
retrouverez plus facilement dans les
hôpitaux, les
prisons, au chômage, qu'au
théâtre, à la
bibliothèque ou à un poste de
travail
valorisant, car l'école des mauvaises
notes dévalorise en profondeur
l'âme de
ces enfants, ces hommes en devenir. Je sais , je
sais, je sais, je me répète,
mais on est pédagogue ou on ne l'est pas
! Tous, ne tombent pas dans ce cas de
figure, certains s'en sortent, mais toujours,
toujours avec des séquelles sur
le dos. Le plus surprenant dans ce combat, pour
l'abolition des notes à
l'école, mené depuis près
de vingt années, est de voir le peu
d'entrain des
enseignants à comprendre cette
démarche, comme si cette simple
formalité, ne
pas noter, remettait en cause leur
métier, leur raison d'être, alors
qu'elle
élèverait leur statut
d'accompagnant. 144 Et, année après
année, c'est toujours la même
histoire : les fascicules
pour la révision du BAC tendent leurs
bras à mes récurrentes
frustrations
anciennes de n'avoir pas fait d'études,
et donc de n'avoir pas eu ce diplôme.
Tous les arguments, faux ou vrais, me poussent
à m'en approprier quelques-uns
pour me faire une idée de quoi il en
retourne aujourd'hui des questions posées
à ces postulants à ce
baccalauréat.
Les six hors séries proposées par
Le Monde ont un avantage, aucune pub ne
perturbera notre concentration de lecture,
d'étude. Prenons
"Français". Dès les
premières pages, mon attention
s'évade, sa fixation
est difficile, presque impossible, plus
précisément, tout effort chez moi
provoque une grosse fatigue, plus encore, une
souffrance. Dans le domaine
intellectuel comme dans bien d'autres, je n'ai
pas d'autres choix que de
m'attacher à ce qui donne du plaisir, pas
à ce qui n'en donne pas. Dix à
quinze
minutes d'effort et mes yeux se ferment, je
perds conscience un léger instant,
je dors quelques secondes. Ce genre de
réactivité arrive-t-il à
certains de nos
gosses sur les bancs de nos écoles ? Si
oui, comment réagissent les enseignants
à de tels comportements ? 145 J'ai du mal à imaginer qu'ils
n'engueulent pas leurs endormis et ne les
poussent pas à la porte de leurs cours
pour prendre l'air et retrouver leurs
esprits. Peu importe qu'il s'agisse là,
de ma part, ou de mes hypothétiques
jumeaux, de pathologie ou non, toujours est-il
que rien n'est parfait en ce bas
monde, et qu'il est temps de tout remettre
à plat, je ne sais encore comment !
Tout le monde connaît cette formule de
Socrate : "La seule chose que je
sais, c'est que je ne sais rien"… ou pas
grand-chose. Chaque année ces
revues de fin d'année scolaire me mettent
le nez devant cette
réalité-là,
Socrate avait raison, du moins pour ce qui me
concerne, c'est clair. Alors,
pourquoi "ceux qui savent" infligent-ils leurs
savoirs à leurs petits
enfants, et oublient cette vérité
absolue ? Comment
peuvent-ils imposer, d'une poigne de fer de
militaires récalcitrants, ce qu'on
a, cinquante ans avant, mis dans leurs caboches
d'élèves bien
éduqués ? La
complaisance des pouvoirs politiques n'est pas
prête à virer de
bord, seulement peut-être pour quelques
modifications d'horaires de cours, et
tout cela suscitant les remous que l'on sait
dans les hémicycles de nos
institutions, dont des exclus sont exclus, je le
précise. 146 On a vu passer dans les journaux il y
a quelques jours la statistique
suivante : les enfants des enseignants
réussissent mieux leurs études que
toute
autre catégorie sociale.
Évidemment, comment voulez-vous qu'il en
soit
autrement, puisque ce sont eux qui enseignent
à leurs propres enfants, et une
fois à la retraite, ce sont toujours les
mêmes qui donnent ces fameux sujets
pour réussir au BAC. Ne
faisons pas de
fixation, chacun a sa vie, avec ses bons et
mauvais côtés, comme dit Madame
Rimbaud,
ma voisine malade de la tête actuellement.
Donc, si vous êtes enseignants et
avez des enfants, l'école est à
eux, puisque c'est vous qui la faites. Poussons
le raisonnement jusqu'à l'absurde, et
affirmons que cette institution est
construite pour ces enfants-là, et que
les autres n'ont rien à faire
là-dedans
puisqu'ils n'ont pas les parents adéquats
: ils sont à regarder comme "des
étrangers". À partir du moment
où nous ne sommes pas à la bonne
place, que
faisons-nous dans cet "enfer" qui ne nous
concerne pas ? Avec ce
postulat limite, nous pourrions avancer que
cette école pour enfants
d'enseignants ne devrait ne concerner que ces
familles-là, et pas les autres, tous
les autres. 147 Si les enseignants ont leur
école pour leurs enfants, pourquoi les
autres n'en auraient-ils pas une à leur
image ? C'est pourquoi, peut-être, y
a-t-il des écoles privées, pour
des gens qui se privent de l'école
officielle
de l'Éducation Nationale ? Mais ne nous
égarons pas, restons dans notre monde
de fous. Est-il pensable d'avoir une
école organisée par des banquiers
pour leurs
chers petits bambins, une pour ceux des
bouchers, des boulangers, des docteurs,
des pharmaciens, des comptables, des acteurs,
des chômeurs, des SDF… La liste
est infinie, je limite mes efforts pour ne pas
trop vous fatiguer. Ainsi,
chacun aura dans sa chapelle de quoi
perpétrer sa messe et offrir à sa
progéniture l'assurance d'un bon
enseignement, celui de la famille des
banquiers, des bouchers, des boulangers, des
docteurs… Chacun dans sa bulle, en
quelque sorte. Expérimentalement, nous
pourrions rassembler toutes ces écoles
spécifiques dans un établissement
fédérateur, et où le nom
serait à trouver, un
nom pas trop rébarbatif, s'il vous plait,
merci ! À moins que tout cela ne soit
considéré par les instances
supérieures comme inutile,
contre-productif et que
l'on revienne à quelque chose de plus
basique… 148 Chaque corporation s'occupant de ses
propres enfants, ainsi de
substantielles économies seraient enfin
possibles dans un monde où tout coute
si cher… n'est-ce pas ma pauvre dame ! Et
là, sans le vouloir, nous nous
approchons du thème si cher à
Illich : "Une société sans
école". Tout
le monde devine les limites de telles
dispositions : le boucher n'enfantant que
de petits bouchers, à l'image de ce qui
se passe actuellement avec les
enseignants produisant de futurs docteurs.
.. trouvez l'erreur. Nous
avons beau remuer ces hypothèses
dans tous les sens, rien n'est pleinement
satisfaisant, les inconvénients
toujours se révèlent et nous
devons en bons élèves trouver la
parade au risque
de passer pour un amateur de la pensée
révolutionnaire. Là
où on bloque,
c'est lorsque les parents n'ont aucune
profession spécifique entrant dans la
liste des métiers offrant un revenu et
une occupation journalière reconnus
valable et acceptable par l'ensemble d'une
population hautement responsable. Que faire de
ces gosses vivant chez eux
n'importe quoi, n'importe comment, et dans des
conditions que je préfère ne pas
détailler pour l'instant. Dans tous les
cas, ils seront considérés exclus,
«exclus
pour toujours». 149 Mais ne perdons pas notre temps sur
cette minorité comptant pour du
beurre dans les statistiques officielles sur
lesquelles nous allons compter
pour notre analyse hasardeuse. Même si
cette démonstration est loufoque, nous
devons chercher où la
vérité se cache dans ce cauchemar.
À y regarder de près,
chaque enfant vit au moins deux vies, celle de
l'école où il est étranger
comme
nous l'avons démontré tout
à l'heure (sauf s'il est enfant
d'enseignant bien
entendu), et celle de la famille, où il
est un peu plus chez lui, plutôt bien,
plutôt mal. Là, il voit vivre ses
parents avec leurs métiers, leur mode de
fonctionnement tellement différents,
tellement opposés à ceux de
l'institution
"Éducation Nationale". Ces deux univers
antagonistes provoquent
obligatoirement une confusion dans l'esprit de
l'enfant, parfois des conflits
douloureux se mettent en place insidieusement,
entrainant des crises de la part
des enfants ; pire, de celle de leurs parents
qui en arrivent même dans des
situations extrêmes, à se
séparer à cause des gosses. Pour
la paix des
familles, l'école n'est pas ce qu'il y a
de mieux ! Mais gardons le moral, et
reprenons nos révisions, sinon nous
n'aurons pas le BAC cette année. 150 Que nous dit cette bible du journal
"Le Monde" sur ce qu'il
faut savoir pour obtenir cet examen fatal. Avant
tout, et afin de vous faire
une idée du travail des écrivains
en général, voilà un encart
vous donnant une
définition auquel je ne comprends pas
grand chose : "La caractérisation du
personnage se fait par l'intermédiaire
de
plusieurs "techniques". La
description est, bien sûr, l'outil
privilégié du romancier qui veut
"donner à voir" son personnage. Les
images (comparaisons et métaphores)
sont également essentielles pour
concrétiser un trait de
caractère, par exemple. Quant à
la focalisation, elle permet des
variations dans la présentation et
la découverte du héros,
engageant parfois le sens de l'œuvre tout
entière. Il
en existe trois types : la
focalisation
"zéro"
où le narrateur est
omniscient, la
focalisation interne
qui fait entrer le lecteur dans la conscience
d'un personnage ou, au contraire,
la
focalisation externe qui le place
en situation d'observateur." Cessons ces
bavardages barbares et venons
à l'essentiel : relevons les
références béton,
récoltées dans les dix
premières
pages, d'une culture que j'avoue avoir mis plus
d'un demi-siècle pour m'en
faire une source de plaisir. 151 Voilà ce qu'il faut avoir lu,
des titres fondateurs de la littérature
des Dieux. - Le roman pastoral, d’Honorée
d'Urfé ou Madeleine de Scudéry - La Princesse de Clèves, de
Mme de La Fayette - Pantagruel, Gargantua, trois autres
Livres, de Rabelais - Voyages au bout de la nuit, de
Céline - L'espoir, La condition humaine,
d'André Malraux - La Peste, Le Mythe de Sisyphe,
d'Albert Camus - Les Lettres persanes, de Montesquieu - La Nouvelle Héloïse, de
Jean Jacques Rousseau - Les Liaisons dangereuses, de
Choderlos de Laclos - La Comédie humaine, Les
Chouans, d'Honoré de Balzac - Quatre-Vingt-treize, Les
Misérables, Notre-Dame de Paris, de
Victor Hugo - L'Éducation sentimentale,
Bel-Ami, de Guy de Maupassant - Madame Bovary, de Gustave Flaubert 152 - Les Rougon-Macquart (Nana, Germinal,
L'œuvre, La Bête humaine…),
d'Émile Zola - De la terre à la Lune, Vingt
mille lieues sous les mers, Le Château
des Carpathes, de
Jules Vernes - Le Complot contre l'Amérique
de Philippe Roth - La Part de l'autre,
d'Éric-Emmanuel Schmitt - Le Rouge et le Noir, La Chartreuse
de Parme, de Stendhal - Les Trois Mousquetaires, La Reine
Margot, d'Alexandre Dumas - Le Comte de Monte-Cristo, de Dumas
Père - Le Feu, d'Henri Barbusse - Les Croix de bois, de Roland
Dorgelès - Le Grand Voyage, L'Écriture
ou la Vie, de Jorge Semprun - Les Bouts de bois de Dieu, de
Sembène Ousmane - Thérèse Desqueyroux,
de François Mauriac - Les Choses, de Georges Pérec 153 - L'écume des jours, de Boris
Vian - Nourritures terrestres,
d'André Gide - La Nausée, de Jean Paul
Sartre - Les Gommes, d'Alain Robbe-Grillet - La Modification, de Michel Butor - Une vie, de Jeanne Le Perthuis des
Vauds - La Promesse de l'aube, de Romain
Gary - La Petite Fille de Monsieur Linh, de
Philippe Claudel - Carmen, Les âmes du
purgatoire, de Mérimée - Atala, de
François-René de Chateaubriand - Zadig, Candide, de Voltaire ... À ces hors d’oeuvres
s'ajoutent, aux pages dix et onze, les deux
premiers "Articles du Monde", où l'on est
entre gens sérieux qui
savent de quoi qu'on cause dans certaines
sphères de l'intelligentsia, loin des
préoccupations du peuple qui souffre … 154 "Le Zola bâtisseur d'Henri
Mitterand" et "Émile Zola,
solitaire et solidaire", deux articles de 2001
et 2002, où Michel Contat,
grand intellectuel critique et
ex-secrétaire de notre ami Sartre, nous
fait
part du bonheur qu'il y a à prendre en se
plongeant dans les travaux de ce
Monsieur Henri Mitterand, surtout si l'on veut
comprendre l'œuvre colossale de
Zola, Les Rougon-Macquart. Je relève ce
détail : "Zola, bâtisseur qui
compose en vingt-cinq années de travail
acharné vingt romans… " Il lui
aura fallu ce temps-là, vingt-cinq ans,
pour créer cette œuvre que les jeunes
doivent, eux, se farcir en quelques mois,
vingt-cinq ans/quelques mois, en plus
des dizaines autres auteurs et œuvres inscrites
au programme. Je sais bien que
ces bouquins ils les ont lus, pour certains, au
cours des dix années d'études
qu'ils ont sur les gencives d'écoliers.
Nonobstant, je me demande quelle
organisation mentale permet d'absorber l'essence
de ces millions d'informations
que regorgent ces livres, issues de ces
têtes d'auteurs pas toujours
fréquentables, je ne vous dis que cela,
car pour certains, à les croiser dans
la rue, je ne sais quels seraient mes
réactions de lecteurs apeurés ? 155 Abordons maintenant les dix pages
suivantes, de la 16 à la 25. Lisons,
calmement, sans à priori. Pages 16 et 17,
article du Monde de Robert Solé de
2009, sur notre très chère Nancy
Huston, pour son roman "Lignes de
faille". Vous avez tous lu, j'en
suis certain,
ma version "remastérisée"
de son "Adoration".
J'ai relevé quelques
mots, picorés de-ci, de-là, les
voici
: " À six ans, on n'est pas encore
entré dans le monde de l'école qui
va
formater, jusqu'à un certain point, nos
opinions et notre intelligence".
"Tous les enfants sont hypersensibles. Ils
reçoivent les mots adultes
comme des coups ou des caresses – en pleine
figure". "Pendant ces six
mois d'écriture, je me sentais toute
petite. Le nez dans l'entrejambe du monde
adulte, entourée de géants
effrayants, imprévisibles, violents …
L'enfance est
toutes sortes de choses – heureuse, malheureuse,
tragique, terrible, joyeuse –
elle peut même être amusante, mais
elle n'est pas drôle." Deuxième
article, celui de Patrick Kechichian sur Bernard
Pingaud et son roman
"Bartoldi le comédien". "Ce roman,
imaginaire si on peut oser le
dire, est censé raconter la vie d'Auguste
Constant, alias Bartoldi, comédien
célèbre, qui un jour de printemps
de 1970… 156 … Il se suicide avec un
révolver à l'issue d'une
représentation de
"La Mouette" qui marquait, après une
longue absence, son retour à la
scène. Rappelons que cette pièce
de Tchekhov se termine par le suicide de
Constantin, le personnage miné par la
mélancolie qu'incarne
précisément
Bartoldi…" Les deux pages suivantes vont traiter
du suicide, particularité
de certains "personnages romantiques" et, comme
par hasard, de
certains jeunes d'hier et d'aujourd'hui. Je vous
dirais tout à l'heure comment
les choses m'apparaissent dans le fond et les
raisons me poussant à faire ce
travail, mais là, découvrons
ensemble ces pages dans lesquelles nous nous
sommes engagées pour le pire comme pour
le meilleur. Chaque page porte en elle
de multitudes images éveillent en moi des
souvenirs de lecture, mais pas
uniquement, de films, pièces de
théâtre, expositions… Tout cela
entraine notre
mémoire à tous dans des espaces
plutôt agréables, liés au
plaisir, au centre de
notre être profond. La culture c'est
ça, cette masse d'éléments
enfouit qui ne
demande qu'à sortir au moindre signe, et
ici, je ne parle pas de connaissance
et encore moins de celle que "l'institution"
veut nous imposer. 157 Si j'ai exprimé du bonheur
devant les bonnes choses intellectuelles, il
n'en reste pas moins qu'elles ne s'adressent
malheureusement pas à tous, et
nous devons nous arrêter un moment pour
explorer la légitimité de cette
culture.
Si nous admettons
qu'elle le soit,
reconnaissons qu'elle l'est pour certains et pas
pour d'autres. Volontairement,
nous n'entrerons pas dans l'univers obscur des
statistiques, puisque nous
sommes entre gens bien et de bonne foi.
L'école est obligatoire et ce
jusqu'à
16 ans, après, allez à
l'école que vous voudrez, chacun faisant
alors le choix
d'adhérer ou non à cette aventure
en toute conscience. Mais tant qu'elle est
obligatoire, elle se doit d'être pour
tous. Incontestablement, peut-être depuis
toujours, peut-être partout dans ce monde
composé d'hommes et d'enfants, les
premiers imposent aux second, qui n'ont pas
d'autres choix, d'avaler la soupe
qu'on leur sert au risque de se trouver
jetés dans la gueule du travail en
usines à bas cout, dans la rue, la
prostitution, la violence, la drogue, et
dans le meilleur des cas, dans "l'échec
scolaire", et dans le
meilleur des meilleurs cas, dans la soumission :
l'objectif inavoué de cette
école-là. 158 L'école serait-elle responsable
de toutes les catastrophes universelles
? Certes non, elles sont multiples, à
commencer par celles provenant des
éléments se déchainant on
ne sait pourquoi, par la faute de qui, de quoi,
de
l'homme ou de Dieux incertains et
mélancoliques, la faute à pas de
chance… Trêve
de littérature, nous sommes tous assis
à cette table afin de faire des
propositions, alors, essayons. L'enseignement
pratiqué dans cette école peut
être le point de départ d'une
nouvelle réflexion, mais jamais la
référence
ultime. La seule culture à
reconnaître est celle portée en
chacun des enfants,
par ces millions de choses qu'ils ont
vécues, toutes mises au placard et ne
demandant qu'à sortir, les moyens ne
manquent pas aujourd'hui pour les aider à
vider cet enfer dont Nancy Huston parle. Mais
qui sont donc ces gosses auxquels
on s'adresse dans ce gavage de connaissance ? Et
puis, toutes ces questions
universelles qu'on engrange, ne sont-elles pas
justement éphémères, ne
sont-elles pas des hypothèses, des possibilités
de
réponses, variant selon qui les
profère, et comme nous sommes des
millions
d'individus à nous intéresser de
près ou de loin à ces questions… 159 … Tu vois un peu dans quelle situation
métaphysique nous sommes.
Nonobstant ce petit détail, à la
pages 20, on se fiche de la gueule du peuple
en proposant un exercice, à faire
frémir Germaine dans sa salle de bains,
et certainement
fort amusant pour des profs en retraite en mal
d'occupation, s'ennuyant grave
toute la journée devant leur
bibliothèque pleine de livres
amassés depuis leur
tendre jeunesse. Mais là, on ne rigole
plus, c'est un acte d'une violence
insoutenable, car il s'adresse aussi et entre
autres, à tous ces jeunes qui
savent à peine lire et écrire. De
quoi s'agit-il ? Il faut rédiger une
lettre à
quatre auteurs : Balzac, Flaubert, Maupassant et
Huysmans, pour leur reprocher
la vision très pessimiste de leurs
romans. Dans un premier temps et pour
certains parmi nous, cela apparaît amusant
et pour ceux-là, je n'ai rien à
dire. Par contre, pour l'ensemble des gosses,
cet exercice est impossible, car
pour l'envisager il faudrait un minimum de
connaissance de l'œuvre de
l'écrivain et pas uniquement avoir lu un
compte rendu sur Wikipédia. J'en veux
pour preuve les deux copies données en
exemples à suivre, rédigés
par des profs
égoïstes ne pensant qu'aux
difficultés infligées à ces
sales gosses. 160 Pour eux, l'école devient
inutile, ils n'en sont pas dignes, la preuve
: ils sont incapables de rédiger ce qu'on
leur demande. Je ne lance pas la
pierre au journal le Monde, ils font leur
travail, mais je la lance à ces
instances cachées au fond de leurs
tanières, anonymes pour l'essentiel, se
protégeant comme ils le peuvent… Les
traitres ! Il est surprenant de ne voir
personne réagir à ce scandale. Que
fait-on des connaissances des sciences
humaines acquises depuis plus d'un
siècle, je pense à la
psychanalyse, la
philosophie, la médecine, la
littérature... Rien, ça n'existe
pas, nous sommes
à l'âge de pierre et non des
lumières. Grrrrr ! Je vais boire un
café. A
l'évidence, l'école est faite pour
ceux qui travaillent et ont les moyens. Nous
pourrions donc la garder telle quelle pour ces
enfants-là. Pour les autres,
tout est à reconsidérer en
oubliant le fonctionnement ancien, et
créer une
autre école d'une tout autre nature.
Là, mille possibilités sont mises
sur la
table, l'objectif n'étant plus de voir
les enfants ingurgiter ces matières,
mais de faire en sorte que chacun,
inlassablement, cherche et trouve en lui ce
qui le motive, l'intéresse
intensément, et tout mettre en œuvre pour
l'aider à
se réaliser dans cette direction. 161 Évidemment, les erreurs sont
permises, mais les jugements, les
évaluation et les notes interdites. Les
moyens merveilleux actuels permettent
cette approche sans pour autant dépenser
plus d'argent, au contraire, une
politique d'économie doit s'inscrire dans
le comportement de ces enfants, afin
de solliciter plutôt leur
inventivité que la satisfaction
immédiate de leur désir.
Est-il possible de faire de tous ces gosses des
passionnés ? Oui, cela est
possible, et cerise sur le gâteau, la
passion de chacun, exposée en classe,
formera le corps de cet enseignement fait par
les élèves pour leur classe…
Humm, c'est chouette ! Écrire permet
d'avoir de bons sentiments à moindres
frais, me dira-t-on et on aura raison, mais que
voulez-vous que je fasse de
plus, sinon penser un autre monde ? Voilà
maintenant les références
relevées
dans ces dix pages, de 16 à 25. - Les Variation
Goldberg,
L'empreinte de l'ange, Prodige, Lignes de faille, de Nancy
Huston - La Mouette de Tchekhov - Bartoldi le comédien, de Robert
Pingaud - Belle du Seigneur, d'Albert
Cohen 162 - Le Grand Meaulnes, d'Alain
Fournier - Aurélia, de Gérard de
Nerval - Au Château d'Argol, de Julien
Gracq - La Recherche du temps perdu, de Marcel
Proust - La Dame aux camélias, de Dumas
fils - Pierre et Jean, Une vie, Boule de
suif, de Guy de Maupassant - Système des Beaux-Arts, d'Alain - Essai sur le roman, La Nuit de la
Saint-Jean, Défense des Lettres, de
Georges
Duhamel - L'Homme révolté,
d'Albert Camus - Courrier Sud, Vol de nuit, Terre des
hommes, Le Petit Prince, de Saint-Exupéry - Le Voyage de monsieur Perrichon,
d'Eugène Labiche - La vie de Henry Brulard, de Stendhal
- Cahiers d'André Walter,
d'André Gide - Manifeste du surréalisme,
d'André Breton 163 - J'abats mon jeu, de Louis Aragon - Papiers collés, de Georges
Perros - Les Arbres et les jours, de Jacques
de Bourbon Busset - Défense de Narcisse, de Philippe
Vilain - Les Fleurs de Tarbes, de Jean
Paulhan - Souvenirs obscurs d'un juif polonais
né en France, de Pierre
Goldman - Je sors ce soir, Génie divin,
de Guillaume
Dustan - Rapport sur moi, de Grégoire
Bouillier - Charité, de Frédéric-Yves
Jeannet - Amer eldorado, de Raymond
Federma - La vie sexuelle, de Catherine
Millet - W ou le souvenir d'enfance, je me
souviens, de Georges Perec - Pas un jour, d'Anne
Garréta - Journal du dehors, d'Annie
Ernaux 164 - L'inceste, de Christine
Angot - L'Enfant éternel, de Philippe
Forest - Philippe, de Camille
Laurens - Chrétiens, Zone, de Jean Rolin - Sortie d'usine, Daewoo, de François
Bon - La Maladie de Sachs, de Martin
Winckler - Les Particules
élémentaires, Plateforme, de Michel Houellebecq - Promenade, Univers-univers, de Régis
Jauffret - Le Post-exotisme en dix
leçons, Dondog, de Volodine - Ingrid Caven, de Jean-Jacques
Schuhl - Madman Bovary, de Claro - L'Adversaire, d'Emmanuel
Carrère - Doggy bag, de Philippe
Djian - We are l'Europe, de Jean-Charles
Masséra 165 Ajoutez à cela : Blanchot,
Derrida, Debord, Modiano, Guyotat, Echenoz,
Quignard, Michon, N'Diaye, Barthes,
Foucault, Marc Lévy, Breton,
Duras,
Lacan, Aristote, Valéry, Chloé
Delaume, Renaud Camus, Valère Novarina,
Dominique
Fourcade, Jacques Roubaud, Jude Stéfan,
Philippe Beck, Olivier Cadiot, Tarkos,
Nathalie Quintane, Bernard
Heidsieck, Charles Pennequin. Le Texte
théâtral et sa
représentation, du
XVIIe siècle à nos jours. Avant de me mettre à lire ce
paragraphe, je veux vous dire combien le
théâtre a compté pour moi
dès mes premières années
d'adolescence, alors qu'à
l'école aucune satisfaction
intellectuelle, aucun plaisir particulier,
n'avaient traversé mon être vivant
de chair de poule et d'os bien fragiles.
Depuis un demi-siècle j'ai vu des
milliers de spectacles et j'ai même connu
les
planches, histoire de voir de quoi
j'étais fait, seulement pour des raisons
que
j'ai déjà expliquées
ailleurs, le théâtre n'était
pas fait pour moi, mais j'en
ai gardé le meilleur souvenir pour y
avoir vécu les jeux subtils de la
création
à l'action, en perpétuel
mouvement, et là, c'est pas pareil que
dans mon
fauteuil de spectateur. 166 Je fais donc une différence
entre "faire du théâtre" sur un
plateau avec de vrais professionnels, des
amateurs répétant une pièce
au
sous-sol d'une maison de la culture, à
l'école lorsque cela est possible, ou
bien encore entre amis passionnés voulant
monter un projet, aller à Avignon par
exemple, et le simple fait de voir un spectacle
de deux heures sans avoir
assisté à ces longs mois de
répétitions nécessaires
à la construction d'une
pièce. Cette remarque est valable pour
toute création. La
différence est cruciale entre l'acte de
créer et
celle de regarder (film, pièce, tableau,
livre, etc.), elle n'est pas assez
mise en avant par les artistes eux-mêmes
en général. C'est donc à
l'aune de
cette expérience que mon regard viendra
prendre la main dans le sac ceux qui
ici voudraient nous faire le coup de papa la
nostalgie…
Voici quelques mots relevés dans
les pages 26
à 38. "Le théâtre est
lié au sacré". "Dans la salle, on
retrouve
la ségrégation sociale dans la
séparation entre le public populaire, qui
se
tient debout au parterre, et les spectateurs
aisés, bourgeois et aristocrates,
qui occupent les sièges des galeries et
des loges". "La
représentation des vices et des vertus
peut éclairer
les hommes"... 167 "Le théâtre
pré-révolutionnaire". "
Théâtre
engagé"… La pauvreté de ces
références révèle
mon manque d'intérêt pour
ces articles peu réjouissants. -
L'école n'est pas là pour donner
du plaisir,
me rétorquera-t-on. Que voulez-vous
répondre à ça ? Vient
ensuite un sujet pas
à pas, un mode d'emploi
en quelque sorte à suivre si l'on
est un bon élève
évidemment. Caligula d'Albert Camus.
Personne ne pourra
proposer un exercice aussi brillant, sur Camus
et Caligula, que celui qui nous
est proposé là. Comme il n'est pas
signé, je ne sais à qui envoyer
mes fleurs,
cela est bien regrettable. Seulement cette
personne sans nom est "spécialiste
mondiale sur la question", elle connaît
l'intégralité de l'œuvre de Camus,
elle s'est consacrée à Caligula
toute sa vie, je pense qu'elle doit avoir
près
de quatre-vingts ans. Pourquoi je vous dis
ça ? Je suis révolté par ce
travail
de "comment on traite un sujet" sur une
pièce qu'on ne peut pas
connaitre à dix-huit ans, sauf
superficiellement et à quelques
exceptions près.
C'est un peu comme si l'on montrait à un
handicapé ne pouvant pas marcher
comment l'on met un pied devant l'autre pour
avancer. Cette remarque n'est pas
gratuite, j'ai vécu de semblables choses… 168 … Quelques kinés bien
intentionnés m'ont fait la morale
là-dessus, mais
heureusement pas tous, puisque je suis "un peu"
handicapé. Le fait de
donner un tel exemple à suivre pour la
préparation au BAC en dit long sur
l'objectif de l'enseignement : vous en foutre
plein les yeux, vous démontrer
que vous n'arriverez jamais à la cheville
de cet exemple, jamais, nuls, vous
n’êtes tous que des nuls. L'école
est là pour décourager l'ensemble
de sa
population, sélectionner, noter, trier,
et ne garder que les meilleurs, le
reste, au boulot sur les chantiers ou, si c'est
au chômage, on s'en fout, pas
notre problème, nous, on a fait ce qu'on
a pu… Je suis conscient de la dureté
de mes propos, mais comment expliquez-vous la
violence de vos établissements
sinon qu'elle a une origine ? La voilà,
devant vos yeux, à vous de juger. Et
pour finir, je vous dis ce qu'il ne faut pas
faire, c'est marqué dessus : "Ce qu'il
ne faut pas faire c'est
choisir cet exercice si vous ne connaissez pas
le thème de la pièce ni sa place
dans l'œuvre de Camus ! " À bon
entendeur, salut. Maintenant
attaquons-nous à un article de Brigitte
Salino, de septembre 2011, sur Roméo et
Juliette de Shakespeare monté par Olivier
Py. 169 Olivier Py, 48 ans, a fait
l'école nationale supérieure des
arts et
techniques du théâtre, le
conservatoire national supérieur d'art
dramatique, il
a étudié la philosophie et la
théologie, si je m'en tiens aux
données de Wikipédia
notre bible à tous. Il a publié
vingt livres, a joué dans une dizaine de
pièces, mis en scène près
de soixante-dix spectacles entre 1988 et 2013.
C'est
donc à partir de son travail, de son
expérience béton,
théâtrale et
personnelle, que nous arrive encore l'exemple
à suivre. La critique, Brigitte
Salino, incontestable spécialiste des
planches, nous donne un papier sur ses
impressions toutes personnelles du Roméo
et Juliette de Py. Combien
d'élèves
sont allés plus de dix fois au
théâtre dans leur vie ? Que
voulez-vous que ce
brillant article leur dise sinon que ce couple
shakespearien, statufié dans le
marbre depuis des siècles, a
été maltraité, à
tort ou à raison, par cet artiste
contemporain. Nous sommes dans l'anecdote, le
débat est impossible, il ne peut
avoir lieu par manque d'expérience et de
préparation. Ce point de vue, je le
mets sur la table de discussion, car
peut-être, sur ce coup, ai-je tords ? Tout
à coup, j'ai un doute ! Donnez-moi votre
avis, merci.
170 Références
données dans cette rubrique
"théâtre", de la page
26 à 38. - Le Cid, Horace, Polyeucte, Don
Sanche d'Aragon, Andromède, La
conquête de la toison d'or, Psyché,
Médée, L'Illusion comique, de Corneille - Andromaque, Britannicus,
Bérénice, Bajazet, Phèdre,
Athalie, de Jean Racine - Tartuffe, Le Misanthrope, Dom Juan,
George Dandin, Les Fourberies de
Scapin, Les Précieuses ridicules, Le
Bourgeois Gentilhomme, de Molière - La double inconstance, de Marivaux - Le Barbier de Séville, Le
Mariage de Figaro, de Beaumarchais - Henry III et sa cour, d'Alexandre
Dumas père - Hernani, Ruy Blas, de Victor
Hugo - Ubu roi, d'Alfred Jarry - Les Mains sales, de Jean-Paul Sartre - Les Justes, Caligula, d'Albert Camus - La Nuit vénitienne,
Lorenzaccio, Spectacle dans un fauteuil,
André
del Sarto, Les Caprices de Marianne, On ne
badine pas avec l'amour, d'Alfred de
Musset 171 - Le Gendre de Monsieur Poirier, Les
Lionnes pauvres, d'Émile
Augier - La Dame aux camélias, La
Question d'argent, Le Fils naturel,
d'Alexandre Dumas fils - Le Voyage de Monsieur Perrichon, La
Cagnotte, d'Eugène Labiche - La vie des douze Césars, de Suétone - La Machine infernale, de Jean Cocteau - Œdipe roi, de Sophocle - La guerre de Troie n'aura pas lieu,
de Jean Giraudoux - Euridyce, de Jean Anouilh - La Reine morte, de Henry de Montherlant - Hamlet, Le Conte d'hiver, Songe
d'une nuit d'été, de Shakespeare - La vie est un songe, de Calderon - La nuit de Valognes, Variations
énigmatiques, Monsieur Ibrahim et les
fleurs du Coran, La Tectonique des sentiments,
Kiki van Beethoven, d'Éric-Emmanuel
Schmitt - Art, Le Dieu du carnage, de Yasmina
Reza 172 - Théâtre sans animaux,
Musée haut, musée bas, René
l'énervé, de Jean-Michel
Ribes - La Nuit juste avant les
forêts, Combat de nègres et de
chiens, Quai
Ouest, Solitude des champs de coton, Le Retour
au désert, Roberto Zucco, de Bernard-Marie
Koltès - Incendies, de Wajdi
Mouawad - Il y avait foule au manoir, La
Comédie du langage, de Jean
Tardieu - Le Rhinocéros,
d'Eugène Ionesco - Oh les beaux jours, de Samuel Beckett - Des journées entières
dans les arbres, de Marguerite Duras - Les Bains, de Maïakovski - Mère Courage, La Vie de
Galilée, de Bertolt Brecht - Le Soulier de satin, de Paul Claudel - Le Sens de la marche, Paolo Paoli,
d'Arthur Adamov - Par-dessus bord, Le Compte rendu
d'Avignon, de Michel Vinaver - Le Dernier Caravansérail, Les
Éphémères, d'Ariane Mnouchkine 173 -
Anthologie du théâtre
français, de Philippe Tesson - et les auteurs suivants : Diderot,
Alfred de Vigny, Georges Feydeau,
Eugène Labiche, Jean-Louis Barrault,
Patrice Chéreau, Stanislas Nordey, La
commedia dell'arte, Roger Planchon, Jean-Claude
Grumberg. Écriture poétique et
quête du
sens, du moyen âge à nos jours. Quelques mots
soulignés au crayon. "Un
poète est un écrivain qui
compose de la
poésie. Au-delà de cette
définition standard, le terme de
"poète"
évoque une manière de voir la
vie et de la vivre, une façon
d'appréhender le
monde qui se marque par une distance avec le
"commun des mortels". "Être
désigné, il se distingue
du reste des humains par ce "don" qui lui est
fait, mais reste un
"homme", avec des faiblesses.
" "Avant tout un créateur, celui
qui fait œuvre… le poète est une
partie liée au sacré, à
une manière enchantée,
spirituelle de voir le monde. Le
langage, à la fois outil banal de
communication et forme la plus haute de la
spécificité humaine. "
Le
poète, aujourd'hui, est celui qui saura
lire les mots ordinaires venant de la
bouche de n'importe qui, et
révéler où se cache la
poésie là-dedans. 174 "L'artiste
est un homme inutile,
mais nécessaire, son œuvre parle au
cœur et aux sens… Le poète prend en
charge
l'histoire d'un peuple". Ah ! J'aimerai
que cela soit ! Mais
aujourd'hui, peut-on encore parler de
poésie ? "Il cherche par son lyrisme à
exprimer les sentiments et émotions qui
l'étreignent" - "Sensibilité
exacerbée, fonction éclairante…"
Ceci est valable pour tout artiste, mais quel
poète joue ce rôle maintenant, je
veux des noms ! Je remplacerai volontiers le mot
poète par celui d'artiste.
"Enfin le
poète est celui qui, par
les mots, essaie d'entrevoir le monde
autrement, celui qui guide ses lecteurs
vers des idées ou un engagement. La
poésie a alors une fonction politique"
– "La poésie est une insurrection" …
Ah bon ? Nous en sommes
loin, diable ! Voyons maintenant l'article du
Monde : La flamme
du slam… Où
comment la perversion s'immisce dans les bons
sentiments. Les rédacteurs de
cette revue n'ont pas oublié qu'ils
s'adressaient aussi à la base00, et qu'il
fallait lui donner un os à ronger, et
l'impression qu'elle compte,
principalement par ses champions, et en
l'occurrence par Grand Corps Malade,
l'un de nos plus grands poètes vivants. 175 Seulement, la démagogie de
mette ça entre ces pages de
l'intelligentsia
a ses limites : les voilà mises à
plat dans ces deux pages que je vais
m'empresser de lire attentivement...
Démobilisation totale. Je viens de
consacrer un certain temps à parcourir ce
thème de la poésie et me sens
vidé de
tout désir de mettre des mots sur ce que
je ressens. Ce désespoir, léger
certes, doit passer comme le temps gris
recouvrant actuellement le ciel de
notre belle banlieue et le cœur de ses
concitoyens. Passons vite à autre chose
! Références
données dans cette rubrique
"poésie", de la page
40 à 58. - Les Métamorphoses, d'Ovide - Le Bestiaire ou cortège
d'Orphée, Calligrammes, d'Apollinaire - Orphée, Le testament
d'Orphée, de Jean Cocteau - Orfeu Negro, de Marcel
Camus - La Nouvelle Eurydice, de Marguerite
Yourcenar - Eurydice, de Jean Anouilh - Sonnets pour Hélène,
de Ronsard 176 - L'Habitude, Capitale de la douleur,
Poésie et vérité, Sept
poèmes
d'amour en guerre, L'Amour de la poésie,
de Paul Éluard - Ultima verba, les Châtiments,
Les Contemplations, Les Djinns, Les
orientales, de Victor Hugo - J'avoue que j'ai vécu, de Pablo
Neruda - Une saison en enfer, Les
Illuminations, d'Arthur Rimbaud - L'Après-midi d'un Faune, Un
coup de dés jamais n'abolira le hasard,
Poésies, de Mallarmé - Contes cruels, de Villiers
de L’Isle-Adam - Les Complaintes, de Jules
Laforgue - Tête d'or, de Paul Claudel - Cœur double, de Marcel
Schwob - Pélléas et
Mélisande, de Maurice Maeterlinck - Les Tragiques, d'Agrippa
d'Aubigné 177 - De l'angélus de l'aube
à l'angélus du soi, de Francis Jammes - Le parti-pris des choses, Les
Hirondelles, La Rage de l'expression,
de Francis
Ponge - Émaux et camées, de Théophile
Gautier - Les Trophées, de José
Maria de
Heredia - Les méditations
poétiques, d'Alphonse de Lamartine - Les Regrets, de Joachim du
Bellay - Lettres à un jeune
poète, de Rainer Maria Rilke - La France de profil, de Claude
Roy - La Diane française, d'Aragon - Le spleen de Paris, Les Fleurs du
Mal, Les petits poèmes en prose, de
Baudelaire - L'accent grave et l'accent aigu, de
Jean Tardieu - Midi 20 (album CD), de Fabien
Marsaud, alias Grand Corps Malade - Fables, de La
Fontaine - Quatre poèmes d'amour
à Hélène, de René-Guy Cadou 178 - Gaspard de la nuit, de Aloysius
Bertrand - Les Chants de Maldoror, d'Isidore Ducasse - Les Illuminations, de Paul Verlaine - Manifeste du symbolisme, de Jean
Moréas - Le Roman inachevé, d'Elsa
Triolet - L'Union libre, Clair de terre,
d'André Breton - L'Inachevable, La Beauté des
le premier jour, Le Siècle ou la parole
a été victime, Raturer outre, d'Yves
Bonnefoy - et les auteurs suivants : Saint
John Perse, Eugène Guillevic, Marc
Smith, Max Jacob, Pierre Reverdy,
Hélène
Laurent, Louis-René des Forêts,
André du Bouchet, Henri
Cartier-Bresson,
Montaigne, Malherbe, Pascal, Stendhal,
Lautréamont, Voltaire, Philippe
Sollers. 179 " Ces 900
000 jeunes
inactifs découragés de tout
" est le titre d'un article du
"Monde" du 2 juin 2013. Le chiffre est
impressionnant, plus encore
que 3 300 000 chômeurs en France, par
exemple. On se figure cette masse humaine
défilant de la porte d'Orléans
à la porte de Clignancourt, traversant
Paris et
criant leur situation au peuple ayant pu se
faire une place au soleil, à
défaut
à l'ombre, dans ce monde de merde que
j'essaye à la force du poignet de
réparer
le mieux que je peux, espérant toujours
qu'un journaliste me plagiât sans mon
consentement, puisque mes écrits et mes
idées appartiennent à tous mes
lecteurs
sans restriction. 900 000 individus comme vous
et moi, vivant quelque chose
qu'on ne voudrait pas vivre, même si aller
au bureau tous les matins n'est pas
idéal pour le moral. L'essentiel est
d'avoir des repères, et de
repères, eux
aussi, comme nous tous, en ont, mais sommes-nous
à même d'en imaginer la teneur
? Nous avons tous vu des films, des
documentaires, lu, mille articles dans les
journaux, et des livres par centaines, ils nous
expliquent tout ça très bien,
seulement quelle est la réalité
lorsqu'on n'a rien, lorsqu'on n’est rien, dans
une société où à
chaque pas fait n'importe où… 180 … Des commerçants vous sourient
pour vous vendre leurs marchandises.
Quels recours ont-ils pour survivre ? Ces
"jeunes" ont entre 15 et 29
ans, c'est notre jeunesse, ce sont nos enfants,
ils ont tous été à
l'école
obligatoire. Quelques mots pris au hasard de cet
article : "L'école
l'a
jeté
sans s'inquiéter de son
devenir". "Pour les jeunes des cités,
il n'y a que du travail de
chien… on va pas ramasser la merde des gens
comme nos parents"; "On
est bien chez nos parents, et entre nous, on
discute, on rigole, on est
solidaire, sinon on pèterait un
câble". "Ils sont passés dans la
moulinette de l'éducation nationale…". En écho à cette
réalité, je voudrais relever
quelques mots du livre de
Ruwen OGIEN : La guerre
des pauvres
commence à l'école. "Les
décrocheurs ont pris la mesure de la
situation économique
générale qui prive des millions
de personnes à l'accès à
un
emploi satisfaisant et correctement
rémunéré…Pourquoi
continuer à jouer à ce
jeu-là ?". "Pour eux, l'école
est une humiliation permanente".
"Si vous êtes pauvre, chômeur de
longue durée, malade ou sans-abri,
c'est
de votre faute, alors… 181 … dans
cette logique, il n'est pas immoral
d'abandonner à leur sort les
laissés-pour-compte du marché du
travail, puisqu'ils sont responsables de ce
qui leur arrive".
Incontestablement, l'école
actuelle est adaptée pour un petit nombre
d'entre nous, pour le reste, la majorité,
elle n'est pas à la hauteur de
l'espérance d'un être humain. Alors
que je vous
dis ces vérités implacables, un
article dans Télérama sort cette
semaine
(19/5/2013) "Une autre
école est possible"; Ah ! Enfin une lueur d'espoir… Je
souligne quelques mots en
rouge, assis que je suis dans ce restau rapide
Exki, dont j'ai déjà parlé
ici
et où je m'y sens bien pou vous
écrire. "On
l'ignore souvent, l'école
n'est pas obligatoire, c'est l'instruction qui
l'est". " Tous les
neurologistes vous le diront: le cerveau se
développe là où on
l'utilise avec
de l'enthousiasme, véritable engrais
neurologique. Tout ce qui s'apprend dans
un acte d'enthousiasme s'inscrit en nous
à jamais. À contrario, l'enseignement
tel qu'il est pratiqué
aujourd'hui dans les écoles va à
contre-courant du fonctionnement optimal du
cerveau, dit André Stern". 182 "
L'école, structurellement, ne peut se
réformer, elle finira par disparaitre.
Sa
fonction principale est de garder les enfants
pendant que les parents
travaillent". "La prochaine révolution
viendra des élèves
eux-mêmes,
de leurs compétences des nouvelles
technologies, et de ce que vont nous
révéler
les neurosciences… Le métier
d'enseignant va en être
complètement changé, il va
lui falloir faire un pas de côté,
pour devenir moins un éducateur qu'un
accompagnateur". Je
me souviens de l'Abbé Pierre
criant aux politiques de l'époque un truc
comme ça : "et
que ferez-vous donc lorsque des millions de
pauvres viendront sur votre sol
sans vous demander votre avis ?". Sacré Abbé,
vous aviez déjà, avant tout le
monde, le sens de la communication. Aujourd'hui,
ces gens-là, on les refoule à la
frontière, ou mieux, on les laisse crever
dans
leur misère, piochant ici ou là
dans nos poubelles bien garnies, nos restes
périmés. Suis-je en train de
dévier le propos qui est le notre ?
Peut-être,
peut-être pas ! La misère
secrétée par l'éducation
est aussi celle provenant de
la maison de nos propres familles, parfois,
souvent… 183 Ces pauvres viennent bien entendu,
d'ailleurs : du monde de la misère …
C'est là notre travail de penseurs, de
notre responsabilité, d'apporter des
réponses envisageables,
réalisables par ces politiques qui
à peine arrivés au
pouvoir se trouvent castrés de toutes
initiatives intéressantes. Depuis un an,
nous sommes dans un gouvernement de gauche et
rien des choses promises,
importantes, ne sont évoquées,
leurs réponses à la
pauvreté n'a d'égal que leur
médiocrité. Savent-ils seulement
qu'il y a 900 000 exclus rejetés "par
leur faute" entre la rue et l'enfer ? Et lorsque
ce chiffre n'évoque
qu'une partie de l'Iceberg, ne serait-il pas
temps d'être dans ce fameux
changement dont se glosaient ceux qui ne
voulaient que le pouvoir ? Après cet
intermède, revenons maintenant à
notre cahier de Français afin d'obtenir
le Bac
à coup sûr. La question de l'homme dans
les genres de l'argumentation, du XVIe
siècle à nos jours. Le candidat au Bac doit savoir ce
qu'est un débat, alors vite fait bien
fait, le Monde nous sert un exemple parmi des
milliers de comment c'est la
démocratie lorsqu'elle réuni deux
ou plusieurs individus n'ayant pas le même
avis sur une question donnée. 184 Donc bon, je lis le dialogue de sourds
entre deux philosophes :
Sylviane Agacinski et Ruwen Ogien, dont j'ai
déjà parlé ici. Il est
convenu,
cela va de soi, tout débat doit
s'organiser impérativement dans un esprit
contradictoire, pour ne pas dire conflictuel,
guerrier. Nous pourrions, si vous
voulez mon avis, tout aussi bien envisager des
débats se déroulant autrement.
Un premier groupe ou individu venant exposer son
histoire, ensuite l'autre
partie, faire la même chose avec une
opinion contraire. Dans ce cas, la
synthèse serait à faire par le
lecteur ou l'auditeur. À voir tous ces
arguments
défiler devant les yeux, je m'endors, et
abandonne ma lecture à la septième
répartie de ces personnes franchement
inutiles à mon intelligence.
Références
données dans ces pages 60 à 74. -
Essaies, de Montaigne - Les Pensées, Les Trois
Discours sur la condition des Grands, de Pascal - Les salons, Le Neveu de Rameau,
Voyage autour du monde, Supplément au
Voyage de Bougainville, de Diderot. 185 - L'Iliade et L'Odyssée, d'Homère - L'île des esclaves, de Marivaux - 1984, d'Orwell - Matin brun, de Frank
Pavloff - Le Manifeste du surréalisme,
d'André Breton - Le Petit Chaperon rouge, de Perrault - Les
L'année terrible, Choses
Vues, de Victor Hugo - Indignez-vous, de Stéphane
Hessel - La Carte et le Territoire, de Michel
Houellebecq - Alias Caracalla, de Daniel
Cordier - Le Monde d'hier, de Stephan Zweig - De l'esprit des lois, Les Lettres
persanes, de Montesquieu - Les Confessions, de Jean-Jacques Rousseau - Les Maximes, de La
Rochefoucauld 186 - Les Caractères, de La
Bruyère - L'Être et le Néant,
L'Existentialisme est-il un humanisme ? de Sartre - Les Liaisons dangereuses, de Choderlos
de Laclos - Tristes Tropiques, de Lévi-Strauss - La nouvelle poésie
nègre et
malgache, de Senghor -
Les Lettres philosophiques, de
Voltaire - Contre Sainte-Beuve, de Proust - Variété, de Paul
Valéry - Essais Critiques, de Roland
Barthes - Art poétique, de Boileau - Lettres sur quelques écrits
du temps, de Fréron - Fabrique de romans : maison
Alexandre Dumas et compagnie, de Mirecourt - Corps en miettes, de Sylviane
Agacinski - La Vie, la Mort, l'État, de Ruwen
Ogien 187 et … Sade, Thomas d'Aquin,
Thomas More, Jules Verne, Charles Fourier,
Valladolid, Jean-Claude Carrière,
Ronsard, Villon, Bruzen de La
Martinière, Axel Kahn, Roselyne
Bachelot, Michèle
André, Nadine Morano, Elisabeth
Badinter, Eric Zemmour, Philippe Tesson,
Thierry Ardisson, Bernard Murat,
Général de Gaulle, Serge Moati,
Laurent
Ruquier, François Jost, Nicolas
Beytout, Etienne Mougeotte, Stéphane
Guillon,
Lady Gaga, Christophe Willem, Eric Naulleau,
Pierre Bédier, Isabelle Balkany. Voilà M'sieurs-Dames de quoi
occuper votre retraite agréablement. Croire en l'école vous
aliène, j'en veux pour preuve ce texte de
La
Boétie (Discours de la servitude
volontaire) que je vous transmets tel que.
"Celui qui
vous maîtrise tant n'a
que deux yeux, n'a que deux mains, n'a qu'un
corps et n'a autre chose que ce
qu'a le moindre homme du grand nombre infini
de vos villes ; sinon qu'il a plus
que vous tous, c'est l'avantage que vous lui
faites, pour vous détruire. D'où
il a pris tant d'yeux, dont il vous
épie, si vous ne les lui baillez ? 188 Comment a-t-il tant de mains
pour vous frapper, s'il ne les prend de vous ?
Les pieds dont il foule vos
cités, d'où les a-t-il, s'ils ne
sont les vôtres ? Vous vous
affaiblissez, afin
de le faire plus fort et plus roide, à
vous tenir plus court la bride ; et de
tant d'indignités, que les bêtes
mêmes ou ne sentiraient point, ou
n'endureraient point, vous pouvez vous en
délivrer, si vous essayez, non pas de
vous en délivrer, mais seulement de le
vouloir faire. Soyez résolus de ne
servir plus, et vous voilà libres.
» Vous
préparez le
Bac et devez faire un devoir sur Rabelais.
Qu'à cela tienne, un article vous
donne la voie à suivre et on demande au
plus grand spécialiste de la question,
ayant consacré sa vie à cette
œuvre-là, de nous montrer comment
procéder.
Lorsqu'on écrit un papier et avons des
années étudié les
productions d'un
écrivain, d'un artiste, alors avec le
temps on en a une idée personnelle de
qualité, car seul le passage du temps
donne les cheveux gris de la maturité.
Comment peut-on mettre ainsi côte à
côte des poussins encore tout verts et des
coqs à la crête rouge vif à
aux dents longues ? C'est de la grande
stupidité,
ou mieux un manque d'esprit critique, un
aveuglement dû aux bons sentiments
incontestables des protagonistes. 189 D'où nous pouvons avancer
à l'intention de tous les jeunes : méfiez-vous
de ces vieux, ils sont méchants
! Rabelais donc. Rabelais n'est pas une
lecture pour moi,
désolé, je ne ferais donc
aucun effort pour
le lire ou le comprendre, je n'y peux rien,
c'est ainsi ! "Le chêne et le
Roseau" de La Fontaine, réécrit
par Jean Anouilh. Franchement, je veux
impérativement vous poser cette question
qui me taraude : qui connaît Jean
Anouilh parmi les jeunes d'aujourd'hui ? Cet
exercice est vieux comme mon
grand-père, ça sent le
renfermé, ça pu, on devrait les
laisser tous deux en
paix au fond de leurs tombes respectives… Un
article de Dominique Noguez du 27
juin 2007 rappelle intelligemment ce qu'est pour
lui la littérature, profitant
d'un conflit entre un auteur ayant pris "Les
misérables" de Hugo en
otage pour en faire à son tour deux
énormes pavés. Seulement, les
héritiers de
Victor ont mis cela entre les mains de la
justice, réclamant le retrait de ces
livres et des dommages et intérêts
de 4,5 millions de francs, c'était avant
l'arrivée de l'euro. On peut tout en
écrivant, et Noguez de signaler ce qu'on
peut faire plus précisément :
"Suite, réponse, reprise, adaptation,
pastiches, parodies, allusion… 190 … Mise en abyme, traduction, mise en
vers, la littérature s'est
toujours nourrie de littérature (et la
peinture de peinture, la musique de
musique, etc.)" Perso, j'ai
remastérisé 47 textes de 47
auteurs, les
revisitant avec mes mots, pas avec les leurs
(sic). Et un jour où j'en parlais
à une libraire, elle me fit : "Et vous
trouvez qu'il faut réécrire
"La Recherche" de Proust avec d'autres mots ?",
la regardant
dans les yeux, je lui répondis que oui,
car Proust n'est pas facile à lire...
Je ne lui ai pas avoué tout le plaisir,
tout le bonheur, à faire ça, c'est
une
jouissance absolue. Guide
pratique.
Méthodologie et conseils. Depuis
toujours, lorsque j'essaye "d'accumuler
des connaissances", pour mieux les
maîtriser, s'opère en moi, sans que
je
le veuille, une angoisse si forte me fermant la
porte à toute velléité de
compréhension. En fait, je le sais
maintenant, ces efforts réclamés
au cerveau
déclenchent un stress que mon corps
souffrant d'insuffisance surrénalienne ne
peut
affronter, et au lieu d'exciter mon désir
de bien faire, il me fatigue dans un
premier temps, puis me désespère,
me déprime physiquement. Pauvre
chéri,
dites-vous, et vous avez raison… 191 … Car si l'on commence à
écouter les maux des uns et des autres,
ma
pauvre dame, on n'en finirait pas. Donc, face
à ce handicap, la seule parade
que j'ai trouvée, depuis bien longtemps
maintenant, est de ne faire les choses
qu'avec plaisir. Là est toute ma
philosophie, mon instinct de survie, je n'en
ai pas d'autres, cela me constitue de la
tête aux pieds, heureusement car
sinon, quelle eut été mon
existence autrement ? C'est pourquoi je veux
être
l'avocat de tous ceux qui à
l'école n'ont pas trouvé là
mieux que chez eux,
mieux qu'à la maison. L'éducation
nationale doit aider chacun dans sa
particularité, et surtout ne jamais, je
vous dis bien jamais, décourager,
dégouter de la culture, quelle qu'elle
soit. Amen ! Me faut-il un bon Coach
pour retrouver le chemin du bac ? Coaching.
à Arriver
à l'heure. à Apporter votre matériel. à Utilisez votre temps. à Rester concentré. à Rester naturel. à Soyez poli et souriant. à Maîtrisez votre stress. à Comprendre la question
demandée. à
Organisez votre réponse. à Lire le texte qu'on vous donne
à lire, en tirer un axe. à Conduire
l'explication. à Soyez intéressant, confiant,
mais pas arrogant, soyez optimiste à la
fin. 192 Après cet intermède sur
le bac, et avant de passer un peu plus tard sur
un autre thème pour l'obtention de ce
fameux diplôme, revenons à Ivan
Illich, à
"une société sans école" et
au "rite du progrès". Les
normes imposées par les plus forts seront
celles de tout le monde, rien d'autre
n'est envisageable pour personne ni aucun pays.
Quel risque encourt une société
sans école, et y aurait-il du sang face
à un mouvement de masse ? Se
demande-t-il. "L'instruction ne peut être
qu'une activité
personnelle" : voilà une parole digne de
Molière, le savoir n'est pas une
marchandise. Il nous dit que le recours à
la drogue serait comme une réponse,
un soulagement aux pressions des maîtres
et à la course aux diplômes, et va
jusqu'à comparer la société
scolarisée aux activités
guerrières, sur le modèle
de celle du Vietnam… Il y va fort le père
Illich, je note toutefois son esprit
libre de toutes limites. "L'aptitude de l'homme
à poursuivre des buts
absurdes…", cela est bien dans la nature
humaine, il faudra un jour
expliquer pourquoi il en va ainsi chez ces homos
sapiens marchant debout. Analyse spectrale des
institutions. 193 "Plus
il y a de morts
vietnamiens et plus les Etats-Unis se font
d'ennemis dans le monde",
voilà une vérité
méritant une minute de silence, et toute
une vie de réflexion…
Lancer des milliers de bombes du haut des avions
faits pour ça coute la vie à
beaucoup et pour les survivants, l'horreur
absolue. Mais cela ne fait pas
partie des statistiques, jamais nulle part la
misère n'a fait fortune ! Passons
à autre chose : "Dans les
pays
pauvres on devrait restreindre à deux
ou trois modèles de voitures, robustes,
lents mais capables de rouler partout, cela
simplifierait le stockage et
l'entretient…" dit-il, et rajoute : "On pourrait prévoir un
système de rotation de façon
à utiliser ces
voitures 24h/24." Précurseur notre
Illich ? Surement. Que voulez-vous
à force d'écrire, il arrive
parfois de belles histoires au bout de la plume…
Seulement, les états ne l'entendent pas
de cette oreille et encore moins les
vrais décideurs que sont les usines
devant produire toujours plus, peu leur
importe si ce qui est produit correspond ou non
aux besoins des gens. "Car ce que
l'on veut c'est la vente des
machines qui permettent d'extorquer aux
contribuables l'argent nécessaire
à la
construction et l'entretien de nos routes et
autoroutes". 194 "On
justifie cette façon de
faire par la réalisation de
précieuses économies du temps…"
Que
viennent faire ces questions de voitures et de
routes ici ? Pour lui, c'est
dans ces établissements que se forment
les futurs consommateurs de demain, plus
encore, ils créent des besoins qui
ensuite deviennent des nécessités
pour tous.
Les systèmes, dont fait partie
l'éducation, sont des bureaucraties dont
l'un
des buts est la manipulation des êtres
humains. "Le chômage est le
résultat de la modernité, c'est
l'oisiveté d'un homme
pour qui il n'y a rien à "fabriquer" et
qui ne sait pas quoi faire, dans
quoi agir. Le chômeur croit que
travailler est bon et ne pas travailler
mauvais." Peut-on encore dire cela
aujourd'hui ? Pour moi, cette
question du chômage ne se pose pas en ces
termes. Bien entendu le travail
apporte une réponse à deux choses
bien distinctes : l'occupation et la
rémunération. Pour ce qui est de
la première, il ne manque pas aujourd'hui
de
moyens pour occuper son temps, quel que soit
votre niveau social, intellectuel.
Par contre, pour ce qui est de l'argent, je
pense que l'on est loin de
comprendre qu'il faut payer un chômeur
pendant ce temps où il ne
"fabrique" pas, peu importe sa durée. 195 Je reviens donc toujours sur cette
évidence : il faut un revenu pour
tous afin de vivre tout simplement, soit par le
salaire de son travail, soit
par une indemnité compensatrice de 600
€ par mois, ainsi qu'un petit logement
gratuit de 15 m2 par personne,
lorsque
les gens n'en ont pas. Il n'est plus question
d'accepter qu'une personne soit à
la rue et sans revenus. Dès maintenant
toute l'énergie des politiques devrait
s'orienter vers cet objectif principalement, et
convertir les constructeurs de
voitures en constructeurs ou restaurateurs de
"petits appartements". Logique de
l'absurde. "Que faut-il
faire face à la crise de
l'enseignement, sinon revoir le principe sur
lequel l'éducation se fonde. Les
désertions se multiplient parmi les
élèves de l'enseignement
secondaire et les
instituteurs." Dewey propose : "Faire de chacune de nos écoles
un embryon de vie communautaire où de
nombreuses occupations reflètent la vie
de la société plus vaste, en les
imprégnant de l'esprit de l'art, de
l'histoire et des sciences."
"À
l'opposé du gavage (de
connaissances) chaque personne
désireuse de s'instruire serait
à même de
trouver les contacts nécessaires, de
participer à sa propre croissance…" 196 "Ce
qu'il nous faut, ce sont
des structures qui mettent les hommes en
rapport les uns avec les autres et
permettent à chacun de se
définir en apprenant et en contribuant
à
l'apprentissage d'autrui." Les
réservoirs du savoir. Ceux qui sont
pour ne rien bouger, "demandons-leur
où ils ont acquis leurs
connaissances, leurs convictions, ils finiront
par admettre que c'est le plus
souvent en dehors d'un établissement
scolaire. L'amitié ou l'amour, des
programmes de télévision, des
lectures, une rencontre fortuite ou bien
quelques
expériences personnelles, dans un
hôpital, dans un atelier, un bureau,
etc."
"…Ils
ne
conçoivent pas une
société
déscolarisée. Il nous revient
donc de montrer que
le contraire de l'école n'est pas
utopique, que nous pouvons faire confiance
à
un apprentissage des connaissances qui soit
l'affaire de chacun." "Donner à celui qui veut
apprendre (tout au long de son existence)
les moyens
d'entrer en contact avec le monde
autour de lui (alors que tout est
fermé aujourd'hui)". Et comment ne
pas lui donner raison lorsqu'il dit des
bêtises comme celles-ci : "Il faut se
consacrer à modifier tout d'abord
le système politique et
économique." Rien que cela ! 197 Alors qu'internet n'existait pas
encore, il écrit : "À
tous ceux qui veulent apprendre, il faut
donner accès aux ressources existantes,
à n'importe quelle époque de
leur
existence… Permettre eux porteurs
d'idées nouvelles, à ceux qui
veulent
affronter l'opinion publique, de se faire
entendre." Merci la toile,
maintenant tout cela est possible, à tous
et à tout moment. "Abolir la
ségrégation fondée sur la
possession de certificats ou de
diplômes." Voyez, avec les
polémiques
actuelles sur l'intérêt du Bac,
entre autres, comme nous en sommes loin. "L'erreur
consiste à se demander : "Que
faut-il que quelqu'un apprenne ?" La question
serait plutôt : "Celui
qui veut apprendre, de quoi doit-il disposer,
avec qui doit-il se trouver en
rapport ?" …Et n'oublions pas ce miracle
de l'émerveillement face à un
nouveau savoir, apprendre par exemple
que
les abeilles servent à polliniser les
fleurs permettant ensuite d'avoir des
fruits sur les étals de nos magasins.
Plus on avance dans cette lecture, plus
on se rend compte de l'extraordinaire
révolution qu'à été
l'arrivée de la toile
dans nos chaumières, divulguée
partout dans le monde, et adoptée par
tous, même
s'il y a mille critiques à faire sur
cette
nouvelle technologie fondamentale. 198 L'homme qui
sait, ferait-il tout pour garder
pour lui seul son savoir ? Je relève
cette formule d'Illich : "Un
garçon ou une fille de douze ans doit
devenir un citoyen responsable en
commençant de tenir un rôle,
d'assumer des
tâches dans la communauté."
Cette phrase m'invite à rappeler une de
mes grosses obsessions : à quoi pourrait
servir les travaux de ces 650 000
postulants au bac sinon obtenir ce papier
grâce à des notes
surévaluées ou non.
Où passent ces millions de copies
rédigées par nos jeunes, portant
en eux,
probablement, les réponses aux questions
que tous les jours se posent ces vieux
machins installés confortablement dans
leurs fauteuils rouges et payés 12 000 €
par mois, alors que les travailleurs manuels se
crèvent le cul pour un SMIC qui
augmente tous les ans de 0,5 %... Un scandale,
ras le bol ! Ces faiseurs, de
lois inutiles s'ajoutant à des millions
d'autres lois, nous noient de leurs
mots pour couvrir les nôtres de maux, et
nous avoir comme des gueux ignares et
innocents. Et le plus effrayant, mes
chers cons citoyens, c'est qu'ils nous coutent
la peau des fesses, ils sont
indécrottables, collés à
ces hémicycles comme des abeilles
à une ruche, et le miel,
ils le gardent pour eux, bien sûr. 199 Et si dans ces
copies se trouvaient les bonnes
réponses à nos problèmes
actuels ? Si c'était le cas, alors, vite
fait, faut
les détruire. J'ai du mal à
imaginer ces tonnes de papiers, gardés
dans des
coffres de l'éducation nationale pendant
un an avant d'être détruits
définitivement en les jetant à la
mer pour fondre l'essence même de tout
espoir. Peut-être s'il en est ainsi c'est
que l'on veut montrer à ceux qui
voudraient prendre la place des vieux que ce
sont eux qui décident de leur vie
ou de leur mort… Être jeune n'a jamais
été une sinécure, d'autres
avant moi
s'en sont rendu compte, et en ont fait des
chansons, et même des poèmes. "L'école
protège la jeunesse des périls
de
l'existence. Que vaut cet argument aujourd'hui
?" L'école est un
établissement où les jeunes sont
rassemblés pour les protéger des
loups rôdant
dehors, dans la rue. Le diplôme c'est :
"Convaincre
autrui
d'apprendre, ce qu'il ne désire pas
savoir à une certaine période de
son
existence, un programme obligatoire et
préalablement défini…" tout
cela relève de la plus grande … connerie,
pire, souvent, du désespoir des
jeunes qui en arrivent parfois à des
extrêmes fous… La cause de ces
désordres
est à chercher de ce
côté-là avant tout. 200 "Aux
Etats-Unis, le nombre des infirmières
est en diminution, parce que maintenant,
pour exercer ce métier, il faut suivre
quatre années d'études
spécialisées. Des
femmes issues de familles modestes suivaient
naguère un cycle de deux ans :
aujourd'hui, elles cherchent un autre emploi…
Pour ne pas manquer
d'infirmières, il suffirait
d'encourager celles qui exercent
déjà à former de
nouvelles, et les juger, non pas sur leurs
diplômes, mais sur leurs aptitudes
réelles. Les diplômes
représentent un obstacle à la
liberté de l'éducation…"
Mille profs donnent le même cours à
mille classes réparties dans le pays. Un
seul pourrait être enregistré et
retransmis sur internet. Ainsi, nous ferions
l'économie de 999 profs, alors libres et
disponibles à autre chose… Demain, tous
les cours seront ainsi organisés, et les
enseignants seront là pour guider,
aider à la gestion de ces informations
(vous remarquerez que je n'emploie pas,
volontairement, ce saint-sacré-mot ne
voulant plus rien dire :
"connaissance"). La fonction de l'enseignant
serait alors
d'accompagner et évidemment ne jamais
juger le travail d'autrui. Les maîtres
mots pour définir l'école seraient
donc : lieu d'accompagnement et de
bienveillance. 201 25 % des 18/25 ans connaissent le
chômage dans notre pays, alors, M6 a
montré à notre Président de
la République un reportage sur ceux qui
dans ce
domaine ont trouvé la solution la plus
payante : l'Autriche. Pour nous tous, ce
pays devient le modèle à suivre.
Voyons de quoi il en retourne. Leur mot
magique "est : l'apprentissage.
Dès l'âge de 10 ans, lorsque
l'école juge que les élèves
n'ont pas le potentiel
nécessaire pour aller jusqu'au BAC, ils
sont orientés dans une école
spécifique
qui va les familiariser en 4 années au
monde de l'entreprise. À partir de 12
ans, ils cherchent dans quel métier
inscrire leur avenir. À partir de ce
moment-là tout est mis en place pour ne
plus avoir ces décrocheurs qui
déshonorent l'image d'un pays (vous voyez
de quoi je parle…) et pour cela, ils
y mettent des moyens. Des coachs sont mis
à leur disposition, avec aide à la
rédaction d'un C.V., entretiens
organisés avec des employeurs
éventuels, et
stages en entreprises pour se faire la main au
travail. Les grandes entreprises
vont jusqu'à créer des
écoles au sein même de leurs
établissements pour former
ces nouvelles recrues à leurs besoins, et
ces études-là sont souvent
rémunérées
1000 € par mois. 202 Malgré
tous ces efforts, mis en œuvre par ce
pays de rêve, lorsque les jeunes ne
trouvent pas de solutions, l'état
autrichien vient alors comme Zorro les sauver en
leur payant des apprentissages
dans des métiers dont le marché
est en manque de main-d'œuvre : maçons,
dessinateur industriel… Une réussite
absolue. Une fois ce message adressé
radicalement
aux Français par M6 et surtout à
François Hollande, le présentateur
ne demande
pas l'avis de son invité sur ce reportage
; par contre nous avons droit au
ronron habituel, rabattu depuis plus d'un an,
sur les mesurettes prises ou à
prendre dans un avenir proche. Depuis toujours
on nous montre ce qui se fait de
mieux ailleurs qu'en notre beau royaume,
histoire de nous mettre face à notre
réalité : nous sommes des nuls.
Ceci étant dits pour libérer le
fiel qui
m'anime, nous pourrions demander aux 650 000
postulants au BAC, ce qu'ils pensent
de l'apprentissage à partir de 12 ans.
Voilà des copies que nous pourrions lire
attentivement, et non les jeter à la
poubelle, afin d’entrevoir les voies à
suivre pour les années à venir.
Ainsi, nous aurons la chance de remplacer la
voix des députés/sénateurs
par celle des principaux
intéressés. 203 La notion d'égalité
promue à l'école est de donner
à chacun les bases
pour réussir ses études. Cette
opportunité démocratique
(programmes de
mathématique, d'orthographe,
d'instruction civique, etc.) est certes le
même
pour tous au départ, mais quant à
l'arrivée, c'est une autre affaire. "Un
authentique système éducatif
permettrait
à chacun de choisir l'activité…"
qui lui convient. Illich reconnaît
toutefois ce bon côté des
écoles : "Elles
permettent à de nombreux enfants de se
libérer du cadre trop étroit de
leur
famille, de nouer de nouvelles amitiés."
Ce qui est un peu fou et
formidable à la fois chez cet homme,
c'est sa potentialité à mettre sur
la
table des idées complètement
loufoques dont celle-ci : "Comme les
écoles seraient difficiles à
vendre, nous pourrions confier les salles de
classe à des clubs, des
associations qui fonctionneraient en
permanence et seraient ouvertes à tous.
Il
pourrait y avoir des profs payés pour
des cours qu'ils donneraient à des gens
intéressés par le sujet et
libres de leurs choix." Vous vous souvenez
peut-être… Je me suis posé la
question de savoir ce qui motivait cet homme
d'église à vouloir remettre
l'école en question. 204 On trouve
à la page 325 de mon livre, ces mots
troublants : "Les grandes
religions
n'ont jamais négligé
l'intérêt de rencontres en terres
lointaines, et, grâce à
elles, les croyants ont su trouver le choix de
la liberté. Cet esprit se
retrouve dans les pèlerinages, la vie
monastique, l'aide mutuelle entre les
sanctuaires
et les temples. Dans cette
perspective, pourraient surgir des
communautés qui existent dans la ville
à
l'état latent, mais sont, pour l'heure,
étouffées."
Étrangement, plus
les possibilités sont grandes pour les
hommes de se rencontrer, et internet ne
manque pas de ressources, plus on vit seul dans
sa tour d'ivoire, la souris
collée à la main comme celle d'un
curé sur son missel. "Dans une
société
déscolarisée, les gens de
métier ne seraient plus
dissimulés derrière leurs
diplômes… Nous leur faisons
confiance, nous allons voir le médecin,
l'avocat, le psychologue, certains qu'ils
méritent que nous croyions en eux parce
qu'ils ont reçu une éducation
spécialisée." D'après
lui, dans une société sans
école et idéale, nous
n'irions voir ces gens-là que par la
publicité qu'en ferait notre
environnement
immédiat. Cela mérite
réflexion, pour l'heure je ne veux
prendre aucune
disposition allant dans ce sens. À vous
de voir ! 205 Pour varier notre discours, voyons un
peu dans quel monde nous vivons,
et comment le "changer", mot magique
plaçant au sommet de l'État ceux
qui le profèrent en toute
quiétude. Et tout d'abord : LA DETTE. Que faire de ce boulet
nous menant directement au fond de
la mer ? Nous devons annuler les
intérêts de cette folie
commise par tous,
et depuis longtemps, garantir le remboursement
intégral de cette ardoise. Ces
intérêts économisés
permettront d'entrer enfin dans un processus
responsable du
remboursement de ces 2 000 milliards d'euros, et
ce en 20 à 25 années. Cette
proposition n'est pas à classer avec ces
"rapports" mis au placard à
peine pondus, elle doit être
exécutée manu militari sans plus
attendre. En
parallèle, les dépenses de
l'état doivent être égales
aux recettes, nous allons
voir, ici et maintenant, comment faire. Ces
mesures prises, des répercutions
sur l'économie se feront probablement
sentir, nonobstant, nous devons accepter
l'idée de récession puisque de
toute façon le système sur lequel
se reposait
notre économie arrive à sa fin.
Nous n'avons pas d'autres choix, c'est une
évidence… 206 … Tout le monde
tire la sonnette d'alarme,
sans se faire d'illusion, sans apporter de
remèdes sérieux. C'est là
qu'Art-psy
intervient en personne, tel
Zizi
Jeanmaire avec son truc en plume, pour
apporter enfin un regard neuf
d'artiste-philosophe, mais pas que cela… Il
n'est pas certain que nous ayons
pris conscience de la situation où nous
sommes englués. Des mesures
draconiennes sont à prendre, pas des
mesurettes ne satisfaisants que des
politiques soucieux de leurs privilèges
et avenirs, de leur pouvoir, plutôt que
de l'intérêt réel de tous
les Français, car la France doit
être sauvée, ça urge
! Je vous invite à une minute de silence,
pas la Marseillaise, trop violent
pour moi, je suis un calme en
général ! Notre pays est dans une
situation de
guerre économique, la formule n'est pas
de moi, nous la connaissons tous par
cœur. Il nous faut donc de bons
pédagogues nous préparant à
prendre conscience
qu'il faudra fonctionner autrement. En premier
lieu, instituer un salaire
maximum pour les fonctionnaires, et le
privé pourquoi pas, de 4 à 5 000 €
par
mois par exemple. Au-delà tu payes plein
pot mon gars … Grrr, j'entends
déjà la
foudre me tomber sur la tête, mais tenons
bien la barre matelot, l'enjeu est de
taille. 207 Partout la
devise sera de faire plus et mieux
avec moins de moyens. Oui, moins de moyens, car
maintenant nous ne sommes plus
riches comme avant. Dans une famille
endettée si des mesures ne sont pas
prises
rapidement la cellule éclate et les
dégâts sont souvent
irréversibles. Il est
donc question ici de faire accepter de changer
nos mauvaises habitudes
d'enfants gâtés. Bien entendu, les
pauvres, les miséreux, et il y en a dans
notre beau pays, seront les premiers à
profiter de ces changements, de ces
économies aussi. Nous
devons
assurer à tous la dignité
humaine, et surtout ne laisser personne
sans
ressources ni logement. Ceci est fondamental,
c'est la base du changement.
Comment récupérer de l'argent pour
payer tout ça ? D'abord, en
"ponctionnant", n'ayons pas peur des mots, les
hauts revenus
dépassant le plafond défini plus
haut. On me dira que les riches,
dans ces conditions, vont partir. OK
! qu'ils partent, mais attention, à la
frontière, quelle qu'elle soit, on leur
fera payer 50 % des sommes
transférées dans un autre pays,
même s'il est
européen. - Ouille, ouille, mais
monsieur, cela est interdit, la circulation
des hommes et des biens est libre, rien n'est
possible dans cette
direction.
208 Que Nenni, vous
répondrai-je la tête haute,
rien n'est interdit pour venir en aide à
un malade, à un mourant, rien,
absolument rien. Nous risquons de nous mettre
à dos nos partenaires commerciaux
au niveau européen et mondial, soucieux
chacun de leurs affaires, et c'est bien
normal, mais ils doivent comprendre notre
objectif. Avec eux, nous
improviserons au fur et à mesure des
problèmes, mais ce qui prime, c'est de
reprendre les commandes du bateau. Nous devons
offrir à tous chômeurs la
possibilité de se rendre utile dans les
activités offrant du travail et cela
bénévolement, puisqu'ils sont
indemnisés par la collectivité. On
parle beaucoup de stages venant au secours
des rejetés. Seulement, ces stages, s'ils
apportent parfois une solution à
certains, il n'en reste pas moins que c'est de
la poudre aux yeux coutant des
milliards sans pour cela influer sur la courbe
du chômage qui ne cesse
d'augmenter. C'est qu'à la
vérité le travail se fait ailleurs
et il est temps
de voir cette question d'une façon
sérieuse. Posons-nous la question de
comment
payer les sans-emplois, sans que cela ne coute
un centime à l'État et donc
à
l'ensemble des travailleurs, des contribuables
que nous sommes tous ? 209 Nous devons
oublier , c'est une révolution je
vous l'accorde, ces histoires à dormir
debout que sont les règles
économiques
dispensées dans nos "écoles
spécialisées" et je pense à
la balance
des paiements, à l'égalité
des échanges commerciaux entres pays
jamais
respectée… Si nous sommes dans la mouise,
c'est à cause de ces lois imposées
comme implacables, nous empêchant de
réfléchir aux choses, nous rendant
plus
bêtes que nous sommes. Ces règles
n'ont pour but que leurs transgressions sur
lesquelles nous avons bâti nos
châteaux de cartes, qui au premier coup de
vent
se trouvent à terre. Le coût du
chômage doit être calculé
tous les mois, tous
les trimestres, et se financer par une taxe sur
les produits provenant
d'ailleurs. Des
variations de cette taxe
pourront survenir selon les pays, mais
l'essentiel est d'obtenir cette équation
: coût du chômage = montant de
cette nouvelle taxe sur les provenant
d'ailleurs... LA SÉCURITÉ
SOCIALE. Nous
savons tous que la sécu est en
déficit,
alors tristement nous culpabilisons de manger
trop de médicaments, nous
tremblons dans nos culottes de voir cette
institution ne plus pouvoir nous
soigner… 210 La
première mesure à prendre serait
de créer
des usines d'état, en France, pour la
fabrication des génériques, tous les
génériques sans exception.
Ces
médicaments auront l'avantage
d'être la copie conforme de la marque
d'origine
sans aucune variation comme c'est le cas
actuellement avec certains
génériques
dont l'enrobage ou autres composants peuvent
être différent de l'original, et
peuvent avoir une efficacité moindre, ou
pas d'efficacité du tout. Seuls ces
génériques nationalisés
seront remboursés par la sécu.
Bien sûr, vous entendrez
les laboratoires crier à gorges
déployées la mort de leurs
entreprises. Chers
amis, nous ferons comme Tapie, nous les
achèterons une bouchée de pain
pour y
installer nos machines, et les employés
mis à la porte nous les reprendrons,
car il nous faudra du bon personnel pour nos
belles usines. - Ton histoire est
utopique, cela ne verra jamais le jour ! me
dira-t-on. Je sais, je sais, je
sais cela est difficile à
réaliser, mais une fois cette idée
lancée, il ne lui
reste plus qu'à suivre son bonhomme de
chemin, séduire quelques hommes dont la
réalité affole. La
réalité des chiffres,
l'absurdité du système actuel en
la
matière.
211 Une autre mesure concernant les
médecins. Tout le monde s'accorde
à dire que nous n'avons plus les moyens
de notre médecine. Pouvons-nous continuer
la médecine libérale telle qu'elle
se
pratique aujourd'hui ? De mon point de vue, nous
devons réformer le système des
médecins : les fonctionnariser. Au
premier abord, l'image du médecin de
famille, consultant à son cabinet ou
venant chez vous pour vous soigner est
sécurisante, séduisante
même, mais ne devient-il pas sans le
vouloir un
commerçant ? Ne doit-il pas faire un
grand nombre de visites pour atteindre son
chiffre d'affaires, "atteindre son objectif",
comme diraient les
cadres des entreprises dynamiques ? Prend-il
toujours le temps nécessaire pour
vous soigner sérieusement ? Si nous
n'avions pas les problèmes financiers que
nous connaissons nous pourrions garder ce
système, mais ce n'est pas le cas.
Les urgences des hôpitaux doivent
être restructurées pour ne plus
connaître
l'horreur de leur quotidien. Une fois cela remis
en état, nous devons doubler
le nombre de médecins mis sur le
marché (sic) chaque année, les
fonctionnariser
donc à 3000€ par mois pour 40 h de
travail par semaine. 212 Nous, les malades, nous pourrions soit
les consulter rapidement en
passant par l'hôpital, soit en les faisant
venir chez nous, comme SOS médecins
ou le SAMU actuellement, avec un maximum
d'efficacité. Cette
médecine-là aura
l'avantage d'être gratuite, sans aucun
mouvement de fond entre le médecin et
son malade. Les consultations privées ne
seront plus prises en compte par la
sécurité sociale, mais par les
mutuelles éventuellement. Les sacs plastiques. Si nous
cherchons sur la toile de quoi
préparer un article sur les sacs
plastiques, nous aurons de quoi passer un mois
entier à étudier cette noble
littérature pour nous dire qu'il faudrait
que cela
change, que cela cesse. Pourquoi ne sommes-nous
pas arrivés à imposer le
retrait pur et simple de ce mode d'emballage
utilisé par tout le monde ? Chacun
dans son coin doit essayer de faire autrement,
limiter les casses en prenant
son sac perso, son carton en carton… Grand merci
à ceux qui procèdent ainsi, mais
est-ce bien aux individus de faire ce travail
pour une efficacité maximum,
n'est-ce pas plutôt à l'état
de mettre fin à cette liberté nous
menant par le
bout du nez par des fabricants sans scrupules,
puisqu'on les laisse faire
impunément.
213 Nul n'est sensé ignorer la
loi. Une fois la
chose dite, on se lave les mains pour
les avoir propres et passer à autre
chose. Qui est capable d'une telle prouesse
? Personne, la raison est simple à
comprendre : la loi n'est pas faite pour
être comprise par tous, il faut pour cela
un homme ou une femme, estampillé par
les instances supérieures, habiles
à vous représenter en cas de
besoin contre
quelques billets de banques, de
préférence de 500 €. Depuis des
années je
préconise à qui veut m'entendre
qu'il faudrait dissoudre l'Assemblée
Nationale
et le Sénat, pour le motif qu'ils ne
servent à rien ni à personne sinon
à
eux-mêmes et aux sponsors lobbyistes de
tous poils qui les téléguide. Et
bien
sûr pour la façade, la galerie, la
télé, les médiats :
l'intérêt général et
l'utilité
publique. D'ailleurs ce sont souvent les
mêmes (avocats) qui vous conseillent
et sont à la barre de ces
hémicycles à vous
représenter… Mon œil ! Tous les
jours, ces hommes rondement payés
justifient leurs positions de dominants à
coups de bruit, beaucoup de bruit, qu'ils
croient convaincant, imitant les
acteurs au théâtre et tirant les
ficelles mille fois rabattues depuis des
siècles. Et tout ça pour rien,
rien de rien. 214 Faut que cela cesse, faisons
l'économie de tout ce cinéma et
ouvrons
les portes de ces belles demeures à ceux
qui aujourd'hui veulent réellement
débattre des questions de
société particulièrement
difficiles, et bénévolement,
merci ! D'autre part, il est urgent de nommer
des juristes pour éliminer toutes
ces lois inutiles, et il y en a beaucoup, trop.
Les voitures neuves. Comme le sang circulant dans notre
corps, nous croyons à tort ou à
raison qu'il en va de même pour les
déplacements des humains. Alors, en plus
de
nos deux jambes, nous inventâmes des
substituts, à commencer par ces animaux :
l'âne, le chameau, le cheval, la tortue,
seulement cela ne suffit pas aux
hommes avides de toujours plus de
rapidité, leurs génies
consubstantiels à
leurs raisons d'être, inventèrent
tout et n'importe quoi, à commencer par
la
roue, la brouette, la charrette, le vélo,
la 2 CV et la BMW, et bien sûr les
Citroën, Peugeot et Renault. N'oublions pas
dans cet inventaire obligatoirement
restrictif les gros avions nous transportant en
vacances toute l'année, très
très loin de chez nous pour nous faire
oublier notre pauvre et triste
condition humaine, ses limites
désolantes insupportables. 215 Depuis sa création, le
succès des voitures est incontestable,
les
usines en fabriquèrent toujours plus et
toujours renouvelées, afin
d'appâter le
chaland à vite remplacer l'ancienne par
la nouvelle beaucoup plus mieux…
Certains d'entre nous ont même pris
l'habitude à ce changement, c'est comme
une
drogue, et puis ça fait marcher le
commerce des marchands de voitures.
Malgré
l'évolution de la technique, pour
construire ces véhicules, il faut de la
main-d'œuvre, des travailleurs, des ouvriers.
Alors, s'est installé dans nos
esprits de consommateurs heureux cette
équation déculpabilisante : si
nous
achetons des voitures neuves nous contribuons
à la pérennité de l'emploi
en
général, car comme pour le
bâtiment, lorsque la voiture va, tout va.
Seulement
on oublie de nous préciser où tout
cela va, où tout cela mène. Les
constructeurs ont les rênes du pouvoir
à cause de cet argument béton, ce
sont
eux qui dirigent les grandes lignes de nos
politiques économiques, ils nous
tiennent par le bout du nez, par ce chantage
habile et sournois : si l'état ne
nous aide pas (financement des reprises de
voitures anciennes) nous mettrons
des milliers d'ouvriers au chômage… 216 … Nous fermerons ces usines au
coût trop élevé,
puisqu'elles payent
(ces usines) non seulement des travailleurs dix
fois plus chers qu'ailleurs
mais aussi des charges sociales les ruinant
purement et simplement. Depuis dix
ans, combien de véhicules encore en bon
état de marche, ou à remettre en
état à
moindres frais, ont été mis
à la casse parce qu'il fallait acheter
neuf et
faire fonctionner ces usines d'honorables
travailleurs. Qui dira le gâchis que
cela représente cette façon d'agir
pour l'ensemble de la collectivité, au
prétexte de sauvegarder encore ce qui
marche en France. Nous avons émis ici
même qu'une de nos priorités est de
faire mieux avec moins d'argent. Pour ce
coup, nous aurions pu prendre une option
différente : restaurer
sérieusement
les voitures anciennes et consacrer quelques
usines (et donc des ouvriers) à
cette tache énorme puisqu’aujourd'hui
nous sommes des millions à
posséder ce
moyen de transport. Ainsi, nous n'aurions pas
consommé tant de matières
premières et dépensés des
milliards à dédommager ces
reprises à mettre à la
casse. C'est kafkaïen ! Conclusion : pour
les autos comme pour d'autres
industries, l'état doit décider
les grandes lignes de sa politique. 217 Un article dans "Marianne" signale la
proposition de Pierre
Gattaz (Medef) au Président de la
République pour ramener le taux du
chômage de
10,4 % à 7 %, soit résorber 1
million de sans emploi. Par quel coup de
baguette
magique ce monsieur nouvellement élu
à la tête des patrons, va-t-il
arriver à
résoudre cette équation impossible
pour le commun des mortels ? "Moyennant
un choc de simplification
administrative et 100 milliards d'euros de
baisses de charges et d'impôts
patronaux étalées sur cinq ans",
dit l'article. Je signale à tous les
nuls en calcul ce que représente
exactement 1 milliard d'euros : c'est 1 000
fois 1 millions, qui lui représente
à sont tours 1 000 fois 1 000 euros en
billets de banque ou en petite monnaie. Penons
un chômeur, indemnisons-le sans
se soucier s'il travaille ou non, il coutera
environ 20 000 euros par an.
Penons maintenant ces 20 milliards
demandés par an et divisons ça par
le cout
d'un individu en difficulté, et nous
aurons une idée plus exacte de la demande
de ce monsieur Gattaz Pierre. Le résultat
est stupéfiant : nous pouvons
résorber 1 million de chômeurs,
soit le même nombre que la proposition
faite à
François Hollande. De la tête de
qui se fiche-t-on ? 218 "Comment va le monde,
Môssieu ? Il tourne, Môssieu !" Ceci est le titre
d'une
pièce
de François Billetdoux que j'ai vu
à quatorze/quinze ans, dans un
théâtre situé boulevard
Saint-Martin, remplacé aujourd'hui par un
immeuble de
bureaux. Pourquoi ce souvenir me revient-il
maintenant ? La raison m'apparaît,
je la vois,
et comme je vous la dois, la
voilà donc. Je ne veux nullement vous
donner l'impression d'avoir en face de
vous un bonhomme toujours à critiquer
tout, à râler pour râler
à la moindre
occasion, même avec des arguments
costauds. Tous les matins, je me lève et
suis
émerveillé d'ouvrir encore les
yeux dans ce monde où je peux boire et
manger à
ma faim, sortir de chez moi sans me faire
agresser, avec ou sans argent, je
suis heureux de pouvoir aller où bon me
semble, selon l'endroit où je vais poser
mes pas, de profiter du ciel bleu et de la
verdure gratuite des parcs et
jardins de Paris et ses environs, des bistrots
comme celui où je suis assis
présentement et où je grignote
quelques bonnes petites choses, bois un jus de
fruits, un thé en sachet, grrr, et
surtout écris une heure avec toujours
autant
de bonheur. Je suis émerveillé de
respirer tout simplement… 219 … Émerveillé d'avaler
encore la nourriture et les boissons (sans
alcool) que je savoure en bénissant Dieu
auquel je ne crois pas depuis belle
lurette. Je suis heureux de voir des couples
s'embrasser en toute liberté
devant moi. Alors pourquoi toutes ces critiques
à l'égard d'une vie que j'aime
par-dessus tout ? C'est qu'en fait, je ne veux
pas voir certains d'entre nous
manquer de ces "choses basiques" dont je viens
de parler, à savoir,
manger, boire, dormir à l'abri et
connaître la paix. Ceci est l'un des
principaux
objectifs à atteindre pour notre pays,
d'abord, ensuite pour l'ensemble de
l'Europe, et pour finir pour le monde tout
entier. Et la morale ? Boire de l'alcool
est mauvais pour la santé, même un
verre de vin pris pendant les repas n'est pas
aussi bénéfique qu'on nous l'a
assuré pendant des années.
Ajouté à cela les
dégâts causés par le tabac :
nos
hôpitaux et nos cimetières sont
pleins de cadavres ambulants, crevants
secrètement pour ne pas affoler le
consommateur. Si malgré ces drogues vous
êtes
encore en vie, il vous reste la
possibilité de vous acoquiner à la
Française
des jeux pour dépenser le solde de votre
salaire de misère et laisser votre
famille crever de faim dans votre HLM pourri. 220 D'autres iront cet été
par avion-bateaux-voiture, assurer le
cérémonial
des vacances afin d'oublier les embouteillages
du reste de l'année. Tous ces
passages obligés ont un point commun
connu de tous : la bénédiction de
nos
gouvernants successifs à ponctionner ces
drogues dures de bonnes taxes en
monnaies sonnantes et trébuchantes,
alimentant les caisses d'un état en
ruine,
je vous le rappelle. À y regarder de
près, cette situation est indigne de nos
civilisations dites éduquées,
qu'un état se paye
généreusement sur ce qui tue
son propre peuple relève de la
complaisance d'abord, de la compromission
ensuite et pour finir, de la complicité
avec ces pourvoyeurs de nos habitudes
malsaines. Comment serait-il possible de changer
quoi que ce soit si le donneur
d'ordre n'a aucun intérêt à
voir ses gus boire du jus de carottes, respirer
le
bon air plutôt que de fumer, rouler en
bicyclette, marcher à pied… lorsque les
ventes de voitures ont la courbe descendante et
fait mal aux usines dont nous
avons déjà parlé ici, aux
ouvriers et au travail en général.
Si je vous donne
ces exemples de l'organisation des hommes
à vivre en commun, c'est qu'ils
représentent ce qu'on appelle "LA
PERVERSION". 221 D'un côté on vous dira
qu'il n'est pas bien de faire ceci ou cela, mais
si vous suivez ces bons conseils pour votre
santé ou votre environnement, on
vous fera comprendre que vous participez sans
vous en rendre compte à la grave
dégradation de l'économie. Est
perversion ce qui vous met dans une situation
ambivalente où vous finissez par ne plus
savoir ce qui relève de votre choix
réel. Nonobstant ces bonnes paroles,
dénoncer ces situations n'est pas
satisfaisant
du tout. Ce qu’il faudrait serait d'y apporter
une réponse. Certains diront :
c'est individuellement que les choses doivent se
faire, seulement lorsqu'on
pense "politique", c'est aux gens de pouvoir que
revient d'apporter
une réponse digne à ce qui nous
mène dans le trou. L'austérité. Pour ne
pas aggraver les déficits, il est
question de
savoir s'il faut ou non de
l'austérité. Je ne sais pourquoi
j'associe cette
question à celle de croissance ou de
décroissance. Je ne crois pas ces
questions bonnes, ce qui est urgent est de
répondre aux vrais besoins des
hommes, à leur aspiration à vivre
plus heureux et moins souffrir d'injustices
inacceptables. Nous reviendrons inlassablement
sur cette question tout au long
de notre travail…
222 Les contractuels/elles. Nous ne garons pas toujours nos
voitures comme il faudrait, c'est
pourquoi les "gendarmes" nous le rappellent par
une amende aux tarifs
variables. Curieusement, notre première
réaction est de maudire ces
"connards" au service d'un état pourri.
Une fois calmé, on se
ressaisit et mettons de l'eau dans notre vin,
apaisons notre colère et passons
à autre chose. Comme ici il nous est
permis de voir de plus près comment et
pourquoi nous acceptons ce qui pourrait ne pas
l'être, allons-y franchement.
Sommes-nous à ce point
conditionnés que nous ne puissions
remettre en question
quoi que ce soit ? Nous avons
évoqué plus haut, quatre taxes
ponctionnées sur
nos travers de comportements et nous nous sommes
posés la question de savoir si
cela était moral. Reprenons dès le
départ notre analyse sans nous
positionner
en râleur acariâtre pédalant
dans le yaourt. Entrons dans le cœur de
l'organisation des humains à vivre
ensemble en temps de paix. Cet argent
provenant de vos consommations d'alcool, de
tabac, d'essence, de jeux et de
votre sale façon de vous garer, va servir
à la bonne marche de l'école, des
hôpitaux, des routes, de nos politiques et
leurs caprices. 223 Cet argent proviendrait donc "du mal"
pour faire "le
bien". L'état se comporterait-il en
dealer ? N'allons pas trop vite en
besogne et voyons si tous les impôts
relèvent de la même gymnastique.
Impôts
sur les revenus, consacrés au
remboursement des intérêts de la
dette, représente
la situation suivante : tu
travailles et payes ta dime en plus des charges
sociales sécu, retraite,
allocs, chômage. Après ces
ponctions sur tes revenus, tu paieras ton loyer
ou
le remboursement de tes crédits
appartement, taxé d'impôts fonciers
et locaux,
ta nourriture et tout ce que tu vas consommer
est aussi taxé d'une TVA, et tout
cela s'ajoutant aux cinq premières taxes
si tu es un être totalement immoral.
Ce raisonnement est-il recevable pour quelqu'un
de raisonnable ? On s'en fout,
motivés que nous sommes devant la
situation : nous allons crever, tous les
systèmes économico/politiques sont
pervertis, au bord de la faillite, il nous
revient à nous de tout remettre en
question même à prendre le risque
de nous perdre
en chemin. La notion de moralité a-t-elle
sa place dès qu'il s'agit de parler
d'économie, de politique ? La
réponse est simple, demandez à
Bernard Tapie. 224 Bernard nous dirait : en affaire, il
n'y a pas de sentiments, seuls
comptent les chiffres ! Mais de ça, nous,
on s'en fout. On se doute bien que
c'est ainsi que le monde tourne
et qu'il
n'y a rien de nouveau sous le soleil, mais quand
même, on veut explorer la
grosse machine qui broie impitoyablement les
hommes, presque tous les hommes.
Pouvons-nous formuler cette équation :
l'argent entrant dans la caisse de
l'état n'est pas un argent propre
puisqu'il est issu d'alcool, de tabac,
d'essence, de jeux, de contraventions...
Imaginons maintenant que vous soyez
enfin raisonnable et consommiez moins ces choses
taxées, que se passerait-il ?
Bercy aurait moins d'entrées et donc
moins de moyens pour payer juteusement ses
fonctionnaires faisant bien comme il faut ce
qu'on leur demande d'exécuter sans
broncher… Moins de moyens pour nous
guérir ou nous empoisonner, nous mal
éduquer si je me réfère aux
travaux de notre Ivan Illich. Reprenons les choses
autrement. En consommant moins de ces
"drogues", nous risquons d'être moins
malades, moins assistés, plus
indépendants, plus responsables de notre
vie, et couterions beaucoup moins à la
collectivité. 225 Un dealer, c'est quoi ? Tout d'abord un métier
permettant de se nourrir à sa faim et de
boire
autre chose que de l'eau plate, mais il implique
d'accepter de jouer un rôle
rejeté par la société. Pour
son activité, l'homme doit se trouver un
territoire
où il règnera en maître et
des partenaires, en amont comme en aval. Un
patron
pour obtenir les produits à vendre et
quelques gosses faisant le gué pour
être
tranquille. Ce qu'il vend est interdit de
circulation. S'il ne l'était pas, le
dealer ne pourrait pas participer à ces
transactions où il est
dénommé le
vendeur, car il lui faudrait dans ce cas montrer
patte blanche et avoir
l'autorisation administrative qu'il serait
incapable d'obtenir du fait de ses
difficultés à entrer dans le
système "normal" de la
société, celle-ci
l'ayant mis à la porte de l'école,
physiquement et mentalement, dès la
première
année scolaire, avec mauvaises notes
à répétition menant plus
facilement aux
portes des prisons qu'à celles du
fonctionnariat. Pourquoi je vous parle de
ça,
moi qui ne connais rien à ces
choses-là, n'ayant jamais, je le jure, ni
vendu
ni acheté une quelconque drogue pouvant
arranger ou détériorer ma pauvre
vie,
si précaire pourtant. 226 Je veux avant tout mettre le doigt sur
une ambiguïté : ces produits,
venus de pays lointains, sont arrivés
à infiltrer nos familles, toutes nos
familles, à commencer par nos
établissements scolaires, où nos
gendarmes furent
et sont toujours défaillants, car pour
une efficacité maximale il faudrait
prendre des mesures que nous ne voulons pas
prendre. – Pouvez-vous nous dire de
quelles mesures faites-vous allusion ?
Permettez-moi de ne pas aller plus loin
sur ce point, éteignez vos
caméras, merci ! Une fois ces gosses
imbibés, le
reste suit, la population en redemande et pour
cause : ces produits vous envois
au septième ciel, vous font
connaître le nirvana, à vous qui
avez besoin
d'entrer dans votre imaginaire en mal
d'activité, dans ce monde imparfait. Le
dealer a donc ses clients et ils lui sont
fidèles, car tout cela se fait sous
un porche, dans le plus grand anonymat. Comme
pour l'alcool, le tabac, les
jeux, le pétrole et les contractuelles,
la drogue est néfaste à votre
santé et
votre portefeuille. Si nous étions
"raisonnables", usant de la bonne
raison, comme dirait Michel Onfray, nous ferions
le tri et ne toucherions
jamais à ces saloperies. 227 Seulement, il y a l'accoutumance, ce
poison terrifiant qui est la cause
de tous nos malheurs. Conclusion : nous devons
nous battre tous les jours de
nos sales habitudes, demain, je lâche
Germaine ! Et si l'on se posait
maintenant d'autres questions ? Par exemple, que
peut la plume ? Elle
sublimise, idéalise le réel, le
transforme en possible, toujours inatteignable,
inaccessible, plus proche du rêve, du
phantasme, construit des châteaux en
Espagne, des tours de Babel chancelantes, assis
sur une chaise de bistrot à
siroter une menthe à l'eau sous la
chaleur de l'été chaud. Bien !
Reprenons
notre lecture d'Illich, mise en souffrance
depuis quelques semaines. Comment se
passerait, selon lui, l'éducation
après la fin de l'école ? Il y
aurait plus
d'éducateurs qu'aujourd'hui, mais des
éducateurs ayant une longue
expérience du
sujet dont il auraient la charge, ajoutez-y une
once de sagesse et vous aurez
le profil type du futur avenir d'une vie proche
de la perfection. C'est cela
l'idéal, et donc la fonction de la plume,
Ivan n'y échappe pas, ni personne
s'engageant dans l'écriture, moi inclus.
L'expérience serait prédominante,
la
connaissance rangée au fin fond de nos
bibliothèques… 228 …
Bibliothèque où je suis
présentement
installé à vous écrire ma
pensée chaotique. Il y a deux semaines
encore, cette
salle de lecture, de travail, regorgeait
d'étudiants préparant le plus
sérieusement du monde ce Bac dont vous
avez lu précédemment ma
littérature de
révolutionnaire exalté. Elle
compte plusieurs tables et 34 sièges,
tous vides
sauf le mien. Aucun bruit, pour la concentration
c'est plutôt bien, mais une
question sournoise me hante depuis la fin de cet
examen porteur de tant de
succès, preuve à l'appui du
sérieux des jeunes à
déployer de l'effort lorsqu'il
le faut. Seulement, pourquoi ne reviennent-ils
pas travailler, étudier ici
après leurs Bacs, après ce fameux
effort ? C'est là l'effet pervers de
l'éducation
marathon, bourrage de crâne : n'arriver
point à donner du plaisir à ces
choses
de la culture, le livre pour ce qui nous
concerne ici. L'effort fatigue à la
longue, pas le plaisir. "Il n'y
aurait plus de problèmes de discipline,
de rapports avec les familles, de
recrutement et d'inspection des maîtres,
de respect des programmes, achat de
manuels obligatoires, d'entretenir des
terrains et des équipements… "
Voilà la chanson de Sheila : l'école
est finie, prémonitoire, tous les
jours seraient des dimanches de liberté.
229 Il y aurait des gestionnaires de
réseaux éducatifs, plus
d'enseignants,
plus de maîtres, plus d'autorité et
donc plus de jugement sur le travail
d'autrui, plus de jugements négatifs du
moins. Terrible accusation
proférée par
Illich : "actuellement
ceux qui sont
attirés par l'enseignement sont trop
souvent profondément autoritaires, ils
ne
seraient pas capables d'assurer les
tâches qu'on leur demanderait."
Chaque étudiant ferait ses choix pour son
avenir et demandera l'aide de
personnes compétentes pour avancer dans
son projet. Ses nouvelles façons
d'arriver à l'enseignement parfait,
serait, dans notre monde à l'esprit mal
tourné, interprété comme
une invite à un formidable bordel
où les uns et les
autres voudraient apprendre quelque chose pour
en fait approcher l'autre, faire
connaissance… Pour ma part, je n'y vois aucun
inconvénient, ma devise
n'est-elle pas : seul l'amour compte ! Il parle
beaucoup de réseaux, que
dirait-il aujourd'hui avec cette toile aux
millions de possibilités, probablement
nous sommes très proches de ce dont il a
rêvé dans ses papiers. Par contre,
je
n'aime pas, je n'ai jamais aimé, le
concept de "maître", encore moins
de "maître à penser", je ne veux ni
dieu ni maître, merci ! 230 Et voilà qu'il nous sort cette
carte, le modèle à suivre, comme
s'il y
avait dans ce monde de chiens un seul individu
digne de confiance pleine et
entière. Plus grave, il lui affecte "une
sorte de vision prophétique de
valeurs nouvelles…" Diantre ! Ses origines
catholiques feraient-elles des
siennes dans ses idées bienveillantes ?
"Et d'estimes mutuelles entre le
maître et l'élève…"Alors,
pas bête, il nous avertit : "L'histoire ne
manque pas de charlatans de tout poil, de
démagogues, de tyrans, de prêtres
simoniaques et de faiseurs de miracles …" C'est
amusant ce gars,
franchement je le trouve sympa ! Mais que
fait-il d'un paramètre crucial pour
la compréhension de ce qui ne va pas dans
l'école et pour les gosses en
particulier. Que fait-il de la famille, de
là où vivent ces enfants à
peine nés
sans avoir rien demandé à
personne. Si vous saviez ce qu'ils vivent dans
l'ensemble, vous baisseriez les bras et ne
croiriez plus à rien, vous iriez
planter vos choux au centre de la France, celle
qui va une fois l'an regarder
comme des cons le Tour passer à
vélo, avec ou sans maillot jaune. C'est
pourtant là le réel
problème : les enfants ne devraient plus
avoir à supporter
ces adultes… 231 … Immatures et irresponsables que nous
sommes tous. Cette remarque peut
nous faire rêver aux kibboutz
d'Israël, avec ses enfants
élevés par la
collectivité et non leurs parents. Mais
est-ce la solution, vu le peu de succès
que ce mode de fonctionnement a eu de par le
monde ? Cette question reste
toujours fondamentale, aujourd'hui plus que
jamais, les enfants portent en eux
les stigmates de ce qu'ils vivent au sein de
leur no man's land familial, leurs
chaos quotidiens avec leurs "maîtres" de
papas et mamans fous. Mais
lui, parle d'autre chose, d'Aristote, de Thomas
d'Aquin, préconisant l'amour
entre le maître et l'élève :
"Le maître comme le disciple y trouvent
plaisir", le mot est lancé enfin, je
l'attendais sans grand espoir, il
vient, il est là, je vous disais que
ça finirait dans un backroom… Seul
l'amour
compte, seul l'amour compte ! Chantons cela tous
en chœur, mes frères ! Nous
avons tous en tête cette image
d'Épinal d'une jeune et jolie
étudiante aux bras
d'un prof d'Université, aux cheveux gris,
gris comme les miens. Seulement
n'allez pas perdre votre temps à chercher
dans ses écrits la moindre
frivolité,
la moindre légèreté d'ordre
sexuelle, y a rien, rien à se mettre sous
la dent ! 232 "Nous devons bâtir une
société ou l'acte personnel
retrouve une
valeur plus grande… que la manipulation des
êtres ?" L'enseignement serait
d'abord et avant tout un loisir, c'est à
dire quelque chose d'agréable, de
jouissif, car que cherche l'homme sinon la
jouissance pure et simple ? À
supposer l'école non obligatoire, combien
d'élèves fréquenteraient
encore ces
établissements ? La
déscolarisation de notre
société impliquerait les parents,
de l'éducation qu'ils envisagent pour
leurs progénitures. Seulement, rien
n'étant parfait, les plus démunis
seraient moins à même d'apporter
une réponse
relevant du libre choix, les injustices sociales
seraient lors plus criantes
encore qu'aujourd'hui. "Aucune découverte
scientifique ou technique ne
pourrait fournir à tous les habitants du
monde les biens et les services dont
disposent les pauvres des pays riches."… Et plus
cette évidence est
rabattue, plus les hommes agissent contre elle,
à commencer par la divulgation
de *la voiture du peuple* partout sur terre,
alors que les ressources se
tarissent et les gens crèvent par
millions chaque année. Pourquoi donc
est-ce
ainsi me demandez-vous ? 233 Je vais vous le dire afin de voir
dorénavant l'humanité avec plus de
recul… attention en reculant de ne pas vous
casser la figure ! Voilà donc la
vérité toute crue, du moins pour
cette question : les hommes ne travaillent pas
pour avoir une meilleure vie, ils s'en foutent,
toutes leurs activités mêmes les
plus effrayantes telles les guerres, la haine de
l'autre, etc. ont cette
fonction précise : fuir l'ennui,
repousser aux calendes grecques d'avoir à
se
regarder devant une glace tel qu'on est, nu.
Enfin, enfin, nous voilà bientôt
sauvés de tous les cataclysmes
économiques et sociaux : ce mois-ci, les
consommateurs ont consommé 0,50 % de plus
que l'année dernière à la
même
époque. Notre président et son
ministre jubilent, ne l'avaient-ils pas
prévu
dans leurs harangues optimistes tout feu tout
flamme de chef de scouts arrivés
enfin à la maturité sexuelle de
quinze ans, âge requis par la loi de la
République pour tout écart
à la normale saisonnière. Mon
psychanalyste en
lisant cela se retourne dans sa tombe, pourtant
bien confortable puisqu'il l'a
payé fort cher du temps de son vivant
où ses putains de séances nous a
couté à
tous la peau des fesses. 234 On se demandait un peu partout dans le
monde si "l'homo
faber" est bien l'homme
véritable. Cette question ne se pose pas
sous cette forme aujourd'hui, l'homme
se sent démuni après avoir
consommé plus que de raison, plus il
possède, plus
est grand son vide intérieur. Mais toutes
ces choses-là, messieurs 'dames, ne
sont encore que des considérations des
privilégiés que nous sommes
à nous
masturber la tête avec nos bons et
généreux sentiments
orientés vers le bonheur
de l'humanité mon cul,
c'est-à-dire de personne. Alors cessons
de nous voiler
la face, le monde est un désordre
infiniment chaotique que rien ne pourra
changer, sauf peut-être, ces modestes
artistes que nous sommes en agissant
chacun à notre façon et dans le
domaine qui est le notre. Oui, monsieur Illich,
nous sommes bien "pris au piège", vous
avez tout compris, fait comme
des rats morts au fond d'égouts aux
fétides odeurs, quotidien de ceux qui se
placent
involontairement au plus bas de l'échelle
sociale et dont les politiques ne
veulent plus regarder, ayant résolu ce
problème en postulant ce diagramme fort
inquiétant : si l'on aide les pauvres, on
fera des fainéants de tous nos
ressortissants.
235 Comme j'aimerai lire
de la plume
d'un homme d'aujourd'hui ces quelques lignes
d'une justesse absolue : "De
génération en
génération, nous nous sommes
efforcés de parvenir à un monde
meilleur, et pour ce faire nous avons
développé la scolarité.
L'entreprise
s'est soldée par un échec, nous
avons contraint les enfants à gravir
l'escalier
sans fin de l'éducation qui ne fait que
favoriser celui qui part en avance, a
une meilleure santé, ou une meilleure
préparation par son environnement, sa
famille. L'enseignement obligatoire mine la
volonté personnelle d'apprendre. Le
savoir considéré comme marchandise
qu'il faut stocker et distribuer…"
Comment répondre à ces
évidences sinon par l'intelligence de nos
esprits
révoltés à tout jamais
meurtris par ces injustices infernales parce que
jamais
résolus, rendant le malheureux plus bas
que terre sans que personne ne s'en
offusque. Surement avez-vous déjà
lu ici ce genre de remarque, de plainte, mais
que voulez-vous, tant que le monde ne changera
pas, moi je continuerai à
gueuler avec mes membres
désarticulés à tout jamais.
Seulement, comme Ivan,
nous sommes convaincus que ce monde
éducatif doit et va disparaître,
mais… 236 … Ce qui viendra après cette
révolution n'augure nullement un monde
meilleur. Par cette clairvoyance, je constate
combien notre bonhomme connaît
bien les hommes lorsqu'ils sont regroupés
pour former un "pouvoir".
Malgré tout, il espère un monde
où "la technologie sera mise au service
d'une société plus simple, plus
transparente, de sorte que tous les hommes
puissent façonner leurs propres vies."
Seulement la réalité est bien
là,
prégnante, efficace : "L'éducation
est un produit dont la fabrication est
assurée par une institution officielle
appelée "école"". Comme
les grands esprits se croisent et se rencontrent
en dehors du temps lorsque les
idées sont fondamentales, essentielles.
Tout le monde a lu attentivement mes
diatribes mille fois rabattues sur internet
depuis plus de quinze années :
"Pour
l'abolition des notes à
l'école" et voilà
qu'à la page 359 de notre livre d'Illich,
je relève
ces mots : "Une école
libérée idéale fournirait
une éducation ne pouvant
être utilisée pour établir
une structure de classe, ne devienne un
même étalon
permettant de mesurer l'élève.
Elle ne devrait donc pas soumettre ce dernier
à
la répression ou au contrôle, de
tenter de le définir…" 237 Puis-je être d'accord avec ce
dictat ? : "Éduquer pour une
société
de consommation revient à former des
consommateurs." Tout d'abord, je
rappelle ma position sur cette
société-là : il est
inacceptable que certains
manquent de tout. Le reste n'est qu'une
question de choix, j'avoue être un
grand consommateur et peut-être est-ce une
drogue chez moi, du moins une
activité occupant mes journées
bien heureuses. S'il en est ainsi c'est que je
vis dans cette société et m'y
adapte selon mes moyens et mes
intérêts,
rassurez-vous, je ne change pas de voiture tous
les deux ans, cela ne
m'intéresse pas du tout, ce genre de
produit me laisse totalement indifférent.
Seulement si nous voulons réellement voir
la société évoluer vers
plus de
justice entre les hommes, il va nous falloir
prendre des décisions mettant bon
nombre de nos consommations sur le banc des
accusés. Mais qui veut ça ? Qui
est
prêt à mettre ses mains dans le
cambouis de cette remise en cause de peur de
perdre les pédales et devenir fou.
Où mène l'école de notre
Éducation Nationale
? Je viens d'apprendre que ma nièce qui
veut se consacrer au métier de
journaliste, va passer six mois dans une
école privée afin de
préparer un
concours… 238 … Concours qu'elle obtiendra ou non
à l'issu de cette période.
Coût de
l'opération : trois mille euros. De
surcroit, je soupçonne ces écoles
privées
de se faire subventionner par l'état pour
je ne sais quelle raison hasardeuse.
L'école gratuite, permettez-moi de rire,
mais de rire jaune, mes poils se
hérissent, je tremble de colère
pour ceux qui ne peuvent pas se payer ça.
Ceux
qui en ont les moyens et font ce choix, je
dirais que c'est leur affaire, pas
la mienne ! "… L'homme doit retrouver le sens de
sa responsabilité
personnelle lorsqu'il apprend ou enseigne. C'est
ainsi que l'on mettra un terme
à l'aliénation où vivre et
s'instruire ne se rencontrent pas." À
priori,
je ne peux qu'abonder dans ce sens, mais
à y regarder de près, étant
athée
jusqu'aux dents, je sais que l'idéal chez
les humains n'est jamais atteignable,
ce qu'il faut, surtout aujourd'hui, c'est
éviter les dégâts
causés par cette
institution en permanence, dégâts
irréversibles sur la personnalité
profonde
des êtres dont elle a la charge dès
le plus jeune âge. C'est justement parce
qu'ils sont jeunes et malléables que tout
peut advenir et marquer à vie, en
bien comme en mal, l'aventure humaine de chacun
d'entre nous.