La
bibliothèque
et les
divagations
d'art-psy
Avant-propos sur cette
bibliothèque.
Lorsqu’on est « dyslexique
tendance amnésique
»
Avoir dans sa bibliothèque des
livres, lu ou
non,
Relève du pareil au même.
On ne se souvient pas de ce qu’il y a
à
l’intérieur de ces bouquins.
Que reste-t-il de ces pages qu’on a parcourues ?
Et,
Si ce n’était rien, alors que
faire de ces
livres dans ces rayonnages ?
Qu’en est-il de la mémoire d’un
sans mémoire
?
Nous voilà donc face à une tare qui a
failli gâcher ma vie.
Sortez les mouchoirs, merci, on va
rigoler un
peu.
Entrons dans la jubilation d'un
défi :
« Le chalenge » comme disait
Fabien, l’ami à
Gilles.
Faire l’inventaire de sa
bibliothèque
Dans cette situation précaire,
c'est...
Un projet fou, certes, mais, voyons la
méthode.
Faire le relevé photographique de
chacun de
ces livres (600 à 700)
Devant
la page de couverture, quatre alternatives
s’ouvrent à moi :
Ecrire quelque chose dont l’inspiration
viendrait soit
:
- Du nom de l’auteur,
- Du titre du livre
- De la photo de présentation
- Ou, lorsqu’il n’y a rien à en
dire, écrire
quelque chose qui
Me vient à l’esprit, même
sans rapport avec
l’ouvrage en question.
Au final, retirer tous repères
concernant les
livres en question,
Ne garder que les mots issus de ces
associations libres.
Tout est donc ouvert, c’est une
promenade à l’intérieur
D’une bibliothèque et aussi, dans
la
personnalité
De votre très fidèle et
très dévoué serviteur.
Dyslexique,
tendance amnésique.
Le diagnostic est maintenant
posé,
Je me doutais bien qu’il y avait quelque
chose de “pas normal”.
J’ai toujours considéré ne
pas avoir de
mémoire.
A l’école, les leçons
n’étaient jamais
apprises,
Les textes passaient sur moi sans que je
puisse les retenir.
Par la suite je me suis rendu compte que
si
j’allais au cinéma ou lisais un livre,
J’étais dans l’incapacité
de me souvenir de
ce que j’avais vu ou lu,
Seulement restait une vague impression,
Une sensation agréable ou
désagréable, c’est
tout.
Aujourd’hui c’est toujours la même
chose,
mais,
Aujourd’hui je m’en fous. Je sais que je
ne
maîtriserai jamais
Ni la grammaire ni l’orthographe, j’en
ai fait
mon deuil,
Si je m’améliore ici, ça
se dégrade ailleurs,
C’est pas grave, j’avance...
Avec l’expérience, je me suis
rendu compte
qu’il restait tout de même
Quelque chose quelque part, mais
où, sous
quelle forme ?
Alors
commençons.
Il m’arrive quelquefois de faire des
copies
de « maîtres »
Bien que j’eusse pour ce mot une sainte
horreur.
Comment peut-on avoir un Maître ?
Quel homme peut mériter un tel
titre, un tel
honneur, une telle confiance ?
Nous sommes tous des chiens. Et Picasso,
Picasso, c’est un chien aussi.
Pour ma nièce, un soir, j’ai
copié un Pierrot
à Pablo,
J’ai bien aimé cet exercice,
j’avais
l’impression d’être
A l’école de ma jeunesse. Une
fois fini, je
le lui ai donné,
Elle l’a accroché dans sa
chambre.
Il y avait à Chartres, sur les
étagères de
mon séjour
Les livres de ma bibliothèque et
une
statuette de Gandhi
Achetée à la salle des
ventes de maître
Lelièvre père,
Commissaire priseur chargé de la
liquidation
de l’œuvre
D’un artiste mort maintenant : Raffour.
Gandhi vivait en Inde, c'était un
homme non
violent
Et comme je haïs la violence, j'ai
un certain
respect
À l'égard de cet homme
ayant fait de son
existence
Une oeuvre comme un artiste, comme un
Raffour.
Il est également un symbole,
celui d’être sur
le bon chemin,
Le chemin de la liberté comme
disait notre
ami Sartre.
Quelques fois, on est très
ennuyé de ne pas
aimer,
Ne pas être
époustouflé par une œuvre qui
devrait pourtant
Réveiller en nous mille choses …
bla-bla-bla
Si j’étais plus jeune, je me
lancerais dans
l’exploration
De l’œuvre de certains artistes, je m’y
plongerai
Jusqu’à en avoir la
nausée…
C’est quoi ce Monsieur pervers en train
de
regarder
Le jeu des cartes de son voisin ?
Voilà une
scène
Avec des mouvements de cous, jeux de
mains,
jeux de vilains,
Yeux ouverts, yeux fermés,
contraste des
habits là devant nous,
Vêtements clairs pour l’homme
adulte, noir
pour l’adolescent.
Le Caravage, peintre et assassin, le
bien et
le mal…
Un coquin de peintre.
Je ne mange plus de jambon, plus de
BACON non
plus.
Je me demande si, parfois, en ouvrant un
ouvrage sur la vie
De quelqu’un, on ne devient pas une
sorte de
voyeur malsain,
Un peu pervers, volonté d’y aller
voir de
quoi il en retourne.
Bref, on se pose des questions : qui est
ce
mec, d’où il vient,
Pourquoi qu’il a peint ça de
travers ?
Aujourd’hui,
Son œuvre peut-elle encore m’apporter
quelque
chose ?
Je sais qu’elle existe, je n’ai
peut-être pas
besoin de plus,
Il y a chez lui un système, un
accommodement
au système...
Je n’ai jamais aimé les
séries,
Elles ne sont rien d’autre que des
enfermements…
Pour qu’un livre reste encore chez soi,
Faut-il qu’il ait quelque chose encore
à vous
dire ?
J’en vois plus d’un qui me regardent
de
travers, je me tais.
Gauguin était ami avec Van Gogh,
tous deux
ont partagé
Une maison quelques mois à Auvers
sur Oise ?
Comment ne pas rendre, ici, hommage
à ces
deux jeunes artistes
Dont l’un a invité l’autre dans
sa maison, habitée
de mille tableaux,
Il y en avait partout. Seulement, leur
amitié
était-elle particulière ?
L’invitant avait pris le soin
d’organiser le
lieu qu’ils allaient
Vivre ensemble, surtout la nuit.
Personne ne
le savait :
L’invitant, Van Gogh, aimait
passionnément
l’invité,
Il avait fait en sorte, le pervers, que
son
ami traversa
Sa propre chambre pour accéder
à la sienne.
Ils ne couchaient pas le même lit,
leur
cohabitation fut un enfer,
Il y eut même une histoire
d'oreille en moins…
Qu’est-ce qu’une bibliothèque,
comment
s’organise-t-elle ?
Faut-il garder les livres qui n’ont plus
de
sens pour soi,
Faut-il les donner, les mettre dans un
sac, et
le sac à la sortie
Du métro, à la disposition
de quelqu’un
d’autre ?
Une fois, j’ai fait ça et
à ma grande
surprise, j’ai vu un entrefilet
Dans le journal gratuit de mon quartier
: la
police avait trouvé
Un sac plein de livres, oublié
à la sortie du
métro.
La personne qui l’avait perdu devait se
présenter
Au commissariat le plus tôt
possible… Sic.
Pourquoi suis-je presque toujours
insatisfait
par l’œuvre d’un artiste ?
Pourtant, j’aime la peinture à
peu près de tous
les peintres des musées.
Peut-être, la satisfaction est
impossible
ici, comme pour toute chose,
Parce qu’il n’y a rien de fini, de
complet
avec un début et une fin.
Pourtant, comment ne pas
reconnaître que le
travail de cet artiste-ci
M’a influencé dans mon propre
travail
pictural ? Aussi, je sais,
Combien ce qui paraît se
ressembler, est en
fait, ce qui sépare.
Peu de choses sont communes entre Miro
et
moi,
Ce qui nous sépare est en fait ce
qu’on
appelle l’âme.
Pourtant, son musée à
Barcelone, c’est du
bonheur, la lumière
Yest partout. Voir tous ses tableaux,
ses
sculptures, ses dessins,
Ce tout, cet ensemble, permet de
plonger,
d’entrer dans son travail
Comme dans l'eau du bain de la mer, de
sa
baignoire.
Devant le nombre croissant de livres
achetés
et non lus,
Il m’est arrivé récemment
de prendre la
décision
D’en lire certains en diagonale.
La méthode est simple : consacrer
entre
trente et soixante minutes
Pour un bouquin « normal »
pas trop épais.
Cette façon de faire n’est pas
très
concluante, sauf sur un point,
Lorsque le livre me plaît,
Quand l’écriture me
séduit, me convient,
Je laisse tomber le compte minute et
Je me mets à lire comme
d’habitude,
C’est-à-dire comme une tortue…
Bernard Defrance est prof de philo dans
une
banlieue parisienne chaude.
J'ai fait sa rencontre lors de sa
participation
à une conférence
Donnée à la Sorbonne sur
"l’enseignement". J’ai eu un coup de foudre pour
Cet homme qui raconte à qui veut
bien
l’entendre une anecdote
Qui a failli l’amener directement dans
une
prison. En effet,
On l’avait surpris, en train de se
mettre nu
devant ses élèves
À l’occasion d’un jeu
intellectuel à tendance
philosophique…
Il voulait démontrer qu’il
fallait savoir
aller au bout de ses engagements.
Ceci étant, ses idées sur
l’école me plaisent
beaucoup,
Elles relèvent d’une
réelle réflexion issue
de sa propre expérience,
Voyez dans ses livres de quoi il en
retourne.
C’est à cause de Monique que j’ai
acheté ce
livre.
Elle était communiste comme
Aragon et
Triolet.
Ils faisaient partie de la même
cellule, quel
vilain mot,
Non, pas en prison, en toute
liberté, qu’elle
a même
Ecrit un livre sur le couple qui lui
était si
proche …
Apollinaire, lui, était le
poète préféré de
mon ex-épouse,
Elle-même amie de longue date de
Monique,
Information sans intérêt
pour vous, par
contre
J’ai en mémoire d’Apollinaire,
une photo que
Tout le monde connaît : il est
habillé en
militaire
Il n’est pas beau, et cela, pour moi
c’est
capital
Un poète se doit d’être
magnifique…
Je crois que c’est cela, ce livre
raconte les
derniers instants
De Marguerite Duras, de leur relation
à eux
deux.
Il a été son dernier ami,
son dernier amant,
Son compagnon de tous les jours, son
compagnon
de partage.
Impression qu’il s’agissait avant
tout
d’une relation
Où le respect de l’autre
était le centre…
C’est banal de dire cela, mais c’est
important et je crains fort
Qu’il ne soit pas toujours aujourd'hui,
comme
hier,
Au rendez-vous des amoureux.
Elle raconte la perte de son enfant.
Fait-on le deuil d’une si grande perte
en
écrivant,
Ou est-ce plutôt un chant, un cri
à la
mémoire de ?
Laure Adler, c’était « le
cercle de minuit »,
Une émission passionnante que
j’attendais
Avec impatience tous les soirs.
Laure, avant tout, avait sa façon
à elle de
faire passer
Son « amour de la culture »
toujours avec une
prise de risque
Loin du confort de toutes ces choses
bourgeoises
et à chier.
Souvent, après « le cercle
»,
J’étais très en forme,
elle avait dû me
contaminer de son énergie,
Et plutôt que d’aller me coucher,
car il
était généralement plus
D’une heure du matin, j’allais dans mon
atelier pour peindre.
Tout le monde dormait dans « le
château de ma
solitude »
J’allumais généralement le
poste de radio et
je pouvais écouter
A cette heure-là, Alain Veinstein
et les mots
des gens qui
Ne dorment pas beaucoup la nuit.
Parfois,
j’écoutais de la musique,
Car parfois les couleurs ont besoin de
danser
sur la toile
Et pour cela rien ne vaut les sons d’un
bon
poste de radio.
Laure Adler a chez elle un petit tableau
de
ma production.
Je le lui ai remis un soir où
j’ai assisté à
l’enregistrement
D’une de ses émissions sur l’Art
contemporain.
Elle m’avait paru petite et si mince, si
fragile, belle aussi…
Séduisante surtout. Etais-je
amoureux de son
talent,
De son intelligence ?
Il s’agit d’un récit sur la vie
des gens
quand il la passe à regarder,
À suivre par la fenêtre
l’existence de leurs
voisins d’en face.
Je ne sais si cela a un rapport avec ce
livre, que, d'ailleurs,
J’ai dû lire, il y a quelques
années déjà,
mais,
Je l’associationne avec un film
d’Hitchcock «
Fenêtre sur cour »
Où un homme handicapé dont
la vie s’était
"vue"
Transformée par cette
activité que l’on peut
qualifier
De pas très morale.
Dans certains cas, il faut savoir mettre
de
l'eau dans son vin,
De côté certains principes
lorsqu’on ne fait
de mal à personne.
Est-ce que tous les acheteurs de
jumelles
Font ça chez eux ?
C’est à Aix-les-Bains.
J’accompagne mon
ex-épouse
Pour quelques jours, à une cure
qu’elle a
pris l’habitude
De faire dans cette ville depuis
quelques
années.
Alors, le matin, je suis libre. Je
vadrouille
un peu,
J’achète les journaux, je bois un
verre,
j’attends
Notre rendez-vous de midi et demi.
Un jour, j’ouvre la revue « lire
» que
j’avais achetée
À l'intérieur un petit
fascicule où était
offert
Dix extraits de livres à sortir
à la rentrée
prochaine.
Je lis et tombe sur un texte de cette
fille,
Alliet Abecassis
J’acquiers alors la conviction qu’il
faut
impérativement
Proposer ce livre à ma
mère, la pauvre,
qu’elle n’a
Jamais lue de sa vie, elle avait
soixante-quinze ans,
Il était temps de prendre les
choses en
mains.
Il s’agissait de « La
répudiée ». Je ne me
suis pas trompé,
Elle l’a dévoré et depuis,
grâce à Dieu,
Elle est devenue une bonne lectrice de
livres…
Depuis, j’achète quelquefois les
livres de cette
écrivaine
Lorsque le sujet peut
l’intéresser.
Franchement, cela m’ennuie de ne pas me
souvenir
De ce qu’il y a dans un livre lu,
surtout si
je sais l’avoir aimé.
Paul Auster, je m’en suis très
rapidement
lassé,
Pour quelle raison, je n’en sais trop
rien.
Est-ce qu’il raconte des histoires et la
narration pour la narration
Pendant des kilomètres de lignes,
de pages
entières à se farcir,
Ça me fatigue, je n’y trouve pas
de
l’intérêt, j’ai l’esprit
Trop ailleurs pour suivre
sérieusement les
personnages,
Qui au fond ne me sont pas très
sympathiques.
Il y a des jours où je me demande
si je ne me
Schizophrènise pas un peu,
m’isolant trop
souvent
Dans ce qui m’intéresse
exclusivement
principalement.
Je suis ridicule, pourquoi devrais-je
vivre
autrement ?
Et d’abord, mon isolement n’est-il pas
tout
relatif, et
N’est-il pas dû à mes
problèmes de santé ?
Alors donc, lorsque j’ai lu et
aimé un livre
Généralement, probablement
comme vous,
J’en rachète d’autres pour avoir
encore et
encore du plaisir.
Il arrive même des fois que
j’aille jusqu’à
acheter
L’ensemble de l’œuvre de l’artiste en
question,
Rien d'extraordinaire à cela,
nous le faisons
tout, je suppose.
Ce ne fut pas le cas pour Paul Auster,
mais
je me dis :
Ah, si Paul Auster le
savait…Peut-être
serait-il dégoûté d’écrire,
S’il savait qu’il y a des mecs comme moi
qui
achètent
Des livres et ne les lisent pas…C’est un
scandale,
Un pur gâchis, à se
demander si les
libraires
Ne devraient pas mettre le
haut-là sur ces
pratiques.
On ne peut plus laisser des gens acheter
des
bouquins
Sans contrôles
préliminaires vérifiant le
bien-fondé de ces achats.
Tout doit être fait pour
éviter la folie
d’obsédés de l’accumulation
D’objets ne leur servant à rien,
une loi
devrait les mettre
Hors circuit et confisquer leurs
biens-livres
au profit
De bibliothèques en manques.
Rue Mouffetard, au théâtre
de l’Epée de bois
qui n’existe plus
Depuis belle lurette, c’était il
y a
longtemps, j’étais jeune, beau,
Timide et mignon et Arrabal avait
donné un
spectacle dont
Je ne me souviens plus le titre,
histoire de
changer. Bref, il était survolté,
C’était l’époque du
Living-théâtre, Grotowski
et d'autres compagnies,
La révolution était
là avant celle des
étudiants et des ouvriers
1968 arrivait à grand galop.
J’avais beaucoup
aimé la pièce, mais,
Ce soir-là, je fis connaissance
avec mes
limites : lorsque les acteurs
Avaient fini de saluer et que nous,
spectateurs, devions
Nous lever pour quitter la salle, je ne
sais
si c’était lui en personne
Ou l’un de ses assistants, il a
proposé à
tous ceux qui le désirait,
De mettre une cagoule sur la tronche
pour je
ne sais quel jeu collectif,
Le genre touche-pipi, merci, je n’avais
pas
encore vingt et un an,
Une cagoule, le père Arrabal il
n’était pas
net, j’avais été choqué,
À tel point que j’eus peur qu’on
ne fermât la
porte avant ma sortie.
Sinon de lui j’ai gardé un
très bon souvenir
de sa pièce assez géniale
Dans le genre avant-garde : Hamlet de
Hepney
Green.
Bravo Arrabal, ta carrière est
une réussite.
Il y a
Socrate et il y a Aristote. Je ne connais aucun
d'eux, mais
Je préfère de loin le
premier, le second je
le trouve un peu sec,
Trop raide pour moi par rapport au
premier,
Qui lui, n’est pas comme le second.
C’est
clair.
De plus, pour ce qui est de nous dire la
vérité des songes,
Franchement, ça
m’étonnerait qu’il ait pu
dire
Quelque chose d’intéressant,
d’autant plus,
Qu’il ne connaissait ni Lacan, ni Freud.
Alors, bon,
Les vieux, place aux jeunes ! Merde !
Ça doit vous arriver aussi, on
écoute une
émission de radio,
De télé, on lit un article
dans une revue, et
hop,
On arrive à vous donner envie
d’aller le
commander…
Alors, on l’acquiert, son titre est
"Composants".
C’est l’histoire, je crois, d’un
ouvrier,
c’est très poétique,
Mais, si vous saviez comme c’est flou
dans ma
tête, à vrai dire
Je ne me souviens de strictement rien du
tout. À se demander
Mais qu’est-ce qui ne marche pas chez
moi ? Si
vous avez des infos,
Contactez ma sœur, qui me le
transmettra.
Merci
Comme lui, j’aurais bien voulu m’appeler
aussi Samuel Beckett,
Mais Dieu ne l’a pas voulu ainsi, je ne
lui
en tiens pas rigueur,
Mais, la prochaine fois, s’il pouvait me
trouver un nom connu,
Ce serait plus facile pour me faire
éditer
chez Gallimard.
Je ne sais si vous l’avez
remarqué, sans «
nom »
Vous n’avez aucune chance d'être
reconnu, par
contre
Si tu t’appelles Depardieu ou Colombani,
c’est plus facile !
"Fin de partie"est un classique, on
le joue très souvent au théâtre,
Et moi, si je devais le mettre en
scène, faudrait
que je le lise avant.
Il a eu beaucoup de succès de son
vivant, je
ne sais pas s’il a apprécié
D’être aimé par tant de
monde, de l’extérieur,
il donnait l’impression
De vouloir passer inaperçu, il se
faisait
tout petit, pauvre Beckett,
Il a dû souffrir de tant d’amour.
Qu’ils sont cons les gens, faut dire,
quand
ils aiment !
Enfin, qui cherche les noises les
trouve.
Tu n’es pas venu, t'avais autre chose
à faire
que de prendre le train
Pour te rendre à Chartres voir
"En
attendant Godot", que tu dis
Avoir vu moult fois et toujours mal
montés.
T’as pas de chance, mon gars, pour ce
coup tu
t’es planté,
La mise en scène de Philippe
Adrien était
exceptionnelle,
Jamais je n’avais vu cette pièce
jouée d’une
façon si parfaite.
Les personnages étaient sur le
plateau comme
S’ils étaient dans la rue,
près de la
Cathédrale,
Tu connais, il y a toujours beaucoup de
monde
À jouer leurs propres rôles
devant les
touristes
Sauf, qu’au théâtre nous
étions tous assis
dans
De bons fauteuils restaurés tout
neufs. Un
régal.
"Premier Amour". Il était sur les
quais de la Seine
Avec ce livre à la main,
c’était vous,
c’était moi,
C’était quelqu’un d’autre, vous
marchiez
l’air triste,
Vous étiez amoureux, ce
n’était pas la
première fois,
Pourtant, vous avez choisi de lire
ça pour
vous remonter le moral.
Je ne sais si c’était un bon
choix ? Vous
auriez pu préférer
"L’amant" de Marguerite Duras, il
vous aurait décapé l’esprit
Ou donné envie de vous jeter dans
la Seine…
Faites attention, l’eau y est
très froide !
Oh, oh les beaux jours, ça, je
m’en souviens
bien,
Je n’étais pas bien, pas bien du
tout,
pourquoi y suis-je allé,
C’était au théâtre
du Rond-point, du temps de
Jean Louis Barrault
Et de Madeleine Renaud. Tout le monde
est au
courant, c’était elle
Qui jouait le rôle principal, elle
était
embourbée jusqu’au cou,
La pauvre, moi, je n’aurai pas pu, je
suis
trop claustrophobe,
Alors, être enterré pendant
deux heures, tous
les soirs, merci,
Même pour un premier rôle,
j’aurai refusé,
net.
Il y a des limites tout de même,
les acteurs,
de plus en plus,
On leur fait faire n’importe quoi. Au
cinéma
par exemple,
Si vous refusez de montrer votre
complète
intimité,
Vous pouvez changer de métier et
vous
inscrire
Aux intermittents du spectacle, pour ne
pas
crever de faim.
Je ne vais pas vous mentir, ce
livre-là, je
ne l’ai pas lu.
Je l’ai là pour avoir la
collection complète
des "Beckett".
On a
dit tant de bien de ce qu’il écrivait, comme moi,
Il a
beaucoup aimé le théâtre, c’est le
point commun
Que nous avons tous les deux, c’est
déjà pas
si mal, je trouve.
Connais pas Balzac. C’est un constat,
j’assume.
Je ne le crierais pas sur tous les
toits,
mais,
Parmi les classiques, il fait partie des
absents …
Y en a-t-il beaucoup comme lui ?
Je n’en sais rien, nous verrons bien
J’imagine, là près de moi,
maintenant, un ami
me faisant
Un compte
rendu
de ce « chef d’œuvre », je retiendrai
Ce qu’il dirait, c’est plus facile, pour
moi,
Les mots de mes amis.
Inconsciemment, je dois classer certains
auteurs
Comme représentants la
bourgeoisie, le
pouvoir, les institutions.
Est-ce ma façon de dire non ?
« La perspective Nevski » de
Gogol.
« Il n’y a rien de plus beau que
la
Perspective Nevki,
tout au moins à
Pétersbourg ; et dans la vie
de la capitale,
elle joue un rôle unique ! … Et
les dames! Oh
! quant aux dames,
la Perspective Nevski, leur offre encore
plus
d’agréments !
Mais à qui donc n’en offre-t-elle
pas ? À
peine se trouve-t-on
dans cette rue qu’on se sent
aussitôt disposé
à la flânerie.
… La Perspective Nevski est la grande
ligne de
communication
pétersbourgeoise. C’est ici que
l’habitant
des faubourgs…
.. .A midi, la Perspective Nevski est
envahie
par des percepteurs
appartenant à toutes les nations…
»
J’imagine une montagne
Avec au plus bel endroit,
Des hommes servant le thé,
Boisson qu’ils
vénèreraient par-dessus tout,
Je m’installerai avec eux en ami, nous
Partagerions cette liqueur des Dieux, le
temps
Coulera sur la montagne comme le vent la
caresse,
Rien ne pourra déranger notre
plaisir
d’exister.
Le thé est ma drogue, le Yunnan
mon préféré.
En l’absence des hommes, jamais Caroline
n’aurait
voulu
Continuer à vivre dans ce bas
monde,
Déjà que, avec ses hommes,
elle trouve
quelques
Difficultés dans la gestion au
quotidien,
surtout,
La semaine, le W.E., c’est
différent, elle a
son mari
De retour de Bruxelles où il
travaille
énormément, mais,
Quand il n’est pas là, elle ne
supporte pas
La solitude et dormir toute seul,
ça non.
Alors…
Je ne sais si elle a l'intention d'aller
voir
son frère demain,
Mais si elle y va, il ne faudra pas
qu'elle
oublie d'apporter l'aspirateur
Et le livre de Philippe Besson qu'elle
lui a
acheté,
Je ne sais pas pourquoi, il ne lit
jamais,
enfin, les soeurs
C'est toujours un peu comme ça
qu'elles
fonctionnent..
Samedi prochain, nous irons chez Darty
acheter
Un rafraississeur pour la canicule de
l'été
Nous devons tout faire pour
éviter à maman
La chaleur que la télé
nous a prédit.
J'ai eu Julliard la semaine
dernière et pour
lui
Nous n'aurons pas de canicule cette
année, il
m'a expliqué,
Mais, je n'ai pas compris, trop
compliqué,
une histoire
Qu'il avait lu dans un manuscrit un peu
chaud.
Il ne l'a pas publié, pas
aimé, sauf le
paragraphe de la météo.
J'ai bien regardé sur la photo,
il n'y a aucun
gosse,
Donc je n'y suis pas. Pas sur
celle-là, car à
l'Hotel de Ville,
À la fin des années 50, on
m'a pris souvent,
c'était mon quartier,
Et celui de mes copains de la rue de
Moussy,
L'école
élémentaire, les billes, les calots
sur le trottoir
Qu'on jouait tous, putain que c'est loin
tout
ça.
Tu donnes dans la nostalgie, toi qui dis
ne
jamais t'y adonner ?
Ben quoi mon petit bonhomme, on
rétrograde,
on déprime,
Cette image te tourne la tête,
elle te
rappelle le temps
Où tu embrassais les filles,
avoue-le !
C'est à partir de ce livre que
j'ai redécouvert
Stefan Zweig,
Rencontré il y a très
longtemps, du temps où
j'allais au théâtre.
Je regrette de ne pas l'avoir
rencontré bien
avant,
J'aime beaucoup cette écriture,
relevant
pourtant d'une traduction,
Et donc d'une
réinterprétation d'un d'autre
que l'auteur.
Etrangement, lorsque je me trouve devant
le
plaisir,
Le plaisir de lire, étrangement,
j'éprouve
une peur,
Une peur de me plonger dans une oeuvre,
comme
dans de l'eau,
L'eau de la mer, de la mère vous
dirait
Lacan,
Ou bien de la piscine, je n'aime pas, je
n'ai
jamais aimé.
Freud, toi l'ami de Zweig, qu'en
dirais-tu ?
Tu es mort, je n'en saurai rien.
Celui-ci, je l'ai donné à
lire à ma mère en
l'avertissant
De ce que les cent premières
pages racontent
une histoire,
Mais, qu'ensuite, tu risques de
t'ennuyer,
car c'est la même chose qu'il
Répète inlassablement,
mais sous une autre
forme.
Laisse tomber dès que tu
t'ennuies,
C'est ce que moi, j'ai fait.
Je ne lui ai pas dit qu'il s'agissait
là
d'une
Ecriture contemporaine, ni fais allusion
à l'Autobus de Raymond Queneau.
Quelle "culture" a-t-elle, la
pauvre ?
J'exagère, n'a-t-elle pas une
meilleure
Mémoire que la mienne ?
Alors, bon, ça va, je dois
balayer devant ma porte
Avant de critiquer autrui.
Il y a quelques années, à
la foire du livre de
la porte de Versailles, à Paris,
Le Portugal était à
l'honneur. Les Portugais
disent : il n'y a pas que Pessoa
Au Portugal, d'autres auteurs ont pris
la
relève... Du coup,
J'ai bien envie d'aller à
Lisbonne, non seulement
pour Pessoa, mais pour Lisbonne.
Leurs bistrots...Voilà, un motif
pour y aller,
les rues, les gens,
Le verbe que je ne comprends pas, puis,
aussi, sortir de cette image
Que nous avons tous dans nos charmantes
têtes
de "blancs"
Les Portugais : gardiens d'immeubles,
ouvriers...
C'est chiant ces images qui nous collent
à la
peau.
J'essayerai de développer ce
thème à la
rubrique psychanalyse.
Et si l'appartement de Margueritte Duras
à
Trouville aux
Roches noires se libérait ? Ai-je
pensé
quelquefois. Bêtement.
Aimerai-je y aller, y vivre, m'y
installer ?
Trouville, c'est toute ma jeunesse, mon
père,
nous y emmenait
L'été au mois
d'août, on savait quand on
arrivait, mais le jour du départ,
On ne le savait pas d'avance, ça
dépendait
s'il allait au casino
Et avait tout perdu, l'argent des
vacances,
du manger, mais heureusement,
Il avait acheté l'aller et le
retour, pas idiot,
il se connaissait bien.
Par contre, je ne sais pas si Marguerite
Duras jouait au bridge.
Si c'était le cas, elle aurait
connu mon
père, car,
C'était un pilier de tous les
salons de Paris
et de Navarre.
C'est vrai, mon père était
bridgeur. S'il
avait connu MD
Nous l'aurait-il dit ? De toute
façon, nous à
la maison,
On ne connaissait pas cette madame
Duras.
Puisque je n'arrive pas à faire
des comptes
rendus
Des livres de ma bibliothèque,
pourquoi
stresser avec ça,
Je n'ai qu'à chercher dans
Google, et le tour
est joué,
Vous avez mille infos, que demande le
peuple
?
- Mais, alors, si on trouve tout sur
Internet,
C'est quoi l'intérêt
à faire des fiches de
lecture ?
Moi, je compense une défaillance
de mémoire,
je veux sortir
De ce qui fait problème. Alfred
Adler avait
fait un travail
Sur les phénomènes de
compensation lorsqu'il
y a
Une infériorité organique.
En gros, si vous
avez à un endroit
Un truc qui ne marche pas, ou qui
fonctionne
moins bien
Alors, vous allez avoir un autre endroit
qui
sera plus fort ...
C'est bien la nature humaine !
Pourquoi as-tu acheté ce livre ?
Comment as-tu pu te fourvoyer dans une
galère
pareille ?
Quand on aime Amélie Nothomb et
Michel
Houellbecq
De mon point de vue, on ne peut pas
aimer
Coelho.
Dans les choix des livres que tu as chez
toi,
je constate une trop
Grande influence des médias, tu
dois changer
ta façon de faire...
Eteins donc la télé et
trie tes bouquins.
Pour dire une telle connerie, on voit
bien
que tu ne l'as pas lu
Si tu l'avais lu, tu ne pourrais pas
dire des
choses pareilles.
Si, si, j'ai parcouru les
premières pages et
le compte rendu du
Web, ça me conforte dans mon
avis, je trie
demain.
Ecrire, c'est accepter d'entrer dans une
sorte de confusion...
- Tu as trouvé ce livre un peu
grossier
- Moi, non, où as-tu
inventé ça ?
- Heu, je l'ai bien vu sur ton visage
quand
tu l'as pas lu
- Je l'ai pas lu parce que Blaise
Cendrars,
il me parait
Pas très clair dans sa
tête, je ne sais pas
ce
Qu'il a fait dans sa vie, pas net, pas
net du
tout.
- Tu es complètement parano, la
littérature
c'est
De la littérature et t'as pas
à juger celui
qui écrit...
Où c'est qu'on va maintenant,
j'te jure !
Te juge-je, moi, hein ?
- Ho ça va, on fait comme on veut
avec ses
livres
Et d'abord, je les achète pour
l'image de la
Première page, c'est suffisant,
ça me va.
- Toi, ma parole, tu bois trop !
L'étranger d'Albert Camus, ma
soeur l'a lu.
Je ne crois pas qu'on m'en a
parlé à l'école,
Là-bas c'était
plutôt la comptabilité notre
sujet.
La preuve je devins comptable, pas tout
à
fait,
Aide comptable d'abord, ensuite, oui,
comptable
1ère catégorie, je n'ai
pas fait que cela
dans la vie,
Mais bon, la compta c'est sympa.
Moi, c'était plutôt Jean
Paul Sartre mon
préféré
Et comme ils ne s'entendaient pas trop
ces
deux-là,
Ça a du jouer pour ne pas
m'attarder sur
Camus.
Gibert-Jeunes, Boulevard Saint-Michel.
Tu peux y aller pour vendre certains de
tes bouquins,
Soit pour te faire un peu d'argent de
poche, soit
Qu'ils ne sont plus d'actualité
dans ta
bibliothèque.
Tu en rachèteras d'autres
à petits prix, pas
plus intéressants
Que ceux vendus l'instant d'avant.
Enfin,
ça fait
tourner
Les livres et le fonds de commerce de
cette
boutique.
Faut bien y penser à ça,
que ce soit Gibert
ou la Fnac
C'est avant tout des grandes centrales
où le
but
Est le chiffre d'affaires, y a pas
à avoir
honte de le dire,
C'est comme cela, la vie.
Ce ne pouvait être ni la main de
Dieu ni la
main du Diable.
Le hasard. Le pur hasard. De Chartres,
je
vais à Blois,
Où le maire n'était rien
de moins que Jack
Lang,
Ex-ministre de la Culture. Pas mal comme
poste,
Dans la vie quand tu as fait ça,
ma foi, tu
es en droit
De te dire : je ne suis pas une merde !
Et là, je ne te donnerai pas
tort.
Tu as joué avec le pouvoir,
l'argent et, qui
sait, le sexe aussi.
Je voulais donc voir le château de
Blois,
alors je l'ai vu.
La journée était belle, le
soleil couvrait la
ville, bref
Je me suis trouvé devant une
librairie, j'entre,
rien de terrible.
Sur les murs des cadres avec des
reproductions pour touristes,
Rien de bien, sauf sur la table de
présentation de bouquins.
Mon regard est attiré par des
livres de
photos des tableaux
De Calaferte. Le premier que je pris en
mains, fut celui où
Il y avait des fruits, y avait-il aussi
des
légumes, je ne sais plus,
Mais, la façon qu'il avait de
traiter ces
natures mortes, révélait
La grande personnalité de notre
animal,
j'avais devant moi
Le travail d'un grand peintre inconnu,
pour
moi inconnu,
Au moins jusqu'à ce jour. De
retour à Chartres
et que vois-je ?
Au théâtre de la ville se
jouait à 21h une
pièce de...
Louis Calaferte, oui, c'est vrai, et j'y
suis
allé.
Quel bonne journée, ce fut !
P.S. : Ça fait un peu
rédaction de classe,
vous ne trouvez pas ?
Pour la santé et les pommiers de
Normandie,
Faut-il manger une à deux pommes
par jour ?
D'après eux, oui, c'est bon,
même s'il y a
des taches,
Ce n'est pas grave, il suffit d'enlever
le
mauvais.
Manger régulièrement des
fruits et légumes
En général c'est
préférable à ingurgiter
n'importe quoi,
Franchement va falloir changer vos
habitudes.
Seulement, les pommes, il y a tellement
le
choix
Qu'on se demande bien lesquelles
prendre.
Perso, ça n'engage que moi, bien
sûr,
J'aime les Fuji, c'est un mélange
pomme-poire,
Un régal, ça croque
différemment sous la
dent,
D'ailleurs, c'est vrai, t'as
l'impression
d'avoir
Dans la même bouchée, un
morceau de
Pomme et un morceau de poire…
J'espère que cette information
vous a
intéressé.
- Il est à se demander si pour
des gens comme
moi
Il ne serait pas
préférable de choisir des
livres
Sous forme CD ou DVD avec le texte lu
à haute
voix
Par un lecteur professionnel,
agréable à
entendre ?
- Voilà un avis ridicule.
Soit tu lis et ça relève
d'une certaine
mécanique cérébrale,
soit tu écoutes ou regarde et
là c'est
ailleurs que ça marche.
- Donc ?
- Donc, tu fais comme tu veux avec tes
livres.
- C'est fou ce que j'avance avec toi.
A la fin du voyage, pour une question de
téléphone portable,
Nous avons pu échanger quelques
mots.
Vous aviez entre les mains le dernier
modèle
d'Alcatel,
Pas la panacée, il fait des
photos certes,
mais la qualité
N'est pas au rendez-vous... m'avez-vous
dit.
Et vous m'avez parlé un peu,
puis, juste à
notre arrivée,
Vous m'avez fait une confidence :
Vous êtes enseignant et je ne sais
pour quelle
raison
Vous m'avez assuré qu'il
s'agissait pour vous
d'une passion.
Pourquoi je vous raconte cette histoire
?
A vrai dire, tout à l'heure, je
dois prendre
le train,
Alors, probablement fais-je encore une
association...
Le rêve d'un homme ridicule de
Dostoïevsky je
l'ai lu
Il y a bien longtemps. Il est
associé dans
mon esprit
Aux Champs Elysée. Le
métro, l'avenue, puis
AEG,
C'est cela, j'assurais un intérim
chez eux,
j'avais
Une "mission" par Bis interposé
et
c'est ce livre
Que je lisais dans le métro, dans
la rue...
Il est question d'un rêve qui
sauve un homme
d'un suicide
Qu'il avait l'intention
d'exécuter juste avant
de dormir...
Depuis, je crois en la psychanalyse,
bien que
je sache
Que la vie n'est pas un long fleuve
tranquille
Comme disait Freud à Lacan, un
soir,
Dans un moment de grand
désespoir.
La première fois, on est
là, on passe, c'est
la Foire
Internationale d'Art Contemporain, la
Fiac
pour ceux
Qui connaissent. C'est à Paris,
l'entrée est
payante, bien sûr.
Je
t'avertis, il y a beaucoup de choses à
voir,
T'as intérêt à
mettre tes basquets, les
jaunes c'est plus mieux
Pour l'endroit, ne mets pas ta culotte
rouge,
on sait jamais...
Il y a tellement d'artistes là
dedans,
C'est fou ce qu'il peut y en avoir.
Partout,
ça pullule.
Donc, on se trouve là comme un
con devant un
Botero,
Pour la première fois, devant
ça, je te le
dis d'avance,
Te connaissant un peu avec ta
sensibilité à
fleur de peau,
Tu ne resteras pas indifférent,
ça te fera
tout de suite quelque chose,
Botero, c'est très sensuel.
Nous, enfin ma mère, elle disait
le p'tit
jardin, pas le square,
Pourquoi, j'en sais trop rien, elle, le
langage, c'est spécial.
Prenons un exemple : le lévier,
c'est
fabuleux, ça, non ?
Le lévier pour dire
l'évier, c'est génial !
Mais, en dehors de ces amusements qui
n'amusent personne,
Moi, avec ses conneries, j'ai pas eu mon
CAP
pour fautes
D'orthographes dépassant les
limites que
l'école,
Notre mère à tous, a
programmé contre moi.
Voilà, c'est dit, je n'ai rien
à vous cacher,
L'écriture c'est fait pour
ça, se mettre à
nu, donc, j'en profite,
D'autant qu'il n'y a personne dans la
salle
actuellement,
Ils sont tous allés faire un tour
du côté de
Paris
Où ils fêtent
l'anniversaire du 6 juin 1944,
La guerre, ça attire toujours.
Quand bien même l'aurais-je
rencontré, vu une
fois,
Traverser une salle de
théâtre pour aller je
ne sais où,
Aux toilettes, peut-être ?
Entre elle et moi, rien ne se serait
passé,
j'étais trop jeune,
Non qu'elle n'eût point
aimé cela, mais moi
dans ma tête,
Je n'étais pas là dedans,
même pour vivre une
histoire chaste.
J'étais trop jeune, pas ouvert
à ce genre
d'aventure
À la va que j'te pousse, genre
Piaf et Montant,
la gloire, les royalties,
J'y pensais pas. A l'époque, je
pensais à
quoi ?
J'ai toujours été
honnête, ça a failli me
perdre,
Dans ma tête et dans mon corps,
j'avais toujours
peur de tout,
Comme un gamin, un gosse, j'étais
un gosse,
Et quelquefois encore maintenant, je me
demande
Si je ne le suis pas resté dans
le fond de
mon âme ?
Sapha était le nom de la chienne.
Sa
maîtresse avait un mari,
Mais étaient-ils officiellement
mariés ces
deux là, ça, je n'en suis pas sûr,
Mais enfin, ce ne sont pas nos affaires,
alors, passons.
Lui avait ses bureaux au-dessus du
théâtre
Gramont où l'on jouait
Comme par hasard "Des journées
entières
dans les arbres".
Le hasard, d'après Juliette,
ça n'existe pas,
évitons d'entamer une discution
Avec elle là dessus, sinon on n'a
pas fini de
la soirée, ce soir restont Durassien.
Donc, ces trois-là, la chienne,
sa maîtresse
et le mari qui ne m’aimait pas,
Car le soir après le turbin, nous, lorsqu'il
était en voyage, sans la chienne
On sortait en amoureux. Nous
étions chastes,
pas à cause de lui, non ça non,
Seulement j'étais marié,
mais marié fidèle,
et oui ça existe.
On dansait, on dansait, on aimait
beaucoup
danser, à Juan les Pins.
La journée, Sapha la passait sur
la terrasse
à ne rien faire,
Par contre, Murielle et moi, on vendait
des
appartements neufs
On n’arrêtait pas les visites,
d’autant qu’il
y avait trois immeubles,
On ne chômait pas, tu peux me
croire.
Je sais, dans ton esprit, me voir au
travail
t’apparaît
Complètement improbable,
pourtant, là je te
jure c’est vrai,
Je me suis vachement donné, et en
plus on
était fidèle au poste
Tous les jours, même le Dimanche.
Dans Radio Monte-Carlo
La pub avait très bien
marché, alors, du monde,
on en avait tout le temps,
Ça défilait, ça
défilait, aux Eucalyptus.
En plus, c’était la
première fois que j’aimais
un animal.
Je me souviens, c'était
déjà il y a quelques
années, un jour,
Le désespoir profond dans la
chair, un
sentiment persistait :
Quelque chose allait advenir qui
éloignerait
mon amour.
Alors je suis parti, j'ai quitté
Paris, en
voiture je m'en suis allé
Sur la côte normande, entre
Trouville et
Honfleur et
Dans le plus beau des manoirs qu'il
soit,
saouler mon désarroi,
Ma petite folie, dans cet endroit, lieu
de
bonheur infini,
Étrange comportement que
celui-ci, avais-je
envie de mourir,
Et avant d'en finir, voir la mer, la
regarder
dans les yeux ?
La plus belle chambre me fut offerte
avec vue
sur l'horizon,
Chambre d'amour à vivre
sans l'être aimé, vie en danger
Vie ayant perdu son sens, vie inutile,
en finir
de cette vie.
Mais, à quelques maisons de
là, aux Roches noires
Marguerite Duras demeurait à
Trouville-sur-Mer ?
A deux pas de là, je n'allais pas
bien, pas
bien du tout.
J'avais, pour accompagner ma douleur,
pris
"L'amant"
Et dans le lit je me mis à la
lire. Dès les
premiers mots,
Elle m'a pris par la main, me raconta
une
histoire d'amour,
Cette femme est folle pour vivre comme
ça ces
conneries-là,
Alors, cette nuit, avec elle, j'ai
beaucoup
pleuré.
Le lendemain, le soleil est entré
dans la
chambre ...
Combien peut-on avoir de livres dans sa
bibliothèque
Sans que cela ne vous inonde ? Que cela
reste
A l'échelle humaine, palpable,
visible en
tant qu'objet,
Non pas comme signe d'une quelconque
appartenance
À je ne sais quelle secte
sociale, mais,
toujours, toujours,
Comme des témoignages, des
accouchements
Et non des attouchements, ou
plutôt si, des
attouchements,
Des caresses, une pluie fine qui vous
apporte
un rien
De fraicheur quand celle-ci manque tant
dans
l'air.
Lorsque les hommes veulent bruler les
livres
A quoi cela correspond-il dans leurs
têtes ?
C'est vider, faire le vide de ce qui
pourrait
Les empêcher de faire des
saloperies, les
hommes,
Ces salauds, capables de tout, dans le
bien
comme
Dans le mal, ils ne savent même
pas faire la
différence...
Dans le neuvième arrondissement,
près du Théâtre
La Bruyère,
Se trouvait une boîte,
fermée maintenant, "La
Tomate"
J'ai connu la patronne, ce
n'était pas une
matrone,
Contrairement à ce que vous
pourriez penser.
C'était une boîte de
Striptease, je n'y suis
jamais allé,
J'étais mineur à
l'époque et au fond, ça me
faisait peur,
Ce sexe-là, alors qu'au Concert
Mayol, au
Folie Bergère,
J'y allais : les filles avaient des
caches-sexes, alors...
Marguerite, te souviens-tu de la rue des
Bains à Trouville
Où madame Marie louait ses
chambres pourries
Aux gens pauvres comme mes parents
voulant
passer
Le mois d’août comme tout le
monde, au bord de
la plage
À Trouville-sur-Mer, pas tant
pour toi, Duras,
pour eux
Ça ne disait rien, ils ne lisent
pas, eux ce
qu’ils voulaient
C’est le casino, le soleil qui grille la
peau, le sable…
Et comme me disait Delors, un jour,
à la
librairie La Hune,
(C’est tout près de chez toi,
ça, La Hune,
rue Saint Benoît):
- Ne vous inquiétez pas des gens
qui ne
lisent pas,
Ils ont leurs petits bonheurs ailleurs,
ils
s’arrangent
Sans les livres, ne vous saoulez pas la
vie
avec ça,
Ce n’est pas un problème, ils ont
d’autres
choses…
- Marguerite, comment pouvez-vous
envisager
D’entrer en psychanalyse, sans risquer,
en
guérissant,
De mettre en danger le socle même
de ce qui
caractérise votre œuvre.
- Que dois-je faire alors, continuer
à
souffrir au nom de la littérature ?
- Etes-vous prête,
réellement, chère amie, à
faire le "deuil"
De vos malheurs et dans ce cas, quelles
en
seraient les réelles motivations ?
- Mes angoisses permanentes, mes mots,
l’alcool que j’ingurgite,
Jours et nuits, mes amours fous ne
sont-ils
pas des symptômes
Suffisamment concluants, pour vous ?
- Ecoutez, je crois qu’il faut que vous
y
réfléchissiez,
Que nous y réfléchissions
tous les deux,
c’est une entreprise
Très particulière, vous
savez, la
psychanalyse.
David Foenkinos, est un jeune auteur qui
écrit des livres.
La jeunesse dans son ensemble, j'aime
bien, rien
à dire,
Tu t'en fous, on s'en fout tous, c'est
pas
grave, on continue.
En vrai, les vieux, c'est eux qui
détiennent
le pouvoir.
Le pouvoir des pères, dit-on, et
on trouve ça
normal…
Pourquoi n'ai-je pas acheté son
dernier livre
? À la fnac,
Je l'ai tenu entre les mains, j'en ai lu
quelques lignes, mais, non...
Aujourd'hui mon esprit est ailleurs, je
suis
convaincu que
Flaubert, Deleuze et compagnie, c'est
des
fils de putes,
Des bourges, comme dirait la plume d'un
ami
vu
Il y a quelques jours, nous avions
rendez-vous à la Coupole
Où nous avons bu un verre,
après quoi, nous
sommes allés
Dîner au Bar à Huitres
où une amie à lui est
venue nous rejoindre,
Qu'elle vient de rompre d'avec son ami
et
cela me donna
L'idée d'écrire un livre
dont j'ai au moins
le titre :
"De la pénibilité de la
rupture". Ces
conneries-là,
C'est vraiment pénible, on n'en
sort pas si
facilement
De ces attachements auxquels on se donne
sans
compter,
Corps et âme, surtout corps,
d'après un autre
ami, qui, lui,
N'a jamais rompu pour n'avoir jamais
connu
personne.
Bref, c'est pas facile, tout ça !
Donc les ruptures, avec les coups de fil
Qu'on ne finit pas d'attendre, qui ne
viennent jamais,
Qu'on donne à tort et à
travers, toujours au
mauvais moment,
Et puis l'autre, ce bel
indifférent, cette
salope,
Ce chien, cette chienne, pure
galère, sans
parler
Du travail qui ne marche plus, à
la rue,
A la rue, que tu risques de finir avec
tout
ça...
Les sentiments, les sentiments, tu
parles
C'est quoi ce bordel, gardons les pieds
sur
terre,
Seul tu es venu, seul tu partiras, point
barre.
Entre temps, tu as fait des
connaissances,
voilà,
C'est bien ça, des gens que tu as
rencontrés,
A droite, à gauche et à
chaque fois, tu y as
cru...
- Ce qu'ils disent ou rien.
- Tout de même, ce n'est pas la
même chose.
- De quoi parles-tu ?
- Il y a ce qu'on dit et ce qu'on ne dit
pas.
Les fameux non-dits, qu'à peine
dis,
Il faut payer le psychanalyste, quitter
le
fauteuil,
Se retrouver dehors, tout seul comme
tout nu.
- A part cela, ça va ?
- Avec la fraicheur qui arrive ce matin,
c'est bon...
Je ne suis pas sortie de ma nuit,
qu'elle a
écrit.
C'est toujours la même question
avec les
écrivains :
Faut-il sortir de son bordel personnel
où y
rester pour écrire ?
Nous avons étudié cette
question avec Madame
Duras, de
Trouville-sur-Mer... la rue des Bains,
Madame
Marie...
Vous ne vous en souvenez pas ? Ce n'est
pas
grave.
Ici, on ne note pas les
élèves, d'ailleurs,
on vous considère
Comme des grands, des adultes à
part entière.
Sortir de son bordel personnel, de sa
petite
histoire,
Comme dirait notre ami Deleuze, c'est
laisser
une porte ouverte,
Entrouverte, alors un courant d'air peut
passer
et vous risquez
D'attraper froid, vous riquez de voir
votre
vie chamboulée
Par la réalité, car c'est
bien de cela dont
il s'agit,
De la difficulté du réel !
Pourquoi Ecriton n'est-il pas venu au
rendez-vous
Au bar Le cosmos, où l'accueil
est des plus
agréables,
L'air conditionné et
l'accès aux
personnes handicapées
Assurés convivialement par la direction
en personne.
D'autant, qu'il eu été
possible de casser la
croute
Pour pas trop cher : 17 € à 23 €,
tout en
parlant
De tout et de rien comme d'habitude.
Seulement, Monsieur Ecriton se fait
désirer,
Aime à nous faire baver comme des
chiens,
Ecriton, que fais-tu de notre patience ?
N'est-il pas de ton devoir d'apporter,
au
moins,
Un semblant de réponse au
pourquoi écrit-on ?
Ce n'est pas la mère à
boire, tout de même,
Ce qu'on te demande !
C'était au 254 du boulevard
Saint-Germain, à
Paris,
Au deuxième étage,
à droite de l'escalier.
C'était un jeudi. Un jeudi des
"Jeudis
de la Cori"
Jour de la réunion hebdomadaire,
où les
cadres
Nous faisaient leur spitch sur le
comment
faire ceci,
Comment faire cela, mais, ce
jeudi-là,
j'avais entre les mains,
Un livre. Il me servait à laisser
passer le
temps dans le métro,
Que voulez-vous les transports en
commun, on
vit avec. Bref,
J'étais un peu immature,
pardonnez-moi
j'avais 25 ans.
Elle, c'était une femme, une
collègue ...
Elle me demanda ce que c'était
que ce livre-là
?
A l'époque, je n'étais pas
conscient de ma
tare concernant ma mémoire,
Vous le savez puisque vous m'avez lu, je
ne
retiens rien de ce que je lis,
Alors donc je n'ai pas pu lui parler de
mon
livre, je lui ai donné
Pour qu'elle s'en fasse une idée
par
elle-même.
- Souvent on entend dire : les enfants
ne
sont pas si pures que cela.
Un jour, j'avais reçu chez moi,
dans le
château de ma solitude,
Des gosses d'une école, et devant
l'enthousiasme
qu'ils exprimaient
Devant mes tableaux, je faisais
remarquer ma
surprise aux enseignants :
N'avais-je pas peins surtout mes
souffrances,
et voilà qu'eux,
Interprètent à leur
manière et d'une façon
joyeuse ce qu'ils voyaient,
Pour eux c'était des images. Pour
ces
moucherons, il n'y avait rien
De dramatique, la vie, la mort, ce
blablabla
des adultes, non,
Ce qu'ils voyaient c'était du
concret, du
réel... Goldorak !
- Oui, et alors ?
- Non, rien, c'était pour dire.
Le tonton à ma titine,
c'était quelque chose,
Un caban des faubourgs, un malotru,
Un voyou, un salaud, un rien du tout.
Je n’ai jamais aimé ce
mec-là,
Je n‘ai point voulu le côtoyer de
près,
Je n’ai d’elle et de lui, aucun regret,
Je n’ai ni soucis, ni remords, pourtant
Je n’ai pas voulu qu’elle s’en aille
avec,
Genêts et fraises des bois, avec…
Genêts et fraises des bois.
Il ne sut comment faire, maintenant
qu’il
avait acquis
Toutes les connaissances
nécessaires à la
compréhension
Des mécanismes qui
généraient le monde et les
hommes.
Entre autres, il avait lu attentivement
quelques extraits
De la Nouvelle Revue de Psychanalyse de
Monsieur Pontalis,
Humble représentant de commerce,
chez
Gallimard.
S’il
avait essayé, du temps de sa jeunesse,
la lecture
De Nietzsche sans succès, non
qu’il fut plus
bête qu’un autre,
Mais, comment voulez-vous comprendre le
mal
si l’on est,
Comme il était, dans le bien, du
matin
jusqu’au soir ?
Un jour vint, par on ne sait quelle
excitation de l’esprit,
Où il put sortir de chez lui pour
aller chez
son coiffeur.
Une coiffeuse en réalité.
Rien qui ne puisse
défrayer
La chronique d’un quelconque journal
lahnda.
Pourtant, cet événement le
marqua
profondément.
Il s’était confortablement
installé pour le
rituel du
Coiffage de cheveux, quand, la radio
annonça
la chute
De l’empire américain. Il pensa
tout de suite
Au Mac-Do qu’il voyait au travers de la
glace,
Qui reflétait, non seulement son
visage
hirsute
Dû au lavage de ses tifs avant la
coupe, mais
aussi,
La devanture du magasin sus dit
nommé.
Il fit très immédiatement
une association
qu’il n’a pu contenir,
Il pensa à José
Bové, et eut hâte d’en finir
avec cette séance
Qui n’en finissait pas, de rentrer chez
lui,
pour regarder
Tranquillement la
télévision. Seulement,
seulement,
Les choses ne sont pas si simples.
À peine
arrivé chez lui,
Il alluma le poste, mais toutes les
chaînes retransmettaient
La même chose,
l’événement du moment, les
tours jumelles
S'écroulant au vu et au su de nos
regards à
tous,
Cela le troubla
énormément, jusqu’à
l’excès,
et il décida alors,
D’aller voir son psy pour quelques
consultations
de remise en forme.
Il alla donc pendant dix semaines, tous
les mercredis
à quinze heure
Trente précise, dire à cet
homme les maux de
son mal,
Ponctués, grâce au ciel,
par l’humour qu’il
n’avait pas perdu,
Faisant même éclater de
rire ce psy en
question, payé par chèque
Et remboursé par la sécu.
En fait de maux, ce qu'il voulait,
c'était,
dire le trop-plein
De ceux qu'il avait accumulés en
lui depuis
le jour de sa naissance.
Le psy a beaucoup insisté pour
qu'il fît une
analyse de dix ans.
Mais de la psy, il ne voulait point en
devenir l'esclave, et l'autre,
Pas bête puisque psy, se souvenant
d'une
autre période, où
Son client n'était passé
au cabinet que trois
fois, mettait
Quelques réserves à
s'investir dans cette
histoire.
Je ne sais si vous comprenez ce pauvre
malheureux,
Ce qu'il voulait avant tout,
c'était faire la
peau aux images
Contradictoires qui se bousculaient dans
son
esprit.
Pauvre naïf, pauvre ignorant,
comment
pouvait-il
S'imaginer effacer quoi que ce soit dans
cette réserve,
Dans cette mémoire où le
destin de l'image
est justement
D'y rester jusqu'au dernier jour, dans
le cas
où,
Il en aurait besoin comme
matériaux de base à
...
Dans ces séances, il parla
beaucoup du
soleil, de la plage et de la mer.
Son rêve était-il d'aller
vivre à Trouville-sur-Mer,
Pas trop loin de Marguerite Duras ? Il
est
probable que son psy
N'ait apporté aucune attention
à ces
discours. D'ailleurs,
De l'attention en avait-il,
était-ce vraiment
ce qu'on lui demandait ?
Les psy ça sert à quoi ?
lui avait demandé sa
soeur, un jour,
Cette question lui revenait sans cesse,
comme
une mélodie,
Tout au long du parcours psy de cette
période.
Il parla aussi de concepts nouveaux qui
viendraient révolutionner
Ceux de Freud, Jung, Adler et de bien
d'autres,
sans pour autant
Oser nommer Lacan qu'il ne connaît
pas plus
que ça, seulement,
Ses amis lui avait dit qu'il
était Lacanien
sur les bords, ce qui
Le surprit tout de même, d'autant
qu'il ne
l'avait quasiment jamais lu.
Sa mère et son père
formaient dans son esprit
un couple.
Son psy lui expliqua qu'il en
était ainsi
pour tous les êtres
Vivants sur terre. À la remarque
idiote qu'il
avait faite,
La réponse du spécialiste
lui parut encore
plus idiote,
Il commençait à entrer
dans une sorte de
délire avec ce gars-là,
L'idée d'en finir germa dans sa
tête. Il
arrivait toujours à l'heure
Aux rendez-vous de quinze heures trente.
Avant, il allait boire
Son déca au café d'en face
où on finit, avec
le temps, à le reconnaître
Et à lui dire bonjour, comme s'il
était un
habitué de très longue date.
Pendant ce temps-là, que se
passait-il dans
sa tête,
Se préparait-il à la
séance ou pensait-il à
autre chose ?
Comment savoir au juste, et puis
mesure-t-on
combien tout cela peut être
Confus dans les rapports conflictuels
que nous
entretenons avec nous-mêmes ?
Seulement, voilà, un jour qu'il
attendait
dans la salle d'attente
Il prit une revue posée sur la
table basse où
il était question,
Dans un article, de plaintes d'hommes
politiques
à l'égard
De leurs concitoyens. Plusieurs
documents
officiels témoignaient
Du bien-fondé de cette
hypothèse : tout homme
attend d'un autre
Quelque chose qu'il ne peut,
malheureusement
pas donner.
Avec ça, il eut à
improviser une séance qui
s'avéra plutôt merdeuse.
Le lendemain, il déprima pas mal,
pensant aux
tours réduites en poudre,
Evènement originel, ne l'oublions
pas, de sa
décision d'aller voir ce Lacanien.
Toutefois, malgré tout, le temps
passant, il
remarqua la fin de cette souffrance,
De cette peur qui le tenaillait jour et
nuit.
Etait-il temps de mettre un terme
À ces visites hebdomadaires,
fallait-il en
parler ouvertement
Avec cet homme et comment, comment, lui,
le
prendrait-il ?
Il avait pris la décision, pour
sortir de son
angoisse, de changer d'appartement,
Car, nous n'en avons pas parlé
avant, pour ne
pas alourdir cette affaire :
Il avait des voisins bruyants,
particulièrement
après minuit.
Cela se passait dans la salle de bains
qui
communiquait avec
la sienne…
Il lui était donc impossible de
dormir à
partir de cette heure-là.
Etant par nature non violent et par
ordonnance médicale
Interdit de toutes
contrariétés, il ne voulut
pas entamer de discussion
Avec ces gens-là, qui sur le
palier étaient
des plus courtois.
Ce qui l'avait décidé
à déménager,
C'est qu'il y avait un autre
problème dans l'immeuble,
Le gardien.
Le gardien de son immeuble le lui avait
fait
comprendre,
Sans que cela soit dit très
clairement, il
lui avait fait comprendre
Que s'il l'aimait, en tout bien tout
honneur,
bien entendu,
"Si tu m'aimes, tu payes". Il fut
très choqué par cette façon de
faire de la part
D'un garçon qu'il avait
engagé au noir pour
quelques travaux à exécuter
Dans son appartement, genre retouche de
peinture dans la cuisine,
Changement d'une rondelle de plombier,
Ouverture d'une fenêtre
défectueuse et d'autre
chose,
Dont le détail importe peu
à la compréhension
de la relation
Qu'il avait entretenu bêtement
pendant les
quelques
Mois qu'il avait habité dans
cette citée.
Son psychanalyste avait-il une gardienne
d'immeuble ?
Une gardienne peut-être pas, mais,
une femme
de ménage, oui.
Plusieurs choses avaient surpris notre
ami
dans cette aventure.
Persistait en lui une impression
d'être entendu
au travers de la cloison
Séparant le cabinet du
médecin à son
appartement mitoyen,
Son séjour ou une chambre, nous
ne le saurons
jamais.
Qui se cachait de l'autre
côté du mur, qui
écoutait ?
Bizarrement, à la fin des
séances, la femme
de ménage sortait en même
Temps que lui et descendait l'escalier
comme
de rien n'était.
Que cherchait-elle au juste ? Les mots
qu'elle écoutait avidement
L'inspirait-elle ? Trouvait-elle qu'il y
avait
quelque chose d'inachevé
Dans ce dialogue entre son patron et ce
client si intrigant ?
Mais, au fond, pourquoi
s'était-il mis en
tête
Qu'il s'agissait d'une femme de
ménage ?
N'était-est-ce pas avant tout une
femme ?
La femme de cet homme, pourquoi pas ?
Et même si elle était
portugaise, pourquoi ce
psy
Ne pouvait-il pas être
marié à cette femme-ci?
Femme de ménage ou femme tout
court,
Toujours est-il que cet homme avait bien
le
droit
De ne pas vouloir vivre dans la
solitude.
Un jour, alors qu’il attendait devant
son
déca la
Bonne heure du rendez-vous, il vit
passer son
psy
Sur un vélo muni à
l’arrière d’un siège pour
enfant.
Il déduisit alors qu’il n’avait
pas qu’une
femme…
En dehors de ça, leur relation
était plutôt
bonne.
Sauf, qu’il y avait cette
épée d’Amoclesse
"Ce n’est pas une affaire qui va durer
dix ans"
Cela avait l’air de déranger le
psy, non
qu’il pensa
A son chiffre d’affaires, d’autant comme
on
l’a dit plus haut
Il payait ses consultations par
chèque
Ce qui, dans cette profession, est mal
vu
depuis Freud,
Mais, pour une autre raison qu’il
était
difficile de cerner.
Il chercha à comprendre de quoi
souffrait
cette femme de ménage.
Il voulut en avoir le coeur net, mais
comment
faire,
Comment investiguer lorsqu’on n’est pas
enquêteur professionnel ?
Quel moyen avait-il pour aller à
ses fins, aller
de l’avant ?
Un mot lui traversa l’esprit, comme
cela, par
hasard
Et ce mot était : « la
lecture ». Comment et
pourquoi avait-il fait
Cette association, voilà un
mystère dont les
psychanalystes, plut tard,
Auront à débattre, mais,
pour l’heure, ne
compliquons pas trop
Le discours et allons droit au but :
l’hypothèse de base
Etait, que cette pauvre femme, venue il
y a
dix ans directement de
Lisbonne, sa ville natale, où sa
maman se mourait
de solitude,
Cette pauvre femme, qui dans l’escalier,
descendait en même temps
Que lui, avait un secret qu’elle cachait
à
tous, même à son psy :
Elle ne savait pas lire. Mais, de cette
histoire,
n’en faisons pas un cas.
Chacun a son destin, tournons la page
résumons.
Son psy était donc un homme, fort
probablement
marié, ou du moins,
En ménage avec une femme et tous
deux avaient
un enfant.
Bref, pas de quoi faire un roman.
Quoi que ! comme dirait Devos, quoi que,
on
ne sait jamais.
Qui vous dit que tout allait bien dans
cette
maison ?
Qui peut l’affirmer, la femme de
ménage ? Non,
soyons sérieux,
Préférons la rigueur,
l’analyse à partir
d’éléments concrets,
Mais lesquelles ? Prenons, si vous le
voulez
bien, l’exemple du vélo.
Pourquoi avait-il un vélo pour
deux et pas
une voiture pour quatre ?
Nous nous sommes rapprochés de
Juliette pour
en savoir un peu plus
Sur le comment il a pris cette histoire
sur
le plan intime.
Elle n'a pu nous en dire grand-chose,
nous
n'avons pas insisté.
Cette intimité qu'il
éprouvait en compagnie
de son psychanalyste
Durant cette courte période, dix
séances
c'est court pour une analyse,
Associée à cette femme de
ménage écoutant au
travers de la cloison
Étrangère de surcroit, et
d'ailleurs, que pouvait-elle
comprendre
Des subtilités intellectuelles
des mots de
ces hommes ? Tout cela,
Le dérangea à tel point,
qu'il envisagea de
mettre un terme à ces séances.
Il en informa son psychanalyste qui ne
voulut
pas entendre cette décision.
Ne fallait-il pas du temps, beaucoup de
temps
pour guérir ? lui disait-il
Et l'autre de rétorquer avec une
logique
implacable : mais, guérir, guérir,
De quoi voulez-vous guérir ?
Bref, cette
rupture ne fut pas facile.
Le moment de la fin était donc
arrivé.
Il se sentit libre, du moins, pour ce
qui
concernait
Tous les mercredis après midi,
Il pourrait occuper son temps à
d'autres
choses,
Il remplacerait "ces paroles" par
l'écriture
Et des promenades au jardin du
Luxembourg.
Avec toi, c’est toujours, toujours la
même
chose,
Tu n’acceptes pas certaines choses
relevant
de l’évidence.
Les gens, ils ont le droit d’agir comme
ils
l’entendent,
De gérer leur vie à leur
façon et de ne pas
faire comme toi.
Chacun a sa vie, on ne l’a qu’une fois,
alors, tes discours…
Bonjour.
Ca fait plaisir d’entendre ça de
bon matin.
Ce que j’en disais, c’était pour
le bien de
l’humanité,
Des humains en quelque sorte, des jeunes
en
particulier.
Tu comprends, j’en ai rien contre lui,
que
veux-tu,
Il le fait en toute
honnêteté, on ne va pas
discuter là-dessus,
Et même, dire des poèmes,
que veux-tu, tant
qu’il y aura des poètes,
Il faudra bien des gens pour les
larguer… Je
peux, plus facilement,
Admettre qu’il le fasse dans un
café autour
d’un verre entre amis
Où même comme un spectacle
avec tout le monde
au même niveau,
Physiquement j’entends, autour d’un
verre et
la lumière autour,
Mais là, il est sur le plateau,
tout seul, à
faire son truc, et toi
T’es dans la salle obscure, tu sens bien
que les
gosses qu’on
A obligés ou presque, à
venir voir Terzieff,
ces gosses à qui j’ai
Demandé combien de fois ils sont
allés au
théâtre : trois fois
Et toujours avec l’école, alors,
tu es
tranquille, après ça…
Ils ne risquent pas d’y retourner tout
seul.
Sans vouloir faire de fixation, pour
revenir
à Terzieff,
Tu sais à quoi j’ai pensé
? Je l’aime bien
Terzieff, mais, tu vois
Je me suis dit qu’il faudrait faire
place aux
jeunes.
Il n’y a rien de très nouveau
dans ce que tu
dis là.
En plus, ce soir-là, il y avait
deux
spectacles, le sien
Et dans la salle d'à
côté une pièce jouée par
des jeunes justement,
Mais c’est lui que tu as
préféré, tu n’es pas
logique avec toi-même,
Alors comment expliquer son comportement
?
Tenez, par exemple, dans deux jours, il
va y
avoir
La fête de la musique, tu crois
qu’il va
sortir
Pour voir "les jeunes", être avec
eux, promouvoir,
Aider les nouveaux… Pas du tout, c’est
devant
sa télé, son ordi.,
Qu’il passera la soirée… Et
d’abord, il est
claustro,
La foule on ne sait jamais, ça
peut toujours
mal tourner,
Sa mère, le lui a dit mille fois,
fait
attention mon fils !
Tout au plus, il ira à la Fnac,
celle près de
chez lui.
Il y aura des concerts toute la
journée, il
s'installera
Sur un siège bien confortable et
sirotera du
thé et du déca dégueux,
Le bonheur chez lui, ça peut
avoir
différentes facettes.
Tiens, prenons l’exemple de Johnny
Hallyday.
Nous sommes dans une sorte d’entre-deux,
à la
lisière,
Où tu as un gars qu’a
roulé sa bosse pendant
quarante ans
Comme représentant de la connerie
humaine au
plus haut niveau.
Là, pardon, j’interviens, je ne
suis pas
d’accord, il y a pire !
Je te l’accorde, mais, enfin pourquoi
n’accepte-t-il pas
D’aller faire ses courses, comme tout le
monde, au monoprix ?
Tu l’imagines, sortant avec ses courses
à
Bourg-la-Reine,
Les gens, qu’est-ce qu’ils penseraient,
quelle déchéance, le pauvre…
Les gens, c’est ça qu’ils
pensent, les gens !
Oui d'accord, je ne dis pas que tu as
tort,
mais enfin,
Pourquoi qu’il ne pourrait pas vivre ce
truc
super de n’être rien,
Un quidam parmi les quidams,
Un homme réintégré
dans le groupe, un homme
normal quoi !
Tous les matins, il ressentait une
certaine
anxiété
De voir le temps passer trop vite,
pourtant,
ne se levait-il pas
À six heures pour prendre ses
médicaments et
le petit déjeuner
Car il avait faim à cette
heure-là. Après la
petite vaisselle,
Il se mettait devant son ordinateur et
pianotait jusqu’à dix heures,
Heure de la sieste, du repos
après l’effort,
sieste obligatoire,
Sinon l’après-midi serait
invivable, la
fatigue prendrait une
Trop grande place dans le cadre des
activités
qu’il envisageait
D'activer pour la journée tant
bien que mal,
si tout allait bien.
Alors, vous comprenez bien, ce pauvre
homme
ne pouvait
Que ressentir de l’animosité
à l’égard de
ceux, qui comme Terzieff,
Pouvait agir sans se soucier de leur
santé,
vivre à loisir chaque instant
Chaque heure qui passe, avoir des
projets et
les réaliser sans être
En permanence dans le doute quant
à savoir
s’il tiendrait le coup
Après le repas du soir ou celui
de midi.
Peter Handke et lui avaient ce point
commun :
la fatigue.
En dehors de ça, ils avaient
d'autres points
communs,
Mais pour l'heure, il nous est difficile
d'en
dire plus,
La censure, je m'en méfie comme
de la peste.
Ce qui est surprenant, c'est qu'il se
déclarait comme étant
Un homme heureux, du moins, pas
malheureux.
Il vivait
Année après année
ce qui venait tout
simplement,
En fait comme tout le monde. Il avait
donc pris,
L’habitude de toutes ces choses qui pour
d’autres
Apparaîtraient comme invivables :
il avait
même profité de tous
Ces inconvénients pour en faire
des
avantages, le malin.
Le malin, le malin, c’est vite dit,
comme
vous y allez !
Non, non, à vrai dire, chaque
jour était une épreuve,
car,
Pour des raisons
incompréhensibles, il
culpabilisait
De ne pouvoir être utile aux
hommes allant
plus mal que lui.
N’y en avaient-ils pas partout, dans les
chaumières, dans les rues,
Dans le monde tout entier ? Alors, nous
nous
sommes posé la question :
Pourquoi voulait-il que les humains
soient plus heureux ?
Comment ne pas être tenté
de le qualifier
d’utopiste.
À moins qu’il n‘eût
été question d’autre
chose, mais de quoi, alors ?
Vouloir voir les autres plutôt
bien que mal
est un sentiment honorable
Que personne ne contestera. Un jour, il
cria
: "j’accuse"
Ce n’était pas le premier «
j’accuse » de
l’histoire,
Il s’était arrogé le droit
de plagier… mais,
pour la bonne cause.
Si le mal appartient à tous, pour
le bien en
est-il de même,
Me demanda-t-il, samedi soir dernier,
lorsque
nous sommes allés
Ensemble dans ce bistrot branché
de la
Bastille.
Zurban l’avait conseillé pour je
ne sais plus
quelle raison
Le bien, le mal, je ne sais pas si c’est
dans
les conversations
Des
gens
normaux, mais à table, gesticulant de partout,
Il comparaissait ces deux entités
à deux
autres
Qu’il avait l’air de connaître
pour les avoir
étudiés de très près.
Le bien et le mal c’est comme l’homme et
la
femme.
Tu parles que ça m’a
inspiré toute la soirée,
j’ai bu.
Garçon, un double demi, et pour
moi et ce
sera un vichy,
Pour lui un vichy. Merci.
Le bonheur, c’est quoi le bonheur ? Je
ne sais
pas très bien si les psys
S’en préoccupent beaucoup de
ça, eux, c’est
le contraire qui les intéresse.
De toute façon, si tu es bien
dans ta peau,
tu ne vas pas les voir,
Sinon, tu serais pris pour un malade, un
fou
qui sait ! Regardez,
Lorsque la maladie vous a bien
déstabilisée,
désocialisée,
Malgré tous les efforts que l’on
peut
imaginer, il reste toujours
Quelque chose du temps où vous
étiez un
tambour battant, un casse coup,
Un bout en train, un sportif… Mais bon
faut
pas exagérer,
Je ne parle pas pour lui, lui, c’est
tout un
poème.
Avec le temps vous apprendrez à
le connaître
mieux…
Pour l’instant, on peut affirmer
qu’à coup
sûr,
Cent pour cent, tout le monde veut
passer à
la télévision et
Vous savez pourquoi ? C’est le
lieu de toutes les excellences !
En dehors de la télé, t’es
rien mon gars, un
amateur,
Un amateur, j’t dis, aucune chance tu
as.
Fonce, fonce garçon,
médiatise-toi,
Ça ne se discute pas... Demain,
j’y vais.
Il n’y a rien en dehors de l’Amour.
C’est ce qu’on dit, l’Amour,
C’est une marchandise sur lequel
Il ne faut pas cracher. L’amour,
C’est une rigole d’eau et si
Tu n’es pas sur le bateau, attention
à toi,
L’amour ne te le pardonnera jamais.
Seulement voilà, on a beau dire,
on a beau
Râler tout son mou, quand tu
passes par là,
T’es comme tout le monde, tu bandes, tu
bandes.
La vie c’est ça, le reste c’est
de la
littérature.
Il y a deux choses. La première,
tu dois
gagner des sous
Pour payer ton loyer, ta bouffe et le
reste,
la seconde,
Si tu es un artiste, soit-le, et
in-challa…
Je ne sais pas si j’ai bien
répondu à votre
question
Mais j’ai essayé de
synthétiser au maximum
Je ne peux pas faire plus court.
Je vois l’horizon de ton mal, ocre de ma
vie,
Symphonie des grands jours. Veux-tu,
futile
tragédien,
Parcourir les contrées… Partir
enfin !
Mais, partir où, quand et
comment ?
La terrible, terrible condition humaine.
Et toi, toi Hermann, dis-moi, est-ce
qu'il y
ait des macs do partout?
Moi, je n'y vois pas
d'inconvénients et si en
plus c'est gratuit
Pour tous ceux qui crèvent la
faim c'est
super, mais je désespère
Hermann, comment allons-nous sauver le
monde
?
Qui inventa le voyage, ce
déplacement pour aller
chez l’autre
Chercher de l’exotisme, sortir de son
quotidien bancal,
Fuir les religions, toutes les
religions,
elles m’apparaissent
D’une telle dangerosité pour le
monde, si tu
savais.
Pas très original, votre discours
jeune homme,
car la question
Qui se pose depuis la nuit des temps,
c'est comment
gérer les masses
En dehors des religions et du sport ?
Simple
comme bonjour,
En se disant : l’homme n’est que
matière. Un
peu avant lui, de cela
On s’en doutait, seulement, ce qu’il
apporta de
nouveau en l’affirmant
Du haut de son mètre soixante qui
n’en
finissait pas de se rapetisser,
C’est d’en avoir apporté la
preuve
matérielle, par ces quelques mots
Résonants encore dans nos
mémoires à tous :
"après la mort, que reste-t-il ?"
Pour lui Houellebecq c’était
comme Nothomb,
de l’écriture
Comme il aimait. Probablement,
pourrions-nous
faire un lien entre lui
Et ces deux-là, mais, lequel ?
Trois
originaux, s’accrochant
A toutes sortes d’arts pour survivre,
surement
pourrions-nous dire ça.
Faire de l'art c'est intervenir, faire
quelque chose d'original ou pas
Pour ouvrir sa gueule de macaque,
imposer sa
parole. Intervenir,
C’est sortir une part de sa
matière pour la
transmettre, s’en débarrasser.
Mais Houellebecq, où nous as-tu
menés avec
tes interventions ?
Pourquoi y avons-nous porté une
telle
attention ?
Est-ce dû à la magie de tes
mots où à celle
des médiats ?
Houellebecq, où es-tu maintenant,
nous, qui
ne te voyons plus
Te promener avec ton filet Monoprix rue
de la
Convention,
Dans le quinzième arrondissement.
En finir avec la misère, la
misère d'ici, et
celle du monde…
Si c'est comme ça que tu
commences ta journée
Elle risque d'être gaie, je
t'assure, sort,
change d'horizon,
De domaine, lutte pour une cause
réelle, pas
chimérique, pas abstraite.
Les mots, les mots, il n'y a pas que les
mots,
mon petit,
Il y a l'action, avant, après les
mots, ne reste
pas assis
Le cul posé sur cette chaise,
plié en deux,
Replié sur toi comme si le monde
allait te
tomber sur la tête.
Mets des chaussures et marche, marche ou
crève, mais marche.
- As-tu remarqué que dans les
pays pauvres
Les gens vivaient moins longtemps ?
Sais-tu
pourquoi ?
- Non, mais tu vas me le dire, je
t'écoute !
- Ne te fous pas de ma poire de bon
matin.
Eh bien, c'est que pour vivre il faut
être
motivé,
Avoir de la motivation, comme disait
Julien
Clerc.
- Ah bon, il a dit ça ?
- Oui, un jour en se brossant les dents.
- Et sans motivations, alors ?
- Tu meurs plus facilement.
- Peux-tu me donner ton avis sur une
question
que
Je me pose depuis toujours sans avoir de
réponses
?
- Essayons, je ne promets rien, vas-y.
- Pourquoi la perfection n'est-elle pas
de ce
monde ?
- À brûle-pourpoint je
répondrais ceci :
Pour
ne
pas avoir de regrets le jour où il faudra s'en
aller.
C'était à Deauville, elle
s'appelait Fabienne,
je l'avais connue
À la Samaritaire, puis pour les
vacances on
s'est retrouvé
À la piscine municipale. On s'est
promené sur
les planches,
On a foulé le sable fin,
c'était l'angoisse,
je voulais
Savoir qui j'étais, qui elle
voyait en face
d'elle ?
Je n'étais évidemment
qu'un gosse, pourtant c'était,
L'époque de Johnny Halliday et de
Sylvie
Vartan, mais
Eux étaient plus
délurés, plus dans le coup
que moi.
Lorsque j'étais petit, pas bien
grand en tout
cas,
Une fois par semaine, j’allais dans une
école,
où
Nous occupions notre temps à nous
reposer
Des classes ordinaires. C’est là
qu’on me
parla
Des choses de la bible, de Noé et
du déluge.
C’est pour ça, probablement qu’un
jour
Dans une librairie, je me suis
trouvé devant
Ce bouquin format papier que je n'avais
pas
Encore dans ma bibliothèque
alors, alors
Alors, je n’ai pas hésité,
je l'ai acheté.
Aujourd'hui,
Il est toujours là à la
même place et je vous
promets
Jamais je ne le toucherai, c'est pour
moi
illisible !
Préparation du thé, deux
tartines de pain
beurre confiture,
Après quoi je continuerai la
lecture de la
métamorphose de Kafka :
Ce gros cafard dans une chambre avec sa
famille, sa sœur, ses parents …
C’est comme un rêve, un cauchemar
où l’on est
soi tout en étant un autre.
Un peu plus tard dans la matinée,
j’irai au
marché faire quelques courses
Pour le week-end. Un enfant pleure de
l'autre
côté de la cloison,
Ce doit être les dents… c'est
peut-être
Godot.
Je n'ai pas terminé mon
thé, il reste
quelques gouttes,
Godot ne viendra pas. Pourtant, hier
encore,
il était là,
Et maintenant plus rien. Alors,
évidemment,
elle, souffre,
Comment pourrait-il en être
autrement ?
A-t-elle fait tout ce qu'il fallait pour
lui,
lui et tous les autres ?
Elle ne peut faire autrement que de
l'amalgame
C'est dans notre nature même,
surtout lorsque
tout va mal.
Parler de ça ou ne pas en parler,
faire état
de sa pensée collective
Ou passer à côté,
louvoyer pour ne pas
s’impliquer plus
Dans cette histoire inacceptable, car
encore
inexpliqué
Malgré les tonnes de livres, les
tonnes de
mots
Les kilomètres de films, les
millions de
photos.
Comment expliquer pour que cela devienne
compréhensible,
Plus clair pour que plus jamais, cela ne
soit
du domaine du possible
Et nous devons reconnaître
à certains d’avoir
contribué
Pour que ça ne se reproduise
plus, du moins,
pas trop près de chez nous,
La condition Humaine.
Je ne sais ce qu’il voulait dire Malraux
en
écrivant ces mots-là,
Mais je sais combien on peut dire du mal
de
ce monde parce qu’on
Nous a mis là sans nous demander
notre avis. On
naît là, pas ailleurs,
Alors vos histoires de vies après
la mort, je
m’en bats l’œil.
Ce qui importe ce sont les gens avec qui
je
peux partager encore,
Un moment privilégié, le
moins pénible que
possible.
Bref, la condition humaine ce n’est pas
toujours la joie,
Mais, on va faire avec. Bien le bonjour
à
Jeanne, j’espère
Qu’elle va bien et grosses bises
à tous, sans
rancunes !
Ecrire ses mémoires, je peux le
comprendre,
mais ses anti-mémoires,
Faudrait
probablement que je m’investisse dans ce livre
Pour éclairer ma lanterne.
Seulement, ai-je
envie d’investir Malraux ?
Rien n’est moins sûr et d’abord…
C’était un
militaire !
Quoi, qu’avez-vous contre ces hommes,
ces
femmes ?
N’ont-ils pas sauvé la France au
risque de
leurs vies ?
Alors, je vous entends, vous me dites,
perdre
la vie,
Mourir, mourir sur le front, c’est
très
romantique,
Motivant, plus que de mourir à
l’hôpital en
fin de semaine
Où il n’y a plus personne aux
urgence,
surtout à Paris.
Non, franchement, mourir ce n’est jamais
très
drôle,
Et puis, et puis, mourir, il n'y a rien
de
plus con.
Mais que cherche donc cet homme au
sommet de l'échelle,
L'échelle de sa
bibliothèque ? Si c’est en
haut qu'il veut aller,
S’il prend le risque de se casser la
figure,
c’est qu’il veut y trouver
Une chose qu’on ne trouve pas en bas. Et
cette chose, c’est quoi ?
Les humains, ces merveilleux homos
sapiens,
Aiment à cacher
secrètement, loin des regards
enfantins,
Tous ces livres interdits qui excitent
la
libido. Et celui-là,
Aussi vieux, aussi savant est-il, il
n’en
n’est pas moins
Pour autant, un homme comme les autres :
un
sagouin.
Un sagouin anglais.
Cela se passe dans un de ces villages
perchés
Au sommet d’une colline, comme il en
existe
Beaucoup dans notre beau pays, la
France.
À tous ceux qui viendraient
à lire ces lignes
Et qui ne seraient pas de chez nous,
Je leur dis : bonjour, comment ça
va ?
Installé confortablement sur un
rocking-chair
fait en rotin,
Façon provençale, ses
pieds posés sur le rebord
de la fenêtre,
Donnant sur l’arrière, de l’autre
côté de la
vue,
La belle vue sur la mer. Celle-ci donne
sur
la maison de
Jean Pierre avec le thym, le romarin, la
lavande. Le tout
Sauvage, le tout naturel, comme lui
l’était,
lui et sa femme.
Assis, donc, avec ce livre, pas un
autre,
Ce livre entre les mains, pleinement
heureux
avec les mots
De ces pages et derrière lui,
l’être aimé en
train de se reposer.
Le bonheur était à son
apogée, heureusement,
Il y eut des lendemains…
Les Américains.
Henry Miller.
Les chapeaux de cow-boys,
Les films qu’on voyait à quatorze
ans.
Les Sioux.
Je me souviens
Du chapeau de cow-boys
D’Henry Miller dans un film
Américain vu à quatorze
ans.
Les Sioux…
Les Sioux furent tués par les
cow-boys
Dans la plupart des films
américains.
D'ailleurs, j’en ai vu pas mal,
Quand j’avais quatorze ans.
Chapeau, Henry Miller.
La voisine avait une expérience
de la chose,
alors, un matin,
Elle vint chez nous, dans la cuisine,
pour
nous montrer
Comment faire pour laver le
bébé avec l’eau
chaude
De notre Chaffoteaux et Maury, sans le
brûler.
C’était une dame charmante, elle
avait l’âge
de nos parents,
Toujours prête à nous
rendre quelques services.
Son travail
À mi-temps chez Moulinex lui
permettait,
l’après-midi,
De se consacrer à la
rédaction de son
journal, sur une Olivetti
Très ancienne que son père
avait trouvée dans
la rue.
Quelques fois, vous savez comment on est
lorsqu’on est jeune,
Elle venait chez nous, gratuitement, en
fin
d’après-midi,
Pour garder le gosse et nous permettre
de
prendre l’air,
Un café à Montparnasse,
une bière à tout
cassée.
Elle s’en souvient encore très
bien. C’était
un voyage
Epique, un moment
privilégié dans sa vie de
mère.
C’était comme les
premières vacances d’une
dame de
Cinquante ans. Il était temps que
cela
advienne. Rome.
Mais de ces souvenirs merveilleux
qu’elle
narre avec bonheur
Il ne me reste plus rien, sinon,
quelques
images de l’hôtel
Où dans la chambre j’avais
passé trois jours,
Trois nuits à être malade
comme un chien, la
chaleur,
Je ne supporte pas la chaleur, alors je
viens
d’acquérir
Une machine à refroidir l'air,
c'est fait
contre la canicule.
Alors hier soir, un ouvrier que je
connais
très bien est venu
Pour me l'installer, gentil, il me dit
me
considérer comme un ami…
Cela ne me dérangea pas trop
d’entendre cette
connerie,
J’étais en forme, j’allais
sortir, aller à
Paris.
Pour le climatiseur, il fit une
étude
sérieuse et conclut
Qu’il reviendra demain avec une chignole
et
un tournevis.
L’idée me vint de lui offrir une
bière sur le
balcon où nous avons
Commencé une conversation sur le
travail, les
femmes, les enfants,
Rien de très intéressant…
ça m'a fait perdre
ma séance au cinéma.
Je suis enchanté de vous voir revenir
parmi nous.
Aujourd’hui, pour vous, les possibles
s’amplifient
Encore que, avec la lucidité qui
vous
caractérise,
Votre enchantement, ne risque-t-il pas
de
durer
Plus de quelques jours. La nature est
là,
Elle vous enveloppe, vous berce un peu
De sa sérénité
tranquille, vous en
tirez des bienfaits,
Mais à trop de cette
musique-là, ne
devient-on pas
Et sourd et aveugle et muet, dites-moi ?
Allons, Alexandre, reprenons la route,
courage,
Demain est un autre jour. Si lui
s'appelait
Alexandre
Elle s’appelait Nadja, enfin, à
peu près, je
crois,
Elle mettait son gosse dans un placard,
comme
C’est la coutume, dans ces
pays-là, quand on
est
Fatma et qu’on vient pour nettoyer la
maison,
Eplucher les légumes et repasser
les chemises
Du fils, qui fait des voyages à
l’étranger.
Nous n’avons jamais su si elle avait un
mari.
Sûrement, en avait-elle un,
puisqu’elle avait
Un enfant. De toute façon, comme
disait ma
Grand-mère, ce n’est pas possible
autrement,
Comment voulez-vous qu’elle eût
fait ?
Ce n’était pas une Bretonne. Nous
l’avons su
Rapidement : elle ne savait pas faire
les
crêpes,
Ni au froment, ni au sarrasin, son
talent,
elle le
Consacrait principalement dans la
confection
du
Couscous légumes, boulettes et
poissons.
Chacun sa vie, que voulez-vous ?
C’est bien, lorsque les livres sont
comme
celui-ci
Un peu usés par les manipulations
des
lecteurs
Qu’on imagine successifs, ayant
trouvé leur
bonheur là-dedans,
Y revenant à plusieurs reprises
pour voir
Ce miracle se reproduire. Le fait qu’il
soit écorné
À deux endroits me dérange
un peu, cela
relève
D’un manque de respect pour le livre en
général
Et ça, ce n’est pas bien, pas
bien du tout.
C’est Jeannine la première
à le dire
lorsqu’elle prête
Un livre à quelqu’un : - Ne me le
froisse pas
!
Sacré Jeannine, on ne la changera
jamais,
Elle et les livres, c’est un
poème toute
l’année.
Ce qui est surprenant dans ces portraits
de Van
Gogh
C’est qu’ils soient tous petits,
nombreux,
mais tous petits,
Pas autant qu’un timbre poste, mais
enfin,
Pas bien grand en tout cas. Vous allez
pouvoir
Le vérifier par vous-même,
allons à
Amsterdam,
Voir la peinture, écouter la
musique, flâner
dans les rues
Le long des canaux et les arbres en
fleurs.
N’est-ce pas la ville
préférée
De ceux qui aiment la liberté,
Les plaisirs de toutes sortes et
Les harengs gras salés ?
Nous lui dirons, car c’est notre
métier de le
lui dire.
Nous lui dirons qu’ici, c’est le monde
des
vivants,
Les morts n’ont pas à nous causer
de soucis,
Ils ont eu tort de mourir, nous, on
continue,
On vivra le plus longtemps que l’on
pourra.
Nous devons être ceux, que tout le
monde
envie,
L’énergie dégagée
par notre simple présence
doit
Faire réveiller les plus
malchanceux, les
plus désespérés,
Enfin, nous dirons, que même avec
une petite
vie, une petite vie,
On peut toujours faire un bon plat,
enfin,
nous le dirons, mais,
Au fond, ne soyons pas ignorants des
choses
de la vie,
Nous savons, il y a une limite … encore
faut-il savoir
Où la poser et ne pas se tromper.
Seule la
mer…
Tu sais combien j'aime à entendre
ta voix
J'ai, parfois l'impression de boire un
verre
avec toi
Sur l'un de ces comptoirs où tu
aimais te
saouler avec des amis
Selon tes dires et non
d'expérience puisque
pour moi,
Rester debout pendant des heures, je ne
peux
pas, et puis en plus
Je n'ai jamais aimé parler avec
les garçons
de café, non
Que j'ai quelques animosités
à leurs égards,
mais, parler avec
Celui qui a pour intérêt de
me faire boire,
trop peu pour moi.
Te laisser parler de ton enfance c'est
plutôt
sympa de ma part
Car, si j'étais psychanalyste, je
n'aimerais
pas trop ça,
Je m'ennuie souvent dans cette
situation, je
préfère que l'on me
Parla d'aujourd'hui, de ces moments si
difficile à cerner, mais,
Je suis de mauvaise fois, j'aime lorsque
c'est gai, pas triste,
Pas genre replis sur ses malheurs, ses
regrets : la nostalgie,
Quelle horreur. J'aime quand tu dis
avoir été
malin dès ton plus
Jeune âge, je n'en doute pas un
seul instant
: tu ne cesses jamais
De nous faire marcher, de nous manipuler
à ta
convenance...
Avec notre complicité,
évidemment, ce qui est
l'extrême perversion.
Ça y est, tu te mets encore
à pleurer, je ne
peux rien dire,
Reste un peu, nous irons nous promener
là-bas
sur la colline,
Loin de la ville. Nous serons seuls et
avec
de la patience et
Quelques mots, tu seras consolée,
apaisée, je
l'espère.
Rien n'est plus ridicule que ces
histoires à
faire pleurer Ginette,
Qui n'a pas besoin de ça, surtout
depuis que
Gilles est parti,
L'a quitté sans lui laisser son
nouveau
numéro de portable.
Gilles, je l'ai connu lorsqu'il aimait
Ginette, au début,
C'était la fête tous les
jours, même qu'il
m'invitait pour me parler d'elle,
De l'avenir, des projets qu'il avait
pour
elle. Il l'a voulait actrice de cinéma,
Il est formidable ce gars, il a
rencontré une
autre fille, alors...
- Au début, il se sentait
coupable de ne pas
lire
En entier, les livres qu’il achetait.
C’est à
partir de là
Que commença sa réflexion
sur la culpabilité.
- Et qu’en a-t-il déduit ?
- La culpabilité était
mauvaise, elle
provoquait
Un blocage sur l’individu et pouvait
même l'inciter
à agir
Contrairement à ses propres
intérêts…
- Ne faut-il pas se sentir coupable pour
avoir le pardon ?
- Oh quelle horreur, il n’y a pas de
pardon,
tu dois payer.
Mais, en fait, pour lui la
culpabilité est un
signe,
Un clignotant révélant une
réelle difficulté
à gérer quelque chose.
Prenons un exemple, le fait de ne pas
aller au
bout
De sa lecture d'un livre le
culpabilisait
énormément.
- Et pourquoi cette difficulté
à dévorer les
livres ?
- Peut-être lisait-il trop
lentement ?
Dans le fond, qu'a-t-il essayé de
démontrer ?
En 1993, lors de l'exécution d'un
de ses
nombreux tableaux,
Qu'il avait nommé "le noyau
central", il s'était
rendu compte
Qu'il agissait non seulement en tant que
peintre,
mais aussi et surtout,
En tant que chercheur, et il se souvint
d'un
mot de Jean Luc Godard
Demandant aux institutions de le
reconnaître
comme tel, et avait demandé,
Comble de sournoiserie, un salaire,
aussi
minime soit-il,
Un salaire de reconnaissance. C'est
là qu'il
comprit
Cette chose essentielle sur Godard
: il
entretenait un tel
Sentiment d'infériorité
qui l'obligeât à
devenir ce qu'il était...
Mais, trêve de plaisanterie, il
désirait
réellement trouver
Des choses qui permettraient de soulager
un
peu
La souffrance des hommes, surtout sur le
plan
psy.
Il alla voir tous les banquiers de la
ville
Chartres
Pour leur demander une subvention, afin
de
continuer
Ses recherches. On ne le prit pas au
sérieux,
Certains même l'on
considéré comme
anarchiste,
Et quand il disait qu'il était
peintre aussi,
C'est là qu'ils le foutaient
carrément à la
porte.
Heureusement, la chance était
avec lui, et
malgré
Toutes les difficultés qu'il
rencontra sur sa
route,
Rien n'y fit, la peinture persista et il
continua...
A faire chier le monde avec ses croutes
et
ses théories.
Plus tard, il découvrit Internet
et décréta
humblement,
Que c'était là l'endroit
idéal pour
s'exprimer librement.
Au début, il tâtonna,
ensuite...
Parfois, de Chartres, histoire de faire
passer le temps,
Il allait à Illiers, visiter
cette petite
maison qui sentait
Le renfermé, tenue non par des
chiennes de
garde,
Mais par des dames très biens en
tout. Que
Dieu soit avec elles.
A la deuxième visite
déjà, il se fit remarqué
par l'une
D'entre elles, dès son
entrée dans ce home de
la mémoire.
A l'époque, faut-il le rappeler, il
n'envisageait pas encore
De faire l'inventaire de sa
bibliothèque. Ce
qu'il voulait,
C'était, avant tout, aller voir
et revoir le
jardin de Léonie,
Un jardin plus calme que le sien, qui
lui
était situé
Au bord de l'autoroute. Cette femme
donc,
Qui l'avait donc remarqué,
s'était mise en
tête,
Qu'elle avait à faire à un
dandy, un
proustien né.
Tu parles, de Proust, comme à
l'habitude,
Il n'en avait lu que les cent
premières
pages...
Tout cela ne faisant pas venir l’argent,
d’autant
Que les banquiers de Chartres
persistaient
dans leurs
Radineries à son égard,
alors qu’il fallait
nourrir Ginette,
Qui à l’époque
était au chômage. Un
après-midi il se mit
À dormir histoire de faire un
rêve réparateur,
car, c'était son idée.
La fonction essentielle de cet
évènement
biologique universel,
N'était rien d'autre qu'une sorte
d'auto-thérapie permettant au réveil
De pouvoir continuer à vivre
malgré tout, et
quand
Il disait ça, ce n'était
pas pour rien... le
pauvre.
Avec le temps, des rêves, il en
faisait de
moins en moins,
Les tableaux et l'écriture les
remplaçant
largement, sauf
Quand il avait eu à vivre des
choses
désagréables dans
La journée et qu'il fallait vite
les
convertir en images,
Qu'il avait pris l'habitude
d'interpréter à
sa manière.
Heureusement, comme tout grand homme,
De l'avis des autres, il n'en faisait
pas
cas, pas trop,
Ce qui parfois, posait quelques
problèmes
dans les relations
Qu'il pouvait encore avoir avec
certains,
mais malin comme
Deleuze, il arrivait toujours, ou
presque,
À se frayer un chemin dans le
labyrinthe des
embuches humaines.
Son temps, il l'employait comme il le
pouvait.
Le matin, réveil, le soir,
coucher.
Comme tout le monde me direz-vous,
Et là vous avez raison,
Comme tout le monde...
Tout le reste, n'est que détail.
Et ce détail, il passait la plus
grande
partie de ses journées
A lui donner sens, comme disent certains
psychanalystes.
Peut-on donner sens à ce qui n'en
a pas ?
Voilà la question qu'il proposa
pour le Bac.
Personne, à cette
époque-là, ne le prit au
sérieux,
On lui demanda tout simplement de revoir
sa
copie.
Je ne vais pas vous faire un
pataquès sur les
Américains,
Mais, pour moi, ce sont des extras
terrestres.
On oublie trop souvent qu'on n'est pas
obligé
de faire comme eux,
Sous prétexte qu'ils sont
puissants avec leurs
grandes gueules,
L'argent, le fric, le cinéma,
genre, j'écrase
tout sur mon passage,
C'est moi le plus fort, poussez-vous, et
voyez, peuples de partout,
Ce que nous faisons avec notre force, la
guerre c'est notre affaire,
Nous n'avons peur de rien ni de
personne. Et
puis vous,
Avec votre Europe, prenez garde à
vous !
Vous m'avez dit, un jour, qu'il y avait
du
Perec en moi.
Bien sûr cela m'a flatté,
vous savez combien
je l'ai tant aimé.
Seulement, entre lui et moi des
montagnes
nous séparent,
Lui c'est l'intelligence poussée
à l'extrême,
sa maîtrise de la connaissance,
C'était un virtuose du savoir,
alors que je
ne suis rien d'autre
Qu'un essayeur, un papillonneur, un
touche à
tout.
C'est ça qui nous diffère,
une paille. Ceci
étant,
Il est vrai qu'il y a des points communs
entre nous,
Mais, en faire la liste, je vous
l'avoue, me
fatiguerait.
Alors, si un jour vous le rencontrez,
demandez-lui
Mon rêve eut été
d'entrer immédiatement dans
ce livre,
Le sujet est l'objet de toutes mes
recherches
obsessionnelles,
Mais ce ne fut pas le cas...
Probablement
trop compliqué,
Pas assez abordable pour celui qui n'a
pas le
langage
Qu'il faut pour cela. Alors que faire ?
Ne pas baisser les bras, tant pis pour
ce
livre,
Tant pis pour toutes les autres
chienlits.
L'essentiel est ailleurs, il faut
continuer
sa route,
Telle qu'elle se trace elle-même,
avec mes
outils,
Pas ceux des autres, les miennes, qu'il
faut
entretenir
En permanence dans la joie et non la
tristesse.
Tu as toujours eu envie de monter cette
pièce
Tu ne m’en as parlé qu'il y a
quelques mois.
Tu m’en as point violemment
imposé sa
lecture,
Tu me connais, n’est-ce pas ?
Tu m’as laissé libre de faire
à ma guise,
Tu ne m’as rien dit de cette passion
pour
Emilia Galotti
Tu entretenais en cachette ce
désir en toi.
Tu vas, j’en suis sûr, trouver la
force, le
courage,
Tu chercheras l’argent qu’il te faudra
pour
nous la montrer
Tu auras la patience qu’il faudra
Tu sauras agîr le moment venu, en
attendant,
mets ton
Tutu et va danser au profit des
associations
de France.
Froussard comme je suis, je n’irai
jamais
dans un pays en guerre.
Je me souviens, j’étais tout
gosse, dehors,
dans la rue,
De l’autre côté de la
maison où nous
habitions,
Nous avions fermé la porte
d’entrée à double
tour,
Et pour nous protéger de
l'extérieur, nous avions
mis
Des chaises pour être bien
sûr que personne
ne puisse entrer.
Dehors, il y avait une
révolution, pas la
guerre,
Du bruit, de la violence, des hommes
très en
colère.
Que faire lorsque les hommes sont dans
cet
état-là,
Où aller, où fuir, quand
tout est fermé, du
dedans, du dehors ?
Je n’ai jamais été
amoureux de Michel
Houellebecq,
Mais de sa littérature, ça
oui. Comment
l’ai-je connu ?
Comme cela, par hasard, mais tout de
suite
j’ai aimé
Ce mec qui en faisait beaucoup, certes,
mais
lorsqu’on
A du talent, ce n’est pas grave, quand
c’est
bon, c’est bon,
Ensuite, je l’ai mis de
côté, surtout lorsque
les médias
Se mirent à l'envoûter,
à le prendre en
otage.
L’idée que Dieu existe est une
grande idée,
d’ailleurs,
Je ne suis pas le premier à le
penser,
d’autres avant moi,
S’y sont cassés les dents corps
et âmes.
Heureusement,
Ce n’est pas mon cas, mais mon cas, ce
n’est
pas une référence.
Si je vous parle de Dieu, c’est que je
me
posais la question
D’à qui était la faute de
notre incapacité à
gérer le monde.
Et là dessus je fais un
rêve où l’abbé Pierre
me dit :
Tu sais un jour, il faudra bien mettre
les
choses à plat,
Les pauvres, ça ne peut pas durer
éternellement comme cela.
J’étais assis dans un très
beau jardin avec
pleins de fleurs
De toutes les formes, toutes les
couleurs, un
puit,
Une charrette abandonnée, des
cerisiers aux
noyaux sans chair,
Des oiseaux autours et moi
j’étais là,
j’attendais patiemment
La venue du facteur, du courrier, des
colis,
j’étais bien tranquille.
Eh ! Raquin, c’est quoi cette racaille ?
J’ai la photo où tu embrasses
comme une pute,
Non, mais, t’as pas honte, dans la rue,
en
pleine lumière,
Pense donc, il peut y avoir des gosses
Après le turbin, s’ils voient
ça, ils
risquent
D’en vouloir aussi, alors, tu nous mets
dans
de
Beaux draps avec tes conneries de
chienne.
Zola, il devrait réfléchir
avant d’écrire, tu
l’as vu
La
semaine dernière à la
télé, je te jure c’est
Pas possible un mec comme ça, la
tignasse
Qu’il se payait pour dire ses salades et
puis
Poivre d'Arvor le questionnait comme si
C'était le maître du monde,
j'te jure !
Je me demande si je vais continuer mon
Abonnement au câble.
Il y a deux ans, je m'étais
acheté presque
tout Perec
Et sur mon balcon, sérieusement,
je me suis
mis à le lire
Attentivement comme un étudiant,
un
passionné, un chercheur,
Un gars sérieux qui s’applique
à son travail,
et tout ça,
Pour essayer de mémoriser son
œuvre. Je l’ai
fait avec méthode,
Jonglant comme il se doit d’un livre
à l’autre,
je jubilais pas mal,
Perec, j’aime bien, c’est un de mes
préférés.
Un jour, je pourrais dire :
Voilà, j’ai fait quelque chose de
ma vie :
j’ai lu Perec, mais,
Comme vous pouvez l’imaginer, me
connaissant
déjà,
Je n’en ai lu qu’une infime partie, le
reste
est à faire.
Je viens d'apprendre que Pérec
n'écrivait
jamais
Deux fois le même livre. Je l'en
félicite,
C'est le meilleur choix à faire
lorsqu'on est
Dans un processus de création.
C'est trop
facile
De se reposer sur une trame
déjà explorée
Alors qu'il faut, c'est crutial, je vous
le
dis,
De toujours aller au charbon,
tâter le
hasard,
Pour découvrir de nouvelles
voies.
Faut savoir prendre des risques !
Sacré
Perec,
Au fond, il était un peu comme
moi.
Oui, varions, varions,
C'est ça, qu'elle disait tout le
temps
Varions la vie, bordel. On le sait qu'on
va
mourir,
Alors, tant qu'à faire, varions,
chié, merde.
Elle avait parfois un vocabulaire
à faire
sursauter
Son ex-époux, mais ce
n'était pas de cela
dont ils
Ont souffert le plus: lui ne buvait pas,
c'est là le
Vrai différent qu'il y avait
entre eux...
On a tout essayé,même la
psy, mais rien n'y
fit,
Elle voulait toujours varier...
Pour elle, la variation avait quelque
chose
de la
Méditation, celle que l'on dit
transcendantale,
Moi, tout ça c'est du chinois,
j'aime pas
varier,
Tous les jours, je m'édite
autrement.
Pérec à fait trois psy,
avec trois mecs
différents,
Et toujours ce fut pas terrible,
d'après ce
qu'on en dit,
Mais dans le fond n'a-t-il pas
réussi à
écrire ?
Alors, de quoi se plaint-on ? Hein,
dites ?
Regardez-moi dans les yeux ! Imaginez.
Vous êtes psychanalyste,
confortablement
installé
Dans votre fauteuil et lui est
allongé sur
cette banquette
Mise en scène façon Freud,
pour faire
sérieux,
Pas de blague, c’est 80 euros maintenant
la
séance.
Vous êtes là, un là
un peu flou, le flou de
rigueur, classique
Et, vous entendez, la preuve que vous ne
dormez pas,
Pas cette fois-ci du moins, ces quelques
mots
sorties de sa bouche :
"Je suis né" puis, grand silence.
Attend-il une réaction de votre part ?
Un conseil, ne bougez pas, attendez la
suite,
Si rien ne vient, tant pis pour lui,
Cette séance n’aura servit
à rien,
Comme d’habitude.
Tu n’arrives pas à jouer
gratuitement, comme
ça pour rien.
Tu le dis souvent ça, tu ne peux
pas, tu es
trop sérieux.
Pourtant, tu aimes perdre ton temps
à ne rien
faire,
À le laisser passer comme la
Seine coule sous
les ponts,
Tu galères avec les mots, tu
cherches ton
plaisir avec,
Tu y arrives maintenant, cela s’entend,
enfin, je crois.
Déjà, lorsque tu
étais gosse c’était comme
ça,
Les soldats de plombs, les trains
électriques,
Ce n’était pas pour toi. Toi, tu
avais ta
maman, et elle,
Elle avait autre chose à faire
dans la vie,
bordel !
Une pauvre femme avec cinq gosses, un
mari…
Que veux-tu faire comme métier
plus tard ?
Je ne sais pas moi, Madame, je suis bon
en
calcul,
Mais pas en français, alors,
peut-être pourrais-tu
envisager
La comptabilité, c’est bien les
chiffres, tu
aimes les chiffres ?
Oui, c’est pas mal, mes parents aussi
disent
comme vous,
La compta c’est un bon métier.
Je ne savais pas à
l’époque que Pessoa aussi
avait suivi
La même route que moi, mais lui a
persisté,
il a fait toute sa vie.
La compta ça mène à
tout, c’est pourquoi je
la conseille
À tous ceux qui ne savent pas
quoi faire dans
la vie,
Tu alignes des chiffres dans des
colonnes et
le total doit
Etre égal à l’autre total
horizontal, tu ne
comprends pas,
Ce n’est pas grave, le calcul ce n’est
pas de
la littérature.
A y réfléchir de
près, faire les comptes des
autres
C’est très divertissant sauf si
tu as une
salope au-dessus
De toi qui te stresse la vie… Si ce
n’est pas
le cas,
C’est très instructif, tu fais,
par exemple,
le relevé
Des notes de frais des restaurants de
ton
patron et de ses cadres,
Les salauds qui bouffent en un soir le
montant de ton salaire,
Parfois avec eux tu fais le voyage
lorsqu’ils
vont pour affaire en Suisse
Avec leurs petites amies et te
ramènent les
bons de caisse
A enregistrer sur le livre des
dépenses de la
société ...
Lorsqu’il a travaillé pour moi,
il y a deux
ans, il était en pleine dépression,
Il ne le disait pas, mais ça, on
le sent tout
de suite, alors, lui et moi,
On a parlé, pas mal, pas si
souvent en fait,
mais pour je ne sais quelle raison,
Nos rencontres, qu’elles furent pour un
travail d’électricité ou de peinture
À faire vite fait, comme
ça, je n’insiste pas
là dessus, passons, bref,
J’arrivais à lui donner envie de
s’engager
dans la vie, de prendre son gosse
Qui était avec sa mère
à Lisbonne, que même,
elle voulait partir
Avec un homme, je ne sais où, au
brésil je
crois. Une histoire de fous.
Maintenant, l’été, il a
les moyens d’aller
là-bas pour les vacances,
Chez sa mère, une Portugaise qui
a préféré
rester au pays.
La France pour elle, ce n’est pas des
gens
bien, elle le lui a dit l’année
dernière,
Que lui, du coup, il a eu envie de tout
lâcher pour rester vivre avec elle,
Alors, c’est là que je me suis
permis
d'intervenir
Pour lui dire de bien
réfléchir avant :
Les dépressifs c’est toujours
prêt à tout
abandonner au moindre truc.
Sinon, Maria va bien et te passe le
bonjour.
Lorsque j’étais jeune adolescent,
Cherchant ma voie dans les choses de
l’art et
À l’époque, c’était
le théâtre, je ne sais
qui
Avait utilisé de sa
séduction pour me
conseiller
De lire « Les lettres à un
jeune poète"
de Rilke.
J’avais donc lu ce livre sous je ne sais
quelle
Influence, quelle autorité et
conditionné
comme je l’étais,
J’avais trouvé ça
plutôt pas mal, mais
Plutôt pas mal, sans plus.
Puis, quand j’ai voulu lire d’autres
choses
de lui,
Je trouvais ce gars puant de suffisance
Se prenant pour je ne sais qui et
Pour revenir aux impressions de ma
première
lecture :
Comment pouvait-il parler ainsi à
un pauvre
garçon
Sans expérience qui buvait, du
moins on le
suppose,
Les mots du maître comme s’il
s’agissait
d’une
Liqueur des Dieux ?
Si j’avais du courage, j’irais chercher
dans
un de mes placards
Une grosse boite d’archives où il
y a des
vieilles lettres,
D’un été de 1989. Nous
étions dans la maison
du petit fils
À Karl Marx, les amis
étaient tous là, nous
buvions du thé,
De la bière dans le jardin,
c’était la joie de
vivre, le bonheur,
Puis, il y eut des problèmes, une
histoire
d’amour, une sale rupture :
Il y avait quelqu’un d’autre… Vous
connaissez
aussi je suppose,
Mais contrairement à vous, il n’y
avait pas
de jalousie de ma part,
J’ai eu droit à de la
correspondance,
seulement il fait trop chaud
Pour remuer tout ça, alors
remettons cette
confidence à plus tard.
Ce que je peux rajouter concernant cette
histoire,
C’est qu’il y avait une question de
porte,
Qu’elle devait toujours être
fermée et cela
m’agacait
À tel point qu’un jour il y eut
une Bagarre
entre nous,
Pas un bagarre genre Bertrand Cantat et
Marie
Trintignan,
Non, C’était plutôt gentil,
j’ai tellement
horreur de la violence…
A-t-elle eu une enfance difficile comme
nous
tous ?
Je crois me souvenir que son père
était
chapelier,
Elle portait très bien les
chapeaux
d'ailleurs, sauf le jour
Où elle se mis en tête de
me présenter celui
Qu’on appellera mon rival. Je n’ai pas
craché
le feu,
C’était l’été,
l’été de la canicule. Maintenant,
elle est loin d’ici,
Avec lui, enfermée comme une
chienne à
l’attendre toute la journée,
Parce qu’il travaille et elle pas. Je me
demande parfois,
Si elle est consciente d’avoir fait le
mauvais choix ?
Chaque auteur qu'on gardera sera
considéré
comme un ami, un être cher,
Une personne avec lequel nous allons
cohabiter en permanence,
Il est donc impératif
d’être sélectif sinon
ça risque très vite
De devenir un bordel dans votre propre
harem.
Même si tu me proposais de vivre
dans un
superbe
Un appartement à New York, c’est
décidé,
Je reste chez moi, je ne bougerai pas,
Je n'irai pas là-bas cohabiter
avec toi, tant
pis,
C’est à toi de voir. Si j’ai fait
un tel
choix,
Prenant le risque de te perdre à
tout jamais,
C’est qu’au fond, je sais, un jour ou
l’autre,
Notre histoire aura une fin, alors,
pourquoi
Reporter à plus tard ce qui doit
arriver …
Certains diront, je les entends
déjà :
Oh mon Dieu comme tu as changé,
On ne te reconnaît pas, toi qui,
par le
passé,
Pour une histoire sentimentale, tu te
serais
jeté
Corps et âme dans la scène
de la vie des
hommes
Proférant à qui voulait
bien les entendre,
tes mots,
Tes éternels mots de passions
folles et
amoureuses,
Et de ça, je m’en souviens comme
si c’était
hier !
Sollers, on n’y coupe pas, c’est le mari
à
Kisteva.
Alors, que voulez-vous, ne serait-ce que
par correction
vis-à-vis elle,
On ne sait jamais, si un jour, elle
venait à
la maison et que par pure
Curiosité son œil venait à
se porte sur ma
bibliothèque ou,
Si par mégarde, elle tombait sur
ce site
confidentiel,
Je me sentirais franchement très
mal à l’aise
si elle me faisait
Une remarque du genre :
- Tiens vous n’avez pas du Philippe chez
vous
?
Alors, alors voilà toute la
vérité, sur
Sollers, comment dire,
S’il était en banlieue,
franchement je préfèrerai
pas trop le fréquenter,
D’ailleurs en général,
maintenant, j’évite de
fréquenter qui que ce soit,
On ne sait jamais sur qui on tombe,
alors je
me dis,
Qui veut durer longtemps préserve
sa monture…
Mais revenons à notre bonhomme,
homme de
lettres et de télévision,
Ce se marient assez bien, pour ne pas
dire
sont indispensables,
Pour celui qui a les dents longues …
bla-bla-bla
Je
vais encore être mauvaise langue, je me
tais !
-Mais enfin pourquoi achetes-tu encore
un
livre de Sollers ?
-Ne te mets pas en colère, je
vais te le
dire.
Oui, c'est bien ça, bien
là, place Saint
Sulpice, où
Une fois l’an s'exposent tous les
éditeurs
sur le point
De faire faillite pour avoir
poussé trop loin
leur passion du livre.
Alors si vous êtes éditeur,
le livre peut
vous mener loin,
Surtout si l’argent n’est pas ce qui
vous
intéresse le plus,
Déjà là, c’est
sûr, vous aller droit au mur.
Mais pourquoi je vous dis cela ? Fais-je
du
remplissage ?
C’est bien possible, on est lundi, on
démarre
la semaine…
Sinon, j’espère que votre
week-end n’a pas
été trop mauvais
Avec les repas familiaux, la piscine, la
plage, le sable
Qui colle aux doigts de pied, les
satanés
gosses qui n’arrêtent pas…
Je viens d’apprendre que Christophe
Tarkos
était handicapé.
Ce n’est pas une tare, mais un
état, un
métier comme disait
Notre ami l’espagnol, métier :
handicapé.
Je ne sais si l’on guéri de quoi
que ce soit,
Ce que je sais c’est que l’art
accompagne
bien la maladie,
Il lui donne le moyen de sortir de soi,
ce
soi refusant.
Mais refusant quoi ? on ne sait pas et
au
fond,
Ce n’est pas si important de le savoir….
Mais, tout ça,
Ils l’ont déjà avec la
télé qui traite de
tous les arts,
Alors, de quoi te plaints-tu ? hein ?
Madame Verdurin n'était pas
entrée de la
nuit, son mari,
Monsieur Verdurin ne s’était
aperçu de rien,
le somnifère
Avait fait son effet de bœuf sur
l’homme, la
femme, elle,
Avait perdu les pédales dans une
boite de
nuit, "la cage"
Où elle fit la connaissance de
plusieurs
jeunes gens dont
Marcel Proust d’Illiers Combray, ville
pas
trop loin
Du château d’Art-psy, qui lui,
était du côté
de Chartres.
Cette nuit-là, la belle voulait
enfin
connaître l’amour,
L’amour fou, pas celui des familles,
celui
des chiens,
Des veaux, celui des bas-fonds, des bas
quartiers.
Elle tenta le diable et le trouva en la
personne de Gilberte,
Serveuse de bar en quête
d'aventures …
L’autre jour, j’étais
attablé à la terrasse
d’un café, une brasserie,
A l’angle de la rue Daguerre et de
l’avenue
qui mène à la
Porte d’Orléans, j’avais fait mes
courses au
monoprix d’en face.
A la terrasse, trois hommes, l’un d’eux
parlait assez fort,
Comme c'est souvent le cas lorsqu'on est
à
plusieurs, mais, là,
C’en était un qui avait de la
tchatche et en
plus un public : deux mecs
Dont l’un n’était pas moins que
Monsieur
André Glucksmann.
Le sujet de la conversation tournait
autour
de la peinture,
Ce qui justifia que je tendisse
l'oreille,
ils parlaient des vernis
Et des sales marchands qui vous vendent
de la
merde…
Puis, il a été question de
renouveler la
boisson, de la bière,
A ce moment-là, du moins j’en ai
eu
l’impression, il y a eu
Quelques paroles grivoises qui les a
fait
rire pas mal, surtout,
Le macaque, bien sûr…
Si je vous raconte tout ça, c’est
qu'André me
fait penser à Marc,
J’ai connu ce
garçon-là lorsque j’avais
dix-huit ans, j’étais beau, merci,
Et lui aussi, je l’ai perdu de vue, il
habitait chez ses parents,
Rue Lacépède, à
Paris.
Je n’ai jamais fait de CV de ma vie.
Si vous voulez rester au chomage, le CV
c’est
génial.
Si vous cherchez un emploi, c’est
facile,
enfin pas si facile que ça,
Mais voilà un remède, un
mode d’emploi.
Tu prends la rue de Rennes à
Paris, si tu es
dans une autre ville,
Il y a probablement une rue de Rennes
aussi,
Mais ne nous égarons pas, c’est
déjà assez
compliqué comme ça,
Les histoires de travail. Donc, tu es au
n° 1
de la rue de Rennes
Et tu entres dans toutes les boutiques,
tu
visites tous les bureaux
Pouvant te proposer un emploi avec
à la clef un
salaire pour survivre.
Pourquoi avez-vous tant de haine
à l'égard de
l'école ?
C'est principalement qu'elle
dégoute de la
culture.
Croyez-vous que cela a une si grande
importance, la culture ?
Oui, une importance capitale !
Mais, la culture tout le monde en a une
C'est vous qui l'avez dit le premier !
De plus, les livres, par exemple,
n'isolent-ils pas,
L'individu par le plaisir solitaire
qu'il y
prend ?
Exact, mais...
Mais enfin quoi, dites ce que vous avez
à
dire,
Sinon, j'appelle la police, moi !
Mon cher Jacob, j’ai
préparé ta chambre…
M’a-t-elle écrit la semaine
dernière.
Nous ne nous sommes pas vus depuis
longtemps,
Rien à priori ne devait
éveiller chez elle
mon bon souvenir,
Rien, sauf cette information de Roberte,
toujours elle
À se mêler de ce qui ne la
regarde pas, comme
quoi
Elle se tâte à devenir la
maîtresse d’un autre
homme
Que moi. Cela m'a surpris, mais enfin,
la
nature est ainsi faite,
Rien ne doit nous surprendre, que
voulez-vous
? Cette chambre,
Je m’en souviens, j’avais refait le
papier
peint en toile de Jouy
Bleu gris, j’avais trouvé
ça chez Castorama,
d'autant
Qu’il y avait une promotion sur le Jouy…
Jacob n’est pas mon vrai nom, celui
qu’on
utilise tous les jours,
Le mien, mon père l’avait
oublié le jour de
ma naissance
Devant la dame de l’état civil.
Un sacré
émotif mon père !
Première version :
Ma chère Yourcy,
Je viens d’apprendre par Gérard,
votre mécontentement
Concernant mon intervention d’hier sur
Internet au sujet
De ma décision de vouloir me
défaire de vos
livres.
Je ne sais pourquoi votre
réaction a été
aussi vive.
N’est-il pas naturel, à partir de
la
cinquantaine,
De commencer à faire le deuil,
petit à petit,
Des choses qui vous sont quelque peu
étrangères, pour
Arriver à se défaire de
tout, je veux dire
lorsqu’on arrive,
Comme vous, à la sagesse ?
Deuxième version :
Ma chère Yourcy,
Je viens d’apprendre par Gérard,
votre très
grande satisfaction
Au sujet de ma décision de donner
vos livres
à la bibliothèque.
J’ai su par lui votre admirable mot sur
votre
œuvre, vous lui
Avez dit qu’en fait vous n’en aviez rien
à
foutre et qu’actuellement
Vous aviez d’autres amis que moi et
qu’il
était préférable que
Je vous laisse tranquille. Il m’a fait
part,
également, et cela
M’a beaucoup surpris de votre part, de
votre
intervention auprès
De
l’agence qui s’occupe de l’Académie des
hommes, pour leur
Interdire toute velléité
de ma part de
vouloir entrer dans cette maison.
L’installation s’est faite sans
problème
majeur.
Nous avons arpenté le plus
silencieusement
Les marches qui menaient au premier
étage,
Et là, mon père, qui
n’avait pas le sourire
aussi
Doux que celui de Victor Hugo, mon
père,
donc,
Prit la clef ouvrant la porte de notre
nouvelle demeure,
Un trente-six mètres carré
pour cinq, avec la
télé dedans
Et les trente-six chandelles de Jean
Nohain,
Que si tu ne connais pas c'est tant pis
pour
toi.
Cette première nuit, nous l'avons
passé à
dormir dans le noir.
Une peur terrible nous tenaillait au
ventre,
Je ne sais plus trop bien pourquoi…
Tu me l’as donné, ou plus
exactement
Tu l’as mis dans le coffre de ma
voiture,
Tu m’as dit de ne pas le lire, au bout
d’un
certain temps,
Un mois, je crois, je l’ai mis dans ma
bibliothèque
Sans me soucier de rien, un peu comme
s’il s’agissait
D’un des miens. Il est donc là,
il t’attend
et même au-delà d’un an et un jour,
Tu peux compter sur moi, il est à
toi et le
restera pour toujours.
Mon amour.
Camarades debout, aujourd’hui est un
grand
jour,
Le premier de l’année scolaire,
celui des
bonnes
Résolutions, celui où tout
doit être dit, je
commence.
Ici, la loi n’est pas celle de la rue.
Dans
l’enceinte de ces murs
Rien ne vous sera interdit, vous aurez
tous
les droits,
Sauf ceux qui risquent de
déranger un autre
que vous.
Nous
parlerons,
donc, tout au long de cette année,
De cette liberté qui vous est
encore consentie,
Ce sera notre programme et si quelqu’un
À quelque chose à dire,
qu’il le fasse sans
lever le doigt.
Aujourd'hui nous allons parler du Pape
à
Lourdes.
Pour lui comme pour beaucoup d’entre
nous,
cette ville
Est associée aux miracles de
toutes sortes.
Alors, lui,
Malade aussi, qu’est-il allé
cherché là-bas
? La
guérison ?
Nathan, attends, je reviens dans un
instant
Je vais voir s’il y a des moules en bas,
sur
la plage,
Reste près de Sophie, c’est
ça, tu n’es pas
seul,
Après, on ira manger des
huîtres, tu n’aimes
pas,
Des frites, des pâtes, d’accord,
ne pleures
pas,
Attends, Nathan, maman reviendra un
jour, je
l’ai eu
Au téléphone, elle te fait
la bise, elle est à
Paris,
Elle travaille, crache ce que tu as dans
la
bouche,
Ne fais pas cette mine, on est en
vacances !
La différence entre les filles et
les
garçons,
C’est ça la question qu’il pose
très souvent.
Il n’arrive pas à comprendre.
Alors, nous
sommes
Allés chez un psy, il n’a rien
trouvé. Normal
que tu es,
A-t-il dit au sale gosse. Faudra
pourtant
bien trouver une solution.
On ne peut pas rester comme ça,
tout le temps
Dans le doute sans savoir s’il est comme
tout
le monde ou pas.
Nathan, ne pense pas à
l’école pour l’instant
Nous sommes en vacances, profitons-en,
C’est pas la peine de nous faire du
souci
Avant l’heure, il sera toujours temps
d’agir
Ne pleure pas, Nathan, ta maman t’aime,
tu
Le sais bien qu’elle t’aime, alors,
viens,
demain
On ira à Paris la voir, on ira
chez Tati
acheter
Des tas de belles choses pour elle et
pour
toi,
On ira faire des courses avec Sophie
aussi,
Je te promets ce sera bien, va jouer
avec
Les autres garçons, tu n’aimes
pas, vas-y
Essayes, regardes comme ils sont
gentils…
Malgré tous les entretiens avec
les psy,
On n’avance pas beaucoup avec le petit
Nous ne savons pas quoi en faire
à la rentrée
On n’angoisse pas, mais c’est une
charge,
Un poids à porter tout le temps,
même
Pendant les vacances, je te jure c’est
pas
Une sinécure, si j’avais su, elle
et moi,
On aurait mieux fait de nous aimer
autrement.
Viviane Forrester, je l’ai
rencontré, c'était
au salon du livre.
J’en ai profité pour lui acheter
un
exemplaire de son bouquin
Qu’elle a eu la gentillesse de me
dédicacer.
Tu me diras,
Les auteurs, ils sont là pour
ça. En fait,
elle fait son métier
Qui comprend cette charge de promouvoir
son
truc à vendre.
L’horreur économique est un sujet
qui me
tient à cœur,
C’est pourquoi, j’ai pris la
décision de
m’investir dans cette direction
En achetant quelques livres sur le sujet
pour
me confronter
À cette l'idée que j'ai :
qu’il faudrait
panser le monde autrement.
Ceci étant, depuis longtemps, je
me bats, un
peu trop seul d’ailleurs,
Pour qu’un revenu minimum de 600€ par
mois et
un petit logement
Soient accordés à tous
ceux qui en ont
besoin.
Tiens, Arlette, passe moi les factures,
je
vais essayer de les classer,
Sinon personne ne le fera si je ne me
décide
pas.
Tu sais, Paul m’a dit qu’il a
dîné l’autre
soir avec François.
Ils ont discuté de tout et de
rien, histoire
d’aborder au dessert
Le sujet qui fâche. Il
paraît qu’il a mal
pris ce que Paul lui a dit
Et qu’au café, il a
préféré partir plutôt que
de rester, surtout
Qu’il était question d’une
réunion qu’on
devait faire
Faut reconnaître qu’actuellement,
il est pas
mal pris,
Avec son bouquin qu’il vient de sortir,
les
journalistes,
La télé, les copains, il
est pas mal débordé,
enfin
Que veux-tu, il nous fait de la pub et
c’est
ça le plus important.
Le travail, c’est la tarte à la
crème.
Ils ont mis des siècles à
convaincre tout le
monde que le travail
Était l’essence de la vie, que
sans, tu n’es
rien, tu ne comptes pas,
Tu restes dans la rue si "tu ne veux
pas" entrer dans la danse,
La danse des champions, des gagnants, la
danse
du marche ou crève….
Travaille, et tu pourras exister,
consommer,
baiser à volonté. Alors,
On entend certains dires : mais il n’y a
pas
de travail pour tous.
Faux, tu as tors de penser comme
ça, tu as
mauvais esprit,
Faut aller te faire soigner mon pauvre
gars !
Tu dois te battre, te battre, disent-ils
avec
force à des gens qui s'écroulent.
Silence.
Flash-back.
Retour à la case départ.
Vous avez des gens qui ne peuvent plus
travailler.
Les raisons sont multiples et nous
pouvons en
faire la liste.
Mais ce n’est pas utile. C’est
même
complètement ridicule.
C’est un fait. Est-ce définitif
ou pas ?
Ça, on verra plus tard, pour
l’instant, on ne
peut pas,
On ne doit pas, c’est un crime,
Que de laisser les gens dehors, sans
rien.
Le travail c’est important, disait
Germaine
Montero
Dans une de ses chansons, à moins
que ce ne
soit
Quelqu’un d’autre, de toute façon
ça n’a
aucune
Importance, ce qui importe c’est d’y
croire.
Mercredi
Juliette dans sa cuisine a
décidé de se faire
Entretenir par son mari et d’avoir, de
lui je
le précise,
Plusieurs enfants à
élever, ainsi, elle aura
un prétexte
À ne pas aller se faire chier au
boulot,
d’autant,
Et ce n’est pas une excuse je vous
l'accorde,
Mais enfin ça a l'air d'avoir
compté dans
Sa prise de décision, d’autant
donc, que sa
chef
La cherche pas mal ces temps-ci…
J’envisage d’inviter Julien à
midi pour
partager un reste
D’une Julienne de légumes que
j’ai préparée
pour Paul et moi,
Hier soir. Julien a été
retenu à son bureau
pour une pizza-partie,
Du coup, de la julienne il en reste dans
le
frigo,
Il faut la terminer. Je déteste
jeter les
restes,
Y-a des pauvres qui crèvent de
faim dehors !
Il décida d’acheter ce livre-ci
dans un lieu étudié
Pour vendre la pensée des hommes,
la pensée
Sous forme d’écrits et
compactée dans une
masse
De papier avec de l’encre
séchée à l'intérieur,
et
Dont l’objectif à terme est de
titiller les
neurones
De la tête aux pieds de ce pauvre
individu
Qui cherchait on ne sait quoi
là-dedans un
jour
Où il attendait sa femme qu’il
avait choisie entre
toutes,
Un mercredi fait pas comme les autres,
C’est tout ce que l’on sait de cette
histoire.
Mes frères, faisons silence en
notre âme.
Les bruits du dehors, laissons-les
là où ils
sont.
Ici et maintenant, en ces lieux
où seul
compte l’amour
De notre prochain, si proche de nous,
Recueillons-nous pour le voir enfin et
le
recevoir
Sans attendre un quelconque
bénéfice en
retour.
Dans la pauvreté et l’abstinence
cherchons,
Ensemble, l’essence de nos êtres
profonds…
Julien,
écoute ce qu’on te dit sinon, j’irai
Te tirer les oreilles bientôt…
Les oreilles de Julien ne sont pas un
conte
Les mille et une nuits, non, c’est la
réalité.
Il faut, une fois par semaine, insister
vraiment
Auprès de lui pour qu’il les
nettoie, sinon
C’est la cata du catho.
Vous trouvez ça un peu limite ?
Vous avez raison, passons.
Pourquoi, mon frère, vous
êtes-vous encore
compromis
En gardant chez vous un livre de
Simenon,
Vous le saviez bien avant de venir parmi
nous,
Qu’il n’entre pas dans les auteurs
reconnus
Dans notre chapelle, celle-là
même que vous
avez choisie
Pour vous libérer du joug des
éditeurs, ces
marchands de soupe.
Vous avez encore un long chemin à
parcourir
pour accéder
À la pureté digne des
hommes de foi.
Habillez-vous en
Prêtre et déjà vous
ressentirez plus de
liberté, tant
Dans vos mouvements corporels que
mentaux.
Habillez-vous en prêtre, mes
frères, et vous
serez sauvé.
Sauvé du regard malveillant de
tous ceux que
vous croiserez.
Votre habit vous protègera.
Vous serez toujours reconnus comme l’un
des
nôtres
Et vous n’aurez pas besoin de tendre la
main
Pour recevoir l’aumône, elle
viendra toute
seule.
Vous serez béni de Dieu en toute
circonstance
Votre parole sera entendue et vos
désirs
exaucés
Vous trouverez chez nous ce qu’ailleurs
vous
n'avez
Pas gratuitement, voyez, amis, combien
le
moribond
Dans la rue peut souffrir, ce moribond
à qui
vous porterez secours,
Enfin jusqu’à un certain point.
Nous vous
apprendrons
À ne pas tout donner... il y a
des limites en
ce domaine.
Venez, rejoignez notre cellule, demain
est un
autre jour.
Amen. Amenez avec vous quelques objets
de
valeurs
On ne sait jamais, nous pourrions en
avoir
besoin.
Te souviens-tu, mon cher Jacques
Audiberti,
Combien à Paris on t’a
honoré dans les années
soixante.
Maintenant, je ne sais pas s’il y a
beaucoup
de gens
Pour te faire la fête à
nouveau…
Probablement,
Te considèrent-ils trop vieux,
trop pas dans
le coup...
Les traîtres. Enfin que veux-tu,
c’est ainsi,
dès qu’on meurt,
Il n’y a plus personne. On te fait des
livres, des cahiers, certes,
Mais dans le fond de ta tombe tu dois,
j’en
suis certain,
Tu dois t’en foutre comme de ta
première
chemise,
Et là, tu n’as pas tort.
C’est à la Madeleine, dans une de
ces cryptes
où on lit
De la poésie le mercredi,
ça sent l’humidité,
pas des catacombes,
Mais des sous-sols de Paris, et avec le
défilement des mots,
Le résonnement des murs,
ressortait de la
bible un côté mystique,
Sectaire, qu’à L’église on
n’a pas, c’était
chaud presque bandant,
Enfin c’est du passé, et
ça, c’est du domaine
du secret.
Partir à la découverte de
quelque chose dont
on n’a pas idée.
Entrer en soi sans se soucier de
l’état
mental de Rosine,
Qui attend toujours la bonne heure des
sœurs
cairotes pour oser
Un brin de toilette avant d’aller faire
ses
courses au monoprix
Où elle risque de croiser Michel
avec son
petit chien, nouveau
Venu dans sa famille des chiens dans ce
quartier de la convention.
Hier encore, comme disait le
poète, elle
pouvait y aller,
Maintenant, c’est trop tard, n'insistons
pas,
fini toutes ces conneries,
Punie qu’elle est de n’avoir pas
profité, du
temps, hélas combien hélas,
Où Margueritte Duras avec
Albertine Sarrasin,
poursuivaient son amant,
Toutes deux nues, complètement
folles, à
Trouville-sur-Mer.
Ce livre est là pour nous
rappeler l’abécédaire
de Gilles Deleuze
Abandonné en cours de route comme
un
malpropre, au profit
De je ne sais quelle prise de position
arbitraire
au sujet des mots,
Les siens et dont l’objet n’était
rien
d’autre que d'utiliser ces dits mots,
À des fins personnels pour sa
jouissance à
lui : la construction des phrases,
Qui parfois n’avaient aucun sens,
c'était
histoire de s’amuser
Comme un fou, comme s’il ne savait pas,
que
la folie,
Etait un amusement avant tout. Souvent,
il
écrivait des choses
Qu’il ne pensait pas, sa recherche
était la
jubilation dans l’écriture.
Il mettait ce plaisir au même
niveau que
celui qu’il prenait avec le thé.
Il regrettait de n’avoir
qu’Amélie pour
partager cette passion,
Mais enfin, enfin que voulez-vous,
c’était
déjà pas si mal.
Le thé, c’était son beauf,
un vrai de vrai, qui
le lui avait fait découvrir,
Un Earl Grey, celui qu’il a le plus en
horreur maintenant,
Acheté au Monoprix de
Bourg-la-Reine,
puisqu’à l’époque
Il travaillait à Orsay.
Ingénieur de métier, il
venait chez nous
Passer une ou deux soirées,
histoire de faire
l’économie des frais d’hôtel,
Dépense qu’il évitait
toujours, il trouvait
ça inutile.
Seulement, seulement, comme disait sa
maman,
Ne laisse pas entrer chez toi le loup
dans la
bergerie.
Vous ne pouvez pas comprendre pourquoi
je
vous dis ça,
Mais enfin faut savoir qu’après,
vis-à-vis de
moi,
Il n’a pas été
réglo …Le salaud !
Pendant des années, devant un
tableau de
Picabia,
Je me disais, tiens c’est pas mal, puis
je
passais…
Plus tard, quand j’ai commencé
à peindre
moi-même,
Son œuvre m’est alors apparue comme
celle
d’un homme libre
S’amusant à passer d’un registre
à l'autre
avec pour objectif
De nous surprendre à chaque fois
et faire de
nous des girouettes,
Et ma foi, il a eu raison, car c’est
ça
l’art, un truc qui réveille,
Bouscule en permanence, sinon reste chez
toi
et ne fais pas chier le monde.
Hein, Picabia, j’ai raison ?
En 1989, un jour, comme ça, je
voulais voir
de la peinture.
Dans un journal, j’avais vu la photo
d'un jeune
gars que je ne connaissais pas
Et à côté, un
tableau de Jean-Michel
Basquiat. Alors, je suis sorti de chez moi
Et suis allé rue du faubourg
saint-honoré.
Merde, c’était une galerie,
J’y vais jamais, mais là
j’étais obligé, du
Basquiat, y en avait pas dans les musées,
Du moins pas ceux de Paris, de
Beaubourg… Eux,
ce ne sont que des singes,
De grossiers personnages, avec lui ils
ont
été horribles !
Bref, ce jour-là, j’avais compris
qu’il y
avait eu avant moi, un artiste, un vrai
Ayant utilisé la peinture pour
cracher sa
vie, son corps, son âme, son tout.
Vous sautez au plafond. Et la modestie,
Monsieur Art-psy ?
La modestie est la mamelle de toutes les
hypocrisies, alors passons.
- En 1996, pas vous, pas moi, mais des
gens
dans le privé possèdent
Des œuvres d’art de grande valeur, des
millions de francs, d’euros maintenant.
Cette année-là, ils les
ont mis à la
disposition d’un musée pour une expo monstre
Digne des plus grands musées du
monde entier,
pardon du peu, mais
Les "privées" ça
sait de quoi
ça parle, les arts, faut pas leur en raconter.
- Oui, bon, mais où voulez-vous
en venir avec
votre discours ?
- À l’époque, et
même aujourd’hui, je trouve intéressante
cette idée
Selon laquelle toutes les œuvres
actuellement
stockées dans les sous-sols des musées
Soient vendues pour financer le travail
de
nos pauvres jeunes artistes.
Ces acheteurs de tableaux de
maîtres auront
pour obligation de les mettre
À disposition de l'état,
sur demande, pour
les montrer au public gratuitement.
- Et qu'en pensent les institutions de
cette
idée géniale ?
Un soir, tard, vers deux heures du
matin,
j’étais dans mon atelier
Je peignais tranquillement, lorsque je
me
rendis compte d’une chose
Peu ordinaire : sur ma toile, mon
couteau
étalait de la peinture
Avec la main de Nicolas de Staël.
Ce tableau le voilà, c’est
confidentiel, que
cela reste entre nous.

J’aime beaucoup Rouault pour l’avoir vu
et
revu
Au travers de ses tableaux
exposés dans les
musées
Chargés de reconnaître ceux
qui sont les
meilleurs,
Évitant tous les autres, pour une
raison
simple :
Il y en a tellement qui font de la
peinture,
si vous saviez.
Tenez, prenons par exemple
l'établissement Marin,
Ce magnifique magasin d’articles d’art,
situé
à Arcueil
Dans le val de Marne, il est toujours
plein
de monde.
Bien entendu, ce ne sont pas tous des
Rouault, mais enfin
Ces gens sont dans l’expression de soi
comme
il l’a été lui-même.
Seulement, ce qui est agaçant
avec lui c’est
son côté catho,
Comme Le Gréco. Je comprends
qu’il faut
gagner sa vie, mais …
Je vous parle de catho, comme c'est
bizarre,
comme c'est bizarre,
Tout à l’heure, je vais
dîner avec des amis
dont un est prêtre Hollandais.
Va falloir encore aller voir le psy, en
attendant, bon week-end
Et buvez pas trop.
Actuellement, tout me paraît venir
d'Amsterdam,
Ai-je envie d’y aller ou bien est-ce le
rendez-vous d’hier
Que je n’ai pas encore
digéré ? Que
voulez-vous,
C’est une question personnelle avec en
arrière fond,
Un résiduel impossible à
dépasser, alors, à
chaque fois
C’est toujours les mêmes discours
qui
reviennent
C’est pas de notre faute, c’est comme
ça, t’y
peux rien.
Comme on ne se voit qu’une fois tous les
trois ans,
C'est faisable. Nous n’étions pas
malheureux,
installés
À Montparnasse, place Edgard
Quinet, à ta
terrasse
D’un restau vachement bien, service un
peu
long,
De toute façon nous avions de la
conversation
en retard, alors,
Il n’y avait pas péril en la
demeure, c’était
vraiment long,
Mais, calmos on n’est pas parti, on est
resté, il faisait beau, la nuit
Commençait à tomber, et
nous, on attendait le
plat principal.
Aller farfouiller sous terre c’est comme
aller en soi.
À l’intérieur,
découvrir un peu ce qu’il y a
dedans,
Histoire d’être informé
pour en faire
Ensuite des histoires à faire
passer le
temps.
À Cnossos, nous y sommes
allés, il faisait
chaud,
Je me souviens, c’était beau. Il
y avait tous
ces touristes,
Ces photographes à culottes
courtes avec
l’air si jovial,
Si ouvert sur le monde, plus que dans le
métro,
Tiens, le métro c'est aussi en
sous-sol !
Je n'ai jamais compris pourquoi on l'a
tenu
pour fou, certes,
Il y a eu de sa part de la
démesure, mais pas
plus pas moins qu'un autre,
Je veux dire, regardez tous ceux qui ont
construit quelque
Chose de marquant, je ne parle pas de
Hitler
ou de Napoléon,
Eux c'est spécial dans le genre,
eux c'est
l'apothéose de la connerie,
Non, cherchons plus simple.Regardons la
télé
par exemple,
Il y a là de quoi faire son
marché. Prenons
Gaudi à Barcelone,
Promenons-nous dans les cours de ses
immeubles bourgeois,
Toujours les bourgeois, ils me
poursuivent,
ils sont partout…
O.K., continuons, ne nous
éparpillons pas.
Savez-vous que sans Gaudi, Barcelone ne
serait pas Barcelone ?
Où iraient ces touristes s’il n’y
avait pas
la Sagrada Familia,
Cette église en cours de
construction, cette
érection à la vue de tous.
Tu as aimé mon art, lui pas. Tu
m'as offert
ce livre et
Un tee short blanc avec marqué
dessus cette
phrase de Picasso :
"Quand je n'ai pas de bleu, je mets du
rouge". Je le porte souvent
Dans mon atelier lorsque je peins et
à chaque
fois je pense à toi.
Tu l'as quitté il y a
déjà pas mal d'années.
Lui, fait sa vie sans toi
Et toi sans lui, c'est ainsi la vie. De
toi,
je n'ai aucune nouvelle,
Ne voyant plus maintenant celle qui m'en
donnait parfois.
De lui, non plus, ainsi va la vie, te
disais-je, de rupture en rupture,
De deuil en deuil, on finit par
grandir...
Bondia, je ne suis pas gai en te disant
tout
cela.
Fais de ma part une grosse bise à
ta famille,
le destin n'a pas voulu
Que les rencontres fussent plus
chaleureuses
entre eux et nous,
Ainsi va la vie, te disais-je,
chère amie
d'Amsterdam.
À peine arrivé au
"château" il a
fallu le restaurer.
L'un des artisans ayant participé
à cette
aventure
Était compagnon du tour de
France.
Fantastique,
Réellement fantastique, gentil et
tout. Comme
il était charpentier
Il s’occupa du toit. Il disait de notre
toiture, qu’elle ressemblait
À celle de la cathédrale
de Chartres, il
était charmant, c'est fou !
Et pour les factures, il était
plus que
raisonnable :
Il me laissait décider du prix
à payer son
travail, parce que
J’étais un artiste, "Moderne"
qu’il
disait avec un léger accent,
D’ailleurs, il n’était pas le
seul à procéder
ainsi avec moi :
Faut reconnaître une chose, en
général, je
paye bien.
Un jour, dix ans après, j’ai
appris qu’il
était tombé d’un toit,
Et depuis, il est paraplégique.
Sa femme a
trouvé un autre
Homme tout de suite, du coup elle a
beaucoup
changé.
Le nouveau, ses devis devenaient
inabordables, alors,
Pour le toit, nous avons cherché
quelqu’un
d’autre.
Les gens, vous savez, vous ne les
changerez
pas.
Ça les rassure de voir qu’un
grand artiste
est fou.
Quoique l’art, vous savez, c’est pas
net.
Il y à boire et à manger
là-dedans,
Faites très attention tout de
même.
Votre gosse ne va jamais au musée
?
Oh, mais ne vous inquiétez pas,
c’est
peut-être pas
Plus mal. Le foot, bah woui, c’est plus
de
son âge, surtout
Que c’est un garçon ? Alors,
alors, le foot
c’est bien mieux
Madame Ballon, et votre mari, comment
qu’il
va ?
Chacun fait comme il veut avec l’art et
c’est
très bien comme ça.
Tu te promènes dans les
musées et tu ne vois
pas les trucs de
Chillida, c’est pas grave, t’as vu
d'autres
choses et c’est très bien.
Mais pour ce qui est de ces sculptures
à lui,
pour moi, c’est capital
Car j’y sens là, la confrontation
matérialisée
de nos conflits,
Tout ce qui est en nous et nous oppose,
nous
déchire, nous construit.
Chillida, c’est de la matière
vivante, de la
matière cérébrale
Métallisée, mise en forme,
accrochée, posée,
dessinée,
Elle s’imprime en nous comme la photo de
maman,
Celle qu’on a faite la semaine
dernière à
Deauville....
Sinon, comment va Ginette, a-t-elle
toujours
son plâtre à la jambe,
Ce doit être terriblement
handicapant,
surtout qu’elle est active
Et son mari comment il prend la chose ?
Dans les musées, le saviez-vous,
la drague,
ça va bon train.
Un jour, c’était à
l’occasion d'une fabuleuse
expo d’Andy Warhol
À Beaubourg, j’étais jeune
et beau, enfin
d’après les "on-dit"
De l’époque, maintenant on le dit
beaucoup
moins, mais
Ne nous attardons pas trop
là-dessus il y
aurait tant de choses
À révéler sur les
hommes en général...
Passons, sinon je risque de me prendre
une
colère pas possible.
Donc, me voilà devant les grosses
fleurs de
toutes les couleurs
De notre Warhol
préféré, tranquille,
solitaire comme d’habitude.
J’ai horreur d’avoir quelqu’un avec moi
dans
un musée, ça ne
Cadence pas à la même
vitesse, c’est chiant,
je préfère faire ça
Tout seul, au fond, l’art c’est
très intime,
mais, là, franchement,
J’ai pas pu faire autrement, j’ai
dragué et
ça a marché.
Si à votre tour, vous
désirez tenter votre
chance dans une expo,
Evitez l’art brut, c’est pas là
que vous
risquez de faire la rencontre
Du siècle. Ceux qui regardent ce
genre
d’objets, sont généralement,
Je dis bien généralement,
parce qu’il ne
faudrait pas généraliser,
Car il peut y avoir des exceptions, mais
en
général, c’est pas terrible
Comme population : des riches
collectionneurs, pour la plupart.
Avec Jean-Michel, ce n’était ni
long, ni pas
long, ce fut tout de suite
Formidable. Il y a eu entre nous comme
une
bénédiction de Dieu.
Tiens, encore lui,
décidément, il nous
poursuit. Hier,
C’était principalement le sujet
de notre
conversation avec
Mes amis : eux croient, moi pas. C’est
difficile ces questions
Quand on n’est pas du même avis,
il y une
impossibilité
À se comprendre, chacun reste
dans son camp...
Jean-Michel était noir,
croyait-il en Dieu ou
pas, je ne sais pas
Et franchement ce n’est pas ça
qui va mettre,
comment dit-on ?
Du beurre dans les épinards ?
Non, ça c’est
pour autre chose,
Du feu aux poudres, bon admettons que ce
soit
ça, on va pas
Passer toute la journée à
chercher une
aiguille dans une botte de cuir.
C’est des fois bizarre, les amis. Je ne
sais
pas vous, mais
Quand ils font des cadeaux, ça
peut
surprendre, surtout
Lorsque c’est à table devant tout
le monde,
les autres voient ça,
Tiens c’est étrange comme cadeau,
alors qu’en
général
On est correct entre nous … D’ailleurs,
cet
ami,
Je ne l’ai plus comme ami. Est-ce
à cause de
ce cadeau ?
Mapplethorpe, c’est de la photo et la
photo
c’est la vie, alors …
Théoriquement, on ne devrait pas
avoir des
réticences
Face à ces choses de la
nudité, que
voulez-vous c’est
Humain, les corps : les montrer
habillés ou
nus ?
Faut pas en faire tout un
pataquès, toute une
diary,
Comme disait un ami qui transformait le
é en
y,
Ce qui faisait toujours rire les autres,
quand il disait ça
A la fin d’un repas lors de la
distribution
des cadeaux.
L’hôtel conseillé par le
syndicat
d’initiative était un palais
De la ville de Sienne, où, nous
sommes
arrivés un peu tard
Dans l’après-midi. Probablement
une étape
d’un voyage
Menant, je ne sais plus trop bien
où. C’était
étrange de se trouver là,
Moi, papa, elle, maman, les enfants, la
famille, c’est loin
Toutes ces histoires, mais enfin
Pourquoi ne pas reconnaître ce qui
a existé ?
Là comme à Venise, nous
avons eu droit à
cette chose merveilleuse,
Le regard des enfants découvrant
pour la
première fois
Un lieu qui les éblouit au point
de vous
donner envie
De retourner en vacances avec toute une
marmaille,
Rien que pour ça. Mais enfin,
soyons
réaliste,
Ce n’est pas toujours aussi rose, les
gosses
!
Pourquoi dans les salles d’expositions,
Tàpies
met-il
Les sommiers, les matelas, verticalement
alors que
S’ils étaient normalement
installés, les visiteurs
pourraient
Faire la sieste pour se reposer un peu
de ce
monde de merde.
Les musées pourraient trouver
là une
originale fonction
Plus proche des besoins de ces gens dont
la
fatigue
Est-ce qui les caractérise, en
général, mais
en général seulement,
Faut pas généraliser non
plus. C’est trop
facile de dire du mal des étrangers.
Sans être chauvin, la France c’est
dix vins. En
gros on peut diviser ce pays
En contrées et volontairement je
ne compte
pas la Corse, eux
C’est un peu à part et comme un
jour ils
seront indépendants, alors,
On ne va pas les inclure aujourd'hui
pour les
soustraire demain.
Vous connaissez quoi de la France ? Je
connais :
Le Bordeaux, le Bourgogne, le côte
du Rhône,
l’Alsace et Paris,
La tour Eiffel, le Sacré-Cœur,
Montparnasse, Pigalle,
les jolies filles de Paris,
Les putes d’Amsterdam, le Gouda et le
fromage
de chèvre . J’aime aussi
Le chocolat Lanvin et Dali pour ce qui
concerne la peinture MOderne,
Jacometti pour la structure et maman
pour les
gâteaux. Conclusion :
Toutes ces associations fonctionnent
à la
manière de nos rêves,
Vous en saurez plus à la rubrique
Psychanalyse...
Préparez vos cahiers pour prendre
des notes !
J’ai reçu hier en entrant chez
moi,
tranquille pépère, une lettre d’elle
Ouverte accidentellement par je ne sais
qui,
voulant probablement
En savoir plus sur ma personne et sur le
genre
de courrier me parvenant
Directement par la poste. Je n’ai pu
m’empêcher de penser à mon facteur,
Inconsciemment s’entent, car je le
soupçonne
de s’ennuyer un peu,
Depuis qu’il a moins de boulot
maintenant
dans le quartier..
Bref, je vous lis cette lettre telle que
je
l’ai reçue, ouverte par le facteur
Et sortant de ce fait de la
confidentialité
qui s’impose.
Mon cher Doudou,
Je viens te faire part de mes soucis
d’argent. J’avais dans mon grenier
Quelques toiles de toi qui n’avaient pas
beaucoup d’intérêt alors,
Je les ai vendus au marché de
l’art contemporain
de la rue Edgard Quinet,
Seulement ol a fallu baisser les prix
à un
point pas possible, les acheteurs
Se font de plus en plus rares sur tes
toiles
particulièrement, car
À côté de mon stand
il y avait une dame qui
elle, vendait les œuvres
De son Doucet de mari, mort il y a peu,
à un
prix, je ne te dis pas,
Alors que c’est de la peinture comme la
tienne,pas plus, pas moins.
Lorsque nous étions ensemble,
nous allions en
vacances tous les mois d'août.
C’était sympa, pas toujours, mais
en gros oui
ça allait. Le soleil dans le midi
À l’époque on n’en avait
pas peur comme
maintenant, au contraire
On le recherchait, on allait même
sur la
croisette à Cannes et on poussait
La perversion jusqu'à bronzer
sans parasol,
tu vois un peu…
Parfois, pour fuir la foule ordinaire de
ces
congés payés de nouveaux riches,
Nous prenions notre béAim rouge,
vachement
agréable à conduire
Et nous allions pour changer un peu,
nous
allions à Saint-Paul de Vence.
Là-bas, nous n'avons jamais
rencontré Montant
ou Signoret, seulement
Nous fréquentions la piscine de
l’hôtel où
ils allaient, "la colombe d'or"
Le ticket d’entrée n’était
pas prohibitif
d'autant qu'à l’époque on comptait
L’argent qu'on dépensait, mais
par contre on
était jeunes, beaux et très attractifs.
Parfois, elle faisait des crises qu’il
m’était difficile de vivre.
Est-ce la raison de votre
séparation ? m’a
demandé le psy.
Lorsque j’ai fait appel à lui
dans ce moment
où j’ai voulu
Remettre tout en cause, même les
bons côtés
de la vie.
Que voulez-vous, lorsque tout va mal,
rien
n’y peut rien,
Ça va mal, c'est tout. Puis, avec
le temps,
les choses ont pris leurs places.
Il y a eu cette distance prise entre
elle et
moi. Nous avons décidé
De faire appart' à part, elle
chez elle et
moi chez moi,
C’était plus facile pour
l’indépendance. Ni
elle ni moi n’avons refait notre vie,
Car libres nous sommes nés,
libres nous
mourrons, alors pourquoi
Remuer ciel et terre pour se trouver un
jour
à la case départ.
Louise Bourgeois, au départ, je
ne la
connaissais pas.
Je me promenais à Beaubourg dans
ce dédale
d’œuvres d’art
Que tout le monde connaît,
c’était un
dimanche, tranquillement
Dans un tonneau gigantesque, mes pas
entrent par
la porte en bois,
À l’intérieur duquel
presque rien, un lit
métallique, un filet d’eau,
Une impression épouvantable : la
mort c’est ça,
C’est comme ça, comment le
sait-elle ?
Ma chère Louise, tu es une force
de la
nature,
Que Dieu soit avec toi.
Quel âge as-tu, déjà
?
Il a trouvé sur Internet le texte
intégral
des métamorphoses.
Il le lut avec beaucoup de
difficulté et de
dégoût.
Il chercha à s’en
débarrasser rapidement.
Le décomposta en fines lamelles,
le mis dans
une poubelle,
Le poussa dans le fond avec la main et
chercha à l’oublier.
Seulement, la Métamorphose ne
voulait pas le
quitter,
Il en fut tout imprégné,
comme une bave sur
un bavier,
Une cerise un cerisier. Il alla alors au
monoprix d’à côté
Et acheta très cher le meilleur
filtox à
cafards.
La mort est la chose la plus con qu’il
soit.
Mon cher Pécuchet,
Si nous
voulons
changer le monde, il va nous falloir
De la patience, de la
ténacité, de la
rigueur, de la méthode.
C’est pourquoi je m’adresse à toi
pour avoir
ton avis
Concernant mon projet de parler de la
psychanalyse
À un autre niveau que celui que
l’on connaît.
Ces médecins,
Ces dits freudiens, lacaniens,
adlériens,
jungiens et j’en passe,
Sont tous des charlatans que nous devons
impérativement
Mettre en échec, si l’on ne veut
pas voir
cette science
Tristement mourir de sa belle mort.
Si tu as
compris, comme moi, l’importance du rapport
étroit
Entre l’image et les mots, il n’en reste
pas
moins
Qu’il est de notre devoir d’expliquer
comment
cela se matérialise
Dans nos organes mentaux. La
psychanalyse est
le moyen d’action
Que nous utiliserons pour cette
recherche
fondamentale, et pour ça,
J’ai besoin d’avoir ton avis sur un
point,
mon cher, mon très cher ami.
Dois-je
continuer, d'après toi, l’inventaire de cette
bibliothèque
Avec ces associations, ces digressions
et
toujours avec cette contrainte :
Écrire sans toucher l’objet ? Ou
bien dois-je
faire autrement :
Ouvrir enfin le livre.
Tu vois, mon cher Pécuchet,
Combien la distance qui nous
sépare, nous
handicape,
Et nous empêche une mise en place
d’une
théorie commune
Dont le monde a besoin actuellement,
mais
Je comprends bien la situation, ta
femme, les
enfants, le travail…
Qui aime bien châtie bien. Et
puisqu’il en
est ainsi, allons-y :
Tout ce qui est mystique m’emmerde.
C’était mon ex., elle l’avait
entendu dans
une de ces conférences de psys
À Saint-Michel, et où moi,
je m’en souviens,
j’allais la chercher en voiture
Pour lui éviter d’entrer seule
à la maison :
J’ai toujours eu peur qu’elle se fasse
agresser, le soir.
Elle
m’avait
conseillé d’aller le voir, car il traitait
Les gens souffrant de la même
maladie que
moi.
J’ai toujours écouté ses
conseils, alors j’ai
pris rendez-vous.
À l’issu de la première
visite, j’ai accepté
la déco de son cabinet.
Toutes les pièces étaient
affectées d’objets religieux,
C’est son fonds de commerce, ai-je
pensé, n’y
touchons pas,
Restons sereins, restons zen.
Tout de même, il m’a fallu
accepter de
m’allonger, oui Madame,
C’est l’usage, et d’avoir au-dessus de
ma
tête, une croix
Avec le Christ accroché dessus.
Pour un juif,
me suis-je dit,
N’était-ce pas un
péché ? Vu l'état dans
lequel j'étais
J’ai passé outre cet obstacle,
d’autant que
je suis, en vrai,
Athée pas mal. Je devais
m’abstraire de ces
questions
Pour accéder enfin aux raisons
profondes de
mon mal.
Dès
le départ,
j’avais limité à un an ces visites
hebdomadaires.
À la
fin de ce
travail, comme vous pouvez vous en douter,
Je
n’étais pas
guéri, mais n’avais pas perdu mon temps pour
autant,
Ayant
toujours
tiré profit de ce que je vivais… Même de
ça.
Ce qui est terrifiant, voyez-vous dans
toutes
ces choses-là,
C’est le côté
sérieux, aucun humour, aucune
distance,
On sait de quoi on parle, on
maîtrise le
sujet et le seul
Objectif qu’ils ont, est de vous
instruire.
Tu parles …
Bandes de cons, d’ignares, d’idiots.
Et, pour vous impressionner, ils n’y
vont pas
de main morte,
Ils y mettent le paquet, ils n’ont peur
de
rien, et toi pauvre bougre,
Tu vas te ruiner à quatre-vingts
euros la
séance, parce qu’ils sont,
Dévoilons ici la face
cachée du monde des
psys et consorts,
Parce qu’ils sont supérieurs
à toi, toi qui
sais si bien entretenir
Ce sentiment d’infériorité
qui fait tout ton
charme.
Certains,
à la
lecture de ces mots, déduiront hâtivement
Une haine
de ma
part à l’égard de ces
spécialistes de l’âme humaine.
Qu’il n’en soit pas ainsi. Soyez
béni, merci
!
Si l’on
veut
comprendre quelque chose à la psychanalyse
Il faut
posséder
ce livre de référence de Laplanche et
Pontalis
"Vocabulaire
et
la Psychanalyse" ; par contre, on n’est pas
obligé
De
l’ouvrir,
tant il est incompréhensible à tous ceux
qui ne sont pas
Psychanalystes
de
métier et dix ans d’expérience,
vécue corps et âme,
Fauteuil et
lit
de repos standard psy, acheté chez Habitat.
Je ne vous parlerai pas de Laplanche,
puisqu'il
m’est inconnu.
Par contre, Pontalis, de lui j’ai tous
ses
livres. Comme vous le savez,
Ce dictionnaire l’a propulsé dans
les hautes
sphères de l’intelligentsia psy
Et installé définitivement
pour la bonne
cause aux éditions Gallimard, à Paris.
Ouvrons
l’objet
pour nous faire une idée de ce que contient
Cette chose
à
poussière (1967). Comme tous dictionnaires,
Il commence
par
la lettre A et comme nous sommes ici
Dans le
lieu de
tous les inventaires, n’ayons pas peur du ridicule.
L’Abréaction
de
l’Abstinence permet l’Accomplissement du désir
Lorsqu’un Acte manqué, genre
Acting out en
activité, génère de l’
Affect ou de l’Agressivité selon
l’Altération
du moi. L’Ambivalence,
Lorsque l’Amnésie infantile est
Anaclitique
(dépression) avec poste de
Télé Analogique parce que
l’Analyse
didactique et l’Analyse
Directe provoquent toutes deux une
grande
Angoisse automatique,
Angoisse devant un danger réel,
pas de blague
Pontalis est là,
Il surveille le cours, menant à
l’Annulation
rétroactive du pauvre
Aphanisis dans son Appareil psychique
souffrant. Après-coup,
L’Association d’une Attention flottante
dans
le cadre de l’Auto-analyse
Se transformant en Auto-érotisme
avec une
Auto en plastique.
Voilà pour la lettre A.
Volontairement, je vous fais grâce
des autres
lettres de l’Alphabet.
Si cela vous a intéressé,
reportez-vous au
bouquin que vous trouverez
Gratuitement dans toutes les
bibliothèques
municipales de France.
Dans
l’espoir
d’avoir répondu correctement à votre
attente,
Veuillez
croire, Mesdames et Messieurs, à l’expression
de mes...
- « Nous nous quittons, c'est
là ma route »
- C'est ça qu'il t'a dit, ton mec
hier soir ?
- Oui Marcelle, c'est ça et en
plus, il a
rajouté qu'il avait
Lu cette réplique dans un bouquin
à la
librairie, tu sais
Celle près de chez Monoprix,
d'ailleurs, la
vendeuse,
Elle peut pas me pifer, vu que
j'achète
jamais
De livres, mais des fois quand je passe
avec
les gosses,
Ils me poussent à
l'intérieur pour leur
prendre des Pokemons,
Alors, il y a toujours un ramdam avec
eux, tu
imagines.
- Donc, il te largue pour aller avec
cette
salope de vendeuse de livres ?
- Quoi, que me dis-tu là
Marcelle, quelle
salope ?
- Oh, je viens de faire une gaffe, je
croyais
que tu étais au courant.
- …
(Les femmes entre elles, c’est parfois
tout
un poème)
« Nous nous quittons, c'est
là ma route »
Nous nous quittons, je te quitte
peut-être à
contrecœur,
Je le fais, car c’est le moment pour
nous de
prendre du recul,
De la distance, pour se
régénérer, se
reconstruire. Ai-je le choix
De faire autrement puisque j’ai
trouvé
quelqu’un d’autre que toi.
D’un certain point de vue, nous deux
c’est
fini,
Je dois vivre autre chose que la vie que
j'ai
eue avec toi,
Je t’aime pourtant, mais il y a d’autres
personnes, d’autres histoires à
vivre,
Vouloir toucher un autre corps que le
tien
est futile je te l’accorde
Vois-le comme un divertissement de ma
part,
je sais que tu m’aimes encore,
Mais ton amour est un poids trop lourd
à
porter, d’autant qu’il vient
S’ajouter à tout le reste, j’ai
besoin d'oxygène
: la nouvelle m’en apporte,
C’est con, mais la chair est faible,
etc..
etc...
... Vous connaissez la musique…
Nous nous quittons parce qu’il le faut.
Il
n’est plus question
De continuer à vivre ensemble du
seul fait de
l’avoir décidé un jour.
En aucune façon, chère
amie, nous n'accepterons
de voir
La médiocrité s’installer
entre nous, car
elle peut devenir très vite
Le "malheur" qu’on porte, histoire
de porter quelque chose plutôt que rien,
Ces riens qui mènent au n’importe
quoi...
Ouvrez les yeux,
regardez
Ne serait-ce qu’un instant, tous ces
gens avec
leurs gueules déconfites
Par le quotidien, le pain noir de la
misère,
les coups, la violence
De ces mâles sur ces femelles au
beurre
noir, aux
semelles décollées,
Qu’on voit dans le métro, le
matin, lorsqu’on
va au boulot.
Comme l’a démontré Freud,
être malheureux
c’est exister
En tant que matière vivante
malheureuse, de
plus, le bonheur,
Faut pas déconner, est trop
éphémère pour
prendre
Des engagements sérieux avec lui,
à long
terme, je parle.
Mais enfin, dans tout ça, vous
savez, il y a
des limites
Et ces limites c’est ça le
thème dont on
discute actuellement,
Pas la peine de s’égarer comme
d’habitude sur
des considérations
Philosophiques dont tout le monde s’en
balance
les doigts dans le nez.
Vous revenez à chaque fois jouer
en moi
Des films à faire frémir
ce pauvre Jérémie.
Ce passé revisité en
permanence,
J’ai bien peur qu’on en ait besoin pour
une
raison simple :
Cela nous rappelle une histoire, la
nôtre, en
fait c’est nous.
Voilà, c’est ce qui nous
constitue, tous ces
vécus,
Qu’importe à notre mémoire
le bon ou le mauvais
côté des choses :
Elle ne sait pas faire la
différence, pour
elle, le bien, le mal,
C’est du pareille au même, c’est
au même
endroit dans le cerveau.
Tu penses que c'est illusoire de vivre.
C'est
ton problème.
Seulement, ce n'est pas avec ces
considérations que nous allons
Apporter de l'énergie aux jeunes
d'aujourd'hui, eux
Ont besoin de savoir que c'est la vie
qui
domine la vie,
Pas la mort. La mort on s'en fout, c'est
pour
après...
Si Maud a décidé de faire
éditer ton journal
après ta mort,
C’était compréhensible,
mais je me demande si
ce n’est pas contestable…
Je ne sais si j’aimerai que quelqu’un en
face
autant de mes écrits
Quand je ne serais plus là. Faire
un livre
est un acte personnel,
Tout comme un sculpteur taille sa
pierre, un peintre
construit son tableau,
Personne d’autre ne peut le faire à ta place.
Si je me permets de te dire ça,
ce n’est pas
pour dire du mal de ton épouse,
Seulement, c’est affreux, je n’y trouve
rien
qui justifie cet ouvrage,
Sauf l’expression de l’amour qu'elle te
porte,
D’où la question fondamentale de
l’amour :
c’est quoi ?
Pour le savoir tu commences une
psychanalyse
avec Lacan,
Nous sommes en 1944, c’est la fin de la
guerre, Hitler,
Les Allemands. Les camps, l’horreur de
ce que
les hommes
Sont capables de faire à d’autres
hommes.
Depuis longtemps
J’attendais le bon moment où je
ne pourrai
reculer devant cette tache :
Essayer de démontrer, de
démonter cette
terrible mécanique qui fait
Que l’impossible est possible. Boltanski
avait montré,
Il y a quelques années, à
Beaubourg, des
familles allemandes unies,
Avec les hommes encostumés de la
marque
allemande : la croix gammée.
Ils posaient là devant les
photographes avec
leurs femmes et leurs enfants
Dans le dedans du cadre rassurant de la
photo. Tout était normal,
La vie courante, le bonheur à la
maison :
Militaire est un métier comme
femme au foyer
ou gosse écolier.
Comment en arrive-t-on là ?
Essayons de
comprendre.
En nous tous, à tout moment deux
entités,
deux paroles s'affrontent
En permanence. Le premier permet d’agir
en
société, d'être à peu
près
En harmonie avec nous-mêmes et les
gens qui
nous entourent,
Nous arrivons tant bien que mal à
être convenables
grâce à cette faculté
D’adaptation qui nous
caractérise, qui vise à
la satisfaction de nos besoins .
Seulement,
de
l’autre côté, un petit animal
intérieur vient nous parler,
Nous donner
son
avis sur tout, désireux avant tout de
contrarier, de casser
Tous nous
projets, toutes nos actions avec des idées
irrationnelles,
Faire la
nique
à toutes nos décisions, nous apportant
toujours un avis
Contradictoire
souvent
complètement débile
Qui nous
fait
artiste ou criminel.
Ce petit
animal
nous allons lui donner un nom : "petit lapin"
Nous utiliserons cette image en
attendant de
trouver mieux,
Certes, d’autres ont
préféré trouver des mots
plus sérieux,
Inconscient, par exemple. Pourquoi
"petit
lapin" ?
À vrai dire, je n’en sais rien,…
C’est marrant pour une question si
importante.
Ce qui est terrifiant avec cet
animal-là
c’est qu’il est incontrôlable.
Moravia, dans une nouvelle, "Moi et
lui", attribue le rôle de "lui"
À son propre sexe. Il communique
avec, d’une
façon assez hard.
A-t-il voulu en écrivant cette
drôle
d’histoire nous faire un clin d’œil
Sur les travaux du "Maître Freud"
avec sa libido ? Probablement…
- Les artistes sont souvent formidables,
mais
jamais,
Jamais pris au sérieux comme le
sont les
chercheurs, les médecins…
- Ah non, tu ne vas pas recommencer avec
ces
discours
Les artistes c’est fait pour divertir,
un
point c’est tout,
Chacun à sa place et les vaches
seront bien
gardées.
- Cela me contrarie que tu me parles
ainsi de
bon matin,
Ce n’est pas gentil de ta part…
Passe-moi le
beurre.
- Alors, les allemands, c’était
leurs lapins
qui n’avaient pas
De
gendarmes
assez forts pour les protéger de faire ces
saloperies ?
- Oui, "le
gendarme" était défaillant. Il
était le garant de la bonne
Tenue de leur Personnalité, il
représentait
la morale, la loi…
- Quelle chance nous avons de ne pas
être
là-dedans actuellement.
- Justement, prenons-en conscience ! et
pendant que je vous parle,
J'entends un journaliste se poser la
question
: comment en arrive-t-on là ?
On voit bien là qu'il ne connait
pas encore l’histoire
des lapins.
- Cela
peut-il
nous arriver à nous, demain,
après-demain ?
- Oui, sous certaines conditions :
1) Un affaiblissement de notre
personnalité dû à des
événements internes
ou
externes (maladie
physique ou psychique,
chômage, divorce, un
ensemble de
contrariétés, difficultés de
toutes sortes…)
2) Un motif, une raison justifiant de
reporter nos malheurs sur « l’autre »
3) Une voie forte nous contraignant
d’enfreindre la "loi"...
C’est là que les Hitler et
compagnie
interviennent.
Ils savent dire ce qu’il faut, comme il
faut,
toujours fortement,
Car curieusement ce lapin obéit
à la fermeté
à tel point,
Qu’il lui suffit de porter un costume,
militaire par exemple,
Pour vous larguer toutes ces obligations
quotidiennes qui vous pèsent,
Ainsi, il étouffe en vous tout ce
qui faisait
que vous étiez vivable.
A ce moment là, vous n’êtes
plus vous-même,
vous êtes un autre,
Un soldat qui fait ce qu’on lui demande
de
faire, c’est tout.
Vous n’êtes plus responsable de
rien, et le
comble, c’est que cela
Comble de bonheur votre
animalité. Vous
allez, comme tous
Vos copains depuis des siècles,
vous allez
pouvoir libérer
Vos archaïsmes les plus
refoulés, vous allez
pouvoir voler, violer,
Tuer à votre aise, vous en avez
l’obligation,
C’est votre métier maintenant,
taisez-vous,
rompez.
Mais cette
démonstration est-elle suffisante pour
comprendre
Le fascisme, tous les fascismes, toutes
les
violences ?
Pour
l'heure,
restons-en là et revenons à notre pauvre
Octave
Qui patauge dans la gadoue avec ses
poèmes et
ses rêves
Dont on se fout complètement. Sur
Lacan, il
n’y a rien de concluant,
Et puis raconter ce qu’on a
rêvé n’a d’intérêt
que si l’on en donne
Une interprétation, aussi
mauvaise soit-elle,
ou si la narration
Est littéraire, je veux dire
chouette à lire,
ce qui n’est pas le cas ici.
Je suis
terriblement injuste avec lui, n’est-ce pas avec
Son livre que je me suis permis
d’écrire tant
de choses ?
Ne nous attardons pas trop sur Octave.
1947
est loin, très loin,
Année de ma naissance. Il
patauge, fait l'étude
sur les Malgaches.
Pleins de bonnes intentions, mais tout
ça
n’est pas clair,
À tel point qu’il s’est senti
obligé, tout au
long des rééditions
De rajouter des expliques comme pour
réparer
quelque chose.
Ne nous
attardons pas trop et passons rapidement à
autre chose.
- Si tu n’en peux plus, arrêtes !
et d’abord,
pourquoi as-tu commencé ?
- Ma chère Amélie, j’ai
pris des engagements
et je m’y tiens, voilà tout
Mais en attendant, je n’en peux plus de
ce
bouquin.
- Tu en es à quelle page ?
- À la 121.
- Bon, c’est bon, arrête
maintenant. Moi, à
ta place
Je n’aurai même pas
commencé. Allez va basta
!
- Oui, tu as raison. Toi, tu n’as jamais
voulu ouvrir ce livre sous prétexte
Qu’elle me l’avait offert, tu as
considéré
qu’il n’avait rien à foutre
Chez moi, chez nous... Je bafouille, ma
pauvre chérie, il m’a tué ce mec,
Je hais ce genre de bonhomme et puis de
toute
façon je ne vois pas
Pourquoi je consacrerai mon temps
à ça, il
est mort et sa femme aussi, alors...
On enterre et on s’oriente vers des
«
modernes », n’est-ce pas ma chérie ?
- Ne mets pas tout le monde dans le
même
panier, les anciens, il y en a des bons.
- Bien sûr, tu as raison, mais ce
gars est
tellement trouble, qu’il me dégoûte au
Plus haut point, tu ne peux imaginer,
c’est
physique.
- Demain, fais-moi plaisir, va le donner
dans
une de ces médiathèques qui
Traînent par là, on ne sait
jamais, il peut y
avoir preneur, tous les goûts sont dans la
nature.
- C’est ça, tu as raison. Au
suivant…
C’était
il y a
quelques années déjà, je ne sais
plus avec qui j’étais,
Mais je me
souviens de ce restaurant où nous allions entre
amis
Et
où lui,
Claude Olievenstein, était attablé avec
une ribambelle de copains.
Il s'amusait comme des petits fous et
ça nous
avait pas mal surpris.
De voir les gens en chair et en os
ça démystifie
l’image qu’on en a
Du fait des livres, des médias,
c’est du réel
s’opposant au virtuel.
- Ma chère Nothomb, n’as-tu pas
l’impression
Que souvent l’écriture est
diarrhéique ?
- Bien entendu, comment veux-tu qu’il en
fût
autrement
Ce sont des mots, de la parole qui se
dévide
à l’extérieur de soi.
Maintenant, la grande question est de
savoir
pourquoi ?
- Tu sais combien j’ai toujours
aimé
Olievenstein,
Peut-être est-il le type d’homme
que j’aurais
voulu être ?
Mais c’est ridicule de dire ça,
je ne veux
être personne
D’autres que moi-même. On sait ce
qu’on a …
Il croisa cet homme jeune,
installé souvent à
cet endroit-là,
Près du tabac, sur la grille de
la bouche du
métro, peut-être
L’avez-vous remarqué vous aussi
et lui avez
donné la pièce
Ou la parole qui remonte le moral, ou
rien du
tout, que
Voulez-vous il y a tellement de SDF
actuellement….
L’homme l’appelle souvent Monsieur le
professeur,
Ils se connaissent pour avoir eu des
conversations de bon niveau,
Avec lui, c’est toujours à ce
niveau-là que
ça se passe…
Ils redirent à peu près
les mêmes choses que
les fois précédentes,
Quoique, pas tout à fait, il
insista cette
fois-ci sur le rôle social
Qu’il pouvait avoir, lui le SDF, sur les
gens
qui passe
Et lui adresse la parole :
peut-être sont-ils
eux aussi
Dans ce besoin vital de parler, de
communiquer et qui sait
De se déculpabiliser. L’homme
jeune lui
demanda s’il croyait en Dieu,
Car lui, oui, il y croyait et dit que
s’il
était là, dans la rue, même la
nuit,
C’est que Dieu l’a voulu ainsi… Il
rentra
chez lui comme bredouille
Malheureux de n'avoir pu faire mieux. Il
aurait aimé voir tous ces hommes
Et ces femmes sortir du malheur de la
rue. Il
trouvait que l'état n'assumait pas
Sa responsabilité d'assistance
à personnes en
danger...
Pourquoi
était-il si révolté des
souffrances des autres ?
N'avait-il pas assez des siennes qui le
réduisaient
physiquement au minimum
L'obligeant en permanence à
calculer
l'énergie qu'il pouvait encore déployer,
Se voyait-il lui-même dans la rue,
pensait-il
à l'un de ses proches ?
À
peine ai-je
ouvert ce livre ce matin
Que je l’ai refermé
immédiatement pour
Penser au moment passé avec toi
Hier après-midi et où nous
avons pu
Evoquer quelques soucis, à ce
jour
Non dits et malheureusement à
peine
Ébauchés, de mon point de
vue.
Qu’avons-nous
dit
de ce qui était à dire ?
Avec toi, peut-être, ai-je
joué le gendarme
Et tu l’as mal pris, mais comment faire
autrement
Avec un ami lorsqu’il perd un peu la
tête ?
Ah mon
Dieu,
comme les relations humaines
Sont
parfois
difficiles.
J’aimerai écrire pour tout le
monde,
Plus exactement, être lu par tous.
- Essaye toujours, on ne sait jamais !
Mais j’imagine mal un plombier aller
lire
Tes textes avant d’aller
déboucher les
cabinets.
- Amélie chérie, te
rends-tu compte combien
Tu ramènes tout à des
considérations
évacuatoires,
Ces histoires de tuyauteries que tout le
monde connaît.
- Je te ferais remarquer que c’est toi
qui as
commencé
En disant qu’écrire parfois
c’était de la
merde !
Moi, je ne trouve pas, en
écrivant on se
défoule.
Ce qui va suivre est un scoop,
accrochez-vous, m'sieurs-dames,
Voilà un "concept", comme dirait
notre ami Deleuze,
Pas un avis personnel, non, un concept
sur le
"non dit".
Il va de soi, pas seulement depuis
Freud,
qu’en "le" disant,
Tout entre dans l’ordre, c’est le but du
jeu,
l’objectif du psy,
Même et surtout si ça doit
prendre dix ans…
d’honoraires.
Actuellement,
on
voit tous dans les médiats ces "trucs dits"
Où
chacun y va
de bon cœur pour dévoiler devant nos
écrans
Ces
poubelles
de "machins" qu’ils ont traînés toute
leur vie
Merci
Mireille
Dumas et consorts, seulement petits voyous,
Vous faites
avec "l’intime"
des gens, du
spectacle à bas coût.
Tout le
monde
est consentant, d'accord, mais consentant à
quoi ?
Ces non-dits, ces petits secrets,
laissons-les vivre en nous,
Ils forment notre être, notre
personnalité
profonde.
Vouloir les effacer, les tuer est un
leurre,
ne vous y trompez pas,
Nous allons vivre avec tout au long de
notre
existence, mais
Ils peuvent être de grands amis,
lorsque nous
saurons les gérer
Et surtout ne pas en avoir peur.
Cela fait bien longtemps que je voulais
vous
la servir celle-là,
J’attendais que le moment propice se
présentât,
voilà c’est fait.
Tousles
amis
qui me connaissent, savent qu’en ouvrant un livre
De ma bibliothèque,
ils trouveront un marque-page,
Placé
autour de
la page 50. Depuis toujours j’ai agi de la sorte,
Je
lâche ma
lecture très rapidement, sauf depuis quelques
années
Où
je fais de substantiels
progrès. Il m’arrive maintenant,
D’aller jusqu’au bout de la fin. Il y a
plusieurs raisons à cela,
Essayons d’y voir clair. Et d'abord ma
lecture est trop lente.
Est-ce les yeux, le cerveau ? Je n'en
sais
rien. Ensuite,
Je ne retiens rien de ma lecture, ne
suis-je
pas étiqueté
"Dyslexique tendance amnésique" ?
Ajoutons à cela une terrifiante
Méconnaissance de la grammaire
française, alors
j'écris en fonction
De la musicalité des mots dans le
flou, le
brouillard le plus grand,
Je laisse se construire les associations
les
unes après les autres,
Mais, quand je lis un livre, souvent je
m’ennuie…
L’abandon d'une chose dû à
l’ennui. Voilà un
thème à développer
Lorsqu’on abordera le syndrome de
l’abandon,
plus tard.
Quoi qu’il en soit, les livres que nous
avons, vous et moi,
Dans nos bibliothèques, ne sont
dus qu’à une
chose :
Le choix des maisons d’édition.
- Ah non, tu ne vas pas recommencer ?
- Si, c’est important de mettre le doigt
sur
ce qui fait mal.
C’est donc le choix des éditeurs
et je les
soupçonne
D’avoir des critères bien
précis pour éditer
tel ou tel livre
Nous les mettre sur les étals de
nos
libraires,
A la Hune ou à la Fnac. Ces
critères,
lesquels sont-ils ?
Si la motivation première est que
ce soit
vendable
Alors, en effet, ils ne doivent
impérativement
sélectionner
Que des produits faciles à
bazarder et au
plus grand nombre…
C’est pourquoi nous trouvons si souvent
des
"people"
Qui, bien sûr, passent à la
télé…
- Je n’arrête pas de te dire
d’éteindre la
télé, ça te tape
Sur les nerfs.
- Sais-tu, ma pauvre Amélie, que
j’ai un
projet pour après cet inventaire,
Celui de faire le bilan de ce qu’on y
voit
justement dans cette boîte à câbles
?
Tu n’as pas fini de l’entendre, cette
télé,
mais soit assurée d’une chose,
Ma chérie, après, je la
casse.
- Donc, tu disais quoi sur les maisons
d’édition ?
- Je disais qu’ils faisaient la pluie et
le
beau temps et
Un doute s’est installé en moi
hier à
quatorze heures
À leur égard : ne
sommes-nous pas à côté de
la plaque
Quant au respect que nous avons des
livres ?
- Tu es en pleine période
contestative, ça te
passera
Comme l’adolescence t’est passée
dessus.
- Dessus, dessous, tu me perturbes avec
tes
remarques
De petite bourgeoise qui sait tout.
Remettre
en cause
Les livres ce n’est pas les
brûler, mais c'est
plutôt
Un exercice intellectuel salvateur qu'il
faut
savoir oser
Poser sur la table, tiens, fais-nous
donc du
thé,
S’il te plait, y'en a plus dans la
théière.
- Dans cet illustre lieu où ont
sévi Jean
Louis Barrault
Et Madeleine Renaud, Jean Michel Ribes
est à
son tour
Directeur de ce Théâtre du
Rond-point des
Champs-Élysées.
Auteur, metteur en scène, il nous
présente
actuellement
Son spectacle "Musée haut,
musée
bas" dans la pure tradition
De ses "palaces", vus et revus sur
le petit écran, pour la joie
De ses scribes…Seulement là, si
c’était du
Palace,
On aurait bien ri et pensé :
voilà une soirée
de passée,
Sous le signe de la
légèreté et du tralala,
et moi,
Je n’y serais pas allé, c’est pas
mon truc :
Il n’y a rien de pire pour me déprimer…
Il est
sensé
avoir écrit une pièce sur les
musées et la peinture.
Je peux
vous
assurer qu’il n’en est rien. Si vous lisez les
critiques,
Ecoutez ses interventions à
droite et à
gauche,
Personne ne fait état du
réel sujet de la
pièce. Ce musée
Dont il nous raconte la tristesse, en
fait,
n’est pas un musée,
Mais un théâtre. Il nous
fait part de ce
qu’il vit dans son théâtre,
C’est presque un journal de bord, un
constat
terrifiant d’échec.
Ne me demandez pas de me mettre à
sa place,
Je ne peux envisager un tel effort. J’ai
horreur du pouvoir,
Il pervertit tout, même les plus
innocents,
les plus gentils.
Considérerons ce qu’il nous
montre comme un
cauchemar
Dont l’objectif est de nous divertir, ce
qui
est le comble.
Qu’y a-t-il
de
plus déprimant que de voir quelqu’un cracher
Tout son être pour nous amuser
avec son
désespoir ?
C’est le cas chez lui, tout le monde
sort de
là content,
Ils ont bien rigolé, tous des
bourgeois… Je
deviens très acide !
Mais je ne lâcherai pas ma plume
avant
d’avoir analysé
Tout ce qu’il nous jette à la
figure.
- Tu as parlé de perversion de sa
part, je
n’ai pas compris.
- Les rêves sont pervers. Ils nous
montrent
toujours des scènes,
Des scénarios mensongers qu’il
faut analyser,
décortiquer
Interpréter si l'on veut
comprendre un peu où
se cache la vérité.
Nous verrons plus loin comment faire
pour
traquer notre mental
Et le soumettre à la
lumière.
- Oui, ça je sais, mais pour
Ribes ?
- Ribes, n’est pas en train de
rêver, mais il
procède de la même manière :
Il nous raconte des bobards du
début à la fin
de la pièce.
- Mais t'es marrant, quelle importance,
le
théâtre n’est-il pas l’endroit
Où tout est permis, comme en
littérature, en
peinture, en tout art ?
- Oui et non.
Parler de musée alors qu’il n’en
a rien à
faire, qu’il est empêtré
Jusqu’au cou dans le
théâtre et
particulièrement "le sien"
Qu'il y est du matin au soir. Voyons de
plus
près.
Le lieu est composé d'une grande
salle et
deux petites.
La
première est
celle, honorable, où se joue sa pièce et
sont
Programmés
en
général les têtes d'affiche
histoire de faire
Le chiffre
d’affaires
nécessaire à la bonne marche de
l’entreprise.
Et puis, il
y a
ces deux petits théâtres affectés
aux "petits nouveaux"
Auteurs et
metteurs
en scène, dont tout le monde s’en fout,
À commencer par lui.
- Oh, comme tu es méchant !
- Non, je ne suis pas méchant, je
suis
révolté de voir qu’il consacre
Toute son énergie et beaucoup de
moyens à
"sa" pièce, laissant
Les « petits nouveaux » se
démerder comme ils
le peuvent,
Je veux dire avec le minimum de kopeks,
surtout que ces p’tis gars,
Ils ont parfois un talent
supérieur au sien.
Voilà, c’est dit. Je suis
horrible, je
continue.
- Tu me donnes l’impression de laisser
aller
en toi ton côté mécontent.
Ta hargne à l’égard de
Ribes n'est-elle rien
d'autre que la libération
De tes pulsions négatives que tu
appelles
toi-même
Le petit lapin caché en nous tous
?
- Ah quel bonheur de vivre avec une
personne
comme toi,
Mon Amélie chérie, tu as
tout compris. Je
libère en effet,
Cet animal-là, car rien ne me
l’interdit, tout
au contraire,
Je peux, je veux aller plus loin et ne
vais
pas m’en priver,
Car j’espère en faisant ce
travail, découvrir
Des choses intéressantes pour la
suite de
notre démonstration.
- La démonstration de quoi ?
- Quelque chose comme le mode d’emploi
de ce
petit lapin,
Mais je dis là une grosse
bêtise, je n’ai
aucun mode d’emploi à offrir,
Je sais seulement qu’il faut
éviter d'être
faible avec lui, car
Il peut être terrifiant dans ce
cas … C’est
donc fort
Que je vais essayer de continuer, ma
sœur. Lorsqu'il
parle de
Musée
haut,
symboliquement, c’est la grande salle où
Passent les grands de ce monde du
spectacle,
De musée bas : ce sont les
p’tites salles, les petits
nouveaux à
Canaliser, pour ne pas risquer d’en voir
un
vouloir
Prendre la place qu’il a mis quarante
ans à
obtenir.
Il nous
parle
des grands noms de la peinture et des rapports
Qu’entretiennent les gardiens de
musées à
l’endroit des
Maîtres et de leurs
toiles…J’entends la voix
de ce gardien
De théâtre, lui, ce
concierge, de ses
difficultés à vivre tous ces
Vieux acteurs qu’il engage par
intérêt, pour
faire venir du
Monde payant, principalement des
bourgeois,
tu n’as qu’à
Voir le restaurant d’en bas, tiens en
bas
comme par hasard,
Impossible de manger pour moins de
trente à
quarante euros
Par personne. Où est le temps
où nous allions
manger
Un sandwich au théâtre de
la Ville pour deux
sous ?
Bref, tu vois ma mauvaise foi, je
m’égare,
mais je voulais
Le dire quand même, le
théâtre doit être
populaire.
Il nous
montre
combien sont ridicules ces visiteurs de
Musées, ces touristes de la
culture… Pourquoi
a-t-il
Si peur de nous montrer la même
chose des
gens qu’il côtoie
En permanence ? Pourquoi c’était
si difficile
de s’impliquer
À fond dans la
dénonciation du ridicule de sa
fonction,
Car c’est bien de cela dont il veut nous
parler, c’est une sorte
D’autocritique avortée,
refoulée et que peu
de gens peuvent déceler
Par le simple fait de ne pas être
au courant
des motivations
L’ayant poussées à prendre
en main ce
paquebot, ce château de sable.
Quel danger y avait-il à parler
ouvertement
de ce qui le
Tracassait, quelle peur bloquait cette
confidence plus
Proche de sa réalité ? Il
aurait ainsi mis
sur la table,
Le plateau de la scène, les jeux
et les
enjeux du théâtre actuel…
Un nouveau débat s’ouvrait enfin,
sacré Jean
Michel Ribes.
- Peux-tu considérer ce discours
comme une
face cachant
Autre chose de plus essentielle, de plus
fondamentale
Pouvant nous éclairer sur ce qui
va suivre
plus tard
Au sujet de ta façon d’analyser
les rêves ?
- Oui, essayons.
Nous sommes
dans un théâtre avec une œuvre qui ne m’a
Apporté aucune joie. Quelques
jours avant,
j’avais assisté
Dans une de ces petites salles à
une
représentation d’une pièce :
"L'Amélioration" de David Lescot
avec Scali Delpeyrat et
Je ne te dis pas l’énergie
qu’elle m'avait donnée.
Après le spectacle
J'ai eu la chance de pouvoir m'exprimer
avec
les principaux intéressés.
Je leur disais tout le bien que je
pensais de
leur travail qui m'avait réellement
Touché et nous avons pu
échanger quelques
mots sur tout et sur rien,
Ce qui est sympathique tout de
même, en
buvant quelques verres...
... au bar d’en bas, c'est pour
ça que je
suis rentré tard ce soir-là.
C’est quoi
sa
fonction au directeur de théâtre?
Est-ce de faire venir le maximum de
gens, de
remplir les salles,
De faire du chiffre d’affaires comme
n’importe quel commerce,
De divertir ces pauvres cons de
bourgeois, ou
est-ce avant tout
De faire un choix de ce qu’il est
important
de montrer aujourd’hui,
Parce qu'il est encore temps de faire
voir ce
qu'il y a de meilleur
Ou même d'expérimental,
à la seule condition
que ce soit de qualité ?
Voilà
ma
position, elle n’engage que moi. On peut avoir un avis
Contraire, je n’y vois pas d’objection,
Messieurs les Jurés.
- Même encore là,
maintenant j’ai
l’impression qu’il s’agît toujours
Du discours de tout à l’heure, tu
n’en sors
pas.
- Non, je suis en train de dire la
chose, un
peu comme lorsqu’on
Raconte un rêve ou un
événement qu’il nous
est arrivé.
- Tu dis que le rêve est un
mensonge, alors
là, si c’était un rêve,
Ce serait quoi, ce serait où, la
vérité ?
- Oui. Si le spectacle avait
été bon,
j’aurais été satisfait
Et j’aurais classé l’affaire. Si
nous rêvons
ou s’il y a discours,
C’est que quelque chose s’est mal
passé. Il y
a eu mécontentement,
C’est ça l’origine. Ce n’est pas
de la
mauvaise foi de ma part, mais
C’est ainsi que nous fonctionnons. Nous
sommes des êtres réagissant
Aux événements
négatifs. Nous sommes des
réactionnels.
- Et le bonheur ?
- Soyons sérieux, s’il te plait,
tu sais bien
qu’un être vivant
Ce que tu appelles le bonheur est un
être en
danger ?
Les théâtres, les
musées, les hôpitaux… sont
des lieux publics
Appartenant à l’état, au
peuple, à toi, à
moi.
Je réagis lorsque j’ai
l’impression qu’il y a
eu abus de pouvoir.
C’est ça la vérité,
le facteur déclenchant de
"la crise", mon discours.
Les
théâtres,
les musées, les hôpitaux sont des lieux
où
L’abus de pouvoir est récurrent,
peut-être
n’est-ce pas possible autrement
Puisqu’il y a des hommes… Tu vas voir
Juliette à quelle heure ?
- J’y vais, je te laisse, sinon, je vais
encore être en retard.
À
peine Anzieu
commence à écrire sur la psychanalyse,
déjà
Mon esprit est ailleurs, je pense...
donc
j’écris. Je pense
À la première fois que
j'entendis ce mot,
c’était chez mes voisins
La fille avait un jeune professeur de
philosophie venant lui
Donner quelques cours à domicile,
mais des
cours de quoi,
Je ne sais pas trop bien. Je me
souviens,
elle était très jolie,
Tous deux s’isolaient pour parler entre
adultes, seul à seul,
Loin de moi, je ne sais pourquoi, mais
je les
avais entendus
Une fois, débattre de
psychanalyse, je n’y
comprenais rien.
J’entendis ce mot-là pour la
seconde fois au
théâtre du Gymnase
On y jouait une pièce : "Le fil
rouge".
Il était question de Freud
Confronté à l’une de ses
malades, où il était
démontré qu’en laissant
Les souvenirs se dérouler, la
maladie
s’envolait. Je trouvais ça
Pas mal à l’époque comme
concept de guérison,
j’avais quinze ans,
Ma culture n'était pas terrible,
celle de mes
parents le calme plat.
Du point de vue de la maladie,
déjà, je
devais sentir que j’allais
Dérouiller, alors ni une ni deux,
je me suis
pris de passion
Pour la psychanalyse, une passion qui ne
m’a
jamais quitté.
Le livre,
prends-en
un, n’importe lequel, touche-le, ouvre-le,
Regarde
à
l’intérieur, n’aie pas peur, dedans il y a les
mots
De celui
qui l'a
écrit et puis ceux qui t’arrivent dans les
yeux,
Tiens prend-le, ne le mange pas, c’est
pas
bon, mélange-le
À de l’eau, de la colle, fais-en
une pâte à
modeler,
Fais-en un objet, n’importe lequel.
Simon,
attends,
Veux-tu écouter ce qu’il y a
à l’intérieur ?
Non, tu préfères aller
jouer dehors
Bon d’accord, reviens vite, je
t'attends.
Que
peut-il,
que peut-on attendre d’un livre ? Peut-être
Entendre une voix au travers des mots
qui
défilent,
Entrer à l’intérieur de
l’intime, proche de
soi-même.
Mais toute la difficulté est de
trouver le
bon ouvrage,
Le bon auteur, le thème qui va
faire que l’on
va basculer
De l’ennui à la curiosité.
Aimer s'adonner aux choses qu’on aime.
Ne jamais déroger à cette
règle.
S’y maintenir, pour le plaisir,
Pas celui des autres,
Le sien, son propre plaisir.
Le travail psy, la création
artistique,
C’est d’aller à la recherche,
De ce qui va provoquer, procurer
Ces temps forts si particuliers
Presque toujours gratuits, ces petits
riens,
Ces moments fugaces à prendre
Sans culpabilités, pour soi.
C’est aller
au-devant
de son égoïsme
Sans pudeur
aucune, probablement est-ce
Le moyen pour contaminer d’autres,
Mais ce n’est pas sûr, pas
sûr du tout.
Etre artiste n’est pas un métier,
l’art n’est
pas une marchandise.
Pourtant, l’art dont on parle est
toujours
considéré comme tel.
Alors, que faut-il faire, tout remettre
en
cause ?
Si vous cherchez à vendre votre
art, vous
serez obligé
De composer en fonction de la demande.
Pour
autant,
Doit-on
faire l’éloge
de ceux qui créent dans leur coin
Et à
la fin, un
jour, brûle toute leur production
Avant de
partir, avant de mourir ? Oh, combien
D'œuvres
inconnues le sont restées à tout jamais,
Dans des
tiroirs, des caves, des greniers ?...
L’œuvre de quelqu’un n’est rien d’autre
que
le témoignage
D'un homme, d'une femme, de leur passage
dans
ce monde-ci,
À un moment donné avec des
circonstances bien
particulières.
Nous avons tendance à sacraliser
les
artistes, pas tous,
Ceux, arrivés au sommet de la
pyramide des
reconnus,
Car les autres, tous les autres sont des
cons, des fainéants,
Des vauriens, de futurs SDF.
Nous sommes
tous des artistes, et si nous voulons tous
Passer
à la
postérité, je veux dire à la
télé, il risque d’y avoir
De l’embouteillage dans les studios…
- À quoi penses-tu ?
- Le matin, ma pensée virevolte,
elle va
partout dans tous les sens
Ce doit être l’effet des
médicaments, je ne
sais pas.
Ce ne sont pourtant pas des drogues
puisque
j’ai une ordonnance
En bonne et due forme. Alors, j’y vais
carrément, de mes égarements.
Comme tout le monde, avant de me
réveiller,
j’ai fait un rêve,
J’ai essayé de m’en souvenir, il
y avait des
chaussures en vitrine,
Pas des toutes neuves, non, tout un
stock
qu’en réalité
J’ai dans mon placard en attente de tri.
Ce rêve,
sa fonction,
Est de me sortir de mon sommeil en me
donnant
une bonne motivation
Pour ne pas rester dans mon lit plus
longtemps. Mais là, franchement
Commencer sa journée avec
l’inventaire de ses
chaussures,
Il y a mieux à faire pour
commencer une
journée, non ?
- L’inventaire de ses chaussures, de ses
bouquins, pourquoi ?
- Je ne sais pas, mais ça me fait
du bien,
c’est une sorte de bilan,
D’état des lieux renouvelé
en permanence, une
mise en place,
Une préparation à quelque
chose d’autre, je
ne sais pas quoi,
Toujours ce besoin de créer,
l’obsession
d’avoir aussi
En ma possession des outils, des
matériaux
pour m’exprimer,
Évacuer, vider, expurger.
- Tu as des câbles partout
derrière ton
ordinateur, ta télé.
Tu t’encâbles, mon petit !
- Oh ça va vous !
Oui, il y a des fils électriques,
des voyants
lumineux allumés
Tout le temps, c’est un feu d’artifice
ici la
nuit, pourquoi éteindre,
D’ailleurs c'est
déconseillé dans les modes
d’emploi, alors…
Il y a de l’obsessionnel
là-dedans, j’en suis
conscient, mais
Que veux-tu, ma chère
Amélie, je compense
comme je peux !
- Pas tant que cela, je trouve.
- Que veux-tu dire par là ?
- Tu t’écoutes un peu, il n’y a
pas assez de
rigueur.
- Tu trouves ?
- Oui, je trouve.
- ah bon !
- Si tu travaillais dans une maison
d’édition,
Au rythme où tu vas, à
cinquante euros la
fiche de lecture,
Je ne sais pas si tu pourrais manger
à ta faim.
- Je suis à la page 180 et
déjà je m’ennuie
depuis longtemps.
Ici, j’aurai au moins appris une chose,
combien les livres
M’ennuient au bout d’un certain moment.
Pourquoi
Les écrivains ne font-ils pas
plus court ?
Pour dire
Ce qu’ils ont à dire, la plupart
devraient
essayer
De le faire en cinquante pages, pour moi
ce
serait parfait.
- Jamais tu n’arriveras à faire
débat sur ce
sujet, mais
Est-ce
la
seule raison de ta lassitude quand tu lis
?
- Non, je ne crois pas.
- Lire longtemps un livre demande
beaucoup
d’attention,
Peut-être cette raison est-elle
à l’origine
de cet ennui ?
Alors lorsque j'entends Anzieu dire
qu'il
n’écrit pas
Ce qu’il voudrait en se mettant à
la place de
Beckett
Les bras m'en tombe d'avoir
consacré tant de
minutes
À essayer de lire ce bouquin ?
Qu'a-t-il fait
pour percer
Les secrets intimes de Samuel ?
Qu'importe en
fait,
Beckett n’est pas à ça
près, il a eu un autre
psy (Dr Bion) alors …
- Afin de passer à autre chose,
termine donc
ce livre d’ici demain.
- Oui, tu as raison, ma chérie.
Chose promise, chose due. Quoi qu’il en
soit
aujourd’hui
J’aurai terminé cette lecture.
Faire ça en
diagonale, je sais,
Il y a une méthode, je n’aime pas
les
méthodes, à moins que
Ce ne soient elles qui ne m’aiment pas.
Surprise à la page 211,
Nous sommes le 11 janvier de je ne sais
quelle année, il dit
Il se dit, il se raconte, là nous
voyons un
homme avec toutes
Ses difficultés à vivre,
il dit "je suis
comme Beckett".
On ne lui en demandait pas tant.
Bêtement,
pourquoi bêtement ?
Hier, à la Fnac, j’ai
acheté
"L’innommable", le lirais-je ? Je crois,
Oui probablement, c’est bizarrement
écrit, irais-je
jusqu’à la page 50 ?
Ce n’est pas sûr. C’est terrible
ce rapport
que j’ai avec les livres.
Comme tout le monde, j’ai d’autres
rapports
avec d'autres choses.
Monsieur
Anzieu, si je m'ennuie depuis belle lurette
C'est qu'il y a une raison et pendant
que je
la cherche, vous,
À la page 221, le 14 janvier,
vous dites :
"Urgence de mettre fin à ce
dialogue
factice entre lecteur et auteur...".
Vous avez créé deux
personnages façon Beckett
et, là, maintenant,
Vous les rejetez. Relisez vos textes,
bordel,
avant de les faire éditer.
Merde, quoi !
Tu es venu vivre chez moi, pas
longtemps,
trois mois.
Ce fut heureux, pas toujours, parfois. A
la
fin, c’était
Devenu l’enfer, j’avais du mal à
accepter tes
travers.
Tu n’étais pourtant pas un porc,
une brute,
non, plutôt
Gentil dans l’ensemble. Seulement, le
samedi
soir,
Lorsqu’à la maison il n’y avait
pas fêtes,
alors, tu sortais
Pour ne revenir qu’au petit matin. Je
n’étais
pas ta mère,
Pourtant, mon comportement était
semblable au
sien.
J’éprouvais de la crainte, je te
sentais
malheureux, cela me
Rendait fou de te savoir dehors, je ne
sais
où, probablement
Dans quelques trous noirs, dans ce Paris
qui
te rendait fou.
Pour ces sorties, tu portais une
deuxième
peau,
Comme si la tienne ne te convenait pas,
pour
aller
Là-bas quelque part dont je
tairais ici
l’endroit. Pour toi
J’avais peur, je n’arrivais pas à
fermer
l’œil de la nuit,
En moi subsistait cette
inquiétude trop bien
intentionnée.
Au musée Galliera, j’y suis
allé, Sylvie
Vartan se déshabille.
Elle nous montre ses robes de
scène et les
images de sa jeunesse,
De sa gloire passée et celle
qu'elle espère
encore à venir,
Elle s’accroche à la barre comme
une gourde.
N’a-t-elle donc pas compris qu’il
fallait
passer la main ?
Qu’elle avait autre chose à
faire, ailleurs.
Où ? je ne sais pas,
Mais ailleurs. Elle a quoi à se
prouver,
encore ?
…Le discours névrotique, c’est
ça… Bon, passons.
Pas si
vite,
pas si vite. Si elle nous montre ses frasques c’est
Qu’elle veut s’en débarrasser un
peu, se
vider en montrant,
Peut-être n’a-t-elle fait que cela
toute son
existence, se vider à
S’en rendre malade. Cacher son moi,
cette
peau fragile, s’en construire
Une seconde et nous, pauvres spectateurs
cannibales avalons
Cette sauce comme s’il s’agissait de la
nôtre,
de peau.
La peau. La peau de l’orange. L’orange
du
marchand,
Gilbert Bécaud chantait ça
? Un jour j’ai
fait une figuration.
J’étais figurant dans mon jeune
temps, que
voulez-vous,
Faut bien débuter si on veut
être artiste… Bécaud,
s'il te plait,
Bécote-moi pas la gueule comme
ça, j’aime
pas. Place Fürstenberg,
C'était pour la
télé, un tournage de
variété
à quatre sous. Je devais
Traverser la place et monter sur le
trottoir
et ensuite,
Je ne me souviens plus trop bien. On m’a
payé
à la fin de la journée.
J'ai fait ça pendant deux ans,
après, j'ai rencontré
une fille
Et j'ai du me marier… Je ne dis pas
qu’elle
m’a fait la peau...
Non, ça je ne le dirais jamais,
jamais, même
sous l’échafaud.
Pour faire
silence, combien d’heures de bruit a-t-il fallu ?
Les oreilles reçoivent des
millions de sons.
Ils sont à un besoin,
Une drogue, une fuite en avant comme
tous ces
voyages
Que nous faisons lorsque tout va mal...
Mais
il faut savoir
Tout arrêter, tout couper, tout
mettre en
veille et recommencer
À écouter,
redécouvrir ce silence tellement
craint,
Dévastateur pour beaucoup,
insupportable pour
d’autres.
Ce silence pourtant si
nécessaire,
indispensable, même.
Innocent, j’ai péché en
faisant des listes de
ce qu’il faudrait
Pour que le monde aille mieux,
seulement,
c’était oublier
Un paramètre capital de la
façon de vivre des
hommes,
Individuellement, mais également
des sociétés
humaines,
Résumée par cette simple
phrase :
"Pourquoi voulez-vous que ça
s’arrange
?"
S’il ne s’agissait que d'obtenir des
solutions aux problèmes,
Petits ou grands, faites confiance
à nos
intelligences pour les trouver
Immédiatement, seulement ce n’est
pas si
simple, nous complexifions
Tout avec un tel bonheur, faisant de
l’amalgame notre plus génial ami.
... Tu vois un peu dans quel bordel, on
est,
ma pauvre chérie !
Si
j’étais
psychanalyste, je m’arrangerais pour tout oublier
Dans le cadre des séances pour
faire place à
la parole de l'autre.
Ca tombe très bien, je n'aurai
aucun effort à
faire, je
ne sais rien.
- À se demander si tu ne
considères pas les
écrits d'Anzieu comme
Décalés par rapport
à ce qui t’apparaît
essentiel dans ce domaine?
- Je suis à la page 91 et je vois
combien,
lui comme les autres,
nous parlent toujours des pathologies
attachées aux psychismes des
Etres malades, comme si la psychanalyse
n’était faite que pour eux.
Je l’ai déjà dit et
continuerai de le faire
sans relâche,
la
Psychanalyse doit sortir de cette image
lui
collant à la peau,
De cet engrenage démoniaque, de
cette
association inacceptable :
Psy = maladie.
Non, la
psychanalyse est pour tous, c'est pourquoi elle doit
être gratuite.
Cela n'a
aucun
rapport, mais je voulais le dire !
- Alors, je te pose la question :
qu’est-ce
que la psychanalyse ?
- Mademoiselle Nothomb, je vais essayer
de te
répondre.
La psychanalyse est un travail. Travail
idéal
pour celui qui veut accéder
À la connaissance de soi, il
ouvre des horizons
jusque-là inexplorés,
Avec une particularité, de mon
point de vue,
elle donne de la force
Renouvelle les cellules, brèves,
c’est la vie
à l’état pur…
- Il est convaincu le bonhomme, mais ton
avis
ne vole pas haut.
- Ne vole pas haut, ne vole pas haut…
T’en as
de bien bonnes, toi.
Expliquer, démontrer, donner des
références à
n’en plus finir,
Se justifier à volonté,
mettre en ordre des
informations, cent,
Mille informations, ridicule
comportement
lorsqu’on sait
Que ça se calcule par millions…
Interférences
cérébrales articulées
Inarticulées, affrontement
permanent que rien
ne peut arrêter sinon la mort.
S’adresse
au
commun des mortels, à vous, à moi,
à des spécialistes
Cherchant
quelques réponses à des problèmes
difficiles à résoudre.
Sachant cela, quel sens a le fait
d’avoir
encore ce livre chez moi ?
Celui-ci et beaucoup d’autres ?
- Les livres, vois-tu, sont des
repères. Tu
les as choisis
À un moment donné pour une
raison, peu
importe laquelle,
Ils sont là comme une
mémoire supplémentaire
à la tienne.
- Oui, mais ne faut-il pas, de temps en
temps, faire le ménage,
Vider la corbeille comme dans
l’ordinateur ?
- Tu peux, mais d’autres viendront
remplacer
les partants
et nous serons toujours dans l’illusion.
- L’illusion ? Je ne comprends pas.
La couverture de ce livre est couleur
chocolat, elle me rappelle
Cette sale crise de foie d’hier... Je ne
supporte
plus d'être malade.
Cinq cent
cinquante pages sur l’histoire de l’origine de la
psychanalyse.
Cette
thèse, si
ce livre est une thèse, est-elle universitaire
et dans ce cas,
Ce travail,
aujourd’hui, a-t-il, pour moi, une quelconque
importance ?
J’essaye
d’avancer
dans le brouillard de mes sentiments, je veux
Prendre plus de distance, de recul,
remettre
les choses à leur place,
À ma place, à mon niveau,
niveau bas, niveau
haut, qu’importe !
L’autre jour, j’entre dans une
bibliothèque et
qu’est-ce que je vois,
Un gosse s’amuser avec un lance-pierre
sur la
table allouée
À la lecture et au travail. J’te
jure !
Un homme
est
allé dans son pays rendre visite à la
nourrice
De sa
tendre
enfance pour vérifier si elle a eu un
comportement de
Séductrice à son
égard… Il fait ça pour aller
mieux après.
Seulement, pour aller mieux,
vérifier, ne sers
à rien. Nous aurons l’occasion
D’étudier la question plus
sérieusement lorsque
nous aurons en mains
Les livres de Freud… Ah,
celui-là, j’vous dis
pas ce qu’il va prendre !
Sigmund a
eu
pour ami un certain Fliess. Ils ont correspondu tous
les deux,
Ce matin je suis terrifié, car je
ne retrouve
pas dans ma bibliothèque
Le livre de cette correspondance, je
l'avais
pourtant, j'ai horreur
De ne pas trouver un livre, j'imagine
toujours qu'on me l'a piqué...
Parano tu es, parano tu restes… Tous
deux
donc c’était une drôle d’amitié,
Il était souvent question entre
eux de choses
sexuelles, de perversions,
De périodes féminines de
vingt-huit jours et
masculines de vingt-trois.
Freud a introduit la notion que c’est
une
substance mâle qui déclenche
Le plaisir chez les deux sexes… Tiens,
ça
tombe bien, j’avais envie
Ce matin de casser du sucre sur toutes
ces
saloperies que l’on voit partout,
Au cinéma, à la
télé, dans les journaux, dans
les livres…
Que voulez-vous madame Jupin, quand on
voit
comment ils se comportent,
Il y a de quoi, non ? Donc, la
déontologie,
l’étique.
- On ne saisit pas ce que tu veux dire
du
fond de ta pensée profonde.
- Oui, je m’égare souvent, mais
n’est-ce pas
ce qui fait mon charme ?
J’oublie de rester clair. Il y a peu,
j’ai
parlé d'un vilain petit animal
Installé en nous, je l'ai
appelé le petit
lapin. Anzieu nous parle
D'une sorte de conflit entre le moi et
cette
"deuxième entité non maîtrisable".
- Non maîtrisable ?
- Malheureusement.
- Ce petit lapin, c’est un diable
provocateur, n’est-il pas ce que
Freud a appelé l’inconscient ?
- Je ne me reconnais pas dans ce
mot-là, je
préfère cette image
D’un double cherchant toujours à
déstabiliser
tous nos efforts
À avoir la meilleure relation
avec le monde
extérieur.
C’est une sorte de terroriste qui a
besoin à
la fois de s’exprimer
Et à la fois d’avoir un gendarme
pour ne pas
nous entraîner
Dans des débordements, des voies
sans issues,
dont nous avons tout à craindre.
Nous
reviendrons
sans cesse sur cette particularité humaine,
Car elle
nous
aidera à mieux cerner, comprendre notre bordel
Et celui
des
autres. Mon côté "petit salopard" est-il
heureux, content,
Jubile-t-il
d’entendre et de voir déferler ces fameux
débordements
Que mon
gendarme lui interdit d’exprimer ? En tire-t-il un
bénéfice ?
Ce petit lapin est-il le lieu de nos
jouissances ?
Pense-bête
:
acheter la correspondance Freud/Fliess.
Cette
amitié.
L’amitié en général. Ça
commence par la rencontre
De deux
êtres,
leurs points communs les unis, ensuite vient
Le moment de la séparation.
Fliess
travaillait sur la bisexualité,
Dont je ne comprends pas trop la teneur
cela
dit en passant.
Freud s’y est intéressé,
mais pas trop
longtemps. Rapidement,
Il abandonne ce concept pour se
consacrer
principalement
À ses propres travaux. Ce type de
recherche implique
une concentration
Sur soi pour avancer et si l’on a besoin
des
autres, c’est plus comme
Matériaux alimentant notre propre
potentialité à créer.
Nous les "utilisons", un point
c'est tout.
- C’est pas bien, Monsieur Art-psy, de
faire
comme ça
Avec les copains, c’est trouble vos
histoires
!
Que sont donc devenues votre
générosité et
votre ouverture sur les
Autres : de l’intérêt
à remplir le vide qui
vous anime ?
- Oh, ça va, vous, ne me cassez
pas les pieds
ce matin
Je dois aller faire mes courses, j’ai
plus
rien dans mon frigo.
Que dire de
l'abstraction ?
Comment parler de la peinture ?
... Et puis, pourquoi en parler ?
C'est une image. Elle englobe tout.
Ce n’est presque pas grand-chose.
C'est comme un discours, un langage
à elle
toute seule,
Elle se suffit à elle-même.
Elle est
solitaire, elle s'exprime
Par la forme et la couleur, c'est son
métier,
sa demeure,
Sa force, sa raison d'être, envers
et contre
tout.
Elle restera toujours, toujours,
toujours
Fidèle à ses engagements,
fidèle, tout court.
Voilà, je voulais le dire ce
matin.
Bonne journée à tous et
bonne santé aussi.
Freud aime
Zola
dont le livre "L’œuvre" relate l’histoire d’un
Peintre impuissant qui finit par faire
l’amour à sa femme et
Se pend après. Je trouve
ça ridicule d’agir
contre sa nature
Lorsqu’on est impuissant, il faut
éviter de
faire
Des efforts, c’est trop dangereux, la
preuve.
C’est bien le sexe, ça rapproche
les êtres
humains.
Avis basic, certes, mais si l’on veut
révolutionner la psychanalyse,
Il est capital de tout reprendre
à zéro.
Entre ce que sont les
Relations humaines "ordinaires" et
celles dont le sexe a mis
Son grain de sel, franchement y a pas
photo,
c’est pas pareil.
Il est midi, tu es dans une brasserie,
des
gens sont attablés
Par deux, comme des couples, toi tu es
seul
pour l’instant,
Tu attends quelqu'un et ton esprit
gambade.
Je grille le temps matinal comme une
cigarette.
Ce temps-là m’est agréable
à vivre,
C’est incontestablement le meilleur de
la
journée.
Sinon, besoin de le remplir, de
l’occuper à
faire des tas de choses,
Pas si inintéressantes, mais tout
de même… Je
pourrai condenser,
Trier les taches, je perds
délibérément mon temps.
Je suis au courant, je sais pertinemment
qu’il me faut ça
Pour recharger mes batteries,
récupérer de
l’énergie,
Celle qui fait que je peux maintenant
m’asseoir pour écrire.
Pour la
peinture, c’est pire encore. Il me faut attendre
Le moment
limite
où l’angoisse du vide va prendre le dessus,
Je sais
reconnaître cet état, alors, lorsqu'il
est là,
La main sait ce qu'elle doit faire,
prendre
les pinceaux,
Le reste suit, c’est facile…
Dans les
rêves
la notion de temps n’existe pas.
Vous pouvez
très bien vous trouver dans l’appartement
De votre
enfance avec une personne actuelle…
Pour commencer à comprendre tout
ça,
Ne pas perdre de vue que la
mémoire est une
boîte
Contenant le tout, plus ou moins
mélangé,
mais pas ailleurs.
- Ne parle-t-on pas de la mémoire
de la voûte
plantaire ?
- S’il vous plaît, ne perturbez
pas la pensée
du penseur, merci !
C'est fou ce qu'on peut être
dérangé par des
ignares actuellement,
C'est dingue, ça !
Si certains se sont longtemps
couchés de
bonne heure,
D’autres, particulièrement les
universitaires
des Etats-Unis
Se sont posé la question :
Art-psy a-t-il lu Widlöcher
?
Laissons ces jeunes à leurs
études et revenons
aux choses sérieuses,
Laisser quelques traces
De mon expérience non
psychanalytique de la
psychanalyse.
Je ne sais combien de temps ce plongeon
va
durer,
Des semaines, des mois, des
années ?
Qu’importe, nonobstant
J’émets
un
souhait: travailler plus, papillonner moins.
En regardant deux photos de Freud et de
Ferenczi,
M’est venue l’envie de revoir un ami
perdu de
vue
Et retrouvé dans le bottin en
deux minutes.
Je lui téléphone,
Il répond, me reconnaît
immédiatement,
Il habite toujours Paris, le même
appartement
que jadis,
Tout seul, ses parents étant
décédés
maintenant.
Quarante ans de séparation c'est
trop dur,
trop insupportable.
Quelle idée de vouloir remuer la
mémoire à ce
point-là ?
À
midi, nous
avons déjeuné ensemble, terrifiante est
cette réalité,
Cet ancien
Rimbaud devenu ce qu’il est là devant moi,
Une déchirure impitoyable…
Pourtant, depuis
le temps,
J’en ai vu bien d’autres, alors pourquoi
tant
de souffrance ?
Comme toujours dans ces situations, j'ai
été
confronté
À deux univers : celui de la
mémoire, trop
affective
Et de celle de la réalité
avec sa trivialité.
Nous ne sommes plus sur le même
chemin,
maintenant
Nous sommes étrangers l’un
à l’autre, alors
qu’avant
Nous étions amis, amis comme des
frères…
Aujourd’hui, je m’en rends bien compte,
pour
établir
Une réelle relation avec autrui,
je dois me
sentir à l’aise,
Me trouver son égal quelque part,
pas partout
certes, un peu.
Et puis aussi trouver une pointe
d'humour dans
tout ça,
Car parler est avant tout un jeu
ludique, pas
un jeu de manipulation,
Tout le contraire, de l’oxygène,
de
l’amusement, de la légèreté.
En gros, j’aime qu’une relation me donne
du
plaisir, le reste,
Faut s’en méfier comme de la
peste.
Je
me
souviens avoir écrit il y a longtemps :
"J’ai rêvé que Freud
n’avait jamais
existé, j’étais son remplaçant et
je trônais à Paris, mon
sexe à la main criant
au peuple mes rêves..."
Un jour, je me suis donc
identifié à Freud
- Je ne vois pas encore le rapport…
- Je me suis identifié à
Freud, à son désir
obsessionnel
D’avoir un ami, c’est récurrent,
tout au long
de sa vie,
Comme moi d'ailleurs.
- Oui, mais comment cette association
s’est-elle
construite ?
- … Freud à la recherche d’un
ami, alors j'ai
voulu faire de même.
- Veux-tu dire par là que les
associations
sont à l’origine de nos actions ?
- C’est à peu près
certain. Que pourrons-nous
tirer de cette affirmation ?
Nous le verrons plus tard, comme en
cuisine,
mettons cela en réserve.
- Tu m’as dit au creux de l’oreille,
hier soir,
que tu t’es senti coupable
Envers lui, pour toi, qu’est-ce la
culpabilité ?
- La culpabilité est une
difficulté à gérer.
Si je devais l’expliquer à ma
mère, je lui
dirais en mots simples
Quelque chose comme ça : si tu te
sens
coupable au sujet de quelqu’un
C’est que tu ne sais pas qu’est ce que
tu
peux faire avec,
Tu es dans un désordre, tu ne
sais pas
comment t’en sortir
De cette histoire, de ce bonhomme, de
cet
enfant… Tu te sens
Coupable de toutes les
culpabilités d’une
existence. Toutes les
Ruptures, les deuils, les
séparations se sont
vus concentrés sur
Cette personne, ce visage, coupable
d’avoir provoqué
Cette rupture, ce deuil, quelqu’en soit
les
raisons.
C’est ça la chose difficile
à vivre, à gérer
:
On ne peut revenir en arrière…
Pas facile,
disait Jeanne, lorsque je lui en parlais amicalement
À la
sortie
d’un spectacle qui nous avait emmerdés pas mal.
Elle,
pensait
autrement, ce qui provoquait tout de même
De
sacrées
conversations, pas très intéressantes
à vrai dire,
Mais enfin,
faut bien avoir des relations humaines…
- Revenons à nos petits lapins.
Tu reconnais
avoir des faiblesses,
Comme nous tous je te l’accorde, mais ne
te
complais-tu pas
Là dedans, parfois ?
- C’est clair, il y a de la jouissance
dans
la souffrance, nous le
Savons tous. Ne pas l’accepter c’est
entrer
dans la connerie,
Par contre le vivre c’est accepter cette
part
de nous étrange,
Mais nous devons rester dans la
vigilance, ne
pas nous installer
Dans le bonheur du malheur, car, il y a
risque de maladie mentale.
- Pourquoi pas ?
- Pourquoi pas quoi ? Ça va pas
la tête
chez toi, tu te rends compte
De ce que tu dis ? Moi je
préfère et de loin
avoir la tête sur
Mes épaules, c’est plus commode
pour gérer
les loups.
Je pense que peut-être le
rêve est
thérapeutique par lui-même,
Mais je n'en suis pas encore sûr.
Si c'était
le cas, ce serait
Un concept psychanalytique
révolutionnaire,
qui reposerait
La question de l'analyse et de sa
façon de
l'aborder.
Je proposerai volontiers de voir et
d’admirer
chaque rêve
En tant qu'il est une oeuvre d'art
exprimé à
un moment donné
Et qui mérite que l'on s'y
arrête. L'analyse
devrait donc
Orienter le travail vers cet aspect
créatif,
car tout rêve mène
À une réflexion
intellectuelle d'une
extraordinaire jouissance.
Sur la prostitution, dont je n'ai aucune
expérience (pour l'instant)
J'ai imaginé que peut être
il y avait quelquefois,
de vraies relations
Entre client et prostitué(e) et
que c'est un
contrat entre deux êtres
Sur le fil du rasoir ... c'est pour
ça qu'ils
se rencontrent rapidement
Souvent dans un lit, symbole de
l'intime,
pour un "règlement de compte".
Lequel ? Lorsqu'on est au bout de la
route,
que le moi ne vaut plus rien
Ni pour soi-même ni pour autrui,
alors le fait
que quelqu'un vous regarde,
Même pour "ça" et qu'en
plus, le
salaire est donné, cette preuve
d'intérêt,
Le plaisir que j'évoque, c'est
cette porte
ouverte, ce plaisir
De se reconstituer en tant que corps
désirable…
Vous voyez, je n'ai pas beaucoup
d'expérience...
Mais j'ai la conviction qu'en enfer, il
y a
des anges...
Avant que
de
quitter cette terre, je sais qu’il me manquera
Le temps
nécessaire
pour apprendre ce qu’il me reste à savoir.
C’est pourquoi je me dois d’abandonner
cette
idée, sûrement absolue
Et comme un enfant peint ou dessine
librement
sur du papier blanc,
Je me dois de faire le vide. Papier
mâché,
papier gommé, papier d’amour.
Allons, évacuons le fameux savoir
avant que
les siècles ne se terminent,
Partons ensemble dans des
calèches d’or pour
des backrooms malfamés,
Oublions ce qu’il reste encore dans nos
bleues mémoires.
Ballons et serpents d’argent
entremêlés,
magma concupiscent,
Vif et agile de nos esprits malins
crapouilloteux.
- Fin du premier chapitre, ils peuvent
aller
faire pipi les lecteurs ?
- Pas d’objection camarade, mais il faut
les
tenir en haleine
Si l'on veut qu’ils aillent jusqu’au
bout du
livre que nous écrivons.
- Menteur !
- Comment ça menteur ?
- Ben, tu le sais bien, c’est pas nous
qui
écrivons, c’est lui là haut
Avec son stylo et son ordinateur !
- T’es pas obligé de le dire,
fait comme si
c’était nous. D’ailleurs
Tu crois que parce qu’il tient la plume,
nous, nous n’avons pas
Notre mot à dire ? Tu sais les
enfants ils sont
plus créatifs que les grands.
- OK, il nous revient maintenant de
présenter
la suite du programme.
- Comme à la télé ?
- Oui, mais ici, pas de blague, c’est
sérieux.
- A la tété c’est
sérieux aussi, qu’est-ce qu’il
croit lui, mais tu sais
L’autre jour j’ai vu un philosophe qui
disait
aussi des choses
Que je ne comprenais pas, et ça
durait,
durait, que même
Je me suis endormi avec le philosophe.
- Je crois que tout le monde devrait
écrire
un livre, c’est drôlement excitant.
- Tu trouves ça toi ? Moi, je
préférerai
aller jouer à la plage
De Trouville-sur-Mer avec des copains et
des
copines, toutes ces histoires
C’est pas de mon âge. il y a un
truc là bas, tu
vois, on joue à des tas de jeux,
C’est gardé il y a un grillage et
une porte
métallique, l'entrée est cher
Mais mon Papa, il est riche maintenant.
- Il fait quoi dans la vie ?
- Il est tout le temps amoureux, mais il
gagne pas l’argent avec ça,
Non je ne crois pas, il est
représentant.
- Je l’ai vu l’autre jour ton Papa, il
m’a
dit qu’ils se sont rencontrés
Il y a cinq ans, mais que depuis un an,
il
avait un sentiment plus fort.
- C’est pas mon problème !
Les harengs vivent, nagent et tournent
en
rond, c'est étrange,
De temps à autre l'un d'entre eux
revient en
arrière, puis
Reprend la route comme dans un rythme
perpétuel.
Il y a dans cette région
montagneuse de
Norvège,
Entre BERGEN et OSLO, de petites cabanes
en
bois louées
À un prix modique, noyées
dans les arbres et
le silence.
En voiture, je me suis
arrêté au bord de la
route,
Le vallonnement de la campagne, les
églises,
l’herbe et les fleurs,
La mer, le ciel... Je grimpe au-dessus
de
quelques rochers,
Une plate-forme bien verte m’invite
à dormir.
Alors je dors nu,
Je me suis déshabillé sur
la pelouse encore
humide.
Hier soir, je suis allé au bar
pour boire un
verre.
Un homme et une femme parlent un peu
fort,
elle est saoule,
Assise sur les genoux du monsieur,
montre ses
jambes. Jolies,
Très jolies ses jambes,
excitantes même. Elle
se mets à me regarder,
M’adresse quelques mots, s’approche de
ma
table et demande
Quelle langue je parle et dit :
“voulez-vous
faire l’amour avec moi ?”
En riant aux éclats. Elle veut
s'asseoir
maintenant sur mes genoux
Et répète la même
phrase. Elle m'accroche du
regard,
Je suis surpris d'aimer cela, je m'ouvre
un
peu plus, elle parle beaucoup
Et me dit être amoureuse d'un
homme, mais il
est marié, a quatre enfants
Et vit à Oslo. Elle n'aime ni la
femme de cet
homme ni ses quatre enfants,
Elle le préfère lui, elle
est attachée à cet
homme et pas à un autre.
Puis elle me dit avoir un enfant de
seize ans,
son visage pali, elle parle,
Le monsieur traduit, elle me demande mon
âge,
elle s'approche de moi
M'embrasse. Une grande tristesse
accompagne
cette tendresse.
Elle dit à nouveau : "Voulez-vous
coucher avec moi ?".
Freud s'est
planté...
Freud s'est planté sur le
complexe d'Oedipe.
A mon avis, le problème essentiel
de l'homme
est tout autre.
Je vous propose ce texte d'une
qualité
médiocre
Que j'ai écrit il y a plusieurs
années, corrigé
Mais jamais satisfaisant, tant pis,
j'assume.
“ L'homme de type masculin sort du vagin
de
sa mère.
Il regarde son propre sexe,
différent de
celui de sa génitrice,
il accepte cette différence et
vit une
harmonie parfaite.
Mais un autre être est dans la
maison qui a
le même sexe que lui...
L’enfant s’aperçoit que cet homme
est son
rival :
Il couche avec sa mère, quelle
horreur !
Si, la femme représente pour lui
le “ plaisir
”,
L’homme, lui, représentera
“l’ennemi”.
Il y a donc là un antagonisme
difficile à
vivre.
Alors l’homme, cet enfant devra, en se
regardant tout nu,
Identifier son propre sexe à
celui de son
procréateur,
Qui est aussi son “pire ennemi”.
"Relisez votre Freud" me dit-on.
C'est totalement inutile, savez-vous
pourquoi
?
Dans mon cas, lorsque je lis un livre,
je ne
me souviens de rien.
Texte ancien.
"Dans la nuit, un homme
âgé, allongé
dans son lit,
sait qu'il va mourir, il dit : "j'ai
soif, donnez-moi à boire"
personne ne lui répond
"Allumez la lumière, je suis dans
l'ombre, je ne vois rien"
"Je veux revoir ceux que j'ai
aimé, et
que j'aime encore"
"Je veux qu'ils soient là pour
une
dernière fois"
"Excuser le mal que j'ai pu faire"
"Je voudrai mourir en paix"
"Pourtant,
je n'ai plus rien à leur dire, je veux
seulement les revoir"
"Je sais maintenant que nous ne sommes
plus du même bord"
"Ils vivent, je vais mourir, je n'ai
plus de lendemains" mais ils dorment tous, demain ils
travaillent
"allumez la lumière, je suis dans
l'ombre" et l'homme reste dans la nuit, seul, tout
seul, il va mourir, se
détend, et meurt lentement, la lumière
revient, et l'homme mort, allongé sur
son lit, attend la venue de ceux qui le veilleront
toute la nuit.
...
Faire l'inventaire comme avant la mort,
comme
pour lui faire un pied de nez,
Jusqu'au dernier jour, dernier instant.
Mais
l'inventaire de quoi ?
Je ne sais pas, découvrir
à nouveau ce qui
est autour de soi, faire le bilan.
Plus je vieillis, plus j'aime la vie.
Comment
est-ce possible ?
J'ai la conviction que
conscient/inconscient
ne sont pas les bons mots pour définir "la
chose".
J'ai pensé souvent à
rationnel/irrationnel,
deux univers avec lequel nous vivons au quotidien,
Ils sont ensemble comme des
frères jumeaux, ils
communiquent tout le temps,
Se jouent des tours pas possibles,
l'irrationnel
est comme un "petit lapin"
Qui nous dit ce qu'il faut faire avec un
petit sourire narquois,
Il faut s'en méfier comme de la
peste, mais
on ne peut s'en défaire,
Secouer le cocotier, il est avec nous en
permanence.
Je suis inquiet ...
... Elle a trop de livres chez elle.
Quand je dis trop c'est peu dire.
Elle est noyée dans ses livres,
Et moi, je ne comprends pas bien
À quoi cela correspond ?
- Est-ce que tu crois que notre livre va
devenir un best-seller ?
- Ah ! mais je ne sais pas ce que
ça veut
dire ce mot, c’est anglais dit donc !
- Te rends-tu compte que si on a un
succès,
il va nous faire travailler plusieurs heures par jour.
- Non, il prendra des secrétaires
et il
deviendra un écrivain professionnel, il recevra
les journalistes, la
télévision, les intellectuels, on
parlera de lui partout !
- Ses idées, elles peuvent
passer, tu crois ?
- Non, jamais.
- Et pourquoi donc ?
- Parce que c’est toujours comme
ça, les
idées ne peuvent être entendues que si
c’est dit par des hommes de pouvoir.
- Et qui te dit que lui, il n’est pas
intéressé par le pouvoir ?
- S’il était
intéressé par le pouvoir, on le
saurait, à son âge !
- C’est peut-être à cet
âge-là que le pouvoir
vous prend,
- Le pouvoir est une sorte de diable, on
y
succombe comme avec le plaisir sexuel !
- C’est quoi ça le plaisir sexuel
?
- Ce n’est pas de ton âge !
- Bon! en attendant, moi j’ai soif !
- Tu veux boire un verre de lait ?
L'homme, sa
drogue ce sont les mots
Et pour que cela soit, il lui faut des
motifs,
La raison des mots, mise en
scène, préparée,
programmée, attendue,
Enclenchement d'une machine infernale, mots,
verbiage,
Sensation d'ailleurs, musique
prénatale,
Objets indispensables au
déroulement normal
de soi.
A Oslo, au musée d'Edward MUNCH,
sur un mur
il y a une grande toile,
Elle représente un soleil
où chaque rayon
jaune est accompagné de rouge et de vert.
Il y a la mer, la montagne, les rochers,
quelques
arbres, la vie est heureuse,
Mais en apparence seulement. À
côté est
accrochée une autre oeuvre
Une mère et ses enfants jouent
sur la plage,
ils sont nus, le ciel est presque bleu,
Toutefois nuageux, la campagne est
à droite,
les arbres à gauche, et
Tout près de la mère un
enfant seul joue avec
quelques fleurs. Son corps est posé là
Peint par l'artiste à cet endroit
précis du
tableau, il est très près de la
mère.
Il la regarde donnant le sein à
l'enfant, son
frère, sa soeur probablement,
Impression de souffrance, de jalousie
latente
difficile à décrire, imperceptible.
L’artiste est un homme ni ordinaire ni
extraordinaire.
C'est un simple chercheur travaillant
dans le
domaine des arts,
Recouvrant, volontairement ou non,
l’ensemble
des sciences...
Il a donc une fonction : celle
d’apporter une
vision autre, un regard, une utopie,
Que les “les autres” ne peuvent exprimer
de
cette manière-là.
L’artiste peintre est confronté
en permanence
au “résoudre”, se pose à lui
Le problème global de la toile
dans ce
qu’elle doit devenir une oeuvre parfaite.
Nous
balancerons
nos jambes tant qu’on le pourra
Sur la balançoire du jardin de
notre enfance.
Nous chercherons le long de la
rivière, des
chenilles
Pour voir si c’est lumineux en plein
jour et
à poil,
Nous plongerons dans l’eau du bassin
qu’ils
viennent
D’inaugurer, les gens de la mairie. Nous
serons les premiers
À y aller, chic, l’eau est bonne
surtout que
Juliette
A quitté la maison hier soir en
disant :
Merde, je m’en vais.
Merde, je m'en vais, c'est facile
à dire,
faut-il encore assumer,
La voilà de retour, c'est une
vraie engeance,
cette fille.
Ma chérie,
J’ai reçu ton mail ce matin et
j’ai été très
emmerdé, pas tout de suite,
Après. J’étais content que
ton salaud d’amant
t’ait cassé la gueule.
Tu étais ma femme, tu m’as
quitté pour lui,
tant pis pour toi, je me suis dit
D’abord, ensuite, après, j’ai eu
des remords,
je me suis trouvé trivial,
Pas longtemps, un peu. Que veux-tu, nous
sommes tous des salopiaux…
J’espère
que tu
t’en sortiras bientôt et que lui de son
côté, il aura trouvé
Une autre
nana,
pour se faire les muscles sur ses os. Hier, j’ai eu
Juliette
À la
maison
pour un dîner aux chandelles, mais je n’avais
pas d’allumettes,
Nous avons
été
désemparés, je lui ai donné Freud
à lire, mais la psy
C’est pas
son
fort, son fort à elle, c’est Rungis où
son père travaille
Elle aimerait comme lui faire
carrière dans
les fruits et légumes.
Elle m’en a beaucoup parlé,
seulement, tu me
connais, ces trucs-là
Me sont tellement étrangers. Ma
chérie, toi
et moi, je n’arrive pas à l’oublier,
Nous avons fait nos fonds de culotte
entre la
Sorbonne et la Mouffe.
Des fois je te regrette, mais faut pas
c’est
ridicule, je me dis quand
C’est fini, c’est fini, faut savoir
faire son
deuil des bonnes choses.
Lorsque
ça ne
marche pas entre deux individus
Ou entre deux peuples, que peut-on faire
?
Il faut impérativement rompre
avec ces
fonctionnements abîmés,
Et essayer d’en trouver d'autres, moins
destructeurs, plus vivables…
Mais, soyons raisonnables, il n’est pas
sûr,
pas certain
Qu’il exista toujours une solution, sauf
celle, évidemment,
De la rupture et ceux qui me connaissent
savent combien
J’en ai usé et abusé. Avis
aux amateurs !
L’immobilier,
ça
fait rêver
C’est pourquoi, jadis, j’ai fait ce
métier
Cela surprend plus d’un, je l’ai
aimé.
J’ai vu plein de gens, de maisons,
D’histoires à raconter et aussi
Plein d’argent dépensé
pour un logis
Protecteur, avenant, ouvrant la porte
À l’espoir de vivre mieux,
autrement.
Il n’y a pas de sots métiers,
l’essentiel
Est de le faire bien. Seulement, pour
Des raisons que je dirais plus tard,
J’ai mal viré, l’art m’a pris par
la main,
Il m’a entraîné sur le
chemin qui est le
mien,
Il est mon meilleur ami, ma joie, ma
déchirure…
- Tu vas nous faire pleurer, Germain !
- Pourquoi dis-tu ça, Machin, tu
m’aimes pas
?
- Si, mais j’aimerai mieux vivre
ailleurs que
Dans ce taudis de merde, mon amour.
Pour être déçu, il
faut y avoir cru.
Croire, c’est ça la pathologie,
le reste
C’est de l’eau qui coule le long d’une
Rigole,comme le sang dans les veines.
L’homme son angoisse c’est la peur de
l’ennui
Et tout ce qu’il fait, tout ce qu’il
construit n’est
Rien d’autre qu’une protection contre ce
trou
noir
Pour lui insupportable. Pour certains,
il n’y
a rien
De pire que la paix pour les faire peur.
Ils
craignent
De se trouver tout à coup face
à eux-mêmes, l'angoisse
Reprendre la vie ordinaire, l’enfer,
l’enfer
je te dis.
A l’ennui, parfois, les hommes, c’est
horrible
à dire,
Mais c’est vrai, préfèrent
les conflits, la
mort.
J’ai
écrit ces
quelques lignes il y a quelques jours,
J’avais trouvé tout trivial, dur,
et
aujourd’hui,
j’ai udu remord, réparons et parlons du
discours névrotique...
Organiser son temps est essentiel contre
l’angoisse.
Travailler, c’est consacrer son temps
aux autres.
En valent-ils la peine ? Merde,
ça
commence mal.
Dépenser de l’énergie pour
une tache auquel
on s’en fout, bof.
Cela ne pourrait avoir de sens que s’il
y a
du plaisir.
La prostitution, j’y ai pensé,
seulement maintenant
C’est un peu tard et en plus
d’après quelques
informations
Glanées à droite, à
gauche, dans la
prostitution il n’y aurait pas
Spécialement de plaisir… Alors,
non, faut
trouver autre chose.
Travailler, sortir à heures
régulières pour
remplir une tâche,
Travailler pour une association,
pourquoi une
association ?
Non, plutôt dans un bureau, une
boutique,
voir des clients…
À mi-temps n’abusons pas des
bonnes
intentions.
Voir des gens
régulièrement jusqu’à la
nausée. Je ferais le tri,
Je veux voir les gens que je choisirai
de
rencontrer,
Je ne prendrais que ceux avec qui j’ai
envie
de communiquer…
Je pourrai faire psychanalyste
bénévole.
Voilà
ce qu’est
un discours névrotique. Nous aurons l’occasion
D’y revenir plus tard, mais il faut
savoir le
laisser s’exprimer
Librement, sans que cela ne vous affecte
le
moins du monde...
Une fois la "chose" dite, vous
pourrez passer à d’autres occupations.
La fatigue,
faut pas se tromper, est un métier, et
Comme tout métier faut savoir
gérer.
J’errai,
dans
le dédale de la médecine, à la
recherche
D’une solution honorable à mon
problème et
comme un
Pauvre malheureux, de spécialiste
en
spécialiste,
Je quémandais, à qui
voulait bien m’entendre,
Un mode d’emploi à ma terrible
particularité.
Eux, de la fatigue ils ne savaient rien,
ce
n’est pas dans
Les analyses de sang, pas encore
répertorié,
Alors, ils m’ouvraient leurs grands yeux
bleus
Pour me montrer qu’ils n’avaient pas de
réponses.
Je voulus
alors
acheter un lit à baldaquin avec des
Voiles blancs tout autour, des voiles
blancs
et en couleur aussi
Pour agrémenter ces
moments-là. Je ne savais
pas encore qu’ils
Allaient devenir mes meilleurs amis, mes
compagnons de route,
Je pataugeais dans la gadoue, pas
heureux,
pas heureux du tout.
Je n’ai pas acheté le lit
à baldaquin en
question,
J’ai préféré
écouter Maman et j’ai choisi un
Lit branché, avec une prise
électrique, non
remboursé par la sécu.
On me dit : ça fait un peu
hôpital ta
chambre.
Moi, je trouve pas. C’est là que
je j’aime à
me reposer
Les jambes en l’air, la tête bien
droite…enfin presque
Vous savez ce que c’est, inutile de vous
la
faire
Lorsqu’on est rhumatisant, on est
rhumatisant. Point barre.
Mais trêve de plaisanterie, j’ai
découvert
avec le temps
Combien la fatigue pouvait être un
avantage
et non un inconvénient.
En effet,
de
cet état, de ces maladies qui depuis longtemps
Firent de moi un être fragile… Je
vous
demande une minute de silence,
Merci M'sieurs-Dames, il a besoin de
tant d'amour,
Le pauvre, allongé qu'il est, sur
son lit
électrique…
De cette fatigue, il en fit une force,
faut
que je vous raconte.
N’ayant donc pas assez d’énergie
physique
pour devenir monsieur tout le monde,
Avec ça, il dut faire quelque
chose et ma
foi, il y réussit tellement
Qu’au lieu de le plaindre, les gens se
mirent
à le jalouser,
D’abord un peu, après pas mal. Il
avait compris
qu’il devait accepter.
Bon, c’est facile à dire, mais
faut-il encore
savoir de quoi on parle.
Il accepta de ne pas avoir une
journée tout
entière éveillée
Comme c’est l’usage faut pas
déconner. Il
coupa ses journées
En plusieurs séquences, avec des
moments de
repos, entre.
C’est pas très original, me
direz-vous, et là
vous avez raison, mais lui,
Au lieu de perdre son temps avec des
fioritures, allait à l’essentiel.
En gros, il faisait des choix. Des choix
tellement serrés, qu’un jour….
La pensée artpsyenne est-elle
intéressante
pour l'humanité,
À défaut l'est-elle pour
quelqu'un d'autre
que pour lui-même ?
Qui suis-je, qui sommes-nous ?
Grandes questions sans lendemain,
Carrefour de l'inconsistance, de
l'idéal à
bâton rompu,
Cocasseries abasourdissantes, à
bas prix,
Abats gratuits de nos tripiers en fin de
parcours.
En écrivant ainsi ces mots,
j'allais dire
ridicules,
Je m'aperçois d'une chose
bête, je suis assis
là où Jean-Paul Sartre
L'était, en chair et en os,
lorsqu'il avait
envie d'étaler sa pensée,
De se faire voir ou de parler avec
Simone, sa
chérie, dont certains
Ont dit que peut-être en tant que
couple,
tous les deux, c'était pas terrible,
Mais vous savez les gens sont
méchants, rien
que pour dire,
Ils remueraient ciel et terre, enfin
C'est ce qu'elle pense Amélie,
souvent.
Je ne suis
pas
Jean-Paul Sartre ni Simone de Beauvoir, mais eux
Sont morts et obligatoirement, tant pis
ce
n'est pas de ma faute,
N'écrivent plus, même s'ils
le voulaient, ils
ne le pourraient pas.
Alors que, moi, vivant, j'ai cet
avantage sur
eux, certes c'est pas terrible,
Mais maintenant j'écris à
leur place, je
prends ma revanche.
Je suis installé au Flore et
c'est Noël. En
face, il y a un schizo,
Le patron le jette poliment, tout se passe
silencieusement.
J'éprouve de l'apaisant dû
au bonheur d'écriture.
Impression d'être toujours au
début d'une
aventure,
Quel que soit l'art que je touche, c'est
cette sensation physique qui domine,
Une jeunesse grande et
impérissable me colle
à la peau…
Même si parfois…
Amélie, tais-toi !
On a trop longtemps pensé qu’il y
avait
quelque part
Quelque chose d’autre en dehors de notre
corps, composé lui,
Uniquement de matière, seulement
que de ça et
de rien d’autre.
Que l’homme
ne
soit que matière, qui me le contestera ?
Toutes les croyances ne sont rien
d’autre que
des…
Que des quoi ?
C’est Noël, partout les
lumières scintillent,
le bonheur rayonne,
C’est la joie, presque rien… Demain,
nous
irons au bois nous promener,
Notre quiétude mènera nos
pas, en cadence
nous trouverons
Le rythme généreux de
l’enfance, à notre âge
ce n’est pas sérieux.
N’oublie pas de prendre un châle,
dehors il
fait froid, apporte
L’appareil photo, nous cliquerons un
peu,
ensuite ma chérie,
Nous irons dans un bistrot parisien et
nous
parlerons comme il est d’usage
De tout et de n’importe quoi, de
religion si
tu veux.
Fais la
bise à
Mémé de ma part.
L’amour est
un
poids. Un poids lourd à porter, surtout
Depuis l’arrivée de Marie
à la maison. Marie
l’aimée.
Si, aller dormir n’a jamais
été un problème
pour moi
Maintenant, je ne dis pas que ce soit un
calvaire, mais
J’ai de l’hésitation, car nous
partageons le
même lit.
Quelle idée nous avons eue
là, c’est la
règle, nous a-t-on assuré.
Nous avions bien entendu le choix de
faire
autrement,
Mais c’est délicat, vous savez,
ces
affaires-là.
L’amour n’est jamais simple. Tout le
monde le
reconnaîtra.
C’est dit. Voilà un nouveau jour,
un mardi,
quelle excellence.
Souvent me revient ce mot "aimer"
comme une résurgence,
Une rémanence. L’amour, ce n’est
sûrement pas
que du bonheur,
C’est autre chose aussi, parlons-en
sérieusement, pas la peine
De faire comme si. Elle me dit toujours
que
je ne devrais jamais
Parler d’amour, car je ne suis pas fait
pour.
Tu parles comme elle est
Sympa cette fille… Mon Amélie
chérie,
écoute-moi bien,
Si j’ai envie de parler de ça, je
le fais sans
même te demander ton avis,
Je suis un homme libre et je compte le
rester… Enfin quoi !
L’humanité s’écroule et
Marie toujours
m’ennuie.
Hier soir, alors que nous étions
confortablement
Installés devant l’écran
de toutes les
catastrophes
Regardant comme des millions d’hommes et
de
Femmes ce qui ne nous est pas
arrivé, elle,
Me fit toute une histoire au sujet de
mes
Obsessionnalités concernant le
thé de Chine,
Qu’elle sait très bien mes
défauts depuis son
Entrée dans mon home personnel.
Lui ai-je,
Moi, objecté quelques amendements
sur sa
façon
De voir les relations avec ses anciens
amants
?
Nous les voyons arriver sans même
prévenir
Et s’attablent à toutes heures du
jour, pas
d'la nuit,
Ça, je m’y suis refusé
dès le départ, il y a
des
Limites tout de même, faut pas
exagérer.
Le monde
s’écroule et nous voilà comme des
Idiots avec nos petites merdes de tous
les
jours.
Parfois, ces temps-ci, j’éprouve
de la nausée.
Lire et écrire sont les deux
mamelles de la
démocratie.
L’école est le lieu pour la
réalisation de ce
grand projet
Bravo Messieurs, rangez vos cahiers,
c’est
l’heure de la récré.
L’école
est une
grosse Mama généreuse avec des doigts
Qui pincent les cuisses des jeunes de
tous
sexes confondus.
C’est une vicieuse. Pourtant, elle est
ce
qu’il y a de plus beau
Sur terre et il est souhaitable que tout
enfant ait à sa disposition
Cette richesse à nulle autre
pareille. Alors
de quoi te plains-tu ?
Non, mais ! t’as déjà fait
la classe, t’as
déjà vu des gosses ?
De quoi tu t’mêles avec tes
grosses godasses
de con ?
Tais-toi oui, et laisse nous faire notre
boulot, ce n’est déjà
Pas une sinécure, alors si tu
viens foutre le
bordel …
Non vrai, lire et écrire c’est
fantastique,
c’est formidable.
Seulement, pour y arriver, faut-il
encore
qu’à la maison
Ce ne soit pas le bordel. Papa, maman,
tata,
tonton,
Le loyer qu’ils n’arrivent pas à
payer, les
coups, les gros mots,
La télé et puis, et puis
il y a les copains,
ils disent, ils disent …
Ils disent quoi les copains, allez, dit
le
moi. Ils disent :
Si tu lis, si tu écris, t’es un
P.D. C’est
vrai ils disent ça,
Alors t’as pas intérêt
à faire le malin, eux,
c’est pas le genre
Fillettes, eux, ils savent se faire
respecter,
putain, mais
T’imagines pas la réalité,
mon p’tit bonhomme
!
La
réalité…
Je suis spécialiste en la
matière, je perds
mon temps tout le temps.
Je le perds ou plutôt je ne le
perds pas, je
le gaspille, le grille
Comme une cigarette, le brûle
comme un SDF
brûle sa vie.
Et s’il ne s’agissait pas de temps, mais
de
perte, tout simplement ?
Une question d’écoulement
voluptueux dans
lequel
Je me laisse paresseusement glisser,
enliser
parfois.
Perte volontaire, vertige accepté
au détriment
d'autre chose…
Plonger
dans un
travail plus conséquent. Phantasme adolescent.
Comment une telle chose peut-elle
persister
dans ma tête ?
Qu’aurais-je donc à faire de plus
? Si je ne
l’avais déjà vécu,
Probablement rêverais-je d’aller
m’installer
à la campagne
Comme l’on fait certains artistes du
passé.
Lesquels ? J’en sais
Fichtre rien, mais enfin là n’est
pas mon
propos, de grâce
Ne perturbez pas ma pensée, c’est
déjà pas
facile comme ça,
Si, en plus vous venez mettre votre
grain de
sel,
On n’est pas sorti de l’auberge. Donc,
je
disais.
M’installer
à
la campagne pour faire ce que je dois sans
Être tenté par la vie
parisienne. Mais de
cela je n’ai rien à faire
Aujourd’hui, l’important est ailleurs…
Puisque la mort met
un terme à la vie, nous sommes
Évidemment dans l’entre-deux, je
ne dis pas
en attente,
Godot l’a fait avant moi, évitons
les
redites, passons aux faits.
Les faits, les fêtes. Nous sommes
donc le
premier janvier 2005
Et j’ai décidé ce matin de
dater mes écrits.
Est-ce
Pour faire journal de bord ou pour me
souvenir qu’un jour
J’ai écrit ces textes, lorsque
plus tard
j’aurai perdu la mémoire…
Mais pourquoi être inquiet,
pessimiste à ce
point,
Elle peut très bien rester
intacte jusqu’au
dernier jour.
In chala, comme dit Hamed. Croire en
Dieu ça
aide !
Sur la
maladie d’Alzheimer,
j’avais émis l’idée, il y a quelque
temps,
Que c’était aussi, en plus de ce
que peuvent
en dire les spécialistes,
Un moyen pour ne pas devenir fou devant
les
"tracas" du présent,
Du passé : la mémoire
devenant alors la pire
ennemie. Mais,
Rassurez-vous, je n’en suis pas
là,
d’ailleurs j’ai fait des tests,
C’est OK, bon pour le service le
bonhomme, du
moins sur ce point de détail
De ma santé, sur le reste il y
aurait tant à
dire … Passons, c’est pas l’heure.
La
mémoire j’en
ai besoin, je veux qu’elle me serve : c’est une
chérie
Qu’il faut savoir aimer en amoureux.
Tiens
justement, le mec à côté de moi…
Je suis installé dans un
café de bourgeois.
C’est là que les mots parfois
Me viennent, c’est l’avantage de Paris,
des
endroits comme ceux-là
Il y en a des tonnes… Je n’en profite
pas
assez, c’est sûr.
Le mec à côté de
moi, il est puant. Pourtant
lorsqu’il est entré, je
L’ai trouvé plutôt sympa,
genre écrivain
reconnu par les médias,
Donc pas n’importe qui, il porte un
chapeau
d’intellectuel, comment
Est-ce un chapeau d’intellectuel ? Je ne
sais
pas, mais il rend bien
Sur sa tête, genre j’habite dans
le sixième,
pas la peine d’imaginer
Me voir ailleurs, le jardin du
Luxembourg
c’est mon jardin et toutes
Ces dames sont à mes pieds.
Je suis installé près
d’une d’entre elles,
lui, s’en est approché pour la
Connaître depuis longtemps,
d’après les mots
qu’ils ont échangés, il
Est resté debout un long moment
à parler avec
elle, ce qu’ils disaient
Ne m’intéressaient pas des
masses, moi,
j’écrivais pas gêné, seulement
Au bout d’un moment, il s’est
décidé à
s’asseoir et à parler plus fort
Sauf lorsque son téléphone
a sonné : son ex.
Leur conversation
Fut très courte : non ça
ira, je vais bien,
ne t’inquiète pas.
C’est vrai il a bonne mine, et j’en ai
pour preuve
qu’il posa sur
La table un livre écrit en
anglais où il
était question de sexe et d’autre chose,
Mon interprète est actuellement
en vacances,
alors, je ne peux vous en dire plus
Sur ce bouquin, mais lui, lui parle de
telle
manière que toute la salle l’entende.
Il dit des choses du désir de
l’homme,
c’était évidemment très sexuel…
L'homme, à la cinquantaine, a
toujours ce
genre de comportement (sic).
Je compris très rapidement pour
l’avoir
entendu de sa propre bouche
"Qu’elle", son épouse, son ex, je
n’ai pas pu savoir, sauf que j’ai saisi
Que tous les deux c’était pas la
peine.
L’autre en eut marre au bout d’un moment
Et voilà notre héros tout
seul voulant se
rapprocher de deux femelles en chasse.
Si
j’étais…
Par exemple responsable de quelque
chose,
Responsable d’humains, j’aimerai les
convaincre
De ne pas perdre leur temps à
croire en Dieu
Pour une raison simple, très
simple : il
n’existe pas.
Je n’ai pas l’intention de vous faire
tout un
exposé
D’autres avant moi s’y sont
essayés, alors…
Dire "Dieu
n’existe pas" n’est pas original
Et taper sur toutes les religions
relève
D’un tel conformisme, monsieur,
N’avez-vous pas autre chose à
dire ?
Oui,
Sur la démocratie, la
laïcité.
Lorsqu’on
parle
de laïcité aujourd’hui, on pense
Foulard, c’est con, mais on nous l’a
tellement
Mis dans la tête que ça
reste, c’est
complètement dingue !
La
laïcité
c’est l’école, mais pas seulement, c’est la
télé
Les politiques, les gens neutres dans la
rue,
vous et moi.
La laïcité c’est l’ouverture
vers les autres,
l’acceptation de
Toutes les religions. La
laïcité, la vraie,
n’existe pas, c’est un travers
Malin de certains, je ne sais qui est
à
l’origine de cette foutaise,
Et de cela je m’en fous, mais ça
explique pas
mal pourquoi
Le monde est dans le bordel depuis
toujours,
car, on est bien
D’accord, on est bien dans le bordel ???
Les laïques c’est du pouvoir quand
même et
avant tout.
Mais du pouvoir sans la religion en
devanture.
Derrière la laïcité
se cache (hou, les
vilains) souvent
Des hommes et des femmes de religions,
sans
soutanes certes,
Mais avec au cœur la volonté de
maîtriser
tout ce petit monde,
En expliquant qu'ils travaillent au bien
de
l'humanité.
Tu parles... En fait, il y a toujours
des SDF
dans les rues...
Voyous,
Tous des voyous,
J’vous l’dis, m’dame !
Le rêve.
Mode d’emploi.
Lorsque j’ai commencé à
comprendre le
fonctionnement de mes rêves,
J’ai saisi, pour ce qui concerne les
rêves
répétitifs, qu’il suffisait
De décortiquer leurs
mécanismes pour qu’ils
n’apparaissent plus.
Pourquoi le cerveau rêverait-il
deux fois,
s’il a compris qu’on a compris ?
Pour une meilleure
interprétation, regardons
la difficulté du jour et non celle
De la semaine d’avant ni celle d’il y a
dix
ans. Il ne s'agit pas de ne pas
Faire cas de ce qui s’est passé,
mais avoir
toujours à l’esprit que
Les problèmes du jour excitent en
permanence
l’utilisation, par notre cerveau,
De matériaux anciens. Nous sommes
donc en
possession d’une palette fabuleuse
Composée d'hommes, de femmes,
d'enfants, de
souvenirs proches, lointains,
De lieux… Et tout ça
merveilleusement mélangé
dans notre tête, bref
C'est notre passé de bordel de
merde, comme
dit Julien, le pauvre garçon.
Les rêves sont des films, des
scénarios, des
images. Ils viennent à nous
Avec bonheur et sont l’expression de
notre
potentialité à créer en
permanence.
Ce travail qui est fait naturellement
par
tous les hommes de la terre,
Est toute notre richesse. Quelle
magnifique
particularité nous avons là.
Madame,
Merci
pour votre petit mot, il m’a fait bien plaisir.
Toutefois,
Je
me dois de vous informer sur certains
comportements de votre fils.
Hier,
nous sommes allés ensemble dans un
restaurant malien,
Dans
une de ces petites rues du côté de
Montparnasse,
Nous
avons mangé un délicieux plat que
vous auriez beaucoup apprécié
"Magoula
de carottes aux fines herbes de Cannabis"
Mais,
à peine le repas était-il
terminé, que je sentis
Monter
en lui une sorte de fièvre, due, soit
à la carotte, soit au
Magoula,
sorte de gingembre rouge, et, curieusement,
Malicieusement
il sortit de sa poche de pantalon
Mi
pervers, mi-fanfaron, les dessous roses d’une
jeune fille blanche …
Madame,
sur votre fils, j’ai quelques inquiétudes.
Monsieur
Muson régnait en sa demeure en maître
absolu
Le
cœur plein et l’âme en fêtes, il
s’amusait de son pouvoir,
Mais
quand tous les musons du quartier se
réunissaient dans
Les
bas quartiers de la ville, résonnait alors
la musique
Rappelant
aux hommes de toute nature
Leur
grande et belle fragilité.
Vous,
vous travaillez dans l’art contemporain ?
C’est
bien l’art contemporain, puis vous devez gagner
pas mal
De
tunes, hein ? Ah ça alors, l’art
contemporain c’est un bon
Créneau,
moi, ma sœur elle dessine, tu veux la voir ma
sœur ?
Moi,
je te la donne ma sœur, t’en fais c’que tu veux
…d’ailleurs,
Tiens,
la v'là : - Hé, tu veux parler
à l’artiste, ben vient,
Soit
pas timide, il va pas te manger le Monsieur, il
est normal quoi…
Tu
lui plais, il me l’a dit.
Allez, viens,
viens, viens, j’te dis.
Souvent,
je me couchais de bonne heure pour pouvoir me
lever tôt
Et
aller à la salle des ventes de la ville de
Chartres où les livres
Étaient
vendus par mallettes, grosses et entières,
pour quelques sous.
Après,
j’allais chercher ma voiture et y jetais dans le
coffre arrière
Mes
achats en gros tas formant ainsi une magnifique
montagne de livres,
Puis,
rentrais tranquillement dans le château de
ma solitude, pour
Redevenir,
en fait, un enfant assoiffé de rêves.
Demain, nous n’irons pas au
bois,
Nous resterons tranquillement chez
nous, à la maison
À lire le dernier livre
que nous avons choisi
ensemble
Celui d’Amélie Notomb,
ensuite, nous irons au
magasin
Acheter quelques tralalas pour
la fête qu’ils
organisent,
À la mémoire de
Léon. Et puis, nous nous
quitterons un instant,
Mireille
et moi, nous sommes donc allés manger
à midi
Au
restaurant, tu sais, celui où nous n’allons
plus maintenant,
Elle
a beaucoup insisté pour nous y retrouver
là-bas,
Elle
a été souriante et joyeuse tout au
long du repas,
Je
la trouve changée depuis qu’elle vit avec
son amie Juliette,
Elle
fait des études aussi et elles ont un grand
projet commun
Que
tu ne devineras jamais, elles se présentent
Aux
éliminations pour le prochain
réality chaud de TF1.
Je
n’ai rien dit de particulier, je voulais qu’on en
parle avant,
Affaire
à suivre de très près…
De
me voir prendre ce genre de produit, elle m’a
regardé bizarrement,
Elle
n’a pas l’habitude, la bougresse ! Comme je ne
sais à quelle heure
Se
termine ta conférence, je te laisse ce
papier et vais me coucher
Car
la journée a été
ha-ra-ssan-te…Je te raconterai, Je t’embrasse.
Nous
sommes là, assis, à tout jamais amis
Le
feu chauffe le vin que tu nous as mis
Dans
un récipient trouvé dans la cuisine.
Encore
une fois il nous fera tourner la tête
Et nos
sens déjà si vifs en désirs
et en hésitations
Nous
fera dormir comme de petits enfants.
Que dites-vous
traître ?
J’ai du mal à vous
croire, hier encore tout
allait bien entre nous,
Maintenant le doute s’est
installé en moi,
infidèle, infidèle,
Dans quel palais avez-vous
passé la nuit,
Qu’est-ce que ces traces sur
votre veste,
ingrat,
Quel plan encore avez-vous
prodigué ?
Les
fleurs sont là, silencieuses, les yeux
grands ouverts
Sur
un monde dont elles sont à l’écart.
Les
choses leur apparaissent si lointaines,
Ce
qui se passe autour d’elles les indiffère.
En
couleurs elles projettent leurs attraits
Pour
le bonheur des abeilles et des papillons.
Elles
sont les gardiennes de l’âme des hommes
Demain,
dimanche, j’irai à Châtenay-Malabry,
au marché
Pour
voir une gentille dame qui vend les fleurs de son
jardin.
Paule,
allez donc me faire une tasse de thé avant
d’aller vous coucher
La
nuit risque d’être longue.
Quoi de plus honorable pour un
père que de
vouloir marier sa fille
Et votre idée d'envisager
un rendez-vous pour
en parler me flatte
De pouvoir susciter quelques
démarches de la
part d’un père
Soucieux du bonheur de sa
progéniture.
Si votre initiative
s’avère concluante,
alors, nous pourrions envisager
Une réunion familiale
pour l’annoncer à tout
le monde
Dans un cadre que nous
conviendrons ensemble.
Je pense à l’hôtel
Meurice ou à
l’Intercontinental à Paris
Lieux que j’aime bien et qui je
l’espère vous
agréeront.
Merci
beaucoup pour ton petit mot d’hier, il m’a fait
bien plaisir.
Ici,
ils ont arraché tous les câbles
téléphoniques de la Ville,
Je
ne sais pourquoi et quelles sont leurs intentions…
Donc,
Si
tu ne reçois pas de coup de fil de moi, ne
t’inquiète pas trop,
Avec
le temps, tout s’arrangera. Sinon, je suis
allé à la bibliothèque
Je
suis tombé sur un livre avec de très
belles images dont une
Te
plairait beaucoup : c’est celle d’un tableau
de MATTA, tu sais
On
y est allé, c’était à
Beaubourg, une rétrospective, il y a
quelques
Années
de cela, t’en souviens-tu ?
Non, je ne
monte pas Shakespeare dans un
décor pareil,
Les
installations contemporaines c’est bon
pour les musées,
Ici nous
sommes au théâtre, faudrait pas tout
confondre.
La culture
est un acte politique où les artistes
donnent
Des coups
dans la gueule des gens qui nous
gouvernent.
Il n’y
a rien de meilleur pour la santé que les
médicaments.
Depuis
quelque temps, les Experts-en-Médecine nous
expliquent
Qu’il
y a des effets secondaires à en consommer, les
cons.
De
la gueule de qui se fout-on ? Sans médicaments,
moi,
Je
ne suis plus là, alors, vive les laboratoires,
les pharmacies, la sécu…
Et
surtout, n’oubliez pas de les boire avec un grand
verre d’eau.
Payer son déjeuner avec la carte
vitale est
une grande idée,
Personne n’y a pensé à ce
jour… En effet, que
la sécu remboursa
Les repas commis dans de bons
restaurants permettraient
à certains
D’être moins malades et donc,
entraînerait
une substantielle économie,
Les gens préfèreront
passer leur temps plutôt
là qu’à l’hôpital.
Affaire à suivre …
Le rêve de tout artiste est de
retrouver
l’innocence de l’enfance,
La pureté qui est en lui, bien
installée à
l’intérieur, au chaud,
Ne demandant qu’à sortir pour
gambader dans
les choses
Un peu irrationnelles de la vie
courante,
c’est pourquoi
Quand vous mangez des Smarties,
gardez-vous
les rouges pour la fin.
Je ne sais comment cela s’appelle, on
avait
cette chose à l’école
Quand j’étais petit, une tapette
je crois, oui
c'est ça je m’en souviens,
Ils s’en servaient
régulièrement pour nous
donner des fessées déculottées
Devant tous nos copains, nos amis et
devant
la femme de ménage, parfois.
Alors, nous, pour nous venger, nous les
piquions et les emmenions
A la maison et nos mamans s’en servaient
comme repose plats,
Pour les desserts.. Cela nous rendait
gais,
je ne sais pas pourquoi.
Faut-il ou ne faut-il pas acheter des
actions
Aventis ?
Comment savoir si la sécu va
continuer à
rembourser nos pilules
Et pour combien de
temps encore ? De
toute façon, ma décision est prise,
S’ils stoppent les remboursements, moi,
j’arrête de payer mes impôts,
S’ils veulent jouer aux plus forts,
On verra bien qui de nous deux
cèdera le
premier...
Non, mais c’est vrai, il y a des
limites,
quand même !
Il
était une fois, un âne qui vivait dans
une prairie
Il
avait une petite maison en bois avec une porte et deux
fenêtres.
Sur
le devant, il était inscrit
« Titi », c’était son
nom.
Tous
les matins, Titi, notre âne, allait visiter sa
voisine
Madame
Hermione qui était Anglaise et dont le mari
Monsieur
Hermione était Anglais également. Ils
étaient amis
Depuis
longtemps, depuis le jour où elle lui donna des
graines de soja
Du
lait de brebis, du chou-fleur et des magoulas anglais.
On
a dit régime, donc, on s’y tient, s’il vous
plait, on s’y tient.
Soyons
zen. Un bol de riz blanc sur la table, puis un autre
Avec
à l’intérieur des légumes cuits
à la vapeur,
Carottes,
petits pois frais, endives coupées en cubes,
Des
baguettes chinoises et pour le dessert choisir entre
un fromage
Blanc
avec coulis de framboise ou une infirmière
intérimaire…
Ah, t’en souviens-tu, lorsque nous
allions
chez le pâtissier
Au centre de la ville de Troyes, pour
acheter
les meilleurs
Gâteaux et produits sucrés,
tes parents les
aimaient tant ?
Puis, je t’accompagnais à la
maison de
retraite où ils séjournaient,
Tu descendais de la voiture pour aller
leur
rendre visite,
Et moi, j’allais, comme un poète,
traîner mes
guêtres
Dans les rues pittoresques et les
cafés à
jambons
En attendant l’heure du rendez-vous que
nous
nous étions fixé.
Mes frères, en ce jour
miséricordieux,
mettez-vous à genoux devant dieu
Présentez-lui toutes vos excuses
des péchés
commis cette année
Baissez la tête, léchez le
sol, demandez-lui
pardon, la main sur le cœur.
Prions pour que jamais notre
Président ne se
trouve dans la rue
Sans logement, sans café, sans
revenus.
Souhaitons-lui également,
Mes concitoyens, qu’il ait toujours avec
lui
son Raffarin dans sa poche
Pour payer à boire et à
manger à tous ces
malheureux qui traînent,
Ces gens de peu, ces fainéants,
ces rescapés.
Amen.
Nous avons quatorze ans, je viens te
chercher
chez toi
Nous dévalons la rue
Lacepède pour aller
rejoindre les filles
Et jouer à la marelle sur la
place de la
Contrescarpe,
Mais, il y en a une, elle est chieuse…
On prend la rue Mouffetard et comme des
gosses
A la Doisneau, on s’amuse avec l’eau des
caniveaux.
Tu es là à m’attendre
calmement debout dans
le hall
De la tour Montparnasse où
j’arrive avec cinq
minutes de retard.
Nous prenons l’ascenseur, nous avons
quinze
ans
C’est notre premier rendez-vous galant
Tu portes une sacoche à la main
Et moi, un caleçon Benetton.
Au 56e étage, au
restaurant, il y
a le bar où deux verres
Nous attendent et une table
préparée à notre
intention.
Assis, nous nous regardons pour la
première
fois.
Tu as sur la peau une chemise blanche de
Karl
Lagarfeld,
Une écharpe rouge à la
Mitterrand et un
pantalon noir.
Nous irons nous promener là
où bon te
semblera,
Nous parcourrons les endroits que tu
connais
déjà et que tu aimes,
Nous découvrirons comme des
adolescents les
choses de la vie,
Les coutumes des humains, nous boirons
le
meilleur des champagnes
Et tes lèvres assoiffées
goûteront le plus
blanc des nectars,
Que les poètes adorent...
Nous laisserons nos têtes tourner,
le vertige
nous saisir…
Nous, dans notre patelin, lorsqu’il
neige, on
ne va pas à l’école
On reste à la maison avec Martha
et l’on
regarde par la fenêtre
Le Monsieur d’en face faire des photos
qu’il
dit pour Internet.
Nous, de l’Internet on n’en a pas, c’est
pour
ça, peut-être,
À l’école, ils nous
considèrent comme des
pauvres ? Mais,
Pourtant, nous, on a la
télé ?
C’est injuste !
Chère Martha (Argerich)
Je suis très heureux du courrier
que vous
m’avez adressé,
Ravis de vous savoir plus
impliquée dans la
vie quotidienne.
Vous avez pris la décision de
troquer le
piano au profit du balai,
Ma foi quelle bonne idée, la
culture a ses
limites, jouissez
De voir votre maison nettoyée
comme vous le
désiriez,
Profitez le
plus que vous pourrez du temps que les jours nous
donnent
À chaque instant, ma chère
amie, allez faire
vos courses
Dans quelques super marchés aux
noms
évocateurs :
Champion, Intermarché, Continent,
Casino,
Et achetez de belles côtes de bœuf
à mettre
au frigo
Pour le jour où vous recevrez
votre beauf et
son épouse.
Bonjour, c’est vous Michel ?
Moi c’est Fernanda, la nouvelle femme de
ménage,
Vous êtes le valet de chambre, ils
m’ont dit.
C’est bien,
C’est gentil chez vous. Vous êtes
là depuis
longtemps,
Ils sont comment les patrons ?
…Monsieur
il est pervers,
Oh bé, je m’étais un peu
doutée, il m’a
demandé si je connaissais la vie.
Chez pas pourquoi il a dit ça,
enfin, moi,
vous savez je suis portugaise
Alors, les hommes je sais comment c’est…
Ils
ont dit que je coucherais
Avec vous, ici pour deux, c’est un peu
petit,
non ?
Quelquefois, vous vous apprêtez
à faire
La photo du siècle et patatrac
L’appareil vous tombe des mains,
ça déclenche
le ramdam,
Et ça donne un truc bizarre
tout juste à
Etre exposé au Musée d’Art
Moderne de la
ville de Paris
Savez-vous pourquoi les ouvriers dans le
bâtiment
Restent si longtemps à faire ce
métier ?
Et bien, vous allez le savoir
aujourd’hui,
maintenant.
Rien n’est plus beau, pour construire un
mur,
que le banchage de béton
Avec la mise en place de la ferraille,
ça se
fait entre hommes, entre amis.
C’est donc d’amitié qu’il est
question dans
le bâtiment,
Qu’on se le dise !
Mon rêve est d’acheter une
église désaffectée
Je veux dire sans Dieu à
l’intérieur
Pour y mettre mon corps encore vivant et
mes
tableaux
J’aurais un chien de compagnie qui
Pour s’occuper un peu, serait à
mon service.
J’aimerais être un tableau, une
œuvre d’art
exposée dans un musée
Pour voir les yeux dans les yeux le
regard
des gens qui me regardent.
Il faudra mettre les choses au clair
avec
Jean-Pierre.
On ne peut pas le laisser comme
ça,
Passer son temps dans les bistrots,
A boire tout son salaire sous
prétexte que sa
femme
L’a quitté pour aller avec Michel
Sardou.
Il doit se ressaisir, ce qu’elle voit
c’est
son avenir à elle,
Elle a toujours aimé le
théâtre de la Porte
Saint Martin,
Dont Michel est le propriétaire.
Ah, Ginette, Ginette.
Comme j’ai été content de
revoir ton visage
sur Internet
Quel bonheur Ginette, ça fait combien de temps,
déjà ?
Nous deux, le Tabou, le slow-club, tu
t’en
souviens ?
Nous étions jeunes et beaux,
bordel, la vie,
Quelle chienne. T’as gardé tes
yeux d’ange,
tu n’as pas changé.
Certes, nous n’avons pas fait
carrière
ensemble, mais, qu’importe,
C’est le destin qui l’a voulu ainsi. Je
vois
que tu as gardé
Le bracelet en or que maman t’a offert,
merci
pour cette marque
De sympathie, mais, je me dois de te
dire une
chose,
Ginette, je ne sais si je t’aime encore.
Lorsque sa femme le quitta pour trouver,
auprès
d’un autre,
Plus de liberté, il ne sut que
faire du
cadenas
Qu’il lui avait offert pour des raisons
intimes.
Alors, un soir, perdu dans son
désespoir,
Il fit le deuil de sa femme, et le
cadenas il
l’offrit à
La première valise venue qu’il
croisa dans la
rue.
Le vélo.
Quand j’étais petit, ma
mère ne voulait pas
que j’en fisse.
Elle avait peur de retrouver son fils
étalé à
terre, la figure en sang.
Ma très chère et tendre
belle-mère qui n’est
plus de ce monde
Adorait griffonner sur des feuilles de
papier
"des gribouillis"
Lorsqu’elle téléphonait
à ses enfants chéris.
Elle était retraitée,
Je l’ai toujours connue dans cet
état,
Retraitée de l’éducation
nationale, ex-maîtresse
d’école…
Quand tu bois, que ce soit de la
bière ou du
vin blanc,
Tu arrives toujours à faire rire
tonton
Michel
Qui en a bien besoin, le pauvre, ne
vient-il
pas de perdre
Son emploi à l’usine "culotte de
soie" où il occupait
Un poste de comptable à
mi-temps ?
La semaine dernière, alors qu’il
se promenait
tranquillement
Avec ta sœur, main dans la main, dans
les
rues de la ville,
Un homme s’est approché d’eux et
lui a
demandé s’il accepterait
De tourner dans un film porno italien.
Il a refusé sur le coup, d’autant
qu’il
n’était pas seul.
Aujourd’hui, il se mord les doigts
d’avoir
jeté, l’idiot,
La carte de visite qu’on lui avait
remise.
Pour savoir l’âge d’un arbre,
Il faut le scier.
Si vous passez par là et si vous
ne la voyez
pas,
Elle, se montrera à vous comme
une pute
Qui vient vous faire l’article avec ses
bas
noirs,
Ses portes-jarretelles, ses nichons
découverts
Et son rouge aux lèvres
débordant de
sensualité.
Ah, le printemps, il y a longtemps qu’on
l’attendait,
Il pointe enfin son nez, nous allons
maintenant pouvoir
Sortir un peu dehors et regarder quelle
figure
il nous fait.
Vous boirez bien un verre de vin, il est
bon
cette année
On pourra en boire à
satiété, a dit Monsieur
le Curé.
Comme disait tata Bertha, toujours
prête
à dire une bêtise,
Le monde, il ne tourne pas si mal que
cela,
au fond !
Nous avions rendez-vous avec monsieur
Alezra
Directeur de "La vieille grille"
à
Paris
Près de la mosquée,
thé et lokoum, kif à
volonté,
Et ma collègue de bureau Colette,
Une pute géniale,
propriétaire de "la
Tomate",
Boîte de striptease à
Pigalle. Le projet que
j’avais,
C’était de créer un lieu
culturel dans un
lieu de cul…
Quand on est jeune, on traîne de
drôles
d’idées !
Chère Juliette,
C’est ton Roméo qui
t’écrit cette lettre.
L’autre jour, devant ta fenêtre,
je me suis
installé,
J’ai cru un instant t’y voir te
pâmer,
À cette idée, j’ai, tu le
comprendras
aisément,
Pour tes beaux yeux et ton corps tout
entier,
bandé
Fort, espérant qu’un jour, je
pourrai
communiquer
Avec toi autrement que par ce balcon.
Mercredi, elle est tombée dans le
puits.
Lui, a essayé de la
récupérer grâce au
collier de perles
Qu’elle portait à son cou et
qu’il lui avait
offert
Pour leurs dix ans de mariage, mais,
devant
la difficulté,
Il alla chercher secours au petit matin,
mais
hélas
Il était trop tard pour
récupérer le corps et
Le bracelet qui allait avec.
Alors, il alla, cahin-caha, dans
quelques
chemins,
Quelques broussailles, chercher du
réconfort
et un peu
D’entrain pour retrouver la force de
monter
dans le prochain
Train qui allait le mener à sa
maîtresse,
elle qui l’attendait
De pied ferme, une clef à la
main, celle
d’une nouvelle vie.
Il ne
perdit
pas le moral, malgré la perte de sa femme.
L’assurance
l’avait convoquée au sujet de
l’indemnité forfaitaire
Qui allait
enfin lui donner la liberté. Il eut quelques
projets,
Fit une
liste
des choses à faire, alla chez Castorama
Et acheta
en
premier un W.C. tout neuf à pile,
C’était
plus
cher, certes, mais aussi plus sûr pour la
sécurité.
Il se fit
des
sandales en bois pour marcher sur
Le parquet en sapin qu’il venait de
vernir
avec un produit
De chez Casto, garanti dix ans,
permettant
l’imperméabilité
En cas d’inondation de la maison,
située
qu’elle était,
Pas trop loin d’une rivière, bien
sympa, mais,
Qui des fois débordait dans son
lit. Alors,
un soir, fatigué
De porter sa misère hautaine, il
déposa ses
affaires et se mit à son bureau,
Fit un premier dessin puis un second,
ainsi
il prit plaisir au plaisir
Des choses de l’art et compris qu’il
avait
trouvé sa voie.
À partir de ce jour-là, la
vie devint pour
lui toute différente.
Il devint amoureux de la nature, lui qui
ne
voyait jamais
Les couleurs, tout à coup, elles
apparurent à
ses yeux
Sous la forme de jonquilles bien rouges
qu’il
se mit à aimer,
Laissant de côté et les
hommes et les femmes
Pour se consacrer maintenant uniquement
à sa
nouvelle passion.
Il voulut
alors, ingénieux ingénieur, faire
l’inventaire
De tout ce qui l’entourait. Il alla dans
les
champs et se mit
À regarder autour de lui. Ce
qu’il remarqua
en ce mois de mai,
C’était l’érection de
toutes ces brindilles
qui allaient donner
Aux vivants le blé où je
ne sais quelles
autres saloperies
Leur permettant de vivre comme des
cochons,
polluer cette terre,
Qui ne demande rien d’autre que de vivre
en paix.
Un jour, il dirigea ses pas vers le
champ
pour se reposer un peu,
Au pied de mon arbre, comme dit la
chanson,
seulement,
L’innocent ne savait pas qu’il y avait
des
guêpes, des abeilles
Et des araignées en
libertés. Qu’il prenait
des risques sérieux
De se faire piquer par ces bestioles
dont il
ne savait rien
Et mettaient en danger sa vie
même. Enfin, il
comprit
Ce qui était à comprendre
: il quitta les
champs.
Avec une torche à la main, il
posa son pas
d’homme fort
Sur le sol de l’église,
éclairée par Dieu,
happé qu’il fut
Par un appel divin comme Jeanne par le
feu,
le bucher.
Quelle ne
fut
sa surprise, lorsqu’il entra en ce lieu de
prière
Et vit ses
propres frères habillés de toile de jute
proférant
Hauts et forts les mots du seigneur,
honorant
généreusement
La boisson que la terre secrète
pour le
bonheur des hommes.
Ensuite,
pour
enfin trouver le repos tant mérité
Ils alla dans une salle divisée
en cases
comme celle
De l’oncle Tom, espaces-chambres
intimement
séparées
Par des draps blancs permettant à
la lumière
de passer
Pour éviter l’angoisse de la
nuit.
Il dormit
paisiblement et fit quelques rêves
étranges
Toutefois, il téléphona
dès son réveil à son
psy
Qui n’était pas là ce
jour-là, comme c’est
souvent le cas,
Alors, il fit une photo de son
rêve et nous
la proposa.
Devant notre incompétence
à lui dire quelque
chose de sensé,
Il se cloîtra dans un coin du
jardin et pensa
à quelques
Oeuvres possibles à
réaliser.
Il quitta
ce
lieu saint en fermant scrupuleusement
La porte à doubles vantaux,
laissant, en
souvenir de son passage
Une lettre manuscrite disant un
poème et
laissant aux apôtres
Le journal gratuit du pays dont il
n’avait
rien à cirer.
Quelle place a la jeunesse dans
notre
société ?
C’est le thème
éditorial du journal que je
viens d’acheter.
Ils disent plein de trucs, mais
je n’ai pas
le temps de lire
Leurs conneries, je
préfère siroter ma tasse
de thé.
Donnes bien le bonjour à
Thomas de ma part.
Thomas qui aime tant les
cerises, dégustées sexuellement
Le printemps dernier, t’en
souviens-tu, dans
le jardin,
Nous l’avions invité
à une partie
cerise/cerise
Autour du livre que l’on venait
d’éditer, et
Dont nous fêtions alors le
succès fou.
Seulement ce jour-là,
Laura n’était pas très
bien,
Elle virevoltait dans la maison,
passant d’un
fauteuil
A l’autre sans trouver sa place
quelque part,
L’échec avec son amie,
Amélie, au sujet d’un
projet
Qu’elles avaient d’écrire
un livre sur la
jeunesse d’aujourd’hui,
L’avait beaucoup
contrarié. Cette Amélie,
justement, que tu ne connais pas,
Etait passée un jour chez
nous avec son
camarade de classe
Qu’elle nous a
présenté comme un créateur en
herbe,
Plein de l’envie de
réussir… Il nous a
construit,
Pour quelques milliers de
francs, le fabuleux
"goutte à goutte"
Qui dans le jardin fait le
meilleur effet.
Il nous a fait aussi une œuvre
d’art très
sympathique que
Nous avons mise dans la nouvelle
maison de
Martha, qui vient de
Fêter, justement, son
anniversaire, hier soir
à l’Opéra de Paris.
Nous n’avons pas pu y aller, car
nous avions
un dîner en ville.
Par ailleurs, je dois te faire
part d’un
événement capital
Je t’en informe afin que tu ne
sois pas
surpris,
Si par hasard tu venais nous
rendre visite un
jour. Jeanne
Vient de commencer une
collection de couvercles
de pots
De chambre chinois qu’elle chine
dans toute
la région.
Nous avons installé ces objets dans une
partie du jardin,
Un l’endroit vierge, à
droite des poubelles…
C’est très original, on
ne voit pas ça
partout…
À part tous ces
événements forts inquiétants
La vie suit son chemin de
traverse et
parfois,
Je quitte tout ce beau monde
pour aller me
ressourcer
Dans le près d’à
côté, celui de Tatisse et
Édouard, qui depuis
Leurs morts est maintenant
complètement en
friche,
C’est plutôt triste, quand
on pense aux
merveilleux
Moments que nous avons
passés avec eux
Du temps de papy et de mamie.
Quant à
notre petit coin, il n’y a rien
de particulier à dire,
Si ce n’est quelques ennuis avec
la bouche
des pompiers
Qui fait défaut
actuellement, ça suinte un peu
à l’extérieur,
Côté impasse, rien
de bien grave, mais voilà
Trois mois qu’on réclame
réparation sans
avoir
Gain de cause. À se
demander s’ils ne
cherchent pas
A nous mettre dans l’embarras,
si nous
avions, Dieu
Nous en préserve, le feu
dans la maison.
Monsieur Balthus vient de moins
en moins pour
l’entretien
Du parc et nous avons pris la
décision avec
Jeanne
De laisser tomber la tondeuse.
Les mauvaises
herbes, au fond,
Se plaisent bien chez nous,
alors, pourquoi
remuer ciel et terre ?
Quant à la
propriété, elle n’a pas connu de
bouleversements Substantiels.
La journée on regarde la
télé, on a
quelquefois
Des conversations
intéressantes sur tout et
n’importe quoi,
Nous avons pris quelques
abonnements, des
revues principalement.
Le soir, on éclaire la
maison en fermant les
fenêtres
Afin d’éviter les
moustiques et quand la
chaleur manque,
Nous allumons un feu dans la
cheminée,
nouvellement
Installée par notre ami
Jean Paul avec l’aide
d’Aladin,
Qui lui, n’a pas changé
d’un iota, toujours
aussi étrange.
Je ne sais nullement si tu as
quelques
compétences en la matière,
Ma sœur Yvette envisage de se
lancer dans la
peinture
En voulant se consacrer au
jaune, comme Klein
au bleu.
Qu’en penses-tu, crois-tu
qu’elle puisse
trouver
Quelques débouchés
dans ce milieu, qui, je te
le concède,
Ne m’inspire pas pleinement.
Nous avons engagé la
semaine dernière, pour
un essai
De quelques mois, la fille du
boulanger pour
nous faire le ménage,
La maison est tellement grande
Et nous avons de moins en moins
la force de nous
y atteler,
En plus, c’est une excellente
cuisinière,
elle aide Marie à
La préparation du
Magoula, cette fois-ci c’en
est un au citron jaune,
C’est d’ailleurs à partir
de là que l’idée
d’Yvette a dû germer.
Sinon, comment va
Géraldine ?
Toujours aussi amoureuse de son
petit
mari ?
D’ailleurs d’elle, j’ai
gardé une photo où
Elle avait un collier en or au
cou, celui que
tu as mis
Au clou, chez ma tante, à
Paris, rue des
Francs Bourgeois.
En fin de compte, je n’ai jamais su le fin mot de
l’histoire,
Tu me diras, ce n’est pas mon
problème, c’est
vrai, mais,
À l’époque, ma
mère avait été frappée
par ta
façon de faire
Avec ce bijou de famille qu’elle
lui avait
donné pour ses quinze ans.
Où sont-ils maintenant,
et le bijou et ses
quinze ans ?
La mère à Michel a
perdu son chat, hier soir
dans le centre
Commercial. Je me demande
comment elle s’y est
prise
Pour arriver à ses fins,
cela fait des mois
qu’elle nous annonçait
Qu’elle le jetterait à la
SPA. Faut dire que
dans le coin,
Ce genre d’action,
vis-à-vis des voisins,
c’est plutôt mal vu,
Alors le centre commercial
c’était une bonne
idée.
Elle voulait s’en
défaire, car entretenir son
studio devenait impossible.
Après le travail,
lorsqu’elle arrivait, le
chat lui tombait dessus
Pour se venger de la solitude
supportée toute
la journée.
Qu’il passait son temps, ce con,
à griffer
sur les murs et foutre le bordel partout,
A tel point qu’elle ne recevait
plus personne
chez elle et passait
Même tous ses week-ends
à essayer de faire
propre.
Quant à son Jules, il
pâme, il pâme toute la
semaine
Dans une usine
désaffectée bizarre, qu’on ne
sait pas
Au juste ce qu’ils font
là dedans, il garde
le moral,
Pas un mot ne sort de lui, c’est
dans sa
nature,
Sa maman vient de lui offrir une
chemise
jaune pour cet été,
Il est très content et je
me demande,
garde-le pour toi,
Je me demande s’il n’est pas en
train de
tourner autour d’Yvette ?
Pour ce qui concerne ma
santé, tout va à peu
près normalement,
Ils m’ont fait une radio et
disent que je
suis bon pour le service,
Seulement, je ne vois pas ce
qu’ils veulent
insinuer par là,
Ils savent bien les salauds que
je ne
travaille plus depuis belle lurette.
Ils m’ont interdit la cigarette,
je trouve
cette décision un peu hâtive,
Ils auraient pu m'en parler
avant, me
préparer psychologiquement,
Je ne sais pas, je serais
allé voir un psy qui
m’aurait soutenu un peu.
J’aurais voulu habiter un ancien
hôtel de
passe
Comme il y en a encore dans
certaines régions
de France
Retranché quelque part,
mais elle, elle a
toujours voulu rester
Près de ses enfants, la
famille, la famille,
c’est sacré, qu’elle dit.
Quant à Mamie, toujours
égale à elle–même,
elle envisage
D’aller voir son notaire pour
remettre son
testament à jour.
Elle m’a fait une confidence,
que je garde
évidemment pour moi,
Elle envisage de
déshériter mon frère à
mon
profit,
Ce que je trouve un peu
indélicat de sa part,
car il est gentil mon frère.
Je reconnais, c’est vrai et toi
qui l’a
côtoyé régulièrement
Tu ne diras pas le contraire, il
a des
qualités, mais, aussi
Des défauts et c’est ce
que Mamie ne supporte
pas.
Mais, tout cela me paraît
pour l’instant un
peu flou,
Tant qu’elle sera en vie, nous
ne pourrons
pas faire des projets
Très sérieux,
j’entends financièrement :
Les banquiers sont très
fermes quant aux
instructions
Qu’ils ont tous reçus du
notaire, qui lui, ne
nous a
Jamais beaucoup porté
dans son cœur.
Il y a quelques années,
il y a eu un
précédent entre lui
Et moi au sujet de ratures qu’il
avait
constatées dans les livres
Comptables lors de
l’héritage de Papy, alors,
depuis…
Je t’écris ces quelques
mots pour te faire
part des plaisirs vécus
Dans ce pays de rêve, sauf
hier dans
l’après-midi, je me promenais
Dans les ruelles pittoresques du
village, il
y a des petites boutiques
Rien de très original et
comme je suis tellement
curieux, je suis entré
Dans une d’entre elles et
malgré toutes les
précautions prises,
Ma main en passant devant ces
objets de
merde, a brisée un vase antique
Fraîchement sorti du four,
qu’il m’a fallu
payer immédiatement,
Pour éviter une perte
sèche pour la vendeuse,
une fille brune.
Je ne sais si l’assurance va
marcher pour ce
genre d’accident.
Bref, les vacances ne commencent pas trop mal,
à part ce vase.
Nous n’arrivons pas à
nous convaincre d’aller
régulièrement
A l’église, d’autant que
l’excuse du manque
de temps ne tient pas,
On a rien à faire ici,
sauf manger des
platasses, comme ils disent,
Des platasses de taramas aux
aubergines ou
Des platasses de tomates aux
oignons rouges
épicés.
C’est bon, mais, au bout d’un
certain moment
on se lasse
Et je regrette les plats que tu
nous faisais
et dont tu avais seul le secret,
Qu’ici tu ferais fortune, nous
aurions dû
ouvrir un restaurant, je crois,
On serait encore un couple comme
tout le
monde, mais, la vie
On n’y peut rien, elle est
marquante, comme dit Ginette,
Tant qu’on est vivant …Elle
passe une grande
partie de son temps
À avaler quelques
boissons fraîches avec
beaucoup de glaçons, car
Il fait toujours très
chaud et elle a
tendance à se déshydrater.
Pendant toute la période
de vacances où nous
sommes l’un près de l’autre,
J’ai décidé de
l’autoriser à ne pas avoir de
cadenas en permanence, je crois
Pourvoir lui faire confiance et
de toute
façon, les gars aux alentours,
C’est pas son genre, alors, il
n’ y a pas
trop de risques…
Nous prenons quelques photos
pour les garder
en souvenir
Plus tard, quand nous aurons des
enfants,
nous leur montrerons
Comment c’était nous
deux, et surtout je lui
constitue un presse book,
Car elle envisage pour septembre
de faire de
la prospection
Dans le domaine du
Cinéma, elle se voit bien
dans ce métier,
Pourquoi pas, lui ai je dis,
hypocrite que je
suis. La semaine prochaine,
Je lui remets le cadenas.
Trois cloches donnent
directement sur notre
terrasse
Est-ce le signe du Seigneur tout
puissant qui
veille sur nous ?
L’hôtesse de
l’hôtel, une fille sympa,
généreuse avec nous
Lorsqu’elle sert le petit
déjeuner, mais
bizarrement, pour une raison
Inconnue, préfère
prendre l’échelle
extérieure que l’escalier
Qui mène à notre
chambre. Va savoir
pourquoi ?
Nous, ça baigne,
ça baigne tellement bien,
que des fois,
On pourrait avoir peur : un
coup de
soleil, un virus
Dans l’assiette ou pire dans
l’ordinateur
portable que je viens
D’acheter, bref, je ne te dis
que cela, les
vacances, c’est chouette.
J’ai bien reçu ta lettre
où tu me demandais si
je m’ennuyais parfois.
À la
vérité, c’est arrivé hier
soir pour la
première fois.
Nous sommes allés
après le repas boire un
verre en ville, en bas du village.
Nous sommes tombés sur
des drôles de gars
forts en gueule
Qui voulaient nous vendre du
hachisch et comme
nous,
Ce n’est pas notre tripe, ils
ont voulu nous
emmerder,
Mais heureusement, les flics
connaissaient la
chanson,
Ils sont venus nous
libérer de cette emprise
qui commençait à
Prendre des proportions que je
n’aime pas du
tout, pas du tout.
Par hasard, nous avons fait la
connaissance
d’un Monsieur d’ici.
Il a un projet de construction
qu’il dit
immobilier, et il
Nous a proposé, car il
nous a trouvé très
sympa,
De nous vendre une studette tout
équipée.
Nous n’aurions pas d’argent à
débourser immédiatement
C’est uniquement une prise de
contact, comme
il dit justement,
C’est en septembre qu’il faudra avancer la
construction.
… on se tâte, on se
tâte, vraiment.
Son frère, un peu plus
âgé, nous a pris en
aparté cet après-midi
Lorsque nous sommes revenus de
la plage, il a
cherché
À semer le doute en nous
sur les projets de
son frère.
Je ne sais s’ils s’entendent
bien ces
deux-là, mais, je trouve
Sa démarche embarrassante
d’autant, si j’ai
bien compris,
Qu'il est partie prenante dans
ce projet à
50 %, le reste c’est nous,
Les acheteurs, qui devons faire
le
financement, sans crédits,
Car les banques, d’après
les dires du
vendeur,
S’opposeraient à cette
construction pour des
raisons troubles
Qu’il m’est difficile de te
raconter par
écrit.
De la terrasse où nous
sommes, avec les
fameuses trois cloches
Nous avons la chance de pouvoir
être à poil,
personne pour nous voir,
C’est très
agréable, on en profite le plus
possible, d’autant que la vue
Sur la mer et l’horizon bleu
nous donne une
pèche d’enfer…
Je t’adresse une photo de notre
chambre vue
de dos.
Les couchers de soleil, ici,
c’est comme
partout,
Au bout de l’horizon, il y a
comme une aurore
boréale, et tout près
Ça sent les poubelles,
car le patron les sort
le soir après la vaisselle
Et le ménage de la salle
de restaurant.
Après le coucher du
soleil, c’est bien,car la
nuit est bien noire,
Surtout depuis que j‘ai perdu
mes lunettes de
vue.
Va falloir que j’en commande une
nouvelle
paire à la rentrée,
Je ne sais si je dois revoir mon
ophtalmo ou
pas, mais,
Pour l'heure, laissons ces
tracasseries pour
plus tard
Et profitons des vacances, avant
que ça
finisse.
Le coiffeur du village, le
malheureux, est
mort la semaine dernière.
Alors, ils exposent, devant son
échoppe, le
fauteuil qui lui a permis
De vivre jusqu’à 75 ans.
C’est la coutume
ici.
Il a bien profité de la
vie celui-là, disent
certains
Je n’ai pas bien compris ce
qu’ils veulent
insinuer,
Je vais demander à
Ginette, elle fait une
thèse sur ce sujet actuellement.
Ce que j’aime le plus ici c’est
l’esprit
familial qui règne
Dans ces contrées non
polluées. Là, non, tout
est sain, la déco simple,
Deux toiles cirées, un
buffet, quelques
vieilles gens, et paf.
Le décor est
planté, tu peux cliquer, clique,
c’est comme
Un tableau, une photo.
On boit principalement de l’eau,
mais,
lorsqu’on en a bu beaucoup,
On déprime un peu. Nous
reviennent des idées sombres,
Le retour au boulot, les
factures, les impôts,
Les rendez-vous chez les
médecins,
l’ophtalmo,
La révision de la
voiture, déjà 100 000 Km,
la femme de ménage
Qui va revenir nous faire son
cinéma, alors,
quand c’est trop, c’est trop,
On prend un verre de Retsina,
pour nous
changer les idées.
Ca y est, mon kiki, ils nous ont
repiqués
notre parasol,
Merde, on a payé parasol
inclus, alors, le
parasol doit être
Là en permanence, je veux
rien savoir !
En plus pour leur film à
la con
Ils nous ont inondé le
jardin, celui des
Poètes, sous prétexte,
D’avoir de la lumière du
bon côté,
Encore une idée d’un PD
d’assistant,
J’te jure le
cinéma !
Lorsque nous sommes en vacances,
nous évitons
pas mal les touristes,
Le reste de l’année,
c’est plus facile, ils
ne viennent jamais
Là où nous sommes,
il n’y a rien à glander
pour eux chez nous,
Alors on a la paix. Mais, enfin,
comme nous
ne sommes tout de même pas
Des sauvages, il nous reste
encore quelques
restes d’humanité.
Nous avons fait, contre notre
gré, la
connaissance de Mr et Mme Tardif,
Des cons infinis, dont le mari
travaille à
"terre et forêts".
Bref, on préfère être seul, le
plus souvent.
Je n’ai pas l’habitude
d’être imbu de ma
personne, mais permets-moi
De t’envoyer cette photo, sorte
d’autoportrait que je trouve réussi.
Patrice Chéreau m’a
contacté la semaine
dernière,
Deux jours avant notre
départ, pour me parler
d’un film dont
Je
pourrai jouer le rôle principal. Je
n’ai nullement été surpris
Par sa
demande. Pour l’instant, m’a-t-il dit,
c’est trop tôt.
Je crois avoir mes chances pour
ce film où il
est question
D’un homme et d’une femme, moi,
je serais
l’homme et
La femme, il ne sait pas encore
qui il
choisira,
Ce n’est pas un problème
pour moi, pour les
scènes
D’amour, pourvu qu’il ne
choisisse pas un
travesti.
En attendant d’avoir de ses
nouvelles, je
passe mon temps
A regarder des magazines,
mentalement je me
prépare pour le film
Dont la fin, si j’ai bien
compris, est assez
sordide.
Patrice Chéreau vient de
me communiquer les
coordonnées
Et la photo de la fille qui doit
jouer avec
moi.
Il me fait part de son
hésitation entre cette
petite,
Un peu trop Nabokovienne dans
l’âme ou sa
maman comédienne,
Mais qu’il connaît trop
bien, a-t-il insisté…
Personnellement,
Je n’ai pas d’idée, c’est
à lui que revient
le choix final.
Je me plierai à sa
décision, quoi qu’il en
soit.
Bizarrement, il ne m’a pas
adressé de photo
de la mère
Il dit qu’il ne veut pas encore
dévoiler
l’objet de ma
Future passion amoureuse, je
comprends qu’il
ait quelques
Réserves, je lui fais
"totale
confiance", c’est le titre
Provisoire du film.
J’espère seulement que ce
projet aboutira.
Il m’a conseillé, en
attendant, de me reposer
beaucoup
Car le tournage sera long et
très fatigant,
alors,
J’ai pris la décision de
prendre quelques
heures de répit,
Au bord du lac où Jeanne
a failli se noyer l’année
dernière
Et j’écoute Chopin, le
walkman dans les
oreilles, celui que j’ai gagné
A la Fnac, je ne sais plus
à quelle occasion.
Par je ne sais quel heureux
hasard, en
revenant de l’expo,
J’ai croisé la sœur de la
fille qui va
peut-être
Devenir ma compagne de lit, dans
le film que
je dois tourner
Avec Jean Pierre Mocky. En
effet, les
producteurs envisagent,
De le préférer
à Patrice, celui-ci, leur
faisant, d’après les rumeurs,
Beaucoup de caprices… Je dois
suivre cette
affaire de très près.
Cette enfant aime les sucettes,
je trouve
cela adorable,
J’espère pour elle, qu'un
producteur lui
fasse de bonnes propositions,
Son innocence certes en
prendrait un coup,
mais pas son avenir.
Nous connaissons tellement de
moments
heureux, si tu savais.
Ces nuits et ces jours
privilégiés nous les
passons main dans la main
À regarder dans la
même direction. Ces
paysages formidables défilent
Exactement comme dans les
documentaires que
l’on voit
Sur la chaîne "Voyage" du
câble,
c’est d’ailleurs eux qui nous ont
Tout organisé. Que c’est
bien de s’aimer. Je
me convaincs en me disant
Que Dieu est avec nous, qu’il
partage notre séjour,
et l’avantage,
Pardonne-moi d’être si
terre-à-terre, mais
enfin ça compte,
Nous n’avons pas à payer
pour lui, ici c’est
dieu compris.
La
comptabilité a ses hommes, Monsieur
Schreiber est le nôtre.
On ne le voit
qu’une fois par semaine, ce
n’est pas de trop
Quand on sait
tout ce qu’il y a à faire au
bureau, il a bon caractère
En
général, nous n’avons pas
à nous plaindre
de lui, sauf,
Qu’il ne
répond jamais au
téléphone lorsqu’on
a besoin d’une info.
Il faut
reconnaître que pour lui, nous sommes
des gens à part,
L’art dans son
ensemble et la peinture en
particulier,
Semble à
notre comptable la chose la plus inutile
qu’il soit.
Dans son esprit
cartésien, tout cela ne mène
à rien, sauf à perturber
Nos jeunes qui
actuellement sont un peu sur
la touche au niveau national
Tant sur le plan
du travail que dans celui du
divertissement.
Il dit souvent
ça à leur sujet : ils ne
savent plus s’amuser.
Nous avons un drôle de comptable, on le
garde, on n’a pas le choix.
Il a une
tendance à être obsessionnel et
même
que des fois,
Il va dans
certains cimetières pour
récolter
des champignons
Qu’on ne trouve
que là d’après ce
qu’il dit. Si nous avons décidé
De le garder, le
doute parfois nous saisit,
mais notre comptabilité
C’est
très important autant que les beaux
yeux de Jeannine,
Notre
aide-comptable. On le gardera encore
quelques mois.
On peut lui
reprocher beaucoup de choses,
mais sur un point
On ne peut rien
dire, il n’est jamais dans
les nuages,
Comme Jeannine,
justement que l’on se demande
pourquoi,
On la garde
aussi, mais, on ne peut pas jeter
tout le monde.
Seulement, il y
a des limites, il va falloir
qu’on y réfléchisse,
Une
réunion s’impose avant la fin de
l’année.
Heureusement,
Jean-Paul, est dans notre
maison la perle qui fait
Passer toutes
les sales pilules qu’il faut
avaler en permanence,
Les gens en
général c’est
épouvantable, ils
ne pensent qu'à faire le mal,
Alors que
Jean-Paul, lui, c’est tout le
contraire, on peut même avancer
Qu’il est
exceptionnel. Si j’avais une fille,
je l’aurais donnée en mariage,
Comme ce n’est
pas le cas, ce n’est pas la
peine de bander là-dessus.
Un soir,
après le boulot, nous sommes
allés
manger
Un lapin
chasseur au restaurant du coin. La
conversation a été très
intéressante
Tout au long de
ce moment formidable qui sort
de l’ordinaire du bureau,
Bien qu’avec
lui, parler d’ordinaire n’a
aucun sens.
Nous avons eu
des conversations captivantes,
nous évitons
Les questions
qui touchent au bureau, ce qui
pourrait le fâcher.
De sa maman, il
m’en a dit deux mots l’autre
jour, mais,
Je n’ai pas
insisté. Elle travaille pour le
compte d’une société
américaine,
C’est
très obscur, je me demande s’il ne
s’agit pas là d’une secte
Ils en ont
tellement là-bas. Elle est
chargée
de faire l’inventaire
De ce qu’il y a
de plus malsain en France
pour un programme
De grande
envergure basée sur la
prolifération des actes massivement
Divulgués
aux hommes de notre pays, pour nous
proposer, à terme,
Une meilleure
vie, un meilleur avenir. Donc,
moi, sur ce sujet si particulier,
Je ne sais que
lui rétorquer, j’ai
préféré me
taire.
Hier on est
resté une plombe à attendre
l’autobus, bien nous en a pris
D’avoir au pied
de la station, un banc
plastique à notre disposition
Et nous avons pu
nous y installer pour parler
en attendant.
C’est là,
qu’il m’a confié les histoires de
sa mère.
Tout ce
temps-là, je l’ai écouté,
mais en bâillant
un peu,
J’ai eu peur
qu’il le remarquât, mais heureusement
non
Tant il
était dans ces histoires sur
l’Amérique. Après quoi,
Le bus est
arrivé, il n’avait pas de ticket,
moi non plus,
Et comme ils
n’en vendaient plus à cause des
loubards
Qui piquent la
caisse, nous, on a été
obligé
de rentrer à pied.
En passant
devant une école, il m’a parlé
politique, il envisage
D’en faire dans
une ou deux années, alors moi
du tac au tac,
Je lui ai
demandé pourquoi il attendait. Il fut
surpris par ma question,
C’est la
première fois qu’il réagit, je
trouve cela plutôt positif.
Actuellement, il
fréquente une femme à la
fac, elle est mariée,
Malheureuse en
ménage. J’ai l’impression
qu’elle veut mettre
Le grappin
dessus. Elle lui a fait une
confidence, qu’il m’a confiée
Le nom de son
époux ne lui convient pas du
tout,
"Carafon" est
son nom. Le divorce
casserait enfin ce lien.
Alors, quand, il
m’a parlé de cette histoire,
je lui ai dit qu’il
Ne devait pas se
trouver obligé, qu’il devait
prendre de la distance
Face à
cette situation, car il rencontrera
d’autres filles dans sa vie.
J’ai bien peur
qu’il porte en lui le poids de
l’histoire de son père et
De sa
mère. Ils ont divorcé quand il
était
tout petit, pauvre garçon,
La vie parfois
s’en prend aux plus faibles et
ne les lâche pas, à tel point
Que des fois, je
me dis que je pourrai
l’adopter, mais mon notaire
Me le
déconseille, je n’ai pas compris les
raisons juridiques invoquées…
C’est dommage,
comme tout est
compliqué ! Il m’a demandé
Si cela me
ferait plaisir de l’accompagner chez
lui, j’ai dit oui.
Là, j’ai
tout compris, lorsque sur un mur
rustique m'est apparu
Un vieux
vélo, seul moyen de transport qu’il
avait entre tous,
En dehors du bus
et de la marche à pied. Il a
un sens inné de l’organisation,
Depuis quelques
années, avec une poule, il a
établi une sorte de contrat
Implicite entre
eux, pour avoir un oeuf à la
coque tous les matins,
C’est un grand
gourmand et quand il fait
beau, il mange là, ici, tu vois,
Sur une planche
qu’il a posée sur une autre
planche, pour pas cher,
M’a-t-il dit, je
ne sais si nous ferons une
croisière ensemble,
Il
m’apparaît très simple quant
à ses besoins
au quotidien.
Mais, comme
chacun sait, les humains recèlent
de trésors cachés,
Peut-être
faudra-t-il que j’aille avec lui
pécher la truite ou le saumon
d’élevage…
Il a un grand
projet qu’il aimerait réaliser
très bientôt.
À partir
de touffes de paille qu’il a
récupérées dans le champ
Qui jouxte le
théâtre, il veut en faire un
tatami
Comme les
Japonais avec leurs Japonaises,
pour dormir sur
Une bonne base,
comme il dit si
intelligemment. Dans le fond,
Me suis-je dit,
ce garçon n’a rien, mais pour
éviter d’éprouver
De la tristesse,
j’ai pensé au tatami qu’il
va construire et alors
Il y aura au
moins cela. Ensuite, il m’a fait
visiter sa cour privée,
Comprise dans le
prix de la location de son
appartement zen.
Il y a un arbre
fruitier, un pommier, comme
il y en a des milliers
En Normandie,
des pommes à cidre. Mais des
pommes,
Il a tout un
discours, il dit qu’il faut les
manger, pas les boire.
Il faut avaler
trois à quatre pommes par
jour, m’a-t-il assuré
Pour avoir une
longue vie, ce n’est pas le
seul à le dire, je l’avais
Entendu à
la télé, mais venant de sa part,
ça
m’a convaincu.
La conversation
suivant son cours normal de
conversation,
Nous avons eu
à aborder un sujet délicat,
celui de l’Art contemporain.
Je lui ai
demandé s’il aimait. Il sait que je
suis un artiste, il a dit
Avoir vu
quelques peintures originales à
Paris, au Musée d’Orsay,
J’ai failli
avoir une apoplexie. En fait, je
ne sais plus quoi faire avec lui.
Notre comptable,
monsieur Schreiber, a pris
deux semaines de vacances,
On en a profité pour contacter l’ANPE
afin de voir, par hasard,
S’ils n’avaient
pas un comptable sous le
coude pour nous.
Ils nous ont
envoyé une seule personne de la
liste qu’ils avaient
Des
chômeurs demandeurs d’emplois
réellement
motivés,
Qu’elle a dit la
fille au standard d’un air
un peu désabusé,
Elle nous a
beaucoup choqué qu’ici nous sommes
à gauche,
Alors ces
remarques on les prend mal, sauf
que le gars
Très
jovial, très sympa, pour les comptes de
notre entreprise
Il trouve qu’il
y a beaucoup de travail, il
nous a paru très hésitant
Et c’est Jeanne
la première
à dire préférer encore
Monsieur
Schreiber.
De
colère, il a voulu nous monter son cul.
Dans
sa démarche hasardeuse
Nous avons pu le
retenir en lui offrant au
titre de dédommagement
Du bois de
chauffe gratuit qui pourrissait
sous la fenêtre et attirait
Toutes les
bestioles que l’on peut trouver
dans notre putain de région.
Il n’a rien dit
en partant. Ouf ! on l’a
échappé belle.
Mais, à
peine était-il sorti de chez nous, le
voilà-t-il pas,
Pour se venger
où je ne sais quoi, qu’il sort
de sa camionnette à la con
Un fusil de
chasse qu’il avait gagné un jour
à la fête foraine
Et tire d’un
seul coup, d’un seul, "Caramba"
fit Jean Paul, notre héros
Au sourire si
doux, sur le premier oiseau qui
passait par là.
Nous, par ce
terrible bruit, accourûmes au
pied du mort.
Mais, trop tard.
Nous pouvions retourner au
bureau, avec la
Trousse de
secours que Monsieur Schreiber
avait gagnée
Egalement
à la foire, et, pleurer en secret,
Les terribles
douleurs que cette terre peut
endurer.
L’affaire n’en
resta pas là. Nous eûmes droit
à la police,
Au commissariat,
une enquête allait être
menée.
Jeanne connut sa
première angoisse.
Ils se
justifièrent, en disant que l’Anpe ne
peut pas accepter
Que l’on traite
comme cela le peu de gens
volontaires,
Actuellement
disponible sur le marché. Nous,
de notre côté,
On a fait
remarquer poliment, n’avoir rien
fait de mal,
Mais les gars
voulaient pas savoir et nous ont
invités à monter
Dans leur
quatre-quatre à huit, on était
un
peu serré.
Lorsque la
voiture démarra, j’ai perdu
connaissance, je me souviens
Seulement avoir
fait un rêve étrange, où
il
était question d’une femme
Avec une
histoire à dormir debout, un cadenas
Et un
arrière-goût de vacances…Je n’ai
rien
compris.
Au commissariat,
tout s’est bien passé et
rapidement,
Nous avons
retrouvé la liberté que
nous avions perdue un instant.
Le commissaire,
pour se faire pardonner, nous
offrit un pot au bistrot d’à
côté.
Il ne fait pas policier pour deux sous, j’ai
du mal à croire qu’il peut être
Confronté
à des loubards ou à des jeunes
de
quartier comme on voit à la
télé.
Comme quoi, on
se fait des idées sur les gens
et en fait…
Jean-Paul est
heureux, car il avance
sérieusement avec son tatami,
Il est donc de
retour parmi nous. Quel
bonheur, quel grand bonheur
De le voir
à nouveau, au bureau, nous l’avons
tous fêté dans la joie,
En remerciant
Dieu le plus fort qu’on a pu,
et, nous avons exaucé
Un rite
anglais : lorsqu’un homme
revient, on arrache un arbre
Et on le met
à brûler en signe de
remerciement sacrificiel.
Il nous a fait
part de son stage payé par
l’Anpe, à Kyoto,
Sur la possible
propagation des idées zen à
divulguer dans le monde,
Influencé
qu'il est probablement par sa mère…
La
première à lui mettre le grappin
dessus
c’est notre aide-comptable.
Elle, de son
côté, n’avance pas, elle a
encore échoué son examen de
Comptable
professionnel premier degré. En son
absence,
Elle m’a fait
quelques confidences : son
cœur bâtait la chamade,
Comme on dit
dans les livres, a battu la
chamade pour lui
Pendant cette
longue période où de Kyoto,
Jean-Paul ne donnait
Aucun signe de
vie. Il a bien changé, il
s’est laissé pousser la barbe,
Porte une
casquette qu’il a achetée pas cher
là-bas.
Le week-end
suivant, j’étais un peu triste de
me retrouver seul,
Je sortis de
chez moi pour aller faire un
tour. Après avoir quitté
Mon home
douillet, je me suis trouvé nez
à
nez avec le papa de Jean-Paul.
Il me regarda
tout d’abord, hésitant, pas sûr
qu’il était de
Me
reconnaître, son fils lui avait
longuement
parlé de moi.
Le père
à Jean-Paul ne ressemble pas à
Jean-Paul, pas du tout,
A tel point,
dans un premier temps, je me
suis demandé si sa
Maman, elle qui
veut changer le monde pour la
raison qu’il ne
Marche pas comme
elle le voudrait, si par
inattention n’avait pas
Fait quelques
rencontres, avant de se marier
avec cet homme-ci ?
Mais, ne soyons
pas médisant, admettons qu’il
fut le vrai père,
Dieu seul sait
la vérité, alors, cesse, s’il
te plait, toutes ces supputations
Qui ne peuvent
que Salir cet homme et mettre
de l’huile sur le feu.
Ce sont eux, ce
sont eux, monsieur l’agent,
je les ai vus
Les voilà
ils partent en moto, ce sont bien
eux qui ont inscrit
Merde sur la
poubelle de Monsieur Gilbert qui
n’a rien
Fait de mal
depuis belle lurette, vous
devriez leur courir
Derrière,
monsieur l’agent, vous êtes jeune
beau et fort à la fois,
N’ayez pas peur
comme moi, allez-y, montrez
votre courage !
D’ailleurs, vous
voyez, vous avez ici les
traces de leur passage,
Ils ont fait
l’aller et le retour dans la
même soirée, ça s’est
passé
Très
rapidement, regardez je suis certain de
ce que j’avance.
Pour vous le
dire comme cela très rapidement,
Monsieur Gilbert,
Il porte des
bretelles rouges, tout le monde
est au courant dans
Le patelin,
personne ne dit rien, chacun fait
ce qu’il lui plait dans
Notre coin, ce
n’est pas comme ailleurs,
d’après ce qu’on dit,
Ici si tu portes
des bretelles, tu portes des
bretelles. Seulement,
Les jeunes
veulent récupérer celle de
Monsieur Gilbert, car
Elles sont,
d’après leurs dires, d’une grande
valeur marchande,
Il y a un
marché à Londres,
paraît-il, nous,
on n’est pas au courant,
Monsieur
l’agent, mais, les rumeurs vont bon
train.
Tout cela
détériore sérieusement
l’ensemble
des humains qui
Vivent
tranquillement dans ce village béni
des Dieux
Depuis que le
pape est venu incognito, loin
des journalistes
Qui ne se
dérangent jamais par là,
monsieur
l’agent, il ne se passe
Jamais rien ici
qui intéresse les médias.
L’épouse
de monsieur Gilbert
Est très
affectée de ce qui nous arrive, elle
envisage de consulter
Un spychologue
assermenté. Monsieur l’Agent,
il vous reste à faire un
Rapport à
vos chefs pour qu’ils viennent voir
ce qui se passe
Dans ce bordel
d’endroit de merde, qu’on
aimerait même des fois,
Être
plutôt à Paris que là.
J’ai rêvé de toi
tout à l’heure, juste avant
de me réveiller.
Quelle chance de te revoir
après tant
d’années de silence. Le rêve
M’a donc rappelé à
ton bon souvenir et m’a
remis dans le bain,
Je dis bien le bain, si doux, si
amical de
notre relation ancienne,
Et qui reste dans ma
mémoire à tout
jamais : la preuve, ce rêve.
Je ne te dirais pas quelle est
la fonction de
ce songe, ne voulant pas
Te barber avec mes
théories psychanalytiques
actuelles devenant de
Plus en plus obsessionnelles. Il
est donc
question de bain, d’atmosphère.
J’étais bien
là-dedans. J’étais comme dans un
bon film, un bouillon,
C’est flou, seulement des bribes
d’images me
reviennent en vrac.
L’endroit, un manoir, une
église, un jardin,
une grande salle.
Nous devions monter un
décor pour un
spectacle avec toi pour acteur.
Tiens, j’ai un ami acteur, plus
près de mon
quotidien, mais mettons
Cette association très
intéressante de côté
pour l’instant, sinon on ne va
Rien comprendre du tout… Il
était question de
mise en place de meubles
Plutôt anciens (tu as
toujours aimé les
meubles anciens, tu vois,
Je m’en souviens encore) dans
une sorte de
hangar. Le sol est une dune,
Je cherche le meilleur endroit
non pas tant
pour poser ces objets,
Mais pour situer de quels
endroits les
spectateurs auront
Le meilleur point de vue. Dans
ce rêve il y a
de l’amitié, du bonheur
Est-ce à dire qu’il y a
chez moi actuellement
ce type de besoins ?
Je crois, oui.
Le lauréat se
leva la tête haute et avec
une mine minable
Due probablement
à l’absorption de l’alcool
ingurgité
Tout au long de la
journée, en attente qu’il
était de ce moment
Inacceptable…
Pourtant, il y était
allé pour ne pas attrister
sa famille
Qui n’avait aucun
espoir en la vie, ni le matin, ni
le reste de la
journée.
Lorsqu’on s’approcha
de lui pour lui donner le papier
imprimé
Par l’imprimerie
nationale incognito, il se leva et
quitta la salle sans
mot dire,
Personne ne
l’attendait et on fit comme s’il
n’était ni venu, ni pas
venu,
De lui on s’en
foutait complètement, comme
disait souvent sa mère
En se levant de son
lit après une nuit
d’accalmie, une nuit
différente
Des jours qu’elle
vivait au quotidien avec
les siens…
… Et ses seins qui
gonflaient de plus en plus
sous son pull,
Qu’il fallait bien
qu’un jour elle s’en
occupa, mais de cela
Elle ne voulait pas
en entendre parler, du
moins pas pour l’instant,
Tenaillée
qu’elle était par la
superstition :
"Et s’il m’arrivait
quelque chose
pendant l’opération ?"
Se disait-elle en
permanence quand elle y
pensait, particulièrement
Lorsque ça
lui faisait très mal en
plein
milieu de la nuit
Et qu’elle ne
voulait pas déranger ces
cons
de dormeurs, ces cons d’hommes.
Des hommes, elle
n’avait pas une image
positive.
Peut-être
l’avez-vous senti
déjà dès les
premières lignes
De ce roman qui
commence comme il se
terminera c'est-à-dire
N’importe comment,
tout le monde le sait
d’avance,
Avec lui, on ne sait
où on va, ni avec elle
sa mère non plus,
Ni avec les autres
personnages qui finiront
bien par arriver à
Un moment où
à un autre dans le cadre
très
précis
De cette histoire
qui n’en est pas une, en
fait.
Il se disait
souvent, qu’être
là-dedans, où
ailleurs,
À mi-chemin
entre l'aujourd'hui et le demain,
c’était sa vie
De quidam perdu dans
cette ville chaotique,
frileuse.
Il voulut partir
pour un voyage, un grand
voyage,
Et pour cela,
silencieusement prépara sa
valise.
Voilant à
peine sa peine auprès des
siens,
Fermant les yeux
pour ne pas souffrir,
Afin qu’enfin de
cette décision prise seule,
Il puisse un jour
lever la tête sans honte.
Il avait
décidé de tartiner
des pages et des pages tous les
jours
Histoire
d’écrire des non-histoires,
que tout
le monde attendait
Ou n’attendait pas,
du lundi au dimanche
inclus et jours
fériés
Il ne perdait pas
une journée, toutes
comptaient, pourtant…
Ils se sont
longtemps posé la question
de ce
qui le motivait,
De ce qui pouvait
l’encourager à continuer
dans cette direction,
Dans cette tache
dont on ne voyait pas quel
en était l’enjeu,
Le motif de la
raison à trouver sens, dans
cette démarche,
Certes artistique,
mais dont la finitude ne
cessa de questionner
Les plus grands des
intellectuels de France,
pays reconnu pour
Sa chaleur humaine
et sa collaboration à tous
les niveaux de
L’histoire que tout
le monde connaît sur le
bout de la langue
Où
plutôt sur le bout des
doigts, comme
disait sa cousine Germaine,
Qui aimait les
bonbons, qu’elle aimait tant
ça. Des frittes, il n’en
Mangeait jamais, la
friture ne lui causait
que de l’ennui gastrique,
Mais certains ont
dit qu’il s’agissait plutôt
de problèmes
Psychologiques issus
de sa jeunesse ou de sa
tendre enfance, mais,
Nous n’avons jamais
voulu trop intervenir
dans sa vie privée…
Seulement,
voilà t’il pas qu’un jour,
un
vendredi, une fin
d’après-midi,
Alors que le
week-end arrivait à grands
pas …
Hier
soir, Jeannette, avant d’aller dans sa
chambre pour dormir,
M’a
posé cette question : qu’est-ce
que
l’art ?
Je n’ai
pas attendu Jeannette pour
réfléchir
à ça,
Alors du
tac au tac, je lui ai
répondu :
l’art c’est l’âme.
À
ces mots-là, elle m’a
regardé droit dans
les yeux et
Voulut
avoir plus d’infos sur la question. Je
lui ai alors expliqué
Que la
peinture c’est la
représentation de ce
qu’il y avait
À
l’intérieur du peintre et qui
sortait sur
la toile à un moment
donné.
La
musique, l’écriture, le
théâtre, le cinéma
et tous les autres arts,
C’est
toujours l’âme d’un artiste.
Je sais
que ce mot-là est rarement
utilisé en
psychanalyse,
"L’âme"
c’est pas sérieux, ça
fait
sentimental…
Mais
revenons à Jeannette qui
après réflexion
me demanda :
Puisque
l’art est monnayable, l’âme
l’est-elle aussi ?
J’avoue,
sur le coup je n’ai pas compris
où
elle voulait en venir,
Faisait-elle
allusion aux émissions de
télé
de Michel Drucker,
Où
à tant de saloperies
actuellement sur le
marché des saloperies,
Alors je
lui ai dit le fond de ma
pensée, je
lui ai dit :
L’art ce
n’est pas lié à
l’argent, c’est tout
le contraire,
Puisque
l’art c’est l’âme, et
l’âme, ma
chérie, c’est personnel,
C’est ni
à vendre, ni à acheter…
"Faut avoir des ressources bordel"
me dit-elle souvent
Tous les jours c’est la même
rengaine.
Comment ne pas se poser
La question de savoir si dans le fond
elle
m’aime encore.
Elle qui reçut toute l’affection
nécessaire
au bon développement
De son petit cerveau, reçu tout
naturellement
du temps de son enfance,
Du temps de sa maman, là-bas,
dans cette
ville, si loin d’ici.
Je ne parlerai pas de son papa,
c’était un Mac,
pas un ordinateur,
Un homme vivant surtout le soir, plus
à
Pigalle qu’au turbin.
"Tôt le matin, après le
petit dej.",
je lui dis : je t’aime, le savais-tu ?
Elle me répond toujours avec un
léger sourire
que je ne sais comment interpréter.
Comment voulez-vous juger ce genre de
sourire
après le petit dej. ?
Mais enfin, ne restons pas
enfermés dans ce
genre de considération
Qui fini toujours par tourner en rond
avec
une personne comme elle,
Passons rapidement aux choses ordinaires
de
la vie ordinaire,
Passe donc l’aspirateur lui fis-je,
histoire
d'avoir un appart propre.
"J’ai peur que la tour de Babel me tombe
sur la tête", ai-je rêvé l’autre
jour.
C’était exactement les mots
formulés par
Juliette, lorsque je m’approchais d’elle
Pour lui parler de problèmes
d’argent que
nous avions depuis pas mal de temps :
Les crédits s’amoncellent, les
dettes auprès
de la famille ne se comptent plus
Et les choses à acheter encore
pour monter
notre ménage sont dans la liste
Qu’elle sait très bien tenir. Je
ne dirais
pas que Juliette n’est pas la femme idéale.
Sur tous les points, on peut affirmer
qu’elle
est bien celle que j’ai toujours cherchée
Et jamais trouvée, avant. Notre
rencontre,
c’était un mardi ou un autre jour
Dans un quartier de Paris, je crois
qu’il
s’agissait de Pigalle,
Mais je n’en suis pas très
sûr…
"Moralement ça va, mais de la
force, je
n’en ai pas beaucoup" et ça, c’est vrai
Ce n’est pas de la littérature,
ceux qui me
connaissent le savent bien,
Pas la peine de le cacher, si vous me
voyez vous
comprendrez, enfin
Je ne suis pas moche à ce point,
seulement
quand il faut y aller
Et que le corps ne suit pas comme on
voudrait,
alors, alors il y a de quoi
Se flinguer, sauf si vous avez le moral,
comme moi.
"Mon corps ne sait pas suivre, le
salaud", que je me dis parfois
Lorsque le moral n’est pas au
rendez-vous,
mais dans le fond c’est rare,
C’est même très
exceptionnel, en général ça peut
aller. L’autre jour,
J’étais avec Jean-Robert, un ami
à Juliette, un
ancien ami, un ancien amant plutôt.
Pourquoi vous le cacher, Juliette a
connu d’autres
hommes avant moi,
Mais depuis notre rencontre, elle m’a
juré ne
plus avoir besoin d’autre chose,
Qu’elle charmante enfant elle est
parfois, lorsque
je la prends par la main
Et qu’on se promène à
Pigalle, ce quartier
qu’elle aime tant,
Un reste de son père
probablement. Jean
Robert est charmant,
Il a deux ans de moins que Juliette, et
moi,
ça ne me dérange pas
Cette différence d’âge,
l’essentiel c’est la
fidélité, entre elle et moi, c’est bien.
"Parfois, pourtant, je suis comme sur du
coton" quand je les vois bras dessus,
Bras dessous, comme sur un nuage blanc,
un
tapis d’Orient, un voyage pas cher,
Un charter tout compris, à bas
prix, occasion
exceptionnelle récupérée sur
Internet,
Une affaire à saisir, à ne
pas louper, frais
en sus à rajouter au forfait,
Mais enfin on n’a qu’une vie, alors,
c’est ça
qu’elle dit souvent, au fond
Elle a raison, sauf que Jean Robert
exagère
sur un point, il aime
Se faire entretenir, mais à part
ce point de
détail, entre nous, c’est …
"De l’ouate, ça baigne".
Ça baigne,
mais pas tous les jours. Jean Robert
A des qualités comme tout le
monde, mais aussi
des défauts. Elle fait tout
Pour les atténuer, les dissoudre
dans la
masse, mais pourquoi
Vous le cacherai-je plus longtemps, ne
sommes-nous pas entre nous,
N’ai-je pas une totale confiance en vous
?
Vous saurez garder ces confidences
Pour vous et en dehors de notre cercle
d’amis
communs, personne d’autre
N’en saura rien. Donc, Jean Robert a
quelques
défauts dont un
Est d’aimer les voitures. Les BMW, le
con. Sa
dernière, c’en est une ancienne,
Pas les moyens d’en avoir une
récente, le
pauvre, faudrait qu’il travailla pour ça,
Mais enfin ne compliquons pas trop les
relations
amicales surtout que Juliette
Risque de me tomber sur le paletot si
j’insiste. Il la bichonne, n’ayant plus
Mon amie comme avant, il compense, c’est
ce
qu’il a dit l’autre jour
Lorsque nous étions
attablés à la terrasse
d’un café de l’avenue Trudaine
Si tu ne connais pas, vas-y, c’est super
!
"Je suis encore et toujours sur la
route". Il roule, il roule, il va vite, très
vite
Tout en lui donne du bonheur,
pensions-nous Juliette
et moi, lorsqu’un flic
Nous repère et nous poursuit avec
son fusil à
la main. Je suis tout en nage,
Sur le point de me réveiller,
mais je n’en ai
pas envie, pas tout de suite,
Je veux savoir la fin. Je n’arrive pas
à me
souvenir exactement du film,
À savoir si nous étions
Juliette et moi seuls
dans la voiture où si Jean Robert
Y était aussi, j’en ai
parlé avec elle au
moment du petit dej., mais elle m’a dit,
Histoire de me contrarier de bon matin,
ne
pas avoir fait le même rêve
Que moi cette nuit. On s’aime, mais
parfois
il peut y avoir entre nous,
Comme dans tous les couples, quelques
différences.
" Rien n’est terminé, tout
recommence" me dis-je souvent. Combien d’aventures
Ai-je connues dans le dédale de
cette vie
ordinaire ? Que dire de cette ville
Où tout est permis, tout est
payant, rien
n’est gratuit… Mais enfin
On n’a pas à se plaindre. Il y a
tous les
jours de la semaine pour oublier.
En temps normal, en temps réel,
elle et moi,
nous faisons nos courses
Dans les super marchés du coin,
mais quand il
y a Jean Robert, elle préfère
Qu’on les fît "au bon
marché" c’est
plus chic, ça fait tout de suite plus
généreux,
Il y a la diversité des choix
possibles, la
qualité irréprochable.
Casino, c’est bon pour les chiens, les
sans-le-sou,
nous, c’est pas pareil,
D’ailleurs tu n’as qu’a voir : n’a-t-il
pas
une BM ? Un soir, après
Quelques verres de gin, ils aiment tant
ça le
gin, le soir, bref,
Ne nous étalons pas trop
là-dessus, car j’en
aurais des choses à dire,
Mais ce n’est ni l’heure ni le moment,
un
soir il me fit une confidence
Alors que Juliette était
allée au Water
closet :
"J’ai eu comme plusieurs vies"
vois-tu et maintenant j’aspire à me poser,
Je pense à me marier, c’est con,
mais j’y
pense souvent, et moi
Du tac au tac je lui réponds,
après avoir bu
un grand verre d’eau :
Pour cela il te faut une femme. Tout
à coup,
j’ai eu mal, très mal,
Mon inconscient me jouait des tours…Je
ne sais
quels genres d’associations
Il a pu faire à ce moment
précis de notre
conversation, mais j’ai eu peur
Un instant qu’il pensa bêtement
à Juliette,
qu’il a aimée beaucoup,
Mais enfin j’étais arrivé
à temps pour qu’ils
ne s’engloutissent pas
Tous les deux dans une affaire
compliquée dont
ni les uns, ni les autres
En eussent été pleinement
satisfaits. Dans la
vie, il fit…
"Plusieurs emplois d’abord", mais
très rapidement il comprit que ce
n’était pas
Une solution pour lui, qu’il avait
d’autres
objectifs à atteindre et surtout,
Il avait besoin de tout son temps pour
sa
voiture rouge. Oui, elle était rouge.
À une certaine époque, il
connut Françoise
Sagan, c’était juste avant sa mort,
Mais cela ne dura pas longtemps, elle
avait
des problèmes d’argent paraît-il,
Alors lui évidemment… Il aurait
bien voulu
connaître aussi, mais cette fois-ci
Dans le sens biblique Margueritte Duras,
mais
il était trop jeune, elle avait disparu
Avant qu’il ne fût en âge de
procréer, non que
pour elle c’était essentiel,
Mais c’est une façon de dire pour
ne pas
offusquer certains… De la psychanalyse,
Il ne connaissait rien et me demandait
si je
voulais bien lui servir le fauteuil,
Alors de temps en temps, je le laissais
parler, histoire de faire plaisir à Juliette
Et équilibrer cette relation un
peu complexe.
"Et qui dit emplois, dit fonctions",
c’est ça qui l’obsédait le plus, qu’il
n’arrivait pas
À comprendre, bien qu’il eut
à ce sujet une
idée derrière la tête, mais
comment faire
Pour y accéder sans avoir les
clefs ? Un
matin, il nous fit part d’un souci qu’il avait
Concernant la connaissance, le fameux
"socle" dont nous rabâchait les oreilles
La télé Thomson,
achetée à la Fnac, un jour
où fut décidé que tout le
matériel
Audio visuel devait être
renouvelé. Ce
jour-là n’était pas un jour comme les
autres
Puisqu’il y eut cette décision,
cette
initiative qu’au demeurant nous n’étions pas
Obligés de prendre, car l’ancien
matériel
fonctionnait très bien, rien à dire,
C’était en ensemble "B et O" et
un
poste Sony.
"Tout a fonctionné tant bien que
mal" jusqu’au jour où cela continua à
fonctionner
Encore et encore sans jamais
dé-fonctionner,
et ma foi il s’en accoutuma
Comme on s’accoutume à tout et
à n’importe
quoi. Son ancien téléviseur
Était posé sur un socle
rond permettant un
pivotement confortable dans le cas où
Il viendrait à changer de place
le siège affecté
à la vision de la télé,
Bien qu’en général il
préférait laisser en
permanence son fauteuil au même endroit.
Son appartement, il le bichonnait sans
toutefois être comme certains maniaques,
Mais enfin, il était
attaché à ce qu’il soit
toujours présentable dans le cas où…
"Je suis content quand je vois le
résultat" de tes efforts lui avait dit une amie
À Juliette, un soir,
étrange soir, où il
reçut du monde chez lui pour une partie Pizza.
Ce n’était pas son genre ce genre
de réunion,
c’était Jean Robert l’initiateur,
Il en avait eu l’idée à la
suite d’un
feuilleton américain qu’on regardait à
trois,
Étalés que nous
étions sur le magnifique sofa
de Serge : il nous l’avait prêté
Avant d’aller s’installer
définitivement à
Marrakech. Le plus désagréable de la
soirée,
Ce n’était pas tant l’amie
à Juliette, je
l’ai supportée toute la soirée sans rien
dire,
Pas même à Juliette pour ne
pas faire d’histoires,
par contre la Pizza,
Elle était insignifiante. Il eut
rêvé faire
une sublime association comme l’on fait
Parfois devant un mets. Ne lui venait
pas en
mémoire la madeleine de Proust,
Mais enfin lorsqu’on est à
plusieurs à partager
un plat commun, il eut aimé penser
À cette pizza, la première
de sa vie, plus
épaisse, moins fournie, de Calenzana
En Corse, pays où il n’allait
plus à cause des
bombes, c’est bête d’avoir
Des freins, des peurs comme ça,
mais que
voulez-vous on ne se refait pas.
"J’ai eu de la chance" de ne pas
avoir reçu de bombes, pensais-je ce
soir-là
Quand me revinrent les images de Calvi,
du
vvf… Je pensais à ce pays merveilleux
Où j’avais été en
famille, avant, bien avant
Juliette, lorsque j’étais un homme normal
Comme tout le monde avec une BMW route,
pas
la même que celle Jean Robert.
Non, c’était une d’occasion,
achetée principalement
pour le travail,
Car à l’époque je
travaillais. Lorsque je
pensais à tout cela, j’avais de la peine,
Pas de la nostalgie, mais de la peine
que je
ne noyais pas dans l’alcool
Comme certains, ces boissons
étant encore en
vente libre à l’époque,
Je me jetais à corps perdu dans
la confection
de pennes à la tomate
Et au piment de Cayenne, un tsunami pour
l’estomac, bref,
La télé me tournait la
tête, je finissais par
tout mélanger.
Juliette
vient
de me faire une confidence en mangeant de la confiture
Une confidence qui fait mal aux dents :
"j’aimerai partager ma vie avec lui",
Me fit-elle en me regardant droit dans
les
yeux, histoire de voir comment
J'allais le prendre. Il est sept heures
du
matin et la journée commence.
Lui, c’est un médecin et en plus,
a-t-elle
ajouté :
Comme cela je l’aurai sous la main au
cas où…
Je suis un non-violent et la tête
de
Juliette, j’y tiens encore.
Seulement entendre des choses pareilles
peut
mener facilement
Certains devant Monsieur le Juge pour un
divorce avéré.
Mais rien n’y fera, lorsqu’on s'aime, on
ne
s’arrête pas sur
Les phantasmes de l’aimée, on
s’arrête sur
autre chose.
On doit se dire que ça passera,
tout passe
avec le temps.
Seulement, tout ne s’arrête pas
là, il y a
les idées fixes,
Puis il y a la réalité, et
Juliette me dit
alors…
Je ne dirais rien sur ces aveux, cela
restera
comme un secret entre elle et moi,
Mais pour me remonter le moral et me
raisonner un peu je me suis dit :
Acceptons que de temps en temps l’un de
nous
perde les pédales pour
Son équilibre et celui de notre
union sacrée.
J’avais
là
assez d’arguments pour laisser faire Juliette.
Hier
après-midi
à quatorze heures, je m’installais
Dans un
fauteuil de la salle Garnier, s’il vous plait, et j'ai
vu là
"Wolf" d’Alain Platel, un opéra
contemporain,
après un moment,
Tu vois entrer un SDF, un vrai ou un
acteur ? Je n’en sais rien.
Notre homme arrive avec une meute de
chiens
sur scène,
J’eu l’impression de revoir un film de
Bunuel
ou bien
De retourner en enfance avec le cirque
d’hiver,
Lorsque Papa nous y amenait,
c’était pas
souvent.
Pendant une bonne partie du Spectacle,
sorte
de danse folle
Multiculturelle et sur lequel on a
accroché
la musique de Mozart,
Une pure merveille, un enchantement pour
les
yeux et les oreilles.
Subitement notre meute de chiens se met
à
forniquer devant un public
Bien propre, genre bobo et jeunes pas
des
banlieues.
Il n’y eut qu’une seule dame à
avoir quitté
la salle,
Les autres sont restés… tous des
pervers.
Vous devez
vous
demander pourquoi je vous parle de cette histoire,
Ce qu’il
peut
bien se cacher là dessous ? Et bien, j’ai vu de
mes propres yeux,
Notre SDF,
récupéré
dans la rue ou dans un cours de théâtre,
c’est pareil,
Heureux, pas seulement parce qu’il
faisait
l’amour avec ses chiens,
Mais parce qu’il avait trouvé sa
place dans
le rôle qu’il s’était affecté.
Comme je l’ai déjà dit,
tout homme va
s’organiser avec ce qu’il a,
Et lui c’était ses chiens, pour
d’autres ce
sera autre chose…
Donc, qu’il
y
ait du bonheur à être SDF n’est pas fait
pour me surprendre,
Mais enfin
relativisons : cette population margminale nous
posent sans le vouloir
La question fondamentale suivante :
qu’est-ce que le bonheur ?
Les chansons ne parlent que de cela. Je
devrais, avec l’expérience des ans
En savoir plus là-dessus, mais
aujourd’hui je
suis dans le doute.
Le bonheur, est-ce une bonne affaire
juteuse,
pour vendre de la musique ?
Laisser jouer dans l’atelier mon
imaginaire,
c’est là toute ma fonction d’artiste.
Parfois le pinceau m'offre une forme
ressemblant à des humains.
Je me souviens être allé
dans le Perche et
avoir été impressionné par la
nature,
Les paysages de cette région si
différente de
la Beauce où je vivais à
l’époque.
Alors, très rapidement, au soir
de ce jour-là,
une toile s’est construite autour
D'un mélange subtil de ce que je
voyais de ma
fenêtre, associé
À l’impression de cette
après-midi-là.
À ces mots, Brutus se leva
brusquement de son
fauteuil "Roche et Bobois"
Et alla rejoindre sa famille à
Fontainebleau
où à 14-15 ans il allait passer
Deux ou trois jours histoire de quitter
la famille
pour commencer à vivre,
Respirer autrement, essayer de survivre.
Il y
avait les petits hôtels-restaurants,
Les petits menus, les petites chambres,
les
livres qu'il emportait
Et qui racontaient des histoires de
bonnes travaillant
dans des hôtels.
Dans les salles assez ordinaires on
servait à
manger : il n’y avait jamais
Beaucoup de monde. J’étais un
gosse gouttant
à la liberté et à la solitude…
Déjà !
J’aime le temps qui passe actuellement.
Le
mois d’août approche et je n'ai
Aucun projet de vacances, rien d'autre
à
vivre que les jours qui passent
Tranquillement les uns après les
autres, sans
attente particulière.
Personne dont je voudrais
impérieusement sa
présence près de moi,
Comme c’était le cas jadis… Si de
nouvelles histoires
devaient se présenter
Je vous avertis, je ne veux en vivre que
les
bons moments, pour le reste,
Non, merci. Rien n’est plus beau dans la
vie que
de faire son pain
Avec de la farine, de la levure de
boulanger,
du jus d’orange; de l’eau de vichy.
Ne pas laisser trop lever la pâte,
quinze
minutes. Faire cuire, attendre
Que le pain soit refroidi pour le
savourer ou
le congeler éventuellement.
Que peut-il y avoir de plus
extraordinaire que
cet acte universel,
Pétrir tous les jours cette
matière pour
retrouver entre ses mains, le plaisir du
touché…
Ne pouvant
plus
faire de voyages, il alla à la Fnac acheter un
Guide
touristique très pointu sur tous les lieux
exotiques de Paris,
Ville dont
il
disait à qui voulait l’entendre : "C’est
la plus belle ville du
monde"
C’était
son
point de vue en rapport à toutes celles qu’il
avait visitées,
Mais
sachons
raison gardée, ce n’était pas un
voyageur acharné.
Cela
commença tout
de suite assez mal lorsqu’il entra
Pour la
première fois chez Old England, vaste magasin
de là-bas,
Apporté
ici,
tout près de l’Opéra. Seulement, en
voulant entrer
Par la
porte
principale, aucun groom n’étant là pour
faire ce travail
Alors il
faillit se casser le poignet, tellement elle
était lourde à pousser
Et
pénétrer à
l'intérieur de ce lieu mythique et c’est
là, tout à coup,
Qu’il prit
conscience de son principal handicap : son
manque de force.
Combien il
fallait
en déployer pour ce simple geste de la vie
courante…
Ces doigts,
il
en avait besoin pour écrire ces mots, mes chers
amis,
Ces mots
qu’il
aimait à vous dédier. Pendant plusieurs
jours,
Il soigna
ce
bobo comme il put avec de la crème à
l’arnica,
Mais rien
n’y
fit. Il dut laisser faire le temps.
Il y a
quelque
chose de terrifiant et d’admirable à la fois au
fait
D’être
malade
en permanence. Si cette situation vous empêche
De faire ce
que
vous voulez et si votre désir d’avoir encore
Une action
positive dans ce monde persiste, alors vous devez
En
permanence
gérer vos activités, faire des choix et
parfois
Ne rien
faire
du tout, sommeiller, dormir, rêver. Heureusement
Ce n’est
pas
tout le temps comme ça, il y a des moments
bénis
Où
la vie
devient possible et parfois même
agréable.
On arrive
à se
sentir vivre comme tout le monde, ça fait
bizarre
Lorsqu'on a
perdu l’habitude, seulement ce n’est qu’un cours
Moment qui
passe et on se dit, pour se remonter le moral :
Quand on ne
va
pas, peut-être est-ce mieux ainsi, car sinon
On
risquerait de devenir con comme tout le monde…
Hier soir,
samedi, il était un peu las, quand il prit la
décision
D’aller
à Paris
faire un p’tit tour et prendre quelques photos
Du jardin
du Luxembourg
et plus si affinités… Puis, assis
À la
terrasse
d’un café, l’esprit ailleurs, il décida
une chose
À
décider
depuis quelques jours déjà : parler
de Lacan, Jacques Lacan.
Mais, de
cet
homme qu’en savait-il ? Il avait lu quelques
lignes
De-ci,
de-là, vu
quelques reportages à la télé,
entendu parlé
"D’autres
qui savaient", en savaient un peu plus sur la
question…
Cette
idée
persista tout au long de la soirée, sa
décision fut prise
De mettre
fin à
la lecture d'un livre qui commençait à
l’ennuyer..
Il n’avait
pas
dans sa bibliothèque les fameux
séminaires
Bien qu’il
en
eut un sur ses rayonnages, jadis, donné
à un ami
Et non
remplacé, mais surtout non
édités, à cause d’une très
vive
Polémique
entre
celui qui a les droits et les autres…
Heureusement,
On trouve
ces
conférences sans trop de difficultés sur
Internet.
Il prit
alors la
résolution de ne traiter ce fameux
psychanalyste,
Qu’au
travers
de ces textes piochés sur la toile, et
ça, du Lacan,
C’est pas
c’qui
manque… Mais comment et pourquoi allait-il
Traiter
cette affaire,
cette personne qui n’avait nullement besoin de pub.
Tout le monde attendait la suite avec
impatience et bienveillance.
Ni Dieu, ni Maître, ni Lacan, non
plus. Ce
n’est pas de "lui" qu’il s’agira ici,
Mais d’un moi comme étant un vous
jouissant,
où ces putains de mots
Se doivent de jaillir pour le plaisir et
laisser
panser la pensée libre,
Comme le disait si jutement ce
Sacré bon Dieu
de Lacan ! Evitons
De nous masturber la tête sur ce
coup, il n’est
qu’un alibi, mes chéris,
Un alibi à écrire.
Amélie, tais-toi, laisse-moi
faire.
Ça prend du sens, dit-il en mp3
le 11 mars
1975. Le propre
Du sens, de cette chose réelle
émergente est
de ne pas démontrer
La monstration du nœud. Faire la
démonstration analytique de
Ce que je voudrais, mais pas sans ruses,
tout
doucement.
Reconnaissons, chers amis, Freud,
ça dit
quoi ? ça dit les noms
Du père, soit : le symbolique,
l’imaginaire
et le réel. C’est ça !
Parler, discourir est un accouchement,
ça
nomme quelque chose,
Voyez la bible, ce machin d’un
père imaginé,
devant nommer,
Devant donner un nom à tous les
animaux pour
la tradition, une
Tradition conne et puis il y a la
dévotion…Une tradition se doit
D’être moins conne, un peu plus de
jouir à se
mettre sous la dent
Ne ferait pas de mal, c’est jouissif d’y
croire. Le jouir est le point
Idéal, comme si le phallus
était l’essence
même du comique,
Mais les sens d’un comique triste. Faut
dire
que le phallus c’est
Ce qui donne du corps à … Je me
souviens, il
y avait un enfant
Devant le miroir... J’y ai saisi un
geste,
une valeur de ce que, à
Supposé ce miroir consistant dans
l’unité
assumée de l’image,
Ce semblant de corps
prématuré, rassemblé,
jubilatoire, offert,
Ce miroir joyaux, sensible, lien
primordial
d’un phallus ...
Trou imaginaire pour l’existence
symbolique.
C’est la consistance, le concept du
phallus,
cette préfiguration
Du singe se masturbant aussi comme
l’homme,
il y a donc de
La singerie. La jouissance s’y exciste
à la
puissance deux, soit
Un sens lié au un ou au
zéro, c’est à dire au
pareil, voilà alors
Comment le symbolique a son poids dans
la
pratique analytique,
Le blablabla ou encore le verbe,
ça cause.
C’est que dans
L’inconstant, ça l’exciste, le
réel de cet
être, le parle-être que
Vous connaissez si bien
maintenant : il
nomme les choses.
Il me semble que je me distingue des
animaux
parce que je
Pense, je parle et de surcroît,
j’en suis
conscient. Les hommes
Rêvent de ne pas être les
seuls dans ce
parlage. Ils rêvent qu’il
Y ait eu au moins un Dieu qui parla, qui
causa et aussi des anges,
Des commentateurs quoi, voyez la
télé, par
exemple. Je passe.
La parlotte, l’inouïe c’est Platon,
il y
fallait de l’imaginaire...
C’est quoi l’image ? qu’il disait.
Pour
lui la grande idée c’était le
Réel, le nom des choses, une
énigme qui rend
hommage au
Prestige des bancs de
l’Université, pas pour
nous analystes.
Nous, nous restons dans la pensée
et ici je
ne m’en prive pas,
De penser, je m’en paye une
sacrée louche
avec ma bouche
Et cela, je le sens, vous fatigue…Me
dépêtrer
de l’imbécilité humaine
Où le réel serait
discernable au nom dupère,
un débile mental
En vaut bien un autre, alors pourquoi
pas
Platon. Le
Réel c’est l’expulsé du
sens, c’est
l’impossible aversion du sens,
La version dans l’antisens, l’homme
étant
toujours là tel un Unix.
L’excistence comme une. Eh quoi Lacan
exciste ? C’est ce qui se dit
Dans les couloirs... Le fabuleux message
prétendu des gènes,
Le symbolique tournant en rond,
inviolablement, le noeud
Ne serait pas borroméen, car pour
tout dire,
le trou est inviolable.
Voilà, pourquoi ne pas
l’écrire, impose une
compromission,
Additionner deux mots ensemble pour n’en
former qu’un seul,
Au nom du père c’est le noeud,
mais dénoué.
Alors, de quelle façon,
Ce qui est là est nouable ou pas
d’un
rond ? C’est ce que fait Freud
Réduisant le nom du père
à sa fonction de
donner un nom aux choses…
Les conséquences, vous le sentez
bien sûr,
vont jusqu’au jouir, j’en
Veux pour preuve ces trois cercles
annulaires
se mettant dans le recul
Du cercle moyen, c’est ça un
schème. La
distinction du symbolique
Donné pour nom est superflue. Le
noeud
borroméen c’est ça, surtout
Avant sa mise à plat.
Introduisant ce tiers,
pour que l’autre sorte
Content dans le même rapport. Y
a-t-il un
ordre discernable, est-ce un tout
Concevable, ou bien, implique-t-il un
ordre ? Il y a un ordre à soi-même,
la question est à laisser en
suspens dans un
ordre indifférent, ne pas les
Croiser, car il y a ces fameuses
conséquences. Ces noeuds s’enlacent et
En coupant celui-ci, apparaissent deux
oreilles enlacées, prêtes à
l’enlacement.
Seulement, voilà, ce n’est pas
tout, à quatre
ou à trois ça fonctionne tout
Autant. N’en résulterait-il pas
un beauRoméo
hein ?
Vous devez, Pour comprendre la
psychiatrie
ordinaire, écouter Lacan, car
Il est à lui tout seul, une porte
ouverte aux
noeuds, mais sachez humbles
Citoyens qu’ils ne se libèreront
jamais l’un
après l’autre. Si vous coupez
Le premier, les autres resteront
noués tout
de même. On démonte
Le boRhuméen dans un sens, mais
pas dans
l’autre, ce qui évoque le concept du cycle…
J’avais dessiné jadis un noeud
sans la
perspective et Michel, avec la
Confusion qui le caractérise, y
vit de chaque
côté des oreilles un
Engendrement de noeuds : je ne sais
comment il a fait, bref, je
Poursuis que pire, Dieu, dans
l’élaboration
que nous en donnons
Dans cet hémicycle, Dieu est la
femme rendue
toute, de la castraction,
Vœu (Promesse faite à Dieu) qui
vient des
hommes, vœu refoulé, l’ennui
C’est qu’il n’est pas... (Dans la salle
il y
eu à ce moment-là un grand
Silence, dans le fond, quelques bruits,
mais
il continua son discours)
N’exciste pas, la fable, la femme toute,
qui
ordonne la castration.
Rabelais, comique, l’avait bien compris,
car
elles ne disent rien tout
Simplement. Pour porter la castraction
en
l’autre, au point que le phallus,
Elle se le voudrait : qu’une femme soit
phallogocentrique, aucun des
Males-ades ou sains ne peuvent en
douter,
seulement elle ne veut pas
Que ça lui pèse trop
lourd…
Elle ne le donne pour autant qu’elle ne
l’a
pas, c’est ça le fait de l’amour.
Elles s’excistent comme symtôme,
ceci
apparemment dans le champ du réel,
Symboliquement parlant, bien sûr.
Dessinons
sur ce tableau noir pour vous
Zexpliquer, espèces d’ignares, la
direction
des trois éléments d’un
Noeud Borroméen. Cette forme
centrifuge que
vous voyez là n’est
Pas à identifier bêtement
comme Michel l’a
fait, c'est-à-dire en trois
Ronds, trois noeuds, même si ce
n’est pas
prévu dans son schéma à lui.
Je poursuis. Ce n’est pas pour rien que
les
imbéciles de « l’amour
fou »
Ont été les
surréalistes. Ils étaient
saints-hommes sociaux. Si la femme
N’exciste pas, suppléons le nom
de père déjà
nommé de la bible, car
L’homme fait tout pour retirer son
épingle du
jeu, le malin, c’est alors
Qu’il nous faut toucher ce Dieu tribal
symbolique, du seul fait
Implacable que c’est le signifiant un et
sans
trous, qui a un corps d’homme
Asexué, ce partenaire qui lui
manque et lui
manquera toujours sera affligé
D’un phallus qui est, ce qui lui barre
la
jouissance. Il lui faut comme un autre
De l’autre, pour éviter le
« sang
blanc » pour qu’il ne soit pas si
Différent des animaux et faire la
femelle
comme eux le font, à
Cause du semblant du discours, le sang
du
pouvoir du phallus indice un.
L’idée d’un patène de
phallus, l’un le divise
en savoir inconscient,
De la copulation inconsciente, tu parles
mon
chéri, le savoir-faire semblant,
Le baiser, comme ils disent, ce n’est
pas une
mauvaise formule, suçoter
Le corps signifié autre, pour en
jouir comme
tel, se le mettre entier ou
En morceau, né
prématuré ou non, le concept
ne manque pas d’attrait.
Lacan est-ce l’Artaud de la psychanalyse
« Il n’y a pas d’état
d’âme »
dit-il le 13 mai 1975 devant un auditoire
Consentant ouvert comme il se doit
à une
écoute intelligente la salle est
Comble comblée je suppose, mais
pourquoi donc
n’y suis-je jamais allé
A l’époque Lacan pour moi
c’était un con un
cochon pervers un escroc
Criant à la figure de ceux qui
voulaient bien
l’entendre RSI RSI comme un
Imbécile ou pire un deux trois
nous irons au
bois dans mon panier neuf il y a
Trois oeufs dont un est réel
méritant logique
peu importe le dominé heureux
Au point trois comme il se doit à
savoir
l’impossible passe du dire comme à
Démontrer que le pas repas du
symbolique sur
l’imaginaire ne donne que le
Thon, mais noué à un
nombre épreuve voilà où
nous en sommes des flashs
Pour déterminer la pratique
impliquant comme
supposé imaginaire le trou à
Nœud proie à la forme picassienne
il m’a dit
là je vous vois vachement
Chercher, mais moi j’ai trouvé le
trou celui
des souris à déterminer
L’homme dans la femme le pas de la
gazelle
sur le rocher comme le cercle
Mais pas toujours comme un trou
inaccessible
les yeux faisant alors leur métier
Pour donner des signes au chargé
de passes
grâce à l’usure ou se solde ce
Quelque chose de noué assez pour
avoir la
peau lisse à fomenter du trou
Sa conséquence s’y en racine au
dernier mot
dans la bouche il faut circuler
Pour la police faut passer par le trou
du
nœud Roméo tout en ne circulant pas
Il y a une différence entre ceci
et ce nœud
trou ça fait chaîne depuis qu’on fait
Des chaînes pas besoin d’user du
trou puisque
ça fait nœud sans faire chaîne
Mais l’un entre de telle façon
qu’il
infléchira l’autre à son tour et
tournera en
Rond si le supposé symbolique
indéfini entre
en effet ouvrez les guillemets
Et c’est de cela qu’il s’agit comment se
reconnaître dans ce double cercle couplé
Pour qu’un nœud soit beaur il faut que
chacun
des éléments soit sain et sauf
Mais cela implique bien entendu à
ce qu’on
oublie la trouvaille du plein trou
Qui vaille sous la condition que rien ne
va
plus ce
qui pour le moment
Chine textile à éluder
généreusement tout de
suite noué de cercles pour les
Louer d’une façon telle qu’ils ne
soient pas
noués s’ils passent ici comme une
Consistance identifiable et cette figure
est
facile à imaginer elle aura l’air d’être
Néanmoins couplée à
cette consistance par
chacun des éléments libres
Faudrait que les choses se disposent
autrement pourtant à savoir en
Tant que montrable, car dans cette forme
pour
voir les autres libres et
D’abord dans la façon dont je
vous mets la
figure entre la droite et l’infini
Dans ce que leur rupture libère
au point de
vue du nœud non pas en tant que
Tel car la rupture reste sur
l’élément
d’après sa rupture comme bonne à jeter
Que reste-t-il un p’tit chiffon un bout
de
corde de rien du tout coupé ce que
Séparé d’un un de rien du
tout un un une fois
sectionné fait deux demis qui
Pour vous faire sentir qu’il n’y a pas
de
rapport sexuel rapport idée de
Proportion dont chacun sait que le
parangon
de la logique est à entrer dans
La figure du nœud et non du rapport des
sexes
à les supposé en tant que non
Noués c’est de cela qu’il s’agit
dans ce que
j’énonce qui se constitue nous
Le savons très bien dans ce que
chacun dans
sa façon de tourner en rond
Comme sexe n’est pas à l’autre
noué c’est cela
que ça veut dire mon nom
Apport frappant que le langage est
depuis
longtemps devancé les crimes des
Mathématiciens en parlant
métaphoriquement de
nœuds en montrant qu’ils
Impliquent ce droit
élémentaire des sens
matérialisés dans les nominations
à
Propos de ce qui était
rassemblé sur le sujet
de ce que les logiciens tombaient
Du haut de mon nœud et ça ne m’a
pas facilité
les choses d’autant comme vous
Le savez un jour j’ai fait une figure
qui
s’est imposée d’elle-même fomentant
Une introduction hominale dont un quart
du
cercle non noué hors du jeu s’est
Mis plein dans sa simplicité dans
une voie
particulière qui ne va que jusqu’au
Cercle couplé qualifiable de ce
que le trou
impose non pas de distinction, mais
D’identification au point qu’il semble
exigible de retourner dans cette trinité
À savoir d’évoquer que le
réel tient dans ces
thermes que j’ai déjà fomentés du
Nom de l’excistance à savoir ce
qui se joue
se noue jusqu’à une certaine limite
Dans le nœud et ça suppose un
réel qui fait
consistance tangible de ce que
La rupture relève de la
consistance réduite
alors à l’affectation du terme trou
Topologique hors la topologie rien de
tel
pour trouver le tord à sa place a deux
Trous internes avec sa chierie et
externe
participant du cylindre matérialisé le
Mieux par sa figure au rapport sexuel
Desargues s’est avisé depuis longtemps
D’avancer une question ouverte sur le
nœud
beaur noué à un cercle par un
Couple à deux autres Faut il pour
que ça
fasse nœud voir du regard la chaîne
À la condition qu’on les voit
toutes comme
faisant rond ou bien voir qu’il
N’y a pas de nœuds qu’à ma
connaissance
Desargues de Vélasquez aux
Ménines pour me targuer de ce
fameux regard
sujet du tableau du prof
De normal supérieur où
j’en profitais dans le
même intervalle qu’ici sous
Une autre forme ne semble pas se nouer
en
Chine jamais Desargues ne
S’est posé la question de la
forme de ces
trames peu satisfaisantes du point
Au principe de la
géométrie de l’autre quant
au nœud et si nous étudions
Comme il se doit les
mathématiques c’est
d’amorcer la notion du groupe
C’est à dire par une série
de trajets du
groupe fondamental dont le nombre
Qui diffère pour indiquer sa
structure dans
ces trajets mails directs dont les
Trous entrent enfin guillerets pour
défoncer
ce noeud et contrairement à ce
Que vous pouvez imaginer la figure mise
à
plat chante distinctement bien que
Ça ne fera pas pour autant les
trajets
contrairement aux apparences ça n’est pas
Elle qui nous ramène au nœud beau
Roméo ça
fait nœud à ceci près que
Cette étape n’importe quel nœud
intermédiaire
nous introduira je viendrais
Que rien n’est moins naturel que de
penser ce
nœud qui aide la limite
Comme vicieux dans ce que le rapport des
sexes sans préciser la figure comme
Rompu à ces noeuds non
noués passés dans
votre esprit aujourd’hui c’est de
Cela même que ces
vérités premières et
justement je termine c’est à savoir
Que rien n’est mis en évidence de
ce qu’est
le nœud boro qui implique la chaîne
Nous plaçons alors ce nœud au
rang troisième
de l’opération ce qui impliquera
L’expérience pour ne pas dire
l’expérimentation telle que la manipulation
Des ronds de ficelle noueront les un et
les
autres interchangeablement et
En cela tout l’intérêt que
je développerai
l’année prochaine pour développer
L’ effet certain du
référant Russes à savoir
d’interroger cette référence
À partir de l’indivis des corps
en fêtes
semblables à la notion du réel et
à son
Rapport à cette notion imaginaire
entre être
et naître au nœud à quatre que
Je viens de démontrer aujourd’hui
par la
droite infinie dans ce cercle qui fait
Barre inhibe tout ce qui est
articulé au
niveau de l’imagination errante et pas que
De cela, car dans chacun sexe en tant
qui
fait orifice de ce nœud dont le trou
Puise dans un orifice indépendant
c’est
l’inhibition à l’endroit du nœud comme
Nous pouvons le voir dans les
débuts de la
bible dont l’idée créationniste
Donne noms à chacun des animaux
le mystique
ment raconte faut arrêter un peu
Ton char père éternel
croire en toi est
impensable fleurs du symptôme
D’après « La
télévision »
L’instinct
s’impose chez les autres pour impliquer leur survie
Pour que
notre
pensée reste en mal d’hommes
L’inconscient
ça
parle de ce qui fait dépendre l’âme
ça n’est pas rien ça
Suppose des
fonctions de la somme du corps bien plus
problématique
Dont
l’âme est
là de l’inconscient il ne touche que par le
corps qui est
Plus raide
d’y introduire,
car l’homme il ne pense pas avec son âme
Une
structure
découpe son corps en rondelles qui n’ont rien
à faire avec
L’anatomie
ça
dit quelque chose comme d’un poisson d’une pomme c’est
Là
la
différence d’où il résulte c’est
stupéfiant cette dysharmonie quant à
L’âme
le nous
est une complaisance conforme au monde dont elle est
tenue
Pour
être le
reflet de ce monde qui n’est que le fantasme qui
soutient une
Réalité,
mais il
n’y a pas de raison de lui donner un tel
privilège à la con
Sidérer
comme
une grimace
du réel
La
guérison est
une demande qui parle de la voix du souffrant
D’un qui
souffre son corps l’étonnant est qu’il y ait
réponse qui fait mouche
Par des
mots
dont l’âme est là à partir du fait
que l’inconscient
Y est
intéressé
par la structure du langage mais attention le versant
du sens
C’est celui
dont on croirait que c’est le versant de l’analyse qui
court à flot
Dans le
bateau
sexuel ce qui frappe c’est que le non-sens du rapport
sexuel
Lequel est
pas
tant dans les dits de l’amour que dans celui du
déconnage
Hurlant du
bon
sens commun à ceci près dans ce qui
l’énonce du non-rapport
Du sexe sus
déjà nommé la comédie est
que la psychothérapie
Tourne
court
qui ramène au pire le symptôme Freud il
n’a pas tracé la voie
A savoir du
comment être docile à lire les
rêves les mots d’esprit
Signifiants
naïvement articulés verbalisés et
puis dans une
Substance
de la
jouissance la
libido étant d’art en
partant de je ne l’aime pas
Ou j’aime
pas
lui j’aime elle c’est pas lui qui m’aime c’est elle
qui m’aime
Aimer
haïr ce
que découvre Freud dans l’inconscient c’est
bien autre chose
En gros on
peut
donner un sens sexuel à tout, mais la
jouissance vous savez
Je vais
vous répondre,
car j’ai réponse à tout c’est du
discours analytique
Que j’ai
fait
fortune Freud n’a jamais dit que le refoulement
provenait de la
Censure,
car
c’est lui le refoulement en premier la gourmandise …
Ne pas
comprendre Lacan, c’est plutôt bien, j’allais
dire génial, car
Il ne parle
pas
pour être compris. Sa démarche est
justement de nous sortir de ce
Truc qu’il
faut
comprendre à tout prix, même si à
ce jeu nous n’en sortons
Peut-être
pas
sain et sauf, qu’importe…Vivre c’est prendre des
risques.
Il utilise
le langage
pour parler à notre inconscient, pense-t-il.
Seulement,
cet
inconscient dont nous sommes tous pourvus, je le
Rappelle
pour
la forme, pour ne pas l’oublier, cet inconscient n’a
pas
Besoin des
manipulations de ce bonhomme pour entendre quelque
chose.
Alors,
pourquoi
Lacan m’intéresse-t-il autant
actuellement ?
Si son
discours
ne veut pas être compris c’est que lui, il a une
raison,
Une
idée sur la
question du comprendre en général. Sa
langue relève de
L’abstraction
et
ça je crois connaître,
Voir ma
peinture
abstraite si le cœur vous en dit,
C’est
pourquoi
j’en profiterai ici pour caser mon avis sur
Le savoir
qu’on
doit avoir pour faire partie du monde des gens
Qui savent
tout
en évitant d’évoquer l’actualité
du fameux socle
Des
(connes)
aisances… Lacan nous enseigne que du discours chacun
L’entend
à sa
manière ou ne l’entend pas de la même
oreille.
Cette
obligation du connaître est à casser
urgemment, car
On va en
crever
c’est certain. Amélie, fais-moi une tasse de
thé, merci.
Chacun
n’a-t-il
pas le droit à être ce qu’il est ? Lacan
c’est
La musique
d’un
musicien très habile, joueur heureux de ce qui
lui
Passe par
la
tête : il secrète par lui-même
l’essence de sa propre jouissance,
Ce qui en
langage normal se nomme la masturbation.
Bref, avec
lui
on prend le risque de se prendre la tête un
moment, mais
Très
rapidement, il sait nous remettre sur terre avec son
RSI.
Survivre de Bruno Bettelheim
Depuis huit jours ce livre est là
sur le bord
de la table à m’attendre.
Je ne tourne pas vraiment autour, je
suis
dans l’évitement,
Je grille mon temps, bien qu’il soit
actuellement consacré à
Un autre travail d’écriture
mégalomaniaque.Survivre est capital,
Je veux dire, ce livre-là. Je
l’avais acheté
il y a longtemps, lu
Par endroits comme je fais si souvent,
mais à
cette époque-là,
Ma survivance, je ne sais si ce mot
existe,
qu’importe,
Vous comprenez où je veux en
venir dans
l’explique, elle avait
De la défaillance, une multitude
de raisons
m’avaient mis
Dans une situation de crise, alors un
livre,
celui-ci par exemple,
Pouvait servir le mental, être le
catalyseur,
faire la catharsis,
Puisqu’à l’intérieur on y
traitait du malheur
du monde
Et sur ce point-là, lui a
été servi. D’une
part, il a connu l’extrême
Des camps de concentration et
après, les
douleurs des malades mentaux
Auxquels il voua sa vie, sûrement
d’une
manière brillante et efficace,
D’apporter un soulagement à
autrui, que
lorsqu’on est dans cette situation,
Il est très difficile, pour ne
pas dire
insupportable de vivre
Toutes ces tensions internes, ces
conflits
permanents. À l’époque,
Je ne sais s’il existait des
médicaments
efficaces stabilisant un peu
L’animal agissant sournoisement et
malveillamment
en soi.
Toujours est-il, qu’aujourd’hui, je
n’éprouve
pas le fameux désir
Que Cipango, dans ses mines lointaines
avait
éprouvé. Non,
Mon envie de me remettre à cette
lecture n’y
est plus. Reprendre ce livre
N’a plus de sens pour moi, du moins
à l’heure
où je vous parle,
Car il traite de sujets dont je ne me
sens pas
concerné.
Voilà la situation du jour et je
la trouve au
fond relativement positive
Elle dit : « Tu es plus
dans le
vivre que dans le survivre,
Bravo mon petit, tu as
gagné ! »